vendredi 19 février 2016

Des livres pour calmer les enfants...

Il parait que les enfants d'aujourd'hui sont tous hyperactifs !
Trop stimulés par les écrans, incapables de se concentrer plus de quelques minutes sur la même activité, ils ont besoin d'être canalisés sans cesse.
Bon, honnêtement, quand je vois mes étudiants qui papillonnent en cours de leur feuille à leur smartphone, c'est vrai que je ne suis pas sûre de leur niveau d'attention, mais il me semble que je décrochais pas mal aussi de mon temps, sans pour autant aller regarder sur Facebook, il est vrai.

Et puis c'est un peu la mode de la méditation dans les librairies depuis quelques temps, alors c'était normal que cela arrive jusqu'au jeune public.
Il y a plusieurs titres disponibles et les rayons s'étoffent de plus en plus.
Du coup, ce n'est pas forcément facile de s'y retrouver.
Alors voilà deux livres qui sont juste parfaits pour les tout petits et les un peu moins petits.





  • Mes premières activités pour être calme et concentré 



Avant de parler du contenu du livre, je tiens à dire qu'il est très joli.
C'est un grand format relié avec des spirales, ce qui permet de le laisser ouvert pour faire les activités proposées en l'ayant sous les yeux.
Les pages sont bien épaisses, un peu plastifiées, elles sont manipulables par un petit de 22-24 mois sans problème et surtout, il y a des paillettes !!!




A mon grand désespoir, je l'avoue, ma minette a une passion pour les paillettes (et les voitures, ça équilibre).
Du coup, elle adore ce livre rien que pour cette raison.
Sur les pages de droite, il y a de belles illustrations avec parfois quelques paillettes isolées et d'autres fois une page remplie comme pour cet arbre.
Cela permet aussi de donner du relief aux illustrations et c'est plus facile pour suivre les dessins du doigts.




Le contenu du livre est tout aussi intéressant !
L'idée, c'est de proposer des activités à faire sur le livre (comme suivre un labyrinthe du doigt) et des idées d'activités à réaliser avec son enfant pour instaurer un climat de calme et renforcer la capacité de concentration.
Cette concentration se gagne en pratiquant et en s'entrainant.
C'est donc une bonne idée de réunir toutes ces activités et quand on est en plein milieu d'un moment d'énervement, ce n'est pas toujours simple de trouver des idées.




On peut donc sortir ce livre sans hésiter.
Il est découpé en trois parties : détente, concentration et éveil des sens.
Dans la première, l'auteur propose des activités simples mais efficaces pour aérer son enfant, pour lui proposer des temps calme ou des activités reposantes.
Ce n'est pas toujours révolutionnaire bien sûr, mais cela nous rappelle qu'il y a parfois des choses simples qui peuvent nous faciliter la vie.




Dans la deuxième partie, vous trouverez des activités qui vous permettront de souffler pendant de longues minutes car elles occupent les enfants un certain temps (et ça, c'est top).
Elles demandent de la minutie, ou de la finesse, ou de la réflexion.
Et pour la troisième partie sur l'éveil des sens, on se base sur les 5 sens pour développer les perceptions de nos enfants avec là encore des activités simples mais efficaces.




Une vraie mine de bonnes idées pour les enfants à partir de 2 ans et demi (et même deux ans parfois) !
Chez nous, il est toujours sorti et je vous le conseille vivement. 


  • Heureux & détendu, 20 secrets pour t'aider à vivre mieux



Ce livre est destiné aux enfants plus âgés, dans l'idéal qui savent déjà lire.
Mais on peut sans doute le lire avec son enfants dès 5 ans.
Shamata est une petite fille indienne qui pratique la méditation mais qui a aussi parfois du mal à gérer ses émotions.
Elle se laisse envahir par la colère, par la tristesse, par le découragement, elle se laisse guider par ses sentiments et s'emporte très souvent.
Mais elle voudrait que ça s'arrête alors elle décide de se prendre en main.




Chaque chapitre se présente avec un titre qui annonce de quel sentiment il va être question.
Il y a une petite explication qui permet à l'enfant de mieux comprendre les émotions qui le submergent, et puis une petite BD qui illustre tout ça.
Après la BD et à la fin de chaque chapitre, Shamata propose des solutions au lecteur pour se recentrer, pour ne pas se laisser submerger par ses émotions et devenir plus calme et posé.





C'est vraiment très bien fait.
Il y a de vrais bons conseils dans ce livre, et les paragraphes explicatifs sont bien détaillés.
Cela permet de bien expliquer certaines sautes d'humeur qu'on peut connaitre parfois (les petits comme les grands d'ailleurs).
Si vous avez un petit (ou moins petit) un peu énervé, submergé par ses émotions parfois, qui ne sait pas toujours comment réagir, ce livre sera parfait.
On peut le lire avec son enfant, en discuter avec lui, ou le laisser y réfléchir avant d'en parler.




Je le garde précieusement pour ma minette mais je pourrais peut-être m'en servir avant moi aussi :D






Merci Nathan 
pour ces livres qui font du bien. 







lundi 15 février 2016

La photo du mois #17 : En chantant

C'est Thalie qui nous a donné le thème de ce mois-ci avec un sujet vraiment pas facile mais assez original !
Voilà le thème : en chantant !

Comme le dit la chanson : "quand j'étais petit garçon je repassais mes leçons en chantant ; et bien des années plus tard je chassais mes idées noires en chantant [...] la vie c'est plus marrant c'est moins désespérant en chantant" Votre photo devra donc représenter une chanson dont le titre sera à deviner par le reste du groupe. A vos appareils, prêts, photographiez ... en chantant !

J'ai tout de suite pensé à cette série de photos faites à Noël dernier chez ma maman.
Ma minette découvrait le piano et une grande passion est née ce jour-là je crois bien.

Alors saurez-vous trouver la chanson illustrée par ma photo aujourd'hui ?







Et d'autres chansons illustrées par ici :

A'icha, AF News, Akaieric, Alban, Alexinparis, Angélique, Aude, Autour de Cia, BiGBuGS, Blogoth67, Brindille, Calamonique, Cara, Carole en Australie, Champagne, Chat bleu, Chiffons and Co, Chloé, Christophe, Cocazzz, Cricriyom from Paris, Cécile, CécileP, Céline in Paris, Dame Skarlette, Danièle.B, DelphineF, Dom-Aufildesvues, Dr. CaSo, E, El Padawan, Estelle, Eva INside-EXpat, François le Niçois, Frédéric, Galéa, Gilsoub, Giselle 43, Guillaume, Homeos-tasie, J'habite à Waterford, Josette, Julie, KK-huète En Bretannie, Koalisa, Krn, La Fille de l'Air, Lau* des montagnes, Laulinea, Laurent Nicolas, Lavandine, Lavandine83, Les bonheurs d'Anne & Alex, Loulou, Luckasetmoi, Lyonelk, magda627, Mamysoren, Marie, MauriceMonAmour, Milla la galerie, Mimireliton, Mireille, Mirovinben, Mon Album Photo, Morgane Byloos Photography, MyLittleRoad, Nanouk, Nicky, Noz & 'Lo, Pat, Philisine Cave, Pilisi, Pixeline, Renepaulhenry, Rythme Indigo, Sinuaisons, Sous mon arbre, Suki, Tambour Major, Testinaute, Thalie, Tuxana, Voyager en photo, Woocares, Xoliv'.



samedi 13 février 2016

La belle journée, la Chose et la Course de luge

Il y a longtemps que je ne vous ai pas parlé de livres jeunesses.
Il faut que je m'y remette parce qu'on a pas mal changé de registre ces dernières semaines et j'en ai plein à vous montrer.
Et puis ma crêpe Suzette grandit, ses goûts changent et surtout, elle réclame maintenant qu'on lui raconte de vraies histoires.
Elle apprécie toujours de regarder les imagiers, mais je sens que cela lui plait moins.
Elle m'apporte plus souvent un livre avec une histoire et me dit avec sa petite bouche en coeur "c'est maman qui raconte l'histoire".
( Bon, un bébé qui parle, c'est bien hein, mais plus moyen de faire semblant qu'on n'a pas compris ! )




Alors aujourd'hui, je vous montre trois petits albums qui la passionnent en ce moment, et surtout le premier La belle journée.
Ces trois albums sont dessinés par Marc Boutavant, le créateur de Mouk qui est un incontournable chez nous (comme je vous le disais ici).
L'histoire est écrite par Astrid Desbordes et reprend toujours des valeurs intéressantes pour un jeune enfant, ce qui n'est pas toujours le cas dans ce genre d'album malheureusement.


  • La belle journée

Je ne sais pas pourquoi, je persiste à appeler cet album la "folle" journée !
Sans doute parce que l'histoire est celle d'une journée un peu folle passée par deux amis.




L'ours Edouard a décidé qu'aujourd'hui, ils iraient à la plage.
Il réveille son voisin et ami Edmond l'écureuil et hop, c'est parti, malgré le vent qui souffle très fort.
Evidemment, tout ne se passe pas comme prévu.
Le maillot de bain d'Edmond est un peu ridicule, la pluie arrive, et le pique-nique et la baignade sont un peu compromis.
Mais comme ce sont de belles personnes, tout va bien se passer.





  • La chose 



Il y a quelque chose d'inconnu qui est apparu de l'autre côté de la rivière.
Cette chose parle mais pas comme nous, elle est pleine de poils, et on ne comprend pas bien ce qu'elle veut.
Et puis on ne la connait pas.
Il vaudrait mieux l'obliger à partir, lui interdire ce côté de la rivière.
Heureusement, après un petit moment de réflexion, les habitants de la forêt vont changer d'avis.
Après tout, ce n'est pas parce que la Chose ne parle pas comme nous qu'on doit la rejeter !




  • La course de luge 

On change de saison pour ce troisième album avec la neige que ma minette a découvert cet hiver pendant une petite journée.
Elle ne sait donc pas vraiment ce que c'est qu'une luge, mais avec ses albums, je crois qu'elle a compris comment ça marche.




L'ours Edouard, toujours prêt à motiver ses amis pour passer une bonne journée, réunit tout le monde pour profiter de cette belle journée de neige.
Ils partent donc avec leurs luges pour faire une grande course qu'Edouard est sûr de gagner.
Oui mais voilà, son chemin n'est pas tout à fait le même que celui de ses amis et en bas de la piste, Edouard n'est pas là.
Ses amis s'inquiètent mais il va bien vite réapparaitre et finalement, ce n'est pas lui qui a gagné !





Ces trois albums sont d'un format plus petit que Polka et Hortense, mais ils sont parfaits pour les petites mains.
Les pages sont épaisses et pas trop fragiles mais ma minette a bientôt 23 mois et elle manipule plus doucement les pages de ses livres désormais.
Comme je le disais plus haut, les histoires sont toutes belles, avec parfois plusieurs niveaux de compréhension.



On adore aussi les illustrations, dont certaines comportent plein de petits détails insolites qui interpellent le petit lecteur (la brosse à dent dans la tasse chiffonne toujours ma mini).
Il y a de belles couleurs, des dégradés, des ombres, la nuit, le jour, c'est un vrai plaisir de se plonger dans ces pages qui réservent toujours des surprises.

Vous l'aurez compris, je vous conseille absolument ces albums sans aucune hésitation !




Merci Nathan pour ces beaux livres.  






mercredi 10 février 2016

Rien ne s'oppose à la nuit de Delphine de Vigan (et une petite réflexion sur l'autofiction)

(Toutes mes excuses pour le silence prolongé par ici. Je suis toujours clouée dans mon lit ou mon canapé mais je vais revenir...)

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Je n'aime pas l'autofiction ! 
Voilà, je fais mon coming-out, j'avoue tout, je craque ! 

Par les temps qui courent dans la littérature française, c'est un peu dommage me direz-vous. 
Et effectivement, je vous répondrais que j'ai parfois des déconvenues dans mes lectures quand je me laisse aller à plonger dans la rentrée littéraire. 
Parce que l'autofiction, ça m'agace. 
Le nombril de l'auteur ne m'intéresse pas, l'introspection me navre, la petite vie de l'auteur qui se regarde vivre (souvent en allant mal en plus) me parait inintéressante. 
Cette mode de l'auteur qui parle de lui, sur lui, pour lui, me parait aussi vaine que les copies de certains de mes élèves.
On perd son temps, on assiste à une psychanalyse qui serait bien mieux dans un cabinet de professionnel, et je ne suis même pas sûre que l'auteur s'en trouve soulagé. 
Houellebecq m'ennuie quand il ne me dégoute pas, sans parler d'Edouard Louis ! 

J'ai donc tendance à fuir très vite ce genre de "roman" qui n'en est pas vraiment un.  

Et puis, et puis, parfois il faut savoir changer, évoluer et retourner voir si vraiment tout est à mettre à la poubelle. 
Il y a aussi des auteurs que j'aime bien, même si je n'aime pas tous leurs livres, et qui me tentent beaucoup, malgré la crainte d'être déçue (et c'est terrible d'être déçue par un auteur qu'on aime bien, non ?). 
L'an dernier, je me suis ainsi laissé aller à lire Charlotte de Foenkinos dont j'avais beaucoup aimé la Délicatesse
Et puis j'ai relu Beigbeder et là aussi, j'ai trouvé ça très osé et vraiment sympa. 
Un petit écart du coté d'Eva m'a beaucoup moins plu, mais l'écriture y est très belle. 
Et en septembre, le dernier livre de Delphine de Vigan D'après une histoire vraie a fait grand bruit, il a eu un prix et mes copines sur Facebook l'ont lu avec enthousiasme. 
Dommage de passer à côté pour un a priori personnel alors que je n'ai jamais lu cette auteure ! 

J'ai aussi cru comprendre que c'est la suite du précédent et je viens de le recevoir pour le prix Audiolib.
Autant commencer par le début alors ! 

J'ai tourné autour plusieurs semaines, et puis j'ai craqué et j'ai téléchargé la version audio !
Et là, je ne l'ai plus quitté. 
Cela tombait bien, vu que j'avais un petit truc sur mon crochet à avancer. 

A la mort de Lucille, sa mère, la narratrice se sent l'obligation de raconter le récit de sa vie. 
Elle a déjà publié plusieurs romans mais n'arrive pas à écrire autre chose, perturbée par le suicide et les non-dits que réveille cette disparition. 
Elle décide donc de recueillir les témoignages de sa famille, des proches qui ont connus sa mère, les documents que ses oncles et tantes ont gardé ou ceux que sa mère a laissé dans son appartement. 
Elle s'enfonce alors dans l'histoire d'une famille où les deuils ont succédés aux naissances, où la vie n'était pas toujours rose, même s'il y a eu des moments d'accalmie...

Autant le dire tout de suite, la vie de cette famille est absolument dramatique ! 
Les familles nombreuses sont sans doute plus sujettes à connaitre des drames, plus il y a de monde, plus il y a de risques de perdre certains membre d'une fratrie. 
Et puis, comme c'est souvent le cas quand on évoque un individu dépressif, il y a aussi des personnalités plus ou moins fortes, des comportements déviants, un monde caché que Delphine de Vigan va s'attacher à dévoiler. 

Elle a effectivement fait le choix de raconter Lucille, sa mère, dans un élan fait de nécessité et de besoin vital. 
Une publicité faite par Lucile petite
Elle justifie plusieurs fois son projet, pour elle, pour le lecteur, pour sa famille. 
Elle explique en quoi cela lui est nécessaire, mais en quoi c'est aussi une vision très personnelle, faite du discours de ceux qui l'ont connu mais pas tous, et vu par le filtre de son ressenti à elle, fille de Lucille. 
Le récit double s'enlace entre la vie de Lucille et les réflexions et justification de la narratrice. 
On assiste ainsi au récit de la vie de cette femme, à la fois dans le récit et autour de celui-ci. 
Delphine de Vigan explique comment elle a construit son roman, comment elle l'a habité, comment elle a exploité les cassettes de son grand-père qui a raconté sa vie, les entretiens avec ses tantes, ses propres souvenirs et les écrits de sa mère.  

Mon peu d'affection pour l'autofiction me pousse souvent à me demander pourquoi l'écrivain nous donne ce texte à lire. 
Mais là, je ne me suis pas posée la question. 
Le projet est bien expliqué par De Vigan, elle ne laisse aucune illusion, ne se voile pas la face.
Elle affirme clairement qu'elle répond à un besoin personnel, vital, elle remonte aux sources de son mal-être et fait le lien explicitement entre ce qu'elle a vécu avec sa mère et ce qu'elle ressent aujourd'hui.  
Et néanmoins, cette réflexion dévoile des questions plus profondes. 
Il ne s'agit pas que de cela, mais aussi de littérature, d'écriture, de construction narrative.
Elle dit aussi qu'elle est écrivain, que c'est son métier et que sa vie est forcément liée à ce métier. 
Alors comment organiser toutes les informations dont elle dispose ? Comment respecter la parole de chacun, les mots que sa famille lui a offert ? 
Lucile Poirier

Mais je crois que ce qui m'a vraiment plu, c'est ce récit sur Lucille qui est un vrai récit. 
Cette femme est dès l'enfance vouée à un destin tragique et l'auteure arrive à capter notre intérêt pour ce destin singulier et qui semble si familier. 
L'équilibre entre les deux fils du roman se fait sans heurt, laissant la place majoritaire au récit. 

C'est un texte qui m'a paru très fort, avec un style impeccable. 
Ce n'est pas gai, loin de là, et je ne crois pas que cela permette d'exorciser quoi que ce soit pour le lecteur, mais l'essentiel n'est pas là. 
Pour la réflexion sur le récit et sa construction, pour la découverte de cette vie si tragique, pour la fascination que peut exercer une personne, ce livre vaut d'être lu (mais dans une période où vous êtes plutôt en forme). 




Et une première ligne pour le challenge Petit Bac 2016 catégorie : Phrase






mardi 2 février 2016

Bien comme il faut de Sandip Roy

Parfois, j'ai envie d'Inde. 
Pas d'un voyage en Inde, je ne suis pas encore prête à renouveler l'expérience (souvenez-vous...), mais j'ai envie de me replonger temporairement et en toute sécurité dans le bruit et la poussière, dans la chaleur et les odeurs, dans l'exotisme et l'ailleurs. 
Quand ce besoin est très fort, je l'assouvis avec un petit thali fait maison (mais c'est très rapide, quoique je perfectionne ma maitrise du dahl) ou un bon roman indien qui me replonge un peu plus durablement dans les rues pleines de Rickshaw de Madras ou sur les dalles brulantes des temples du Tamil Nadu. 

Et ici, c'est à Calcutta que le roman nous emporte. 

Amit s'est décidé à accueillir sa mère Romola chez lui à San Francisco. 
Il a mis plusieurs année après le décès de son père à faire ce que tout bon fils indien se doit de faire : s'occuper de sa mère veuve. 
Mais Amit ne vit plus à Calcutta, il a une femme américaine et il lui paraissait trop difficile d'imposer ce changement radical à sa mère. 
Il faut dire qu'il y a plus de quarante ans, elle a passé un an dans une petite ville américaine juste après son mariage, et qu'elle en garde un très mauvais souvenir. 
Son séjour en Amérique ne débute donc pas sous les meilleurs auspices. 
Et puis elle s'ennuie et refuse tout ce que son fils lui propose pour occuper ses journées. 
Ce qu'elle aime, elle, c'est regarder la télévision... 

A partir de cette situation assez banale pour les familles indiennes, Sandip Roy déploie différents évènements de la vie de Romola, de son mari Avinash et de son fils Amit. 
Il aborde des thèmes variés comme la confrontation des cultures, l'immigration indienne en Amérique, la façon dont on considère les Indiens qui vivent à l'étranger, mais également l'homosexualité et comment vivent les homosexuels indiens. 
J'avoue que cet aspect du roman m'avait complètement échappé quand je l'ai choisi, et j'avais parfois l'impression que l'auteur insistait un peu lourdement sur cet aspect. 
Mais le livre s'inscrit apparemment dans la littérature "queer", ce qui justifie cet apparent déséquilibre, même si ce serait simpliste de ne le définir que par cet aspect. 

Il m'a semblé en effet qu'il y était tout autant question de déracinement, de vie de famille à l'indienne et d'une tentative pour faire comprendre comment se construit la famille étendue dans cette culture. 
Et de ce point de vue, cela me semble très réussi. 
L'auteur nous raconte à chaque chapitre des épisodes de la vie de Romola, d'Avinash, de la vie dans la maison familiale avec la mère et la grand-mère d'Avinash, de la vie du quartier, du cérémonial de la crémation, de ce que les jeunes filles ont le droit de faire ou non quand elles sont courtisées par un homme... 
On assiste par bribes aux grands évènements qui marquent une vie ou aux petits rituels quotidiens, et on finirait presque par comprendre ce qu'il se passe dans la tête d'un Indien quand il arrive dans un pays occidental. 

En lisant les remerciements, on apprend néanmoins que l'auteur a publié certains chapitres de ce roman sous la forme de nouvelles isolées. 
Et effectivement, on comprend mieux certains passages qui paraissent un peu détachés du reste du roman. 
Ils ne sont pas totalement incongrus, mais ne s'enchainent pas parfaitement avec le reste. 
Ils racontent un évènement isolé (l'envie subite de chutney de mangue d'Amit qui se rend à l'épicerie pour la satisfaire) dont la place dans le roman parait un peu forcée. 
Mais c'est un petit bémol. 

Pour le reste, ce roman sent le curry, le cumin et le chutney de mangue, il vous dépaysera à coup sûr à grand coup de cuillère de dahl et de fumée d'encens. 


Merci aux éditions les Escales pour cette découverte.



Et hop, je passe aux 2% avec un 7e roman. 






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