Ah ! Les Classiques !
On devrait toujours revenir aux bons vieux
Classiques de temps en temps.
Une petite panne de lecture, un coup de
mou, une succession de mauvaises pioches à la librairie ?
Hop ! Un petit tour au rayon des Classiques
et ça repart !
Il y a très très longtemps que je voulais
lire ce roman.
J’avais envisagé de le lire en italien,
mais mes séjours transalpins sont bien loin maintenant et je ne suis pas sure
d’être encore capable d’arriver au bout de 300 pages d’une version soignée et recherchée
de cette langue.
Et puis il y a de très beaux passages dont
il aurait été dommage de perdre la saveur et tout les sous-entendus.
Ce
grand seigneur, ce prince sicilien des temps anciens veille encore sur ses
terres et sur ses gens, mais il sent que son temps est fini et qu’il ne lèguera
pas à son fils ce que son père lui a lui-même transmis.
Il a
déjà vendu tant de terres, la guerre va et vient, Garibaldi fait parler de lui
et ses semblables disparaissent doucement corps et biens.
Mais
il peut heureusement compter sur son neveu Tancrède pour le sortir de sa torpeur.
Héritier
de la ruine de son père, admiré et adoré par Concetta la fille ainé du Guépard, il s’est
engagé du côté des Républicains, suscitant la désapprobation et
l’incompréhension de ses pairs…
Eh oui.
Dans ce petit roman, il est question
d’amour et de politique, sujets on ne peut plus classiques en littérature qui
sont ici admirablement mêlés.
Car si Concetta aime Tancrède, celui-ci la voit comme
une sœur et quand survient Angelica, le sort en est jeté.
Mais je vous laisse découvrir la suite, ce
serait dommage de la dévoiler maintenant.
Car l’histoire du Guépard est entremêlée sans cesse.
Il y a toujours un soldat qui passe, un
jupon qui apparait, un bal où un général parade, un petit bourgeois qui se
pique de politique…
On lit avec délice l’histoire sentimentale
qui se noue, mais elle est intimement liée à l’ascension sociale, à l’Histoire,
à l’évolution d’une société en pleine mutation.
Certaines informations peuvent d’ailleurs
échapper au lecteur, tant elles sont liées à l’Histoire italienne.
Je ne suis pas une spécialiste et si je
vois à peu prêt comment s’est déroulée la réunification de l’Italie, c’est loin
dans ma mémoire.
Mais ce n’est pas si gênant car ce qui est
décrit, c’est surtout l’évolution de la société et la disparition de la
puissance aristocratique.
Et puis l’écriture est superbe, même si
très traditionnelle et un peu compassée parfois.
Le roman fonctionne par scène ou par
tableau, dans un salon, dans une salle de bal, dans la campagne sicilienne…
Les portraits sont magnifiquement brossés,
on s’attache immédiatement aux personnages qui apparaissent sous nos yeux.
La description des paysages est également
magnifique et donne envie de prendre un billet d’avion immédiatement pour aller
la voir de nos propres yeux.
Lampedusa a écrit son roman, puis il a
considéré qu’il était terminé avant d’y revenir.
Cela donne parfois une impression décousue
entre les chapitres avec de très grosses ellipses.
On a envie d’en savoir plus, de suivre les
personnages dans leur vie, de savoir ce qu’ils deviennent.
Heureusement, dans mon édition (Point2),
j’avais un chapitre supplémentaire qui était dans un cahier perdu puis retrouvé
et qui termine le roman en racontant ce que les personnages sont devenus 30 ans
plus tard.
Sans ce chapitre, j’aurais été vraiment
déçue de ne pas savoir et j’aurais moins apprécié ma lecture.
Mais cela doit laisser plus de place à
l’imagination…
J’aurais adoré lire et étudier ce roman
pendant mes études littéraires.
Il y a des passages où l’on sent qu’il y
aurait tant à observer et surtout à lire entre les lignes.
Je n’ai donc qu’une chose à dire :
lisez ce roman !
Et moi, je file voir le film…