J'ai vu ce livre très
souvent sur les tables des libraires depuis sa sortie.
Sa couverture est un peu moche, je trouve, et après avoir lu le roman, je ne suis
pas sure de la comprendre.
Il me semble qu'il y aurait eu de quoi faire quelque chose de
plus attirant ou de plus parlant.
Malgré ce défaut qui n'en est pas vraiment
un (le texte de l'auteur n'y est pour rien), ce serait dommage de s'y arrêter car elle recouvre un polar
plutôt bien troussé.
Ce matin là, Yeruldelgger aurait préféré
rester couché mais il se retrouve au milieu de la steppe pour exhumer le
corps d'une petite fille que des nomades viennent de trouver.
Les enfants ce n'est jamais facile, et cela réveille
en lui de très mauvais souvenirs, de ceux qui vous empêchent
de vivre votre vie.
Mais sa mauvaise journée ne s'arrête
pas là !
Deux pontes chinois viennent d'être découverts
dans leur usine, mutilés et nus.
L'affaire ne va pas être simple, Yeruldelgger le sait.
Les Chinois ont tendance à se croire tout
permis et vont sûrement lui mettre des bâtons dans les roues...
L'intrigue est assez simple.
Deux enquêtes
vont se croiser tout le long du roman, alternant les points de vue et les
personnages pour nous dévoiler
différentes facettes de la
Mongolie et d'Oulan-Bator.
Car l'intérêt de ce livre, c'est de découvrir un pays peu présent dans ce genre de littérature.
Et sans doute peu présent
dans la littérature en général
d'ailleurs.
Au fil de l'histoire, on découvre
des pratiques culturelles, des coutumes qui sont bien intégrées
dans le récit et qui le
servent en apportant des explications sur certains faits.
Cette "utilité"
de l'information culturelle permet de maintenir une belle fluidité et une cohérence au récit.
Evidemment, le pseudo de l'auteur m'a amené à m'interroger sur sa
nationalité.
Il semblait bien connaitre le pays, Manook aurait peut-être pu être un nom mongol, mais Ian peut-être pas.
Et puis je me suis demandé
tout de même si la
Mongolie avait une tradition dans le domaine du roman policier.
Celui-ci est de facture assez classique (je rappelle que j'ai rédigé une thèse
qui porte en partie sur le roman policier, d'où
ce chemin de traverse qu'a pris ma pensée),
il s'inscrit dans la tradition européenne
du polar et cela me semblait quand même
un peu surprenant qu'un auteur mongol ait cette culture qui imprègne son écriture.
Mais l'auteur n'est pas mongol !
C'est néanmoins
le seul point négatif que
je relèverai ici.
Le roman est un peu violent, mais cela s'arrête souvent juste à temps.
Les personnages sont attachants, bien construits et ont de l'épaisseur.
La Mongolie est superbe et donne envie d'aller se perdre dans
ses steppes à la voyageuse
que je suis.
L'intrigue n'est pas hyper originale (si on ne tient pas compte
de sa localisation), et j'avais deviné
une bonne partie de la solution, mais cela se tient et la qualité de la construction des
personnages fait oublier le reste.
Et puis comme je l'ai dit plus haut, on découvre ce pays en douceur grâce à l'explication
de ses symboles, du mode de vie de ses habitants, de ses coutumes.
Ce n'est pas pour autant surchargé
et les explications de l'auteur sont bien dosées.
Comme je l'ai écouté, il me faut aussi
dire quelques mots du livre audio.
Le lecteur, Martin Spinhayer est parfait !
Il dose le suspense, il change de voix pour chaque personnage
sans que cela soit caricatural, il adapte le rythme à
l'histoire.
Il y a également un entretien avec l'auteur à
la fin du livre audio.
J'aime bien ces entretiens qui donnent des informations sur
la façon d'écrire de l'auteur, sur son ressenti,
sur ce qu'il a voulu faire, mais parfois cet exercice, un peu nombriliste sans
doute, ne tourne pas à l'avantage de l'auteur.
C'est le cas ici où Ian Manook semble un peu suffisant et
pédant.
Mais oublions bien vite l'auteur pour retenir que ce roman est
une pépite qui vous
emportera en Mongolie par un vol direct de quelques minutes, juste le temps
d'ouvrir le roman !