C’est un peu inavouable,
n’est-ce pas ?
J’aimais bien aussi Roger
Moore, mais je le préférais dans Amicalement
Votre.
Lorsque j’ai vu la
nouvelle version de James Bond dans Casino
Royale, j’ai tout de suite adoré son côté mauvais garçon plein de failles, apparemment
lisse mais plein de blessures.
Pour ce film, le
réalisateur a fait le choix de revenir aux origines de la série, au premier
tome des romans de Fleming, pour proposer une trilogie mettant en valeur la
construction du personnage de Bond.
Le deuxième volet, Quantum of Solace, n’est pas tout à fait
à la hauteur, mais le troisième qui arrive bientôt promet de nous en mettre
plein les mirettes.
Bien sûr, en tant que
féministe, en tant qu’universitaire, c’est un peu une hérésie d’écrire cela.
Et pourtant, je regarde
toujours ces monuments de machisme avec plaisir.
Généralement, l’histoire
assez pauvre ne me laisse aucun souvenir, ce qui me permet de les regarder
encore et encore, surtout quand ils repassent à 22h ou 23h.
Il n’est plus possible
aujourd’hui (du moins je l’espère) de produire un gros film international aussi
machiste qu’autrefois, et Eva Green (superbe) est tout de même mieux traitée
que Carole Bouquet en son temps.
L’histoire a aussi été
très travaillée, et un certain nombre de personnages qui reviendront souvent
sont présentés avec soin.
Évidemment, comme le
réalisateur affirmait être plus prêt du roman, j’ai eu envie de revenir à la
source, et de voir ce qu’il en était vraiment du machisme, du martini, de
l’instabilité de Bond dans le roman de Ian Fleming.
Je peux vous dire que je
n’ai pas été déçu
James Bond vient d’obtenir son double zéro et
appartient désormais au cercle fermé des agents ayant un permis de tuer.
Mais ce statut lui semble bien lourd à porter,
quand il est envoyé en France pour une mission.
Comme il est le meilleur joueur du service secret britannique,
il a été choisi pour participer à une grosse partie de carte où un escroc nommé
le Chiffre va tenter de se refaire.
Son banquier qui a pris la forme d’une jeune femme
énigmatique doit lui assurer les fonds pour mener la partie, et ses formes
avantageuses doivent détourner l’attention.
Bond doit donc tout faire pour gagner la partie,
ce qui fera disparaître le Chiffre du circuit criminel.
Que dire de ce petit
roman ?
D’abord, que sa lecture
est très agréable.
Il ne s’agit pas d’un
roman destiné à un public exclusivement masculin, comme peut l’être SAS par
exemple.
Évidemment, c’est une des
cibles, mais il n’y a quasiment pas de scène de sexe.
James est chaste,
voyez-vous. C’est un petit cœur fragile qui se préserve pour le grand
amour !
Vous ne l’auriez pas cru,
n’est-ce pas ?
C’est aussi un bon
mangeur qui dévore des repas largement commentés par Fleming.
Il goûte tous les plats,
parfois très exotiques (on est en Picardie quand même) et si quelques mets lui
semblent étonnant, il ne résiste jamais à une belle assiette.
Il a aussi une bien jolie
voiture, une Aston Martin qu’il bichonne lui-même.
Il loue un garage pour sa
voiture et tient à ce qu’elle soit toujours impeccable.
Un vieux gars en
somme !
Mais voilà !
Le vieux gars va
rencontrer une belle jeune femme qui ne le laissera pas de marbre.
Il se déconcentre un peu,
manque de se faire assassiner au moins trois fois en 150 pages, et finalement
repart avec la fille, comme dans les films.
Sauf que ce n’est pas si
simple, et c’est là que Fleming est malin.
Comment inciter le
lecteur à lire le deuxième tome ?
Par une fin malheureuse
qui appelle la vengeance de 007 !
Il y a une réflexion
antisémite notamment (signalée dans l’introduction) qui cadrent avec l’époque,
quelques réflexions de l’agent qui sont aujourd’hui difficiles à lire, et
surtout les méchants du KGB ^-^.
Mais le plus drôle n’est
pas là !
Ce qui m’a le plus amusé,
c’est le décor de la fin du roman.
Bond passe quelques jours
avec son amoureuse dans une crique non loin de Casino Royale, au milieu des
plages et des pins. C’est beau, la mer est bleue, ils sont heureux.
Vous avez déjà vu des
pins et des criques en Picardie, vous ? J
A la décharge de Ian
Fleming, il faut rappeler qu’il écrivait en Jamaïque, d’où la Picardie est si
exotique…
Si vous voulez revenir à
la source du mythe, si vous êtes curieux de connaître le Bond des origines, si
un petit roman amusant vous tente, n’hésitez pas.
Un roman de moins dans ma
PAL lu pour le challenge PAL express de juin, un ajout au challenge Je vide ma biblio du forum Livraddict, et une destination de plus pour le challenge Tour du monde car Fleming écrivait en Jamaique.
Un aperçu du prochain épisode ^-^