Pour une fois, je
vais vous parler d’une exposition qui n’est pas encore terminée.
C’est un petit
exploit personnel pour quelqu’un qui est toujours en retard J mais cela m’a tellement plu que j’ai envie de
partager avec vous.
Je suis donc
allée voir l’exposition du Musée Maillol intitulée Artemisia, Pouvoir, gloire et passions d’une femme peintre.
J’ai découvert
Artemisia Gentileschi grâce au film d’Agnès Merlet, comme beaucoup de
spectateurs qui n’en avaient jamais entendu parler.
Le film est toutefois
partiel, et si j’avais perçu l’intérêt que cette femme peintre pouvait
représenter justement en tant que femme peintre, je n’avais pas retenu qu’elle
avait autant peint.
Fille d’un grand
peintre du 16e siècle, elle apprend d’abord son métier avec son père
puis est confiée à Agostino Tassi pour qu’il lui enseigne ce qu’elle doit
savoir.
Ce début de
carrière est déjà exceptionnel car à l’époque, quelques femmes peignent, mais
dans l’atelier de leur père ou de leur mari et sont cantonnées aux fleurs et
autres natures mortes. Elles n’ont en tout cas pas l’autorisation d’avoir leur
propre atelier et ne peuvent pas non plus utiliser des modèles vivants.
Artemisia doit
donc se peindre elle-même si elle veut sortir de ces motifs imposés, y compris
pour peindre des nus, et ses acheteurs le savent !
Mais tout change
lorsqu’elle accuse son maitre de l’avoir violé.
Pour des raisons qui
sont encore obscures (dédommagement financier ? rivalités d’atelier ?
réelle volonté de justice ?), le père d’Artemisia fait un procès à Tassi
qui le perd.
Artemisia doit
cependant fuir Rome pour pouvoir travailler, et va s’installer à Florence où
elle entame une carrière exceptionnelle.
Première femme
reconnue par l’Académie, elle obtient le droit de signer des contrats
elle-même, de gérer son atelier, et bien qu’elle soit mariée, elle reste
autonome professionnellement.
Cet atelier va se
développer, se déplacer parfois, mais les œuvres signées d’Artemisia rejoignent
de grandes maisons et les collections les plus prestigieuses.
Elle réalise
notamment de nombreux portraits de notables et des commandes pour les cours
d’Europe de moyens et de grands formats.
Si vous vous
rendez au musée Maillol, vous verrez quelques unes de ces toiles de commande,
mais ce n’est pas le cœur de l’exposition.
Le choix a été
fait de réunir les toiles plus intimement liées aux différents sujets qui ont
préoccupé l’artiste.
Le sujet phare
est donc celui de la femme forte, très à la mode au moment où Artemisia
Gentileschi produit des tableaux en grand nombre. Elle répondait ainsi à ses
propres intérêts tout autant qu’à la demande du public.
Cette femme forte
prend ensuite plusieurs visages, ceux de Cléopâtre, de Suzanne face aux
vieilards ou Bethsabée, mais aussi et surtout celui de Judith accompagnée de sa
servante.
Comme une
vengeance virtuelle, Artemisia décapite Holopherne encore et encore, déclinant
le motif pendant plusieurs années.
Les toiles
évoluent, le tracé change, mais reste toujours délicat et fort à la fois.
Pour pouvoir
replacer la peintre dans son siècle, d’autres peintres sont également présents,
comme son père évidemment, mais également quelques peintres de son temps qui
l’ont croisé ou ont travaillé avec elle.
Vous pourrez
aussi lire cinq lettres envoyées par Artemisia à son amant, en Italien mais
traduite. C’est extrêmement émouvant de pouvoir les lire aussi longtemps après
leur écriture, et le papier est très bien conservé.
N’hésitez pas à
monter à l’étage de Maillol, vous pourrez y voir plein de cuisses, c’est très
amusant.
Je vous conseille
aussi l’audioguide, mais c’est tout de même un coût supplémentaire qui s’ajoute
à une entrée déjà onéreuse.
Pour les aspects
pratiques, le musée Maillol se trouve rue de Grenelle, dans le 7e
arrondissement de Paris.
L’exposition se
termine le 15 juillet 2012 et en semaine. Le matin c’est mieux, il n’y a pas
grand monde. Les salles sont moyennement grandes et il y a beaucoup de tableau.
J’y ai passé une heure et quart avec audioguide. Il y a aussi une application
pour votre smartphone ou votre tablette.
Prochaines expos :
La sainte Anne de De Vinci
au Louvre et
Berthe Morisot à Marmottan.
Quelqu’un y est déjà
allé ?