Dans les séries
de romans à personnage récurrent, les personnages secondaires sont parfois très
intéressants, et souvent intrigants car on ne les voit pas beaucoup.
Quand les
écrivains décident de les développer, j'ai toujours plaisir à lire ces séries
dérivées, comme on le fait pour les feuilletons aujourd'hui.
Si vous
connaissez le poulpe de Jean-Bernard Pouy, vous connaissez sans doute Cheryl,
coiffeuse peroxydée qui fait office de petite amie et est l’héroïne de quelques
romans de cette série.
Madame Maigret
n'est évidemment pas le même genre de personnage, mais c'est tout aussi
intéressant de la découvrir et de mieux la connaître.
Elle est toujours
présente pour Maigret, lui prépare sa valise, son repas, le soutient au
téléphone quand il doute, et si on ne la voit pas souvent, elle est néanmoins
là comme une part inaliénable de son mari.
Généralement au
téléphone ou dans la cuisine en train d’attendre Maigret, cette femme effacée
n'est la plupart du temps qu'un accessoire pour Simenon.
Or, dans ce
roman, et comme l’indique le titre, elle a un rôle véritable et va bien aider
Maigret.
Une fois par semaine, madame Maigret va chez le
dentiste.
Comme elle n’aime pas être en retard, elle part
toujours en avance et attend dans le square devant le cabinet du dentiste.
Pendant ces minutes d’attente, elle fait la
connaissance d’une femme avec un joli chapeau blanc qui vient chaque jour avec
un petit garçon pour lui faire prendre l’air. L’enfant joue, les deux femmes
discutent, puis madame Maigret va à son rendez-vous.
Or, ce jour là, cette dame lui demande de garder
le petit garçon quelques minutes car elle a une petite course à faire. Madame
Maigret accepte, mais les minutes passent et la dame au chapeau ne revient pas.
Maigret, quant à lui, est confronté à une affaire
étrange dans laquelle un relieur est accusé d’avoir brulé un corps dans son
poêle à charbon. L’homme nie, évidemment, et Maigret sent qu’il y a quelque
chose qui ne fonctionne pas dans cette histoire…
Conforme à
lui-même, Simenon parvient à créer une véritable ambiance dans ce roman, où se
mêlent les bureaux sombres du quai des Orfèvres et les parcs ensoleillés de
Paris.
On suit madame
Maigret à travers les rues, on apprend à la connaître en découvrant son
environnement.
C’est aussi le
cas pour monsieur dont les bureaux sont décrits en quelques mots suffisants
pour former une image et comprendre le ressenti des accusés quand ils passent
dans ces lieux, et celui des policiers qui travaillent là.
Ce sont deux
mondes opposés, mais complémentaires et perméables. Les uns passent chez les
autres et l’enquête s’invite dans le salon de Maigret. Madame Maigret oublie
même de faire le déjeuner !
D’ailleurs, on
s’aperçoit que Maigret et sa femme n’ont clairement pas les mêmes vies, mais
lorsqu’elle prend l’initiative d’aider son mari, il la félicite et s’amuse de
ses ruses de détective amateur.
On voit alors que
Maigret a beaucoup d’humour, ce que je n’avais pas vraiment perçu en regardant
les versions filmées.
Il semble bourru
mais Simenon précise qu’il adopte volontairement l’attitude que ses inspecteurs
attendent de lui, tout en s’amusant beaucoup intérieurement. Il rabroue gentiment
sa femme pour mieux la féliciter pour ce qu’elle découvre, ou fait des
plaisanteries au détriment de ceux qui l’empêche d’avancer dans son enquête. C’est
assez fin et cela apporte un peu de légèreté.
Ce qui apporte
aussi de la légèreté, c’est la pipe et surtout la quantité d’alcool ingérée par
Maigret !
La petite phrase
« pas pendant le service » est inconnue du commissaire.
Il consomme bière
sur bière, parfois remplacée par un verre de vin. Il réfléchit avec ses hommes,
il commande des bières et des sandwichs. Il demande un travail de recoupement à
ses inspecteurs, il commande encore des verres. Il va rencontrer un informateur
potentiel, il commande une bière…
C’est assez
fascinant, quand on voit ce qu’il en est aujourd’hui, car clairement, Maigret
est alcoolique et je me demande comment il pouvait rentrer chez lui avec autant
d’alcool dans le sang J.
Malgré ces excès,
si vous voulez découvrir Maigret (comme ce fut mon cas), je pense que c’est un
bon roman pour commencer. Si vous voulez lire un petit roman policier bien
construit, sans suspense haletant, mais attachant, où l’on s’intéresse vraiment
aux personnages et où l’on a envie de prendre parti, n’hésitez pas !
Une participation
enthousiaste au challenge Paris je t’aime, un livre de moins dans ma PAL, et un
classique dans mon escarcelle.
Un Simenon qui parle de Madame ? Elle sort donc de sa cuisine de temps en temps....
RépondreEffacerOui, et elle y prend goût apparemment :)
Effaceret on s'attache souvent à ces personnages qui n'en sont pas vraiment mais sans qui ces séries n'auraient pas le même charme! Je ne connaissais pas celui là :)!
RépondreEffacerOui, malheureusement, je crois bien que c'est la seule apparition majeure de Madame Maigret :S
EffacerMais je crois que je vais la guetter dans tous les Maigret que je vais lire à présent :D
Merci pour ta participation au challenge !
RépondreEffacerJ'ai lu toutes les enquêtes de Maigret (en deux ans).
Mais de rien :) Par contre, je crois que je préfère les romans sans Maigret ;)
EffacerBien aimé ce roman moi aussi, tu y as vu beaucoup plus de choses que moi ! Pas fait attention au fait que Maigret est une arsouille, mais maintenant que tu le dis, oui, c'est évident.
RépondreEffacerIl est tout le temps au café et quand il n'y est pas, il commande des pintes dans son bureau. Ce ne serait plus possible aujourd'hui ;)
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