© Leiloona
|
Partir, fuir, abandonner, lâcher prise, laisser tomber, quitter sa
vie, prendre un aller sans retour…
De plus en plus, l’envie la prenait de tout laisser derrière
elle, de ne plus se soucier de rien ni de personne.
Elle regardait la mer comme un immense terrain de jeu potentiel,
comme une possibilité de tout recommencer, de repartir à zéro.
De la promenade où elle venait chaque jour, elle s’abimait
les yeux à fixer l’horizon.
Qu’il pleuve ou que les vagues brillent au loin, elle guettait
un signe, quelque chose qui ferait tout basculer.
Depuis 15 jours, elle séjournait dans un hôtel
tout à
côté.
L’air du large lui ferait du bien avait dit son médecin.
Elle avait sauté sur l’occasion pour « faire un
break »
comme on disait, pour voir, pour respirer un peu.
Elle étouffait.
Au sens propre comme au sens figuré.
Cela lui arrivait de plus en plus souvent.
Elle était oppressée, elle sentait un poids sur sa
poitrine.
Rien ne pouvait la soulager.
Son médecin n’avait rien trouvé.
Un peu de surmenage avait-il dit.
Et depuis deux semaines, elle était là, seule, elle prenait le temps de
vivre, enfin.
Oh, bien sûr, le travail restait dans un coin de
sa tête,
elle n’oubliait
jamais vraiment.
Elle se demandait aussi ce que faisaient les enfants, s’ils
mangeaient bien, se couchaient tôt, si elle leur manquait.
Mais apparemment non.
La vie continuait.
Elle qui s’était cru indispensable se découvrait
superflue.
Certes, elle leur manquait, mais pas tant que cela finalement.
Au bord de la promenade, accoudée au muret, elle observait la mer et
cette petite tourelle qui lui rappelait un conte de son enfance.
L’enfance, cette période bénie où l’on se croit invulnérable,
où
le monde paraît si simple.
Elle aspirait tellement à retrouver cette simplicité.
Elle observait les vagues, le ressac sur les rochers.
Elle se pencha davantage, songeant qu’elle ne manquerait
qu’un
temps, que la vie continuerait.
Elle avait toujours été fascinée par la mer.
Elle se pencha encore, prête à basculer, tout serait tellement plus
simple.
Encore un peu… elle partait déjà…
elle n’était
plus là…
Voilà ma deuxième participation à l'atelier d'écriture de Leiloona pour son 156e numéro, de façon impromptue, sans préméditation.
Un texte ouvert qui n'a pas de sens absolu. A vous de voir...
Les autres textes sont en lien chez elle.
Et une dédicace spéciale pour Henry Wilson qui m'a forcément un peu inspiré !
(n'est-ce pas Titine...)
J'aime beaucoup ton texte, tu as bien fait d'écrire. ;) C'est beau.
RépondreEffacerMerci Antigone. C'est un exercice qui me réussit apparemment quand je le décide sur un coup de tête ;)
EffacerTrés joli texte ! :)
RépondreEffacerMerci :)
EffacerBravo. La fin laisse entrevoir un peu d'espoir, qui semble ne pas en etre pour ta narratrice. C'est joli.
RépondreEffacerMerci Ludo, c'est à chacun d'y lire ce qu'il a envie d'y trouver ;)
EffacerRhooooo ta dédicace me fait drôlement plaisir, merci beaucoup ! Je suis contente que tu continues à participer à cet atelier d'écriture. Non, elle ne va pas sauter, elle a encore tant de choses qui la rattache à la vie. C'est un doux rêve que de tout quitter, de tout reprendre à zéro mais est ce possible ? J'aime beaucoup ton texte et ta manière de décrire cette femme au bord du gouffre.
RépondreEffacerMais de rien, je reconnais ton optimisme mais je crois bien que tu as raison, on ne peut jamais recommencé tout à zéro. Et si on le pouvait, le voudrait-on vraiment ?
EffacerDescription très intéressante de cette "fatigue" qui parfois donne envie de basculer...
RépondreEffacerIl y a des moments où le bout du rouleau n'est pas loin.
EffacerPour moi, le dernier mot "hélas" indique qu'elle a sauté...
RépondreEffacerJ'aurais tendance à penser comme toi mais l'interprétation que l'on en fait dépend peut-être de notre état d'esprit du moment ;)
EffacerLe nom qui l'attrape avant de basculer dans le néant...on n'est certainement pas indispensable à la terre mais les autres nous sont utiles à vivre
RépondreEffacerun beau récit
Merci Josette, et on est sans doute utile aux autres aussi, même si on n'en a pas toujours conscience.
EffacerParfois, on aimerait vraiment pouvoir déconnecter complètement. joli texte ;)
RépondreEffacerC'est clair, se couper de tout et respirer pour soi. Merci Stephie.
Effaceroui, le lieu est une invitation à la sérénité. Joli texte.
RépondreEffacerMerci :)
Effacertrès bien écrit
RépondreEffacerMerci :D
EffacerTrès réussi ! Bravo.
RépondreEffacerMerci Miss Léo
EffacerHélas... joli, bravo
RépondreEffacerMerci Madame, je rougis :)
EffacerJe ne lis pas trop d'écriture créative sur les blogs, mais là, c'était si court, et le début m'a accroché. J'aime beaucoup; est-ce qu'on n'a pas tous ressenti ça un jour? Pour ma part, je comprends "hélas" de façon légèrement cynique, ironique. Hélas, on continue la vie comme d'habitude, sans vraiment rien changer. Mais est-ce vraiment (uniquement) un mal?
RépondreEffacerMerci de m'avoir lu :) et bonne question. Je crois que parfois, le changement peut être salutaire. Il faut néanmoins changer les choses et pas uniquement les repousser, sans quoi on les retrouvera à un moment donné.
Effacerc'est bizarre comme cette photo a donné des inspirations suicidaires (la 3e déjà ;-))
RépondreEffacerLa mer qui attire sans doute, et l'extrémité qui donne une impression d'abandon et de finitude.
EffacerJ'aurai bien lu la suite.... :)
RépondreEffacerMais y en a-t-il une ? ;)
EffacerPeut-être pas......certes...mais la fin de ton texte en appellerait une..... :)
EffacerOh ben non, pas hélas!
RépondreEffacerOn a tous ressenti ça un jour ou l'autre, ce sentiment d'être inutile, invisible.
Mais elle ne sautera pas, je le sens!
Très joli texte!
Merci Sarah, alors pour toi, on s'en tiendra là et disons qu'elle n'a pas sauté ;)
EffacerAh non non non, pas hélàs, il faut qu'elle y croie. Encore, toujours ... très bien écrit.
RépondreEffacerMerci Leiloona, peut-être a-t-elle été rattrapé au dernier moment par cet appel lointain ;)
Effacer