Parfois, il y a des évènements ou des petits clins d'œil
qui ont un écho particulier
avec nos lectures.
Ce fut le cas pour ce roman.
Alors que je venais de le commencer, j'ai attrapé un des journaux gratuits qui
sont à
disposition dans le métro
et j'ai découvert que l'un
des bateaux de Sea Shepherd et son capitaine
passaient une dizaine de jours à Paris
!
Je cherchais justement dans ma mémoire
à qui et à quoi faisaient référence
les noms cités dans le
roman.
J'avais ma réponse.
Gérald,
journaliste d'investigation un peu en panne d'inspiration, croise la route de
Magnus Wallace, militant écologiste.
Lors de l’interview du dirigeant de la plus
grande organisation écologiste,
Noé, il découvre les rivalités
qui l’opposent à
Magnus et sa petite organisation, Gaïa,
destinée
à sauver les baleines des braconniers.
Le discours est tranché,
Wallace est décrit comme un fou
furieux violent, mais Gérald
veut en savoir plus et décide de le rencontrer lors de
l'une de ses conférences.
Fasciné
par cet homme qui l'invite à voir les choses par lui-même,
il choisit de s'engager pour la prochaine campagne sur l'ArrowHead et de filmer
son action pour la diffuser...
En septembre, j'avais mis de coté
ce roman sans le lire pour des raisons un peu floues.
Je crois que j'associe cette maison d'édition à
des textes plutôt poétiques et le sujet me semblait
contradictoire.
L'action, la traque des baleiniers, la sauvegarde des espèces, la prise de conscience des
populations, tout ceci me semblait intéressant,
mais je ne m'étais pas décidé à le lire.
Et puis un billet de Valou
m'a incité à changer
d'avis.
Je crois néanmoins
que je serai moins enthousiaste qu'elle, bien que mon avis ne soit pas spécialement tranché.
Pendant les deux premiers tiers du roman, j'ai cherché ce qui ne me plaisait pas.
J'ai lu sans déplaisir, bien au contraire, mais je
savais qu'il y avait quelque chose qui me gênait
tout en ayant du mal à déterminer de quoi il s'agissait.
Le mot "bavard" me revenait toujours, tout en sachant
que ce n'était pas
suffisant.
Et puis la lecture d'un billet sur un tout autre roman m'a
permis de discerner un peu mieux ce qui m'empêchait
de me plonger réellement
dans cette histoire.
L'auteure nous propose un texte hybride qui est à la fois un vibrant plaidoyer
pour lutter contre la chasse des baleines, un tract de Sea Shepherd et un
roman.
Forcément,
dans ce genre de mélange,
les choses sont rarement équilibrées, et du coup l'aspect
"roman" passe un peu à la
trappe.
Le vocabulaire technique est très
poussé, les arguments
contre la pêche à la baleine sont bien détaillés, tout comme la description des campagnes de
sensibilisation menées par
l'association.
Le récit est
la plupart du temps au second plan et le texte déroule
un argumentaire digne d'un traité
écologiste.
Oui mais voilà,
moi je voulais lire un roman.
Les personnages sont simplement esquissés, car ils passent
au second plan.
Magnus est omniprésent, il EST son combat et se met
physiquement entre les baleines et les braconniers.
On le suit donc dans des réunions, sur son bateau, on l’entend
dans les harangues qui sont rapportées.
Mais il ne se passe pas grand chose d’autres.
Ce roman m’a d’ailleurs fait penser à
un reportage vu il y a quelques temps sur l’action de Sea Shepherd.
En cela, je le redis, ce roman est magistral.
On voit les baleines massacrées, on est prêt à
lutter et à signer toutes les pétitions.
Mais pourquoi avoir écrit un roman ?
Evidemment, on peut penser que ce combat est tellement
primordial qu’il mérite ce texte.
Et puis peut-être qu’un texte non-romanesque n’aurait
pas été
lu.
C’est sans doute le meilleur argument, non ?
Et s’il vous en faut un autre, je dirai qu’il mérite
que vous le lisiez pour vous faire votre propre avis !
En tout cas, moi, je vais manger moins de poisson (je mangeais déjà
peu de viande) et je vais essayer d’être encore plus attentive à
ma place sur cette planète.
J’étais déjà écoeurée par la chasse japonaise, mais c’est
aujourd’hui
encore pire.
Si vous voulez en savoir un peu plus sur la sauvegarde des océans,
si ce sujet vous touche, n’hésitez pas, vous en apprendrez
beaucoup, avec un texte bien écrit.
7/6
En tout cas, ta critique me donne très envie de découvrir cet ouvrage! Cela me fait penser à un roman de Luis Sepulveda, un magnifique auteur chilien 'le monde du bout du monde" qui parle également de la pèche à la baleine et de ses désastres. Je note ce roman, je n'ai jamais rien lu d'Alice Ferney.
RépondreEffacerC'était mon premier de cet auteur pour moi aussi et j'avoue que son style invite à aller voir dans un autre de ses romans. Je note ton titre pour Sepulveda. J'ai lu le vieux qui lisait des romans d'amour et j'avais beaucoup aimé.
Effacertentant! je note!
RépondreEffacerRavie de t'avoir tentée :)
EffacerTrès honnêtement, je suis plutôt cliente de ce genre de livres, mais j'ai lu deux Ferney et bavard est effectivement un qualificatif qui convient bien à son style. Je crains la leçon de morale, et je sais que je risque de ne lui trouver que des défauts. Mais pour le fond du propos je te rejoins totalement.
RépondreEffacerTu as raison de craindre, j'en ai peur. Les avis sont assez tranchés d'un coté ou de l'autre mais j'avoue que ça m'a agacé tant j'aurais voulu entrer dans l'histoire, découvrir vraiment les personnages et suivre une trame, une narration qui m'a manqué.
EffacerIl ne me tente pas, je préfère rester sur ma très bonne impression de "Grâce et dénuement" de cette auteure.
RépondreEffacerTu as sans doute raison.
EffacerJ'étais plutôt tentée à sa sortie, mais les avis se suivent et ne se ressemblent pas ! Je pense que j'apprécierais pour le côté documentaire, au moins pas de risques de retrouver des ressorts dramatiques éculés...
RépondreEffacerAh ça, c'est sur ! Elle fait quelque chose de tout à fait original et destiné, je pense, à bousculer un peu le lecteur.
EffacerJe n'ai pas accroché non plus alors que le thème me plaisait beaucoup ! http://www.lecturissime.com/2014/11/le-regne-du-vivant-de-alice-ferney.html
RépondreEffacerLe thème me tentait aussi beaucoup, mais j'étais partie pour lire un roman. C'est dommage.
EffacerIl y a longtemps, j'ai lu "La conversation amoureuse" qui m'avait beaucoup plu à l'époque. Je crois que ça ne serait plus le cas aujourd'hui. J'associe toujours Alice Ferney à ce genre de roman, à tort certainement...
RépondreEffacerC'est le seul que j'ai lu. Son écriture est très belle, elle a un style vraiment poétique mais le choix de la structure de ce roman est dommageable à mon avis. En plus, dans son texte, elle dit qu'il faut que le public soit touché émotionnellement, sans faire ce qu'il faut pour qu'il le soit dans son roman. C'est dommage.
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