mercredi 4 mars 2015

Le règne du vivant d'Alice Ferney


Parfois, il y a des évènements ou des petits clins d'œil qui ont un écho particulier avec nos lectures.
Ce fut le cas pour ce roman.
Alors que je venais de le commencer, j'ai attrapé un des journaux gratuits qui sont à disposition dans le métro et j'ai découvert que l'un des bateaux de Sea Shepherd et son capitaine passaient une dizaine de jours à Paris !
Je cherchais justement dans ma mémoire à qui et à quoi faisaient référence les noms cités dans le roman.
J'avais ma réponse. 

Gérald, journaliste d'investigation un peu en panne d'inspiration, croise la route de Magnus Wallace, militant écologiste.
Lors de l’interview du dirigeant de la plus grande organisation écologiste, Noé, il découvre les rivalités qui l’opposent à Magnus et sa petite organisation, Gaïa, destinée à sauver les baleines des braconniers.
Le discours est tranché, Wallace est décrit comme un fou furieux violent, mais Gérald veut en savoir plus et décide de le rencontrer lors de l'une de ses conférences.
Fasciné par cet homme qui l'invite à voir les choses par lui-même, il choisit de s'engager pour la prochaine campagne sur l'ArrowHead et de filmer son action pour la diffuser...

En septembre, j'avais mis de coté ce roman sans le lire pour des raisons un peu floues.
Je crois que j'associe cette maison d'édition à des textes plutôt poétiques et le sujet me semblait contradictoire.
L'action, la traque des baleiniers, la sauvegarde des espèces, la prise de conscience des populations, tout ceci me semblait intéressant, mais je ne m'étais pas décidé à le lire.
Et puis un billet de Valou m'a incité à changer d'avis.

Je crois néanmoins que je serai moins enthousiaste qu'elle, bien que mon avis ne soit pas spécialement tranché.
Pendant les deux premiers tiers du roman, j'ai cherché ce qui ne me plaisait pas.
J'ai lu sans déplaisir, bien au contraire, mais je savais qu'il y avait quelque chose qui me gênait tout en ayant du mal à déterminer de quoi il s'agissait.
Le mot "bavard" me revenait toujours, tout en sachant que ce n'était pas suffisant.
Et puis la lecture d'un billet sur un tout autre roman m'a permis de discerner un peu mieux ce qui m'empêchait de me plonger réellement dans cette histoire.
 
L'auteure nous propose un texte hybride qui est à la fois un vibrant plaidoyer pour lutter contre la chasse des baleines, un tract de Sea Shepherd et un roman.
Forcément, dans ce genre de mélange, les choses sont rarement équilibrées, et du coup l'aspect "roman" passe un peu à la trappe.
Le vocabulaire technique est très poussé, les arguments contre la pêche à la baleine sont bien détaillés, tout comme la description des campagnes de sensibilisation menées par l'association.
Le récit est la plupart du temps au second plan et le texte déroule un argumentaire digne d'un traité écologiste.

Oui mais voilà, moi je voulais lire un roman.
Les personnages sont simplement esquissés, car ils passent au second plan.
Magnus est omniprésent, il EST son combat et se met physiquement entre les baleines et les braconniers.
On le suit donc dans des réunions, sur son bateau, on l’entend dans les harangues qui sont rapportées.
Mais il ne se passe pas grand chose d’autres.

Ce roman m’a d’ailleurs fait penser à un reportage vu il y a quelques temps sur l’action de Sea Shepherd.
Certaines scènes de braconnages, de poursuite des navires japonais m’a vraiment rappelé ces images du navire amiral qui attend, qui attend puis qui repère les Japonais et part en chasse, en mettant les zodiacs à l’eau, petits bateaux bien dérisoires face à la masse du navire usine.
En cela, je le redis, ce roman est magistral.
On voit les baleines massacrées, on est prêt à lutter et à signer toutes les pétitions.
Mais pourquoi avoir écrit un roman ?

Evidemment, on peut penser que ce combat est tellement primordial qu’il mérite ce texte.
Et puis peut-être qu’un texte non-romanesque n’aurait pas été lu.
C’est sans doute le meilleur argument, non ?
Et s’il vous en faut un autre, je dirai qu’il mérite que vous le lisiez pour vous faire votre propre avis !

En tout cas, moi, je vais manger moins de poisson (je mangeais déjà peu de viande) et je vais essayer d’être encore plus attentive à ma place sur cette planète.
J’étais déjà écoeurée par la chasse japonaise, mais c’est aujourd’hui encore pire.

Si vous voulez en savoir un peu plus sur la sauvegarde des océans, si ce sujet vous touche, n’hésitez pas, vous en apprendrez beaucoup, avec un texte bien écrit.









7/6





14 commentaires:

  1. En tout cas, ta critique me donne très envie de découvrir cet ouvrage! Cela me fait penser à un roman de Luis Sepulveda, un magnifique auteur chilien 'le monde du bout du monde" qui parle également de la pèche à la baleine et de ses désastres. Je note ce roman, je n'ai jamais rien lu d'Alice Ferney.

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    1. C'était mon premier de cet auteur pour moi aussi et j'avoue que son style invite à aller voir dans un autre de ses romans. Je note ton titre pour Sepulveda. J'ai lu le vieux qui lisait des romans d'amour et j'avais beaucoup aimé.

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  2. Très honnêtement, je suis plutôt cliente de ce genre de livres, mais j'ai lu deux Ferney et bavard est effectivement un qualificatif qui convient bien à son style. Je crains la leçon de morale, et je sais que je risque de ne lui trouver que des défauts. Mais pour le fond du propos je te rejoins totalement.

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    1. Tu as raison de craindre, j'en ai peur. Les avis sont assez tranchés d'un coté ou de l'autre mais j'avoue que ça m'a agacé tant j'aurais voulu entrer dans l'histoire, découvrir vraiment les personnages et suivre une trame, une narration qui m'a manqué.

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  3. Il ne me tente pas, je préfère rester sur ma très bonne impression de "Grâce et dénuement" de cette auteure.

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  4. J'étais plutôt tentée à sa sortie, mais les avis se suivent et ne se ressemblent pas ! Je pense que j'apprécierais pour le côté documentaire, au moins pas de risques de retrouver des ressorts dramatiques éculés...

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    1. Ah ça, c'est sur ! Elle fait quelque chose de tout à fait original et destiné, je pense, à bousculer un peu le lecteur.

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  5. Je n'ai pas accroché non plus alors que le thème me plaisait beaucoup ! http://www.lecturissime.com/2014/11/le-regne-du-vivant-de-alice-ferney.html

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    1. Le thème me tentait aussi beaucoup, mais j'étais partie pour lire un roman. C'est dommage.

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  6. Il y a longtemps, j'ai lu "La conversation amoureuse" qui m'avait beaucoup plu à l'époque. Je crois que ça ne serait plus le cas aujourd'hui. J'associe toujours Alice Ferney à ce genre de roman, à tort certainement...

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    1. C'est le seul que j'ai lu. Son écriture est très belle, elle a un style vraiment poétique mais le choix de la structure de ce roman est dommageable à mon avis. En plus, dans son texte, elle dit qu'il faut que le public soit touché émotionnellement, sans faire ce qu'il faut pour qu'il le soit dans son roman. C'est dommage.

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