Je me suis aperçue hier
que je n’avais jamais publié mon billet de lecture sur le fils de Jean-Jacques, un livre voyageur lu pourtant avec grand
plaisir.
Il semblerait que mon
petit carnet de lecture ait été fortement délaissé depuis novembre, les livres
à chroniquer s’accumulant sur mon bureau et les livres lus ne s’inscrivant pas
tout seuls dans mon carnet.
Je me suis donc retrouvée
un peu perdue, ne sachant plus ce qu’il me restait à chroniquer.
Heureusement que les
billets du lundi sont là pour m’aider, bien que je ne les publie pas tous les
lundis (je m’interrogeais sur leur pertinence, mais voilà une bonne raison de
continuer).
J’ai ainsi vaillamment
fait la liste des livres à chroniquer dans les prochaines semaines sur ce blog,
et on arrive à un total de 11.
Ce n’est pas
catastrophique, mais il va falloir s’y mettre.
Revenons à présent à ce
livre d’Isabelle Marsay.
Son retour à domicile a
donné l’occasion à George de publier un billet sur ce sujet, et un petit
message de sa part m’a permis de voir que ce billet manquait à ce blog.
Je répare cet oubli
aujourd’hui.
A l’hospice des enfants-trouvés, une sage-femme
dépose un bébé de deux jours comme elle le fait fréquemment.
Nommé Baptiste, cet enfant va se mêler à ces
centaines d’enfants qui sont ensuite confiés à des nourrices à la campagne.
Seuls les plus forts et les plus chanceux s’en
sortent, et si les parents ont la possibilité de revenir les chercher, bien peu
le font et peu d’enfants survivent.
Baptiste grandit ensuite en Picardie, passant
d’une nourrice à l’autre et grandissant envers et contre tout.
Son père a glissé une carte à jouer dans ses
langes, mais il attendra 15 ans pour tenter de le retrouver, pousser par une
dénonciation de Voltaire, et finira par abandonner.
Il faut dire que ce père n’est autre que
Jean-Jacques Rousseau, auteur d’un traité sur l’éducation !
Je suis ressortie de ce
roman un peu écœurée de constater un tel écart entre les discours de Rousseau
et sa vie personnelle.
Écrire un traité
d’éducation quand on a soi-même abandonné cinq enfants, c’est tout de même un
peu fort.
On peut évidemment argüer
de la volonté de l’auteur de rester libre, de ne pas s’attacher, mais c’est
faire bien peu de cas de sa compagne Thérèse, dont les parents auraient
apparemment pu s’occuper des enfants.
Quelle souffrance cela a
dû être pour elle de se séparer de ses enfants les uns après les autres (même
si le 18e siècle était une autre époque).
Lingère, sans mari,
déshonorée, elle avait sans doute peu de choix.
Il faut aussi rappeler
que si Rousseau finit par tenter de retrouver son fils ainé, c’est sous la
pression sociale entrainée par la dénonciation de Voltaire.
De lui-même, rien ne dit
qu’il ait eu une réelle préoccupation pour ses enfants avant cette époque où il
se met à écrire sur ce sujet.
L’écriture d’Isabelle
Marsay sert parfaitement ce récit.
Son écriture est simple
et agréable, sans pathos, sans jugement.
Elle donne les clés pour
comprendre, organise les récits de la vie de Baptiste et de celle de Rousseau
pour que le lecteur dispose de toutes les informations tout en conservant une
réserve qui permet de ne pas se sentir obligé de penser dans un sens ou un
autre.
J’ai vraiment apprécié
que l’on me laisse penser ce que je veux, tout en sentant une volonté de
comprendre, de pouvoir embrasser l’ensemble des informations.
J’ai également retrouvé
un commentaire de l’auteur en relisant le billet de George, en réponse à mon
commentaire où je m’interrogeais sur la part de fiction.
Je vous le livre
ici :
« L’auteur, en l’occurrence ma
petite personne, s’est fondé sur des recherches biographiques, historiques pour
tenter de comprendre les paradoxes de notre éminent pédagogue.
Mon but n’est pas tant de juger Rousseau mais de donner au lecteur le maximum de clefs pour le faire et exaucer le vœu de l’auteur des « Confessions ». Le destin du petit Baptiste se fonde sur des recherches relatives au sort des enfants abandonnés, mais il n’existe que sur le papier, même si je me suis beaucoup attachée à lui!!! »
Mon but n’est pas tant de juger Rousseau mais de donner au lecteur le maximum de clefs pour le faire et exaucer le vœu de l’auteur des « Confessions ». Le destin du petit Baptiste se fonde sur des recherches relatives au sort des enfants abandonnés, mais il n’existe que sur le papier, même si je me suis beaucoup attachée à lui!!! »
Merci Mme Marsay, c’est
réussi !
Si vous êtes passionné
par Jean-Jacques Rousseau, si cette histoire vous intrigue, si l’abandon d’un
enfant vous paraît impossible, ce livre pourrait vous permettre de vous poser
encore plus de questions et de répondre à certaines d’entre elles.
Livre voyageur
Oui ce roman est très triste et Rousseau n'apparaît pas sous son meilleur jour et dans toute sa complexité. J'ai beaucoup aimé aussi le père adoptif, vrai homme des Lumières dans son anonymat.
RépondreEffacerMerci pour ton billet.
C'est vrai qu'il s'agit d'un personnage singulier, ce père adoptif. Il lutte un peu contre tout le monde pour vivre sa vie et c'est admirable face à Rousseau qui n'assume pas grand chose.
EffacerBen, alors, pas commençé ton RAT ??? Au cas où : Bon RAT et belles lectures à toi, bisous et à tout à l'heure
RépondreEffacerSi si, j'y vais, je suis en train de finir mon billet :)
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