Chaque matin, te laisser dans tes rêves avec le regret égoïste de ne pouvoir t'embrasser pour te laisser dormir.
Et puis partir un peu en vacances.
Voir le paysage défiler et se lisser en une ligne verte et bleue.
Guetter le soleil qui se lèvera ou ne se lèvera pas.
Regarder le ciel qui rougeoie parfois et m'émerveille à chaque fois.
Et certains matins, retourner dans mes songes, finir ma nuit trop courte pour pouvoir affronter la journée.
Ou se plonger dans les écrits d'un autre, un inconnu ou une belle tête que j'ai contribué à former avec fierté. Pester un peu mais m'émouvoir aussi de constater les progrès.
Et puis Paris arrive.
Sortir du cocon chaud qui s'est créé sans qu'on s'en aperçoive.
Affronter le bruit, le mouvement perpétuel, se frayer un chemin, avancer.
Toujours en mouvement.
Observer le trajet qui défile par les vitres d'un autre véhicule.
S'émerveiller encore de la vue sur l'Opera, du soleil qui brille sur les bras de l'ange.
Regarder les pieds qui s'activent vers un ailleurs de plus en plus proche.
Et puis le Louvre, la pyramide, la Seine, les tours de Notre-Dame...
Il faut bientôt descendre.
Quelques pas et un nouveau cocon est là.
Un fauteuil confortable, une tasse de thé, un écran sur le monde, une fenêtre lumineuse bien que moins qu'avant.
Des bonjours échangés, des gestes chaleureux, des sourires qu'on a plaisir à voir.
Il faut se préparer, réunir quelques feuilles, se chauffer un peu la voix, ne pas oublier les craies.
A l'orée d'un nouvel espace, avant d'être sous le feu de dizaines d'yeux, inspirer un grand coup, mettre la main sur la poignée, et entrer d'un pas assuré.
Se poser, lever les yeux, les découvrir et prononcer un sonore "bonjour".
L'année peut commencer.