vendredi 27 septembre 2024

La carte postale de Anne Berest

La seconde guerre mondiale est une période très présente ces dernières années dans la littérature.
Est-ce parce qu’elle s’éloigne progressivement ?
Cela permet en tout cas de garder la mémoire d’évènements qui ne devrait jamais être oubliés pour se garder de la tentation de la répétition. 
 




Alors qu’elle est à un moment fort de sa vie, la narratrice se rapproche de sa mère et s’intéresse à une carte postale reçue quelques années auparavant.
En noir et blanc, vieillie par les ans, elle représente l’opéra de Paris sur une face et mentionne les prénoms des membres de sa famille déportés pendant la guerre.
Que signifie cette carte postale et qui l’a envoyé ?
C’est un mystère qu’elle va s’attacher à élucider au fil d’une enquête de quatre années…

Il est des romans qui vous marquent à vie.
Ceux qui parlent de la seconde guerre mondiale sont très souvent de ceux-la et particulièrement ceux qui abordent la déportation.

Ils participent aussi au devoir de mémoire d’autant plus indispensable que les derniers survivants ne sont plus très nombreux.
Dans La carte postale, Anne Berest retrace une quête qu’elle a mené avec constance et acharnement.
A sa manière bien à elle, elle nous raconte ses réflexions, son cheminement dans un texte assez factuel mais néanmoins légèrement romancé.
Les évènements ont été retravaillés pour que cela fasse un roman mais il y a là une grande part de vérité et l’on découvre à ses côtés les petites lâchetés ordinaires, les voisins qui fermaient les yeux, les objets qui sont toujours là mais juste à côté et puis, bien sûr, l’horreur de la déportation, la disparition, les difficultés à remonter dans les archives aussi.

Comme dans une enquête policière, l’autrice n’a que quelques indices assez minces mais en remontant le fil, elle dénoue aussi des non-dits familiaux, elle se libère de ces secrets et de ce qu’on a tue au sortir de la guerre.
Ce passé était si lourd qu’il a parfois été occulté, et puis un jour il émerge, sans qu’on l’ait vraiment vu venir.
C’est aussi cela que raconte l’autrice dans ces pages. 
 



La version audio est lue par Ariane Brousse qui a su donner un peu de chaleur au texte tout en restant assez neutre.
On la suit avec plaisir et on reste attentif à cette voix qui nous raconte cette histoire à la fois singulière et universelle,  ce récit d’une enquête où tout fait mal et heurte ce qui existait auparavant.
L’écoute renforce aussi le sentiment d’une histoire qui est racontée par l’autrice, comme un compte-rendu qu’elle nous offre parce qu’il ne faut pas oublier, bien que beaucoup avant nous s’y soient employés.  


Il faut aimer le style d'Anne Berest, parfois un peu sec et brut mais qui s’accorde bien avec ce roman.
Si vous avez envie de découvrir cette quête des origines si émouvante, je vous conseille donc la version audio qui me parait moins sèche que le texte.






mercredi 25 septembre 2024

De cape et de mots de Flore Vesco et Kerascoët

Flore Vesco est toujours aussi incisive dans cet opus en BD qui reprend l'histoire de l'un de ses romans.
 
 
 
 
Serine fuit les envies de mariage de sa mère en se faisant demoiselle d'honneur de la reine. 
Hélas, ce n'est pas de tout repos et il lui faudra être bien maline pour s'en sortir à la cour...
 
Hier soir, j'ai lu cette BD d'une traite ! 
Ma fille l'avait emprunté à la bibliothèque, et avant de la rendre, j'ai eu envie de découvrir la version imagée de ce roman que j'avais beaucoup aimé. 
Évidemment, le roman est plus riche, avec un travail sur la langue si caractéristique de l'autrice qui joue avec les sons, les inventions et nous ravit avec un texte plus complexe qu'il n'y parait. 
Mais justement, le texte est peut-être trop riche pour les jeunes lecteurs qui lui préfèreront la BD pour lire cette histoire édifiante et si bien trouvée. 

Flore Vesco joue avec les codes des contes, elle les transpose, les transforme pour nous offrir une histoire où l'on reconnait le fond culturel commun européen, mais avec des variations, des trouvailles qui vont le renouveler et lui donner un nouveau souffle. 
Serine est une femme forte, qui porte son monde et qui a un caractère bien trempé. 
Elle est aussi un peu insouciante et pas toujours consciente du danger. 
Dans la BD, il survient un peu vite, là où il se faisait sournois dans le roman. 
Ma fille a néanmoins bien perçu ce qui fait le sel du récit et a vite compris qu'il ne faisait pas bon vivre à la cour du roi où le personnage s'est installé. 

Le dessin est frais, rapide, aussi vif que l'est Serine. 
Les couleurs viennent appuyer les personnages, le rose pour la reine par exemple, et pour ses demoiselles d'honneur que l'on identifie du premier coup d’œil. 
Après tout, elles se conduisent sans finesse, elles n'ont donc droit qu'à une couleur !

J'ai donc retrouvé ce récit avec joie et je guette la sortie d'un autre des romans de Flore Vesco qui ne devrait pas tarder...









mardi 24 septembre 2024

La femme de ménage de Freida Mc Fadden

Avez-vous vu ce roman sur les rayonnages de votre librairie cet été ?
J’ai l’impression de n’avoir vu que sa couverture bleue dans les vitrines, puis de ne plus le voir du tout à présent.
C’est dommage, parce qu’il peut vous permettre de passer un bon moment, et on ne peut pas dire qu’il fait concurrence à la rentrée littéraire ! 
 
 



Millie doit trouver un emploi !
Dormir dans sa voiture n’est vraiment pas une solution mais quand on sort de prison, les choix sont restreints.
Quand elle voit cette annonce pour un poste de femme de ménage avec logement compris, elle fait tout pour avoir la place et ça marche !
Mais le poste idéal pourrait bien ne pas être aussi parfait…

Ah ! Le petit thriller des vacances (ou de la rentrée), ce roman que l’on choisit pour la tension qu’il contient, pour se faire un peu peur, pour rencontrer une héroïne un peu badass aussi.
C’est quitte ou double avec ce genre de roman : soit on se prend au jeu, soit on passe à côté.
Et je dois avouer que je suis assez bon public (mais avec un petit niveau d’exigence quand même, il ne faut pas exagérer).
Vous l’aurez donc deviné, ça a plutôt bien marché !
L’autrice m’a baladé pendant tout le roman.
Je me doutais qu’il y aurait un twist final, et même de quoi il s’agissait mais cela n’a rien enlevé au plaisir de voir l’histoire se dérouler, et je dois tout de même avouer qu’une partie de ce twist m’a surprise, et je ne m’y attendais pas du tout.
C’est évidemment tout le sel de ce genre littéraire et si je ne suis pas surprise à un moment donné, je perds tout le plaisir de la lecture.
Le deuxième twist était donc vraiment bien venu ! 
Je ne vous en dirais pas plus, cela gâcherait le plaisir (et je déteste quand on fait ça 🤣), mais Freida Mc Fadden utilise la narration pour nous cacher des informations, en nous plaçant dans la position du personnage qui parle, et qui ne peut donc pas tout savoir.
C’est classique, mais cela fonctionne.
Le personnage de Millie est aussi isolé, sans famille ou entourage et dans une situation compliquée.
Cela la rend vulnérable et manipulable.
Le lecteur découvre son passé au fil des pages et ce dévoilement renforce encore la tension narrative.
Freida Mc Fadden maitrise la structure de son texte avec brio et on comprend le succès de ce roman !

Deux voix se partagent la lecture du texte.
Laure Filiu lit Millie, et
Audrey Sourdive prête sa voix à Nina.
Leurs voix sont assez proches mais le lecteur les reconnaît facilement.
L’alternance finale permet de suivre les deux histoires parallèlement sans se perdre.


Après cette lecture audio très agréable, je ne peux que vous conseiller de mettre l’histoire de Millie dans vos oreilles !
Il y a deux suites mais je ne suis pas sûre de céder à la tentation.  
Les avis sont mitigés, un peu comme pour ces films dont on surfe sur le succès en proposant une suite sans vraiment se renouveler.
Mais si vous êtes fan de ce genre de série, vous pourrez retrouver Millie, et la fin de ce premier roman laisse présager la suite en donnant quelques informations.
 
 
 

 



jeudi 19 septembre 2024

En juillet et août, j'ai lu... 📚☕️🫖🎧

 Mi-septembre, la rentrée est consommée et j'essaie de retrouver un peu de temps pour ce petit espace... 
Je me suis aperçue que j'avais écrit des billets qui n'attendent que d'être publiés ! 
Il devrait donc y avoir quelques lectures par ici dans les jours à venir.  
En attendant, voici mon petit bilan de l'été, avec des lectures de qualité diverses mais toutes plaisantes.  
 
 
 
 

Et on commence avec La sage-femme du roi, une BD qui raconte l'histoire de Mme Du Couvray, l'une des premières sage-femmes officielles et surtout, celle qui a inventait une "machine" pour former les accoucheuses du royaume. 
Sa Machine est constituée de poupées représentant des bébés et d'un bassin qui permettent de montrer ce qu'il se passe lors d'un accouchement. 
La Bd est sympa, avec un dessin très classique, mais aurait mérité un peu plus d'audace.
C'est un peu lent et on le lit avec curiosité mais cela ne restera sans doute pas dans ma mémoire. 


J'ai aussi poursuivi ma lecture de la série Les carnets de l'apothicaire avec ce tome 12, qui nous laisse un peu en attente à la fin, ce qui n'est pas franchement agréable, surtout quand ma bibliothèque n'a pas encore le tome 13 😆. 
Cette série me plait toujours autant en tout cas, avec des personnages attachants et une histoire plutôt facile à suivre, même quand on espace les lectures. 





J'ai poursuivi avec les deux premiers tomes de la série Madeleine, résistante
Le changement d'ambiance est total ! 
Madeleine est une jeune fille comme les autres, mais lorsque les Allemands envahissent la France, elle ne peut se résoudre à attendre que les évènements se fassent sans elle. 
Elle monte à Paris et va devenir résistante. 
C'est passionnant, basé sur les souvenirs de Madeleine Riffaud, et on attend la suite avec impatience. 
Le tome 3 m'attend d'ailleurs déjà dans ma liseuse ! 
 
 
 
 


J'ai aussi trouvé un peu de temps pour les livres audios, ce qui est toujours plus compliqué avec les enfants. 
J'ai commencé les vacances avec Comment j'ai tué ton mari
Le titre est alléchant, et le roman est vraiment rigolo. 
Je vous en reparlerai car il mérite un vrai billet !
 

 

 
 J'ai poursuivi avec La femme de ménage que l'on a vu partout j'ai l'impression. 
Là aussi, je vous en dirai plus car c'est un roman qui a suscité en moi plusieurs sentiments. 
J'ai trouvé l'histoire astucieuse, avec un twist intéressant, mais j'ai parfois eu un peu du mal à rester dedans, alors qu'on est censé lire un thriller très angoissant. 
J'analyse tout ça et je vous en reparle... 



Pour écouter quelque chose de plus léger à la fin des vacances, j'ai choisi une petite romance d'une autrice que je connaissais déjà et qui a fait mouche encore une fois : Love on the brain !
Je l'ai dévoré en quelques heures, c'est efficace, amusant, frais, j'adore ! 
 
 
 
 
Et je finis avec le roman qui est toujours sur ma liseuse, Pondichéry ou le rivage des ombres
Je le lis doucement, le soir, et ça n'avance pas vite mais il y a 600 pages ! 
Sur ma liseuse, je ne m'en rends pas compte, mais en ayant lu 20%, j'ai donc lu plus de 100 pages !! 
Cela va me remotiver je crois 🤣. 


J'aime bien ces petits bilans parce qu'ils me permettent de voir que malgré le rythme un peu effréné de ma vie depuis quelques mois, j'arrive à lire et cela me réjouit ! 
Je faisais le même genre de bilan à propos des bidules que je crochète ou tricote sur mon autre blog, mais j'ai bien peur que pour ça, en revanche, le placo et la peinture de ma nouvelle maison ne me laisse guère de temps 🫣

Et vous ? Vous avez lu cet été ?


 

 

mardi 10 septembre 2024

The love Hypothesis d'Ali Hazelwood

Mais comment ai-je pu attendre aussi longtemps pour vous parler de ce livre  ??
Pourtant, j'ai vraiment adoré cette lecture !
Et je crois qu'en cette rentrée, c'est vraiment le bon moment pour le présenter par ici car il vous permettra de vous changer les idées (bon, sauf pour celles et ceux qui, comme moi, travaillent dans une université 🤣 mais vous allez voir, ce n’est pas grave !). 


Olive est doctorante en 3e année de thèse. 
Sa vie sentimentale n’est pas des plus remplie et elle affirme volontiers que les relations longues durées n’existent pas. 
Sa meilleure amie Anh n’est pas d’accord, et pour lui prouver qu’elle a raison, Olive embrasse le premier venu dans un couloir de l’université. 
Malheureusement, le premier venu est… le directeur du laboratoire d’à côté ! 

Vous l’aurez compris, The love hypothesis est une romance pur jus ! 
L’histoire est cousue de fil blanc, mais ce n’est pas sa conclusion qui nous intéresse, c’est plutôt ce qu’il se passe avant celle-ci. 
Adam, le « directeur du laboratoire », est un homme réservé, concentré sur son travail et sans vie personnel. 
Quand Olive lui demande de faire semblant d’être son petit ami, il se retrouve dans une situation qu’il n’est pas sûr de maîtriser. 
Du côté d’Olive, ce sont ses amis qui viennent pimenter la situation et sont à la fois insistants et protecteurs. 
Et c’est d’ailleurs l’un des atouts de ce roman où les personnages secondaires sont bien construits, intéressants, et donnent envie de les connaitre un peu plus. 
Il n’y a pas qu’Olive et Adam, tout un univers gravite autour d’eux. 

Mais la vraie originalité du roman, c’est le milieu professionnel dans lequel il se déroule ! 
Olive est doctorante, comme ses amis, et Adam est directeur de laboratoire. 
Ce n’est pas si courant dans les romans contemporains, surtout lorsqu’on veut lire un livre un peu léger. 
L’autrice est universitaire et affirme qu’elle écrit ses romans pour se détendre entre deux projets de recherche. 
Elle connaît donc bien ce milieu et cela se voit ! 
J’ai retrouvé beaucoup de choses que j’ai connu moi-même lorsque j’étais doctorante. 
Les relations hiérarchiques, les amitiés entre thésards, les doutes et les petites réussites, les colloques et le stress, on sent qu’Ali Hazelwood a vécu elle-même tout cela. 

Le seul petit bémol que je verrais pour ce roman, c’est la relation qui se noue entre une doctorante et un directeur de labo, mais l’autrice a dû le voir aussi puisqu’Adam n’est pas le supérieur d’Olive. 

La version audio est lue par Florine Orphelin qui donne au roman une gaieté et une fraîcheur qui convient parfaitement. 
Elle suit le récit sans en faire trop et on reste attentif très facilement. 
 
En bref, c’est donc un roman très distrayant, un petit bonbon parfait pour la saison plus fraîche qui s’annonce, mais qui l’est aussi pour le printemps, l’été sur la plage ou l’hiver au coin du feu !  




 

 

 

LinkWithin

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...