Une fois n'est pas coutume, ce n'est pas un roman qui fera l'objet du billet du jour mais un récit autobiographique dont on a beaucoup beaucoup parlé dans les médias à sa sortie.
Je suis sûre que vous n'avez pas pu passer à côté (ce qui ne signifie pas que vous l'ayez lu évidemment).
Il y a parfois des livres qui font peur, que l’on voit partout sans avoir vraiment envie de les lire parce qu’on les pense soit trash, soit racoleur (puisqu’ils plaisent à tout le monde).
J’avais placé le Consentement dans cette catégorie. Vu le battage médiatique, la diffusion sur les blogs, les avis ultrapositifs alors que le sujet est très dur, je pensais ce livre loin de ce que je peux supporter ou apprécier.
Et puis je l’ai reçu parmi la sélection du #prixaudiolib2021 et il a fallut l’audiolire.
Et je me suis laissée emportée par les mots de Vanessa Springora, par son témoignage jamais trash, jamais impudique, par sa plume si légère pour dire ce passé si lourd.
L’histoire a été racontée, depuis, de nombreuses fois.
Un auteur d’un certain âge a profité toute sa vie de très jeunes femmes et tout le monde trouvait cela normal vu qu’il était écrivain et racontait tout cela dans son journal !
C’est d’ailleurs un fait connu dont j’avais déjà entendu parler et on peut vraiment s’interroger sur le silence, voire l’assentiment de la société.
Mais Vanessa Springora ici veut reprendre la main et j’aime beaucoup sa façon d’envisager les choses en mettant à son tour cet homme dans un livre, en le transformant enfin lui aussi en personnage.
Elle le dit dès les premières lignes et le lecteur se fait complice de ce projet si juste.
La vengeance n'est pas vraiment violente, il s'agit plutôt de mettre des mots sur ce qu'elle a vécu tout en retournant la situation pour reprendre le contrôle.
Le sujet du livre est donc très lourd mais on lit un livre plein de lumière, sans aucun pathos (et heureusement). Ce n’est pas froid pour autant mais on n’est pas ici pour se complaire. Il y a des faits, et c’est déjà pas mal.
C’est fin, bien écrit, avec la bonne distance pour que ce soit supportable. Bravo pour cette magnifique vengeance !
La version audio, lue par Guila Clara Kessous suit le livre en proposant une lecture posée, distanciée mais pas trop.
C'est difficile à exprimer, mais elle met dans sa lecture le ton qu'il faut pour qu'on la sache impliquée mais détachée. On sent que Vanessa Springora passe petit à petit à autre chose.
L'entretien final avec l'autrice apporte aussi un plus, comme à chaque fois avec les livres audios qui en comportent. C'est un moment où on entend la voix de celui ou celle qui a écrit ces lignes et cela peut éclairer encore davantage la lecture.
J'ai donc passé un très bon moment au milieu de ces mots et je vous conseille cette écoute même si, comme moi, le sujet vous repousse !