« Mais qu’est-ce que… »
En arrivant ce matin dans son antre, Julie se demandait
justement ce qui allait encore la surprendre.
Chaque lundi matin, il y avait une nouvelle « surprise ».
Bonne ou mauvaise, cela dépendait sans doute de l’humour
douteux de celui ou celle qui lui laissait ces « cadeaux ».
Elle s’était lassée, il faut bien l’avouer.
Au début, cela la surprenait, c’était amusant, elle arrivait le lundi
en cherchant où était la nouveauté.
Avait-on déplacé des livres ? Ou déposé
quelque chose sur son bureau ? Ou mis une décoration
rigolote ?
Et puis les surprises étaient devenues plus discrètes
(ou plus difficiles à trouver).
Les livres étaient mélangés, une étagère entière retournée, ou des livres
manquaient.
Là, ça l’avait beaucoup moins amusé.
Elle passait plusieurs minutes à trouver ce qu’il fallait qu’elle
remette en place et c’était devenu pénible.
Et puis on avait viré dans le franchement désagréable.
Les déjections de souris et autre détritus artistiquement disposés
sur une table, franchement, ça l’avait vraiment énervé.
Elle avait mené son enquête, cherché
qui avait accès au CDI, qui avait demandé les clés, mais elle n’avait pas trouvé.
Et depuis plusieurs mois que ce petit manège durait, personne
ne s’était
manifesté.
Pourquoi faire tout cela si ce n’était pour la surprendre, la séduire,
la dégoûter,
ou au moins profiter de l’effet de tout cela ?
Certains lundi matin, elle avait guetté qui était
dans le couloir quand elle arrivait, si quelqu’un pouvait la voir par la fenêtre
et profiter de ce petit manège, mais elle ne voyait rien.
Bizarrement, c’est cette pile de romans sur son
bureau ce matin qui lui parut le summum de ce qu’elle pouvait supporter.
Cette fois-ci, elle n’en pouvait plus !
Elle n’avait jamais vu ces livres, d’où sortaient-ils ?
Et puis le choix du titre était signifiant !
Cela lui parut une attaque directe à ses compétences
professionnelles.
Elle sentait une bouffée de colère monter sans pouvoir la réprimer.
Quand elle entendit la porte s’ouvrir, elle se retourna et hurla après
sa collègue
qui venait d’entrer.
Ça y est !! Elle allait enfin savoir qui
la harcelait depuis tout ce temps !
Quelques heures plus tard, alors que Julie avait été
emmenée
par les pompiers, sa collègue en pleurs répétait
dans la salle des profs qu’elle ne comprenait pas, qu’elle
avait juste déposé une pile de romans qu’elle avait trouvé
dans l’armoire
de sa salle de cours.
Julie ne revint pas, et on se demande encore pourquoi, chaque
année,
les profs doc ne restent que quelques mois…
Un petit clin d'oeil à mes copines profs docs (qui, je l'espère, ne subissent pas cela évidemment 🙈) et à ce métier que j'aurais pu faire pour ce texte du lundi (j'ai même eu mon capes 😁).
J'ai tenté le registre un peu amusant, mais le texte file comme il l'entend quand je l'écris.
J'ai tenté le registre un peu amusant, mais le texte file comme il l'entend quand je l'écris.
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