Pour la
première fois depuis que je participe au prix Audiolib, la sélection comporte
un roman que j’ai déjà lu en version papier.
Vous
trouverez donc mon billet sur Petit Pays par ici, un billet très enthousiaste pour un premier roman vraiment réussi,
même si, pour moi, il manquait un petit quelque chose pour en faire un roman
parfait (mais c’est bien, cela permet de lire encore mieux quand il publiera le
suivant).
Pour le
reste, il y a tant à lire que l’attrait de la nouveauté surpasse tout (et
surtout la taille de ma PAL m’appelle vers d’autres horizons).
Mais
cela m’intéressait de voir comment Gaël Faye lisait son propre texte.
J’ai
l’impression que ce n’est pas si facile de mettre son texte en voix, même si
c’est son propre texte et qu’on l’entend dans sa tête.
C’est
un métier de lire et de faire entendre et c’est très bien comme ça.
Il me
semble toutefois que le cas de Gaël Faye est un peu différent car il est chanteur
et est donc censé se débrouiller bien mieux que d’autres auteurs qui m’avaient
laissé de marbre.
Et
pourtant, je suis un peu restée en retrait, je l’avoue.
Mais je
ne suis pas sûre que cela soit entièrement dû à la lecture de l’auteur.
Le
texte reste le texte et si vous ne l’avez pas lu, vous serez sans doute bien
plus réceptif que moi qui me suis concentrée davantage sur la voix de l’auteur.
Et
cette concentration a fait que j’ai eu l’impression qu’il mettait du temps à
entrer dans sa lecture.
Il est
très en retrait au début du roman, très neutre, et puis le ton se pose au fur
et à mesure et c’est plus agréable ensuite.
J’ai
aussi regretté l’absence de distinction entre les pages en italique et les
pages du récit qui sont au début du texte.
Dans le
roman « papier », on voit bien la séparation et certaines de ces
pages en italique qui parlent d’exil, de déracinement, de banlieue et
d’intégration impossible m’avaient parues très belles.
Dans la
version audio, elles passent un peu inaperçues et le ton monocorde de l’auteur
qui lit n'a pas vraiment accroché mon oreille.
C’est
dommage.
A
l’inverse, j’ai été beaucoup plus réceptive aux scènes où la violence est
sous-jacente.
Il y a
dans ce roman un racisme latent entre blancs et noirs et entre noirs qui
irrigue le roman dans toutes ses pages.
La fin
est inéluctable, même si on voudrait y voir un petit havre de paix où peuvent
vivre les blancs en bonne harmonie avec les noirs.
Il n’y
a pas d’harmonie.
Les
communautés s’entrechoquent en permanence dans un mélange qui ne veut pas se
faire.
Cette deuxième lecture dont je connais l'issue a exacerbée cet aspect.
En
bref, je crois que mon ressenti tient beaucoup au fait que je l’ai déjà lu.
Du
coup, il n’y a plus le charme de la nouveauté.
Pour le
reste, c’est toujours un très beau roman, touchant et tragique, avec des images
très fortes qui ne peuvent que rester en mémoire.
Gaël
Faye se met doucement dans la peau de ce petit garçon, et c’est sans doute ce
que ferait un narrateur qui se souvient de son passé.
Ne
manquez pas également l’entretien à la fin de l’enregistrement.
C’est
toujours très instructif.
Et si vous voulez lire des avis plus enthousiastes sur cette version audio, n'hésitez pas à aller voir du côté de mes collègues du prix.