lundi 12 mai 2014

Une longue absence…

À vous lecteurs assidus et moins assidus, fidèles ou de passage, vous qui êtes passé par ici pour voir si je donnais un petit signe de vie, vous qui avez guetté un nouveau billet ou une petite photo, vous qui vous êtes demandé où j’étais passé, vous qui revenez en constatant que je suis moi-même revenue, je vous adresse toutes mes excuses pour cette longue absence.

Je vous ai brutalement abandonné un jour de fin janvier, sans aucun préavis et pour une raison totalement indépendante de ma volonté (selon la formule consacrée).

Idyllique et sans nuage, la fabrication de mon petit trésor dans mon bidon s’est soudain transformée en une petite apocalypse lors d’une simple visite de contrôle mensuelle.

Ce petit saumon sur les murs...
La journée s’annonçait belle, il neigeait doucement mais cela ne tenait pas, j’avais fini de corriger mes copies et j’étais bientôt en congé maternité.
Ma merveille avait 26 semaines depuis deux jours, ce qui est la limite de réanimation pour les prématurés (je ne le savais pas encore).
Et puis voilà, le test était positif, j’avais perdu les eaux.
Là, deux scénarios apparaissent, l’un plus dur que l’autre. Soit l’accouchement a lieu dans les 48 heures, soit on attend, on attend, on attend… le plus longtemps possible.
Je vous avoue être passée dans un autre monde, empli de coton pour ne pas tomber, pour ne pas entendre et tenir.

Et nous avons tenu.

Bien sûr, le séjour hospitalier n’a pas été de tout repos.
Chargé en production lacrymale, monitorings, examens, antibiotiques, échographies, prises de sang… mais surtout en attente, lecture, médiation et crochet pour penser à autre chose et tenir.
J’ai découvert ce que c’était qu’une unité de grossesse pathologique, j’ai découvert ce que c’était que d’être enfermée dans 6 m2, j’ai découvert ce que c’était de s’abstraire du monde pour se concentrer sur soi.
Les fameux plateaux repas du CHU 
Je suis devenue accroc à la solution hydro alcoolique, j’ai traqué les microbes, les gens malades, les bactéries, j’ai eu peur de sortir, de tomber, de cogner mon ventre où plus rien ne protégeait mon bébé.

Mais ma fille est une guerrière.
Elle est restée bien au chaud pendant encore 8 semaines.
Je ne vous cache pas que j’ai compté les jours et parfois les heures, je me suis donné des objectifs bizarres (regarder le prochain épisode d’Inspecteur Lewis enceinte par exemple), j’ai regardé mon ventre qui grossissait en espérant (en priant) qu’il deviendrait énorme.
Chaque jour était une petite victoire, chaque cap de prématurité était une bataille de gagnée avant la prochaine.
Je ne suis pas parvenue à atteindre la 36e semaine, celle où la prématurité n’aurait plus eu aucune importance, et j’en garderai toujours une blessure profonde.
Les mamans de prémas n’ont pas de séquelles physiques en général, mais dans leur tête, c’est une tempête.
Le passage en réa néo nat est une épreuve, surtout quand vous partagez le couloir des mamans qui ont accouché à terme.





Aujourd’hui, je  crois que je me permets de rouvrir ce blog car ma fille aurait dû naître cette semaine.
En âge corrigé (c’est ainsi que l’on compte pour les prémas), elle est donc à terme.
Mais elle a surtout un mois et demi, elle se porte bien, me fait des sourires magnifiques et a passé la barre des 3 kilos.
Nous sommes rentrées depuis quelques semaines après un passage en unité kangourou, une unité toute petite et qui mériterait d’être beaucoup plus grande. Les prématurés y poussent plus vite, on peut s’en occuper sans avoir besoin de monter 4 étages, l’allaitement est plus facile, mais surtout les bébés ne sont pas tout seuls.

Ce billet est un peu intime, mais je trouve cela important d’en parler.
Il y a 4 mois, je ne connaissais pas tout cela et je n’étais pas du tout préparé. Mais j’avais lu le blog de marjoliemaman qui a vécu une situation proche de la mienne et j’avoue que cela m’a fait du bien d’avoir quelques infos et de savoir que je n’étais pas la seule.
C’est psychologique, mais c’est important.

Alors si vous connaissez une future maman qui est hospitalisée, vous ne pourrez peut-être pas la voir, les visites étant limitées, mais appelez là, envoyez lui des colis, si elle n’a pas de diabète, fournissez là en bonbons et chocolat.


Se savoir entourée, c’est une des clés pour tenir !


Ma Suzanne chevelue
Mon bébé glue :D




jeudi 23 janvier 2014

La femme des dunes de Chris A. Bohjalian

Voici encore un roman Charleston pour ce billet de lecture.
Il faut dire que j’en ai lu deux l’un après l’autre juste après Noël, ayant pris un peu de retard dans les livres envoyés par l’éditeur.
Le prochain, ce sera d’ailleurs pour bientôt également, en espérant avoir moins de retard pour le suivant.
Je viens de commencer sa lecture, mais je vous en parlerai quand il sortira.

Pour aujourd’hui, je vous invite à vous plonger dans l’Histoire du peuple arménien et de ses relations avec l’Empire Ottoman.
Les publications sur ce sujet sont plutôt rares, surtout quand il s’agit de roman.
C’était donc une bonne surprise de découvrir ce titre, bien que cela ne soit pas un thème facile à traiter.

Malgré les réticences de son mari, Laura Petrosian, auteure de romances à succès, décide de s’intéresser à l’histoire de ses grands-parents et d’en faire un roman.
S’agit-il de la quarantaine ? D’une photo croisée dans un journal ? D’un besoin d’en savoir plus ? Ou tout ceci en même temps ? 
Laura n’en sait rien mais elle va découvrir tout un pan de l’histoire du peuple arménien qui lui était inconnu, malgré ses origines.
Elisabeth Endicott, sa grand-mère, a effectivement passé plusieurs mois à Alep où elle a secouru les réfugiés arméniens qui y était conduit par les gendarmes turcs.
Lors de son séjour, elle a croisé la route d’Armen, un jeune ingénieur arménien qui cherche à savoir ce que sont devenues sa femme et sa fille…

Il me faut d’abord vous dire que ce roman est très original.
Sa structure est plutôt classique.
Une jeune femme étrangère à une situation s’y trouve plongé et doit s’y adapter.
Elle rencontre un jeune homme qui va lui permettre de comprendre cette situation.
Mais ce qui fait l’originalité du roman, je l’ai dit plus haut, c’est le choix du cadre historique.
Le génocide arménien est un sujet délicat, peu connu, qui peut effrayer le lecteur.
Il faut donc une bonne dose d’audace ou une belle histoire pour l’attirer.

Chris A. Bohjalian a eu cette audace, ainsi que l’envie d’écrire sur ses aïeux.
Ce choix nous offre la lecture d’une petite histoire dans la grande, et nous permet de découvrir le génocide sous le regard d’une jeune femme sensible, un peu naïve parfois, éprise de liberté et d’émancipation tout en ne souhaitant pas choquer son entourage.
C’est un équilibre difficile à trouver, surtout juste avant la première guerre mondiale.
Cela offre également au lecteur un roman très intéressant d’un point de vue historique, dans la tradition de ces romans où les informations données au lecteur sont primordiales pour qu’il comprenne et apprenne.
Le récit est simple mais sans pathos excessif, ce qui est préférable avec un sujet pareil.

Le personnage de Laura Petrosian permet aussi d’aborder la période actuelle et d’envisager les suites qui ont été données à cet évènement.
De nombreux Arméniens se sont réfugiés aux États-Unis et les communautés se sont reconstituées, laissant les Turcs face aux Arméniens. 

On voit aussi que l’auteur a dû faire de nombreuses recherches sur sa famille, leur histoire et l’Histoire.
Il n’est pas possible de faire un tel récit sans se plonger intégralement dans ces recherches.
Néanmoins, ces informations sont parfaitement intégrées et tout coule et se lit sans déplaisir.
La lecture n’est toutefois pas "plaisante".
Elle ne peut pas l'être avec un pareil sujet mais on se prend à suivre ces personnages ballotés au gré du vent un peu malgré soi, et on finit par ne plus lâcher le livre.

Il y a tout de même un point qui m’a dérangé.
Chaque début de chapitre revient au présent et raconte l’histoire de Laura Petrosian.
Les mises en parallèle sont parfois difficiles à suivre tant on est pris dans l’histoire d’Elizabeth et pas dans celle de sa descendante.
J'ai compris où l'auteur voulait en venir, retraçant ainsi son parcours psychologique, mais cet aspect morcelé m'a dérangé.
Cela m'a fait l'effet d'une coupure indésirable dans la plongée dans le passé qu'elle nous propose, bien que son propos soit intéressant.
J’ai d’ailleurs été très surprise de constater que l’auteur était un homme tant je pensais que l’histoire de Laura était la sienne !

Si vous aimez les fresques historiques, les beaux personnages, les plongées dans l’Histoire, les histoires d’amour contrarié, ce roman pourrait bien vous plaire.



Merci aux éditions Charleston pour cette lecture édifiante.




samedi 18 janvier 2014

Une PAL pour un bébé pas encore né (^-^)

Sur un blog de lecture, il est normal de parler de livres, n'est-ce pas ?
Et si j'inaugure les billets qui annoncent l'arrivée d'un bébé chez moi, il est donc normal aussi que je commence par aborder les livres qui seront les siens ! :^)

Enfin, pour être plus précise, je devrais parler des livres qui "sont déjà les siens" ! 

Quand on fréquente régulièrement les librairies, qu'on a un neveu d'un an et une nièce de quatre ans, on connait forcément le rayon enfant depuis quelques temps.
J'ai donc pu repérer des livres qui m'ont plu d'emblée, d'autres que je garde pour plus tard et des classiques de mon enfance qu'il faudra que je retrouve.

En ce samedi après-midi, un billet portant sur ces livres m'a paru un bon moyen de commencer une PAL pour bébé (en plus des 3 PAL qui sont les miennes !!) et une (longue) série de billets "maternité".

Car je dois vous l'avouer, en avance de 4 mois, j'ai déjà acheté deux livres pour les tout-petits et la wishlist de ma fille se remplit doucement. 

Dans sa PAL, il y a ainsi deux livres dont le premier me paraissait absolument indispensable :

  • Un énorme câlin pour Martin, David Melling
  • Mes animaux, livre sonore Gallimard




Non mais regardez-moi la bouille de cet ours ! 
Qui pourrait résister ? 
Et en plus, il y a aussi un lapin et deux autres animaux qui sont disponibles en librairie. J'adore ! 
Quant au second, il m'a été conseillé plusieurs fois et on y découvre notamment le cri du lapin, ce qui devrait réserver un moment de fou rire à tous les coups. 

Evidemment, cela ne sera pas suffisant pour une petite fille qui vit dans une maison où la PAL de sa maman contient presque 300 livres. 
J'ai donc déjà quelques titres dans mon carnet "wishlist"
  • Bonne nuit Rosalie, E. Hayashi
  • Promenons-nous dans les bois, Lisa Sanchis
  • La nature, livre sonore gallimard





Et pour plus tard, j'ai également déjà noté des incontournables. 
Sendak est un peu dur pour les tout petits, mais je garde un grand souvenir de ma propre lecture. 
Les livres sur la couche et le pot viendront après un an, mais l'herbier arrivera peut-être avant, autant pour moi que pour ma fille :  
  • De la petite taupe qui voulait savoir qui lui avait fait sur la tête, Werner Holzwart
  • Qu’y a-t-il dans ta couche ?, Guido Van Genechten
  • Le petit pot de Jojo, Tourbillon
  • Max et les maximonstres, Maurice Sendak
  • Mon premier herbier des feuilles, Père Castor Flammarion






Maintenant, il faut que je me décide à choisir une bibliothèque ou à trouver une astuce déco pour ranger les livres de ma merveille !
Je voudrais que ce soit à la fois facile à ranger et accessible pour un enfant sans être trop encombrant, ce qui n'est pas simple à trouver.


Si vous avez des idées de rangement ou 
des idées de titres pour compléter cette PAL / wishlist, 
n'hésitez pas !






jeudi 16 janvier 2014

L'Italienne de Adriana Trigiani

Les éditions Charleston vous réservent un pavé de choix pour ce début d'année.
Un pavé au sens propre autant qu'au sens figuré car ce volume fait plus de 600 pages qui vous plongeront dans l'Italie du début du siècle et les États-Unis de l'entre-deux guerres.
En suivant la vie de deux jeunes gens qui vont se croiser au fil des soubresauts de l'histoire, le lecteur voyage et découvre la grande Histoire de l'immigration italienne.
L'auteur nous emmène aux côtés de ses personnages pour nous faire vivre cette période si peu connue.


A l'âge de 7 et 10 ans, Ciro et Eduardo doivent s'installer au couvent.
Leur père a disparu dans une mine du Minnesota, laissant leur mère seule en Italie et sans argent pour les élever.
Les deux garçons l'attendront en vain, bien nourris, aimés et logés par les sœurs en échange de tâches communes.
Enza grandit un peu plus haut dans la montagne, entourée de ses frères et sœurs, maniant l'attelage comme son père et rêvant d'acheter la maison familiale pour mettre tout le monde à l'abri.
Mais les évènements se bousculent et quand Ciro croise Enza, un amour réciproque semble prêt à grandir entre eux sans entrave.
Ce ne sera pourtant que passager.
Ciro doit partir pour New York sans délai, Eduardo entre au séminaire, tandis qu'Enza et son père vont quitter leur montagne pour des contrées moins accueillantes...

Voilà une histoire qui me paraissait alléchante avant même d'avoir ouvert le livre.
La structure est très classique : la vie ne fait pas de cadeau à nos jeunes amoureux qui se trouvent séparés alors qu'ils viennent juste de se rencontrer.
La question qui suit semble inévitable, vont-ils pouvoir se retrouver ?
S'ensuit évidemment une suite de péripéties (il faut bien tenir 600 pages) qui réunit et éloigne nos amoureux plusieurs fois avant la dernière partie du roman.
Mais ce qui est intéressant dans ce roman, ce sont davantage les thèmes qui y sont développés.
L'histoire de Ciro et d'Enza se déroule sur fond d'immigration italienne et d'expansion des États-Unis.
On y observe le développement de New York, tout autant que l'Italie et ses difficultés économiques.
Ce n'est pas toujours très gai, je vous l'accorde, tout en promettant de belles scènes et des descriptions intéressantes.

Les personnages d'Enza et de Ciro sont également très attachants, et dès les premières pages, leur histoire emporte le lecteur et l'invite à tourner les pages pour mieux les connaître.
Il faut dire, d'ailleurs, que le style de l'auteure est très vif.
Il s'agit d'une traduction, mais il n'y a pas de temps mort.
La narration est construite en alternance, en se focalisant soit sur Ciro, soit sur Enza sans laisser retomber la tension et l'on est toujours en attente du prochain évènement qui va bouleverser leur vie une fois encore.
Le titre d'origine comme sa traduction m'ont toutefois longtemps intrigué pendant ma lecture : "The shoemaker's wife".
Le début du récit est plutôt centré sur Ciro et Enza ne prend de l'importance que bien plus tard.
Or c'est elle l'Italienne ou la femme du cordonnier.
Mais le roman bascule ensuite, et c'est elle qui est sans doute la plus forte dans le couple qu'elle forme avec Ciro. 

J'ajouterais tout de même deux bémols, vous me connaissez.
J'ai trouvé que les personnages étaient tout de même un peu trop "gagnants".
Quelques soient les évènements qui les touchent, ils arrivent toujours à trouver la bonne idée, la bonne personne, le bon boulot qui leur permettra de réussir ce qu'ils ont entrepris.
Tant mieux pour eux me direz-vous !
Mais dans la vraie vie, il me semble qu'il y a aussi des moments où l'on fait des mauvais choix ou des mauvaises rencontres sans qu'il y ait toujours quelqu'un pour vous rattraper.
La dernière partie du roman m'a également parue moins intéressante et j'ai eu plus de mal à rester attentive, ce qui laisse tout de même 500 pages de lecture endiablée.

Mis à part ces deux réserves, ce roman réserve une lecture très agréable et plutôt enthousiasmante.
Comme je l'ai dit plus haut, ces deux jeunes gens plein de fougue sont attachants et on se détache difficilement de leur ascension sociale.
On découvre aussi certains aspects du développement des États-Unis de l'intérieur, à une période (1915-1935) qu'il ne me semble pas voir souvent dans les romans.

Je vous conseille donc ce roman-fresque sans hésiter si la période historique vous plait, si vous aimez les belles histoires à rebondissements, si vous cherchez un pavé pour la plage (oui, oui, même en hiver on peut le faire) ou pour les dimanches après-midi au coin du feu (plus facile en hiver), si vous aimez l'Italie et les gnocchi au pesto !


Merci aux éditions Charleston pour cette jolie lecture.

Ce roman est sorti depuis le 13 janvier 2014. 





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