À vous lecteurs
assidus et moins assidus, fidèles ou de passage, vous qui êtes passé par ici
pour voir si je donnais un petit signe de vie, vous qui avez guetté un nouveau
billet ou une petite photo, vous qui vous êtes demandé où j’étais passé, vous
qui revenez en constatant que je suis moi-même revenue, je vous adresse toutes
mes excuses pour cette longue absence.
Je vous ai
brutalement abandonné un jour de fin janvier, sans aucun préavis et pour une
raison totalement indépendante de ma volonté (selon la formule consacrée).
Idyllique et sans
nuage, la fabrication de mon petit trésor dans mon bidon s’est soudain
transformée en une petite apocalypse lors d’une simple visite de contrôle
mensuelle.
Ce petit saumon sur les murs... |
Ma merveille
avait 26 semaines depuis deux jours, ce qui est la limite de réanimation pour
les prématurés (je ne le savais pas encore).
Et puis voilà, le
test était positif, j’avais perdu les eaux.
Là, deux
scénarios apparaissent, l’un plus dur que l’autre. Soit l’accouchement a lieu
dans les 48 heures, soit on attend, on attend, on attend… le plus longtemps
possible.
Je vous avoue
être passée dans un autre monde, empli de coton pour ne pas tomber, pour ne pas
entendre et tenir.
Et nous avons
tenu.
Bien sûr, le
séjour hospitalier n’a pas été de tout repos.
Chargé en
production lacrymale, monitorings, examens, antibiotiques, échographies, prises
de sang… mais surtout en attente, lecture, médiation et crochet pour penser à
autre chose et tenir.
J’ai découvert ce
que c’était qu’une unité de grossesse pathologique, j’ai découvert ce que
c’était que d’être enfermée dans 6 m2, j’ai découvert ce que c’était
de s’abstraire du monde pour se concentrer sur soi.
Les fameux plateaux repas du CHU |
Mais ma fille est
une guerrière.
Elle est restée
bien au chaud pendant encore 8 semaines.
Je ne vous cache
pas que j’ai compté les jours et parfois les heures, je me suis donné des
objectifs bizarres (regarder le prochain épisode d’Inspecteur Lewis enceinte
par exemple), j’ai regardé mon ventre qui grossissait en espérant (en priant)
qu’il deviendrait énorme.
Chaque jour était
une petite victoire, chaque cap de prématurité était une bataille de gagnée
avant la prochaine.
Je ne suis pas
parvenue à atteindre la 36e semaine, celle où la prématurité
n’aurait plus eu aucune importance, et j’en garderai toujours une blessure
profonde.
Les mamans de
prémas n’ont pas de séquelles physiques en général, mais dans leur tête, c’est
une tempête.
Le passage en réa
néo nat est une épreuve, surtout quand vous partagez le couloir des mamans qui
ont accouché à terme.
Aujourd’hui, je crois que je me permets de rouvrir ce blog car
ma fille aurait dû naître cette semaine.
En âge corrigé
(c’est ainsi que l’on compte pour les prémas), elle est donc à terme.
Mais elle a
surtout un mois et demi, elle se porte bien, me fait des sourires magnifiques
et a passé la barre des 3 kilos.
Nous sommes
rentrées depuis quelques semaines après un passage en unité kangourou, une
unité toute petite et qui mériterait d’être beaucoup plus grande. Les
prématurés y poussent plus vite, on peut s’en occuper sans avoir besoin de
monter 4 étages, l’allaitement est plus facile, mais surtout les bébés ne sont
pas tout seuls.
Ce billet est un
peu intime, mais je trouve cela important d’en parler.
Il y a 4 mois, je
ne connaissais pas tout cela et je n’étais pas du tout préparé. Mais j’avais lu
le blog de marjoliemaman qui a vécu une situation proche de la mienne et
j’avoue que cela m’a fait du bien d’avoir quelques infos et de savoir que je
n’étais pas la seule.
C’est
psychologique, mais c’est important.
Alors si vous
connaissez une future maman qui est hospitalisée, vous ne pourrez peut-être pas
la voir, les visites étant limitées, mais appelez là, envoyez lui des colis, si
elle n’a pas de diabète, fournissez là en bonbons et chocolat.