Les emprunts à la
bibliothèque ont le mérite de ne pas engager mon porte-monnaie et de me laisser
libre de choisir n’importe quoi sans avoir peur de le regretter.
Rien ne m’oblige à lire
ce que j’ai choisi, et si cela ne me plait pas, je le ramène et c’est tout.
En empruntant cette bande
dessinée à la bibliothèque, j’étais plutôt dans cet état d’esprit, ne sachant
pas vraiment ce qui m’attendait.
Je l’avais vu sur
quelques blogs, je me souvenais que les avis étaient souvent bons, je me suis donc laissée tenter.
Mademoiselle Claudel sculpte depuis sa jeunesse
avec un certain talent.
Son apprentissage suit son cours, un peu hors
norme cependant, pour atteindre son apogée lorsque Rodin propose à la jeune
femme de venir dans son atelier avec une de ses amies.
Camille Claudel apprend alors à affiner sa
technique en travaillant sur les œuvres de son maître.
Quand elle prend de l’assurance et sculpte pour
son propre compte, on hésite à ne pas voir la main du maître dans son travail.
Rodin profite aussi de la jeunesse de Camille, lui
promettant monts et merveilles.
Elle décide donc de ne plus le voir, se coupant
ainsi physiquement de lui sans que les critiques cessent de les associer.
Mais Mademoiselle Claudel dérange de plus en plus
et quand le scandale menace d’éclabousser sa famille et surtout le succès
grandissant de son frère, elle est internée.
Résumer une vie si
intense en un seul album de BD est une gageure que l’auteur relève ici en y
ajoutant une histoire cadre, celle de Paul Claudel qui raconte la vie de sa
sœur.
Des journalistes
s’immiscent dans la maison de celui-ci pour lui demander de raconter la vie de
celle qui sera oubliée pendant bien des années.
Paul Claudel traverse
alors le temps pour se replonger dans ce qu’il a vécu autrefois.
Ce procédé est une bonne
idée qui évite aux auteurs de prêter des pensées ou des actes à Camille Claudel
sans que l’on sache si cela a été ou non.
Mais cela n’exclut pas
que l’on prête des sentiments à Paul Claudel, et cette apparente volonté de le
montrer repentant, malheureux, regrettant son geste, m’a vraiment dérangée.
Il me semble avoir lu et
entendu, au contraire, qu’il interdisait à sa mère de faire quoi que ce soit
pour sa sœur par peur du scandale, cette peur qui l’a conduit à mettre Camille
à l’asile.
Les convenances ont
guidées la vie des Claudel, sacrifiant la vie de cette jeune femme qui avait
juste besoin d’aide.
Certes, ce n’est pas Paul
qui a ordonné l’internement, c’est son père.
Une fois celui-ci décédé,
il aurait pu la sortir de là et ne l’a jamais fait.
Un Paul Claudel ravagé
par le regret m’a donc paru un peu outré.
Le parti-pris du dessin
est aussi particulier (mais cela ne m’a pas dérangé cette fois).
Les dessins sont abrupts,
parfois mêlés, sombres et colorés.
Il y a sans doute des
symboles qui m’ont échappés, pourtant ils m’ont fait pensé aux sculptures de
Camille.
Je ne sais pas s’il y a
une volonté de s’en approcher, mais cela se marrie bien avec l’histoire.
C’est donc une bande
dessinée un peu spécial, pas du tout classique, qui se découvre en oubliant ce
que l’on peut savoir de l’histoire de Camille Claudel.
Emprunt bibliothèque