Mais pourquoi ai-je cessé de lire Anne
Perry ?
Il y a plusieurs années, j’ai lu plusieurs
tomes de la série faisant intervenir Pitt et sa femme Charlotte.
J’aimais beaucoup ces histoires, mais je
crois que je les lisais au fil de leur publication, et l’attente a dû me
lasser.
C’est bien dommage, car la lecture du
premier tome de l’inspecteur Monk m’a vraiment plu.
Le
réveil est rude. Ouvrant les yeux sur un plafond inconnu, William Monk se
demande ce qu’il fait là.
Un
homme qui semble le connaître vient lui rendre visite, mais il ne le reconnaît
pas.
En
cherchant son nom, son adresse, ou tout autre information sur lui-même, il
découvre qu’il ne se souvient de rien ! Le noir absolu !
Il
a le bras et quelques côtes cassés, il est resté inconscient plusieurs
semaines.
De
retour chez lui, il essaie de se rappeler de quelque chose, mais rien ne vient.
Il
lui faut pourtant retourner travailler, et pour éviter de perdre son travail,
il décide de ne rien dire, de faire semblant et d’en apprendre le plus possible
sur lui-même.
Mais
il va falloir qu’il joue serré car dès son premier jour, une affaire difficile
lui est confiée…
Quel bonheur !!
Ce roman m’a enchanté ! J’ai passé 5
jours dans un cocon ouaté, accompagnant Monk dans la découverte de lui-même et
des autres.
C’était magnifique ! Enfin un bon
roman, bien construit, mené de main de maître, qu’on ne veut pas lâcher mais
dont on garde quelques pages pour ne pas le quitter tout de suite.
J’ai effectivement gardé les 40 dernières
pages pour faire durer le plaisir un jour de plus et ne pas gâcher la fin par une
lecture vespérale teintée de fatigue.
Anne Perry met en place une histoire à
différents niveaux, une enquête multiple où l’on découvre les différents fils
qu’elle pourra tisser dans les tomes suivants.
C’est un plaisir de suivre Monk dans la
quête de l’assassin de Joscelin Grey, de le voir découvrir les différents
indices, les protagonistes et de progresser difficilement.
Mais il se débat aussi avec sa mémoire qui
se dérobe, qui refuse de lui livrer les informations dont il aurait besoin.
Il ne reconnaît plus rien ni personne, ce
qui l’amène à s’interroger sur lui-même.
Il se découvre dans le regard des autres,
et ce qu’il voit ne lui convient pas.
Homme dur et calculateur, il semble imbu
de lui-même, seul et arrogant.
Évidemment, ce premier tome ne nous dit
pas s’il l’est vraiment, ce qui est de l’ordre de la façade et de la réalité.
Et voilà un premier fil tendu vers les
tomes suivants.
Cette perte de mémoire est d’ailleurs un
procédé très habile de la part de l’auteur.
J’ai d’abord trouvé que c’était une ficelle
un peu grosse.
Un personnage qui ne sait plus nécessite
qu’on lui explique (comme celui qui ne sait pas) ou qu’il cherche son passé, ce
qui est un peu bateau en littérature, notamment quand elle est policière (on
pourrait citer de nombreux exemples).
Le talent de l’auteur consiste alors à
utiliser le procédé, tout en étant plus doué que ses prédécesseurs.
Et c’est bien le cas ici. Il n’y a pas de
contradiction, les informations sont distillées au compte-goutte, les souvenirs
qui reviennent le font de manière tout à fait vraisemblable.
Cet état du personnage, en suspens par
rapport à sa propre vie, entraine un climat à la fois stressant et surtout
amorti par rapport à la réalité.
Monk s’observe lui-même, il s’analyse en
permanence, il mesure ce qui semble relever de son instinct professionnel ou de
son caractère qui lui est évidemment inconnu.
Enfin, comme il s’agit d’un premier tome,
plusieurs pistes sont lancées pour la suite.
Les relations professionnelles de Monk
sont évidemment au cœur de sa vie, avec la rivalité qu’il entretient avec son
supérieur Runcorn, mais également avec Evan, son lieutenant.
On se demande aussi quelle était
l’ambition de Monk, voulait-il devenir commissaire ou préfet avant son
accident ?
Les relations amicales semblent absentes
de sa vie, mais peut-être a-t-il des amis ? Et une relation
amoureuse ?
Tous ces sujets ne sont évidemment pas
épuisés et l’on compte bien qu’Anne Perry revienne dessus dans les tomes
suivants.
En bref, vous l’aurez compris, j’ai
adoré !
Je ne peux donc que vous le conseiller, à
condition d’aimer les séries, car il est probable que vous ayez envie de lire
la suite.
Quant à moi, je vais aller faire un tour
bien vite chez mon bouquiniste préféré pour pouvoir lire la suite J
Un roman de plus pour le challenge Polar historique, un premier roman pour le challenge Anne Perry, et un pour le challenge thrillers et polars.