Je n'ai pas lu Purge. Je ne
ferai donc pas de comparaison, mais j'ai lu beaucoup de billets sur
ce livre, et quand j'ai vu que Sofi Oksanen sortait un nouveau roman,
j'ai tout de suite eu envie de le lire.
J'ai profité de l'opération Lesmatchs de la rentrée littéraire de Price Minister pour demander ce
livre et voir un peu à quoi ressemblait l'écriture de cette femme
au look incroyable.
Anna est une jeune femme qui
souffre.
Fille d'un Finlandais travaillant en
Russie et d'une Estonienne émigrée en Finlande après son mariage,
elle ne sait pas qui elle est et se cherche.
Sa mère, ingénieure diplômée en
Estonie, est devenue une mère au foyer que chacun regarde comme une
Estonienne qui s'est vendue pour quitter son pays. Pour éviter ces
regards dégradants, elle cache de toutes ses forces ses origines
estoniennes et interdit à sa fille d'en parler à qui que ce soit.
Son père est toujours sur des
chantiers en Russie où les femmes sont nombreuses et se vendent pour
une paire de bas ou une jupe.
L'été, Anna et sa mère font
croire aux voisins qu'elles partent dans la famille au nord du pays.
Mais elles vont en Estonie, les bagages remplis de vêtements à
revendre, de café pour payer les fonctionnaires et obtenir les
autorisations pour aller voir la famille, la vraie.
Cette famille a connu la Sibérie,
les caches dans la forêt, le travail obligatoire dans le kolkhoze,
les dénonciations.
Mais l'Estonie ancienne, c'est aussi
le pays d'Anna, son passé, rassurant et sécurisant. C'est un passé
révolu, effacé par l'ouverture du bloc de l'Est, le départ des
Russes et la nouvelle indépendance du pays.
Je vais commencer par ce qui ne m'a pas
plu dans ce livre.
Au bout de 160 pages, j'ai faillit
abandonner.
Cela m'arrive rarement, mais je
n'arrivais pas à entrer dans l'histoire (qui n'est pas très nette),
je trouvais cela long et plat et surtout, les nombreux passages
portant sur les obsessions vomitoires d'Anna m'ont paru
interminables.
Car Sofi Oksanen ne nous épargne rien.
Je ne sais pas s'il s'agit intégralement de son histoire
personnelle, mais c'est assez usant de lire et relire qu'elle ne peut
rien manger sans avoir envie d'ingurgiter 10 kilos de cet aliment
pour ensuite le vomir tranquillement dans sa salle de bain.
Bref, passons sur ce point (mais c'est
vraiment récurrent).
Ce roman fait alterner les chapitres
portant sur Anna et ceux portant sur sa mère, la rencontre de ses
parents, les voyages en Estonie, la vie de sa tante, de sa
grand-mère, la Sibérie...
Si l'histoire de Katariina, la mère
d'Anna, est bien développée, celle de sa famille en Sibérie m'a
semblé trop rapide. Pourtant, il y avait là un élément vraiment
intéressant à développer.
Il en est de même pour la deuxième
partie du roman qui ne représente que les 30 dernières pages du
livre. J'ai eu le sentiment que Sofi Oksanen n'en pouvait plus et
souhaitait en terminer avec ce livre, avec sa boulimie et avec
l'histoire de sa famille.
Finalement, je garde une impression
mitigée de cette lecture.
J'ai été intéressée par l'histoire
familiale d'Anna et Katariina. Les déportations arbitraires en
Sibérie, les privations, la nécessité de magouiller en Estonie
dans les années 1970-1980, les dénonciations des voisins, tous ces
évènements m'ont permis de poursuivre la lecture.
Malheureusement, ils s'imbriquent sans
qu'il y ait un fil conducteur net ou que l'on voie où l'auteur nous
mène.
Les personnages envoyés en Sibérie
rentrent d'un seul coup puis disparaissent, l'Estonie change d'une
page à l'autre, Anna déménage sans préavis...
Par contre, l'histoire d'Anna se
construit au fil des rencontres et si les 200 premières pages sont
un retour sur son passé, les suivantes lui permettent d'avancer.
Pour Anna, le secret de sa mère est
terrible et lui interdit toute relation suivi ou toute vie normale.
Incapable de manger, elle n'a pas de
vie sociale, et arrête ses études.
Sa mère tente de l'aider mais sans
succès.
Quand elle rencontre un homme, il se
met à lui poser des questions et elle fuit.
Guettant la balance, elle date sa vie
en fonction de son poids, passant de 55 à 40 kilos avec une grande
satisfaction.
Comme vous le voyez, ce n'est vraiment
pas un coup de cœur, mais ce n'est pas non plus un livre à jeter.
Il s'agit du premier livre de l'auteur,
ce qui peut expliquer les déséquilibres et les personnages oubliés.
Je lirai peut-être Purge un jour, mais je vais attendre un peu car
je n'ai pas trouvé dans ce livre ce que j'étais venue y chercher.
Tant pis.
Je remercie tout de même Rémi et Price Minister pour les livres envoyés, car cette opération est une excellente idée et je vous renvoie au billet de leur blog présentant la grande gagnante de ces matchs.
Je valide une participation supplémentaire au challenge 1% et un pays pour le Tour du monde.
Et vous trouverez de jolis billets de Leiloona par ici sur le même livre, de Lystig, ou de Marion.