mardi 3 novembre 2020

Beloved de Toni Morrison 🎧📘 [Prix Audiolib]

Il y a parfois des Classiques que l'on regarde de loin, que l'on a envie de lire mais l'occasion ne se présente pas. 

Et puis soudain, à la faveur d'un prix littéraire, le titre tant contourné arrive entre vos mains. 

C'est ce qui s'est produit pour ce roman de Toni Morrison que j'avais beaucoup vu sans céder à la tentation. Ma lecture ne fut pas facile (mais c'est aussi ce qui fait la qualité des Classiques) mais elle restera longtemps en moi.  

 


Dans la maison de Sethe, un fantôme fait craquer les murs, déplace les objets et effraie les passants. Avec sa fille Denver, elles sont habituées à la présence malveillante de ce fantôme de bébé qui ne veut pas partir. Et puis un jour, Paul D. fait son apparition, revenu d'un lointain passé où Sethe tentait de fuir l'esclavage. Lui seul fait taire le bébé...

Je dois avouer avoir été très déstabilisée par ce roman ! D'ailleurs, j'ai eu bien du mal à me lancer pour écrire ce billet. Pour une fois, je vais mêler le commentaire de la version audio et du livre en général car je ne pourrais pas séparer les deux. 

C'est Anne Alvaro qui a été choisie pour lire ce texte de Toni Morrison. Après en avoir discuté avec Enna, j'ai découvert qu'elle avait la tâche difficile de rendre à l'oral les choix lexicaux de l'auteur qui utilise une langue très particulière quand elle fait parler ses personnages. Les anciens esclaves avaient en effet développé un créole qui leur était propre. Elle adopte donc un ton un peu trainant et dans les premières minutes, on ne sait pas si elle va se mettre à hurler, à pleurer, si elle geint ou si elle est en extase ! C'est un peu compliqué à interpréter et assez perturbant. Je me suis accrochée pour finir le roman parce que l'histoire me plaisait mais j'ai eu beaucoup de mal pendant les premières heures d'écoute. Ensuite, je me suis habituée et je crois que ce roman restera pour moi associé à ce ton trainant. 



Après m'être habituée au ton de la lectrice, je me suis laissée porter par le texte. L'histoire passe par de multiples détours pour raconter l'histoire des différents personnages présents ou disparus et expliquer comment on en est arrivé à la situation actuelle. Cela permet à Toni Morrison d'aborder de nombreuses situations d'esclavage et surtout, de parler des sévices que les maitres faisaient subir impunément. Comme un devoir de mémoire, le roman balaie des vies entières de servitude en n'épargnant rien au lecteur.

Je pense que je suis passée à côté de beaucoup de choses, des allusions à l'histoire américaine, des figures de l'esclavagisme sans doute mais ce que j'ai pu en percevoir laisse déjà entrevoir une histoire lourde qui ne peut que poser problème dans l'Amérique d'aujourd'hui. C'est encore trop proche pour avoir été absorbé et chacun doit avoir des reproches pour ceux d'en face. Mais ce qui est marquant ici, c'est que l'auteur ne s'en tient pas au face à face blancs-noirs mais s'intéresse aussi à la communauté dans laquelle vivent ces femmes. Elles souffrent aussi de la jalousie de leurs voisins, de la peur, de la haine même. Le pardon n'est pas permis pour ceux qui souffrent. 

Et finalement, je me suis quand même demandé si j'aurais fait pareil à sa place et je crois bien que oui... 







1 commentaire:

  1. Comme toi, je m'étais laissé porter par le récit. Et c'est un de mes roman préféré de l'autrice.

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