lundi 20 février 2023

Hiverner, se reposer, se replier et s'aimer dans les moments difficiles de Katherine May

Je lis peu de romans « feel good » ou de livres de développement personnel mais de temps en temps, il y a un livre qui arrive au bon moment.
C’est le cas d’ « Hiverner », que j’ai découvert au mois de décembre, au moment où le froid s’est installé.
 

 

Katherine May a dû affronter un burn out, puis son mari est tombé gravement malade, et elle a elle-même dû s’occuper de son corps pour se soigner.
Elle raconte dans ces pages comment elle s’est repliée sur elle-même pendant tout un hiver, hivernant à la fois socialement et physiquement.
Cette période difficile a ainsi fait suite à une lente remontée vers la vie…

J’ai commencé ce livre en ayant un gros doute.
Allais-je aimé ? Était-ce le bon moment pour le lire ?
Le développement personnel, ça va 5 minutes, et si, en plus, il s’agit de parler de périodes tristes, pas faciles à passer, cela m’enthousiasmait assez peu au moment où j’ai envisagé de l’écouter.
Mais bon, un livre qui s’intitule Hiverner est sans doute plutôt fait pour être lu l’hiver (en vrai, pas seulement mais j’y reviendrai).  
Et effectivement, ce livre est parfait pour l’hiver car l’autrice y décrit un hiver de sa vie en nommant ses chapitres du nom des mois de l’année.
Elle raconte comment elle a repris le contrôle de sa vie, de son corps, en abandonnant sa vie, en hivernant.

Les évènements qui ont donné l’impulsion pour écrire ce livre sont simplement évoqués au début du récit, ce qui permet de se concentrer sur la reconstruction et de ne pas tomber dans le tragique, comme on aurait pu le penser.
Elle alterne les récits de souvenirs, les actions qu’elle a mis en place, et les commentaires pour expliquer comment cela lui a permis de mieux vivre.
Elle décrit ainsi le processus qui lui a permis d’hiberner, pourquoi c’est indispensable à l’être humain et montre que nous le faisons naturellement.
Et on ne peut s’empêcher de regarder sa propre vie en cherchant ces périodes où, effectivement, nous nous retirons plus ou moins de la marche du monde.
J’ai beaucoup aimé les deux premières parties de ce livre car elles ont résonné en moi à un moment où j’avais moi-même besoin de me replier sur moi-même et d’en profiter.
C’était vraiment très agréable d’entendre une confirmation de ce que je ressentais et j’y ai trouvé plusieurs synchronicités (elle faisait de l’alto, instrument assez rare que pratique ma fille par exemple).
L’autrice a également le même travail que moi et je me suis beaucoup retrouvée dans ses propos.
 
Ce livre a aussi un avantage très intéressant.
Vous pouvez le lire d’une traite ou en suivant les mois qui sont indiqués.
Vous pourrez ainsi suivre le fil de la progression de l’autrice et le vivre vous-même, ou le découvrir en une fois et laisser poser ces mots jusqu’à ce qu’ils infusent en vous.

J’avoue, en revanche, m’être un peu lassée de la succession de digressions.
C’est intéressant, mais les liens entre le sujet et les digressions est parfois très ténu et cela m’a donné l’impression de suivre le fil d’une pensée vagabonde.
Il y a eu quelques passages où j’ai manqué de cohérence et il me fallait beaucoup d’attention pour comprendre s’il s’agissait d’un souvenir, ou d’une digression qui devait être interprétée comme une image signifiante.
Heureusement, avant la fin du livre, j’ai retrouvé le fil.

La version audio est lue par Marie Gamory.
Je trouve ce format parfait pour ce genre de livre car on a l’impression que l’autrice nous parle, qu’elle nous explique son propos.
La voix de la lectrice est comme une amie qui vous raconte ses errances vers la guérison pour vous inciter à suivre votre propre chemin.
C’est aussi un bon mode d’accès à ce texte destiné à des lectrices et lecteurs qui vont peut-être moyennement bien et qui pourront l’écouter avec moins d’effort qu’une lecture.


C’est donc un texte que je vous conseille si vous êtes dans une période de fatigue, ou si vous allez bien, mais êtes intéressé par un texte ouvrant la porte à un peu de repos, à une mise en retrait salutaire pour revenir plus fort ensuite.

 
 


 

 

 

vendredi 17 février 2023

Les grandes oubliés de Titiou Lecoq

Anti féministes, fuyez ce billet !
Mais nan, j‘rigole ! Au contraire, restez par ici, cela vous déridera le cerveau 😬.
Bon, en vrai, il y a peu de chance qu’il y ait ce genre de personne par ici, alors toi lectrice (ou lecteur, il y en a peut-être quelques uns), apprête-toi à lire un billet sur un livre vraiment instructif. 
 
 



Titiou Lecoq retrace ici l’histoire du point de vue des femmes célèbres.
De votre jeunesse et de vos cours d’histoire, vous avez peut-être retenu des noms célèbres mais si on y réfléchit, la plupart concerne des hommes et laisse complètement de coté les femmes.
Quelques unes sont passées à la postérité mais elles sont tout de même très rares.
L’autrice propose donc ici de réparer ces oublis en remettant sur le devant de la scène ces femmes oubliées.
Et il y en a un certain nombre !

Mais il s’agit aussi de retracer une petite histoire sociale des femmes.
Les noms ne sont pas toujours restés, mais qu’à cela ne tienne.
Titiou Lecoq explique, décrit le fonctionnement de la société à différentes époques et montre que les femmes ont toujours eu une position déterminante même si la mémoire collective tend à les invisibiliser.

Je dois néanmoins avouer une certaine méfiance personnelle face à ce genre de livre grand public.
Je crains toujours une vacuité plus ou moins grande, la volonté de simplifier à l’extrême pour vendre de la copie.
Et ce n’est clairement pas le cas ici !
Le texte s’appuie sur des sources historiques, l’autrice cite ses sources et  explique sans problème qu’avant, elle était persuadée de certaines choses mais qu’en se renseignant, elle a changé d’avis.
Elle raconte ses souvenirs d’enfance et implique le lecteur.
On est obligé de se demander si on a fait ou pensé la même chose.

Le texte est également très agréable à lire ou écouter.
Sa plume est vive, énergique et vivante.
Titiou Lecoq lit elle-même son livre et la version audio est parfaite car elle nous interpelle, et s’adresse à nous directement.
On a l’impression qu’elle nous parle.
Et puis j’ai écouté ce livre en grande partie pendant des travaux et le montage de meubles avec beaucoup, beaucoup de tiroirs.
L’homme qui partageait cette tâche a donc écouté malgré lui et j’ai rarement eu aussi peu de remarques pendant le montage d’un meuble.
Aucune réflexion sur les différences entre les hommes et les femmes pour le montage d’un tiroir !
Je crois même qu’il a écouté et retenu certaines informations, notamment sur le moyen âge car il réclamait quand j’arrêtais l’écoute !

Et finalement, s’agit-il d’un livre féministe ?
Assurément mais pas d’un livre purement militant.
Vous pourrez vous servir de ces informations dans un dîner en ville ou pour votre culture personnelle. Toutefois, ce qui importe, c’est cet accès à l’histoire qu’il permet sur un mode ludique et moderne.
L’analyse pourrait être plus poussée mais c’est un livre accessible qui fait envie et c’est une grande qualité.
Le lecteur est libre, ensuite, d’aller consulter les sources mentionnées.

C’est donc un ouvrage très utile pour la prise de conscience.
Même si celles et ceux qui le lisent sont sans doute déjà convaincus, ils trouveront des arguments et pourront s’assurer qu’ils sont sur le bon chemin.
Alors ? Vous hésitez encore ? Vous l’avez déjà lu ? 
 
 
 
 
 
 



 
 


lundi 13 février 2023

Prix audiolib édition 2023 !!!

Cette année encore, j'ai la joie et la chance de faire partie du jury du prix Audiolib ! 
Comme vous le savez si vous fréquentez ce blog depuis quelques temps, je lis beaucoup de livres audios et j'adore ce petit moment de l'année où je peux découvrir plein de livres vers lesquels je ne serais pas forcément allée. 

C'est un jury féminin cette année, avec des lectrices très différentes, ce qui donne toujours des résultats inattendus 😊. 

La sélection est aussi très belle, avec une variété de romans, de durée, de thème :


 

Voilà mes petites impressions avant lecture : 
  • L'eau du lac n'est jamais douce (8h54) : Je n'ai aucune idée du contenu de ce roman. Ce sera une découverte complète ! 
  • On était des loups (3h58) : les critiques sont plutôt bonnes à propos de ce titre. On verra, et c'est un roman court, ce qui me permettra de le lire en une après-midi. 
  • Les rois maudits (8h24) : Ah ! Là ! C'est un pan d'histoire littéraire qui me fait bien envie.
  • Notre part de nuit (27h43) : Oups ! Il semblerait que ce soit LE pavé de la sélection 😆
  • Sa préférée (4h37) : sans doute ma prochaine lecture, même si cela n'a pas l'air bien gai.
  • A qui la faute (6h19) : Un petit polar nordique, je suis impatiente de l'écouter !
  • Tant que le café est encore chaud (5h25) : quelle merveille ce livre ! Je l'avais écouté à sa sortie et j'en garde un souvenir très précis et très beau !
  • Entre fauves (9h04) : Un deuxième livre déjà lu pour cette sélection. Et quel livre ! Je vous en parle très bientôt !
  • Le carré des indigents (13h22) : un second roman policier dans la sélection du prix, une très belle surprise pour moi qui aime beaucoup ce genre. Ce sera sans doute une de mes dernières lectures.
  • Blizzard (3h28) : un roman dont le sujet me fait un peu peur mais qui semble très bien écrit.
Comme je le fais souvent, je pense commencer par les plus courts, et puis je m'attaquerai aux romans plus longs après les vacances en reprenant le train. 
Rendez-vous en juin pour mon classement, et dans les prochaines semaines pour mes avis de lecture !!!
 
Et si le cœur vous en dit, n'hésitez pas à nous accompagner...
 


 
 


vendredi 10 février 2023

Le rocher blanc d'Anna Hope

Un rocher peut-il être le héros d’un roman ?
Il peut en tout cas en être le titre et laisser le lecteur dans le doute face à l’histoire qui est racontée.
Mais est-ce réellement le rocher qui est au centre de ce récit ? 


 

 
Dans ce mini bus, il fait chaud et il est bien difficile de tenir une petite fille de 3 ans.
Mais l’écrivaine se débrouille comme elle peut à coup de dessin animé sur sa tablette et de lait d’amande trouvé dans les petites supérettes sur la route.
Si le pèlerinage jusqu’au rocher blanc est plus facile qu’autrefois, la route est tout de même longue pour traverser le pays, et cela lui permet de revenir sur sa vie et ce qui l’a amené ici…


Quel étrange roman !
Je n’avais lu que le résumé de présentation et je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre.
Je me suis fiée au nom de l’auteur dont les précédents romans ont reçu des avis généralement positifs et j’étais curieuse de la découvrir par moi-même. 
 
La structure choisie est désormais classique.
Quatre récits s’entrecroisent pour raconter des moments de vie.
D’ordinaire, les récits finissent par se confondre, ou les personnages ont un point commun.
Ici, c’est le point commun qui est original car il s’agit d’un rocher, le « rocher blanc » qui s’érige dans une baie du Mexique. 

 

 
 
Les personnages, eux, vivent à des époques différentes mais se rendent tous vers ce rocher.
Ce sont ces voyages qui sont racontés.
L’écrivaine traverse le pays en 2020 pour remercier le rocher, le chanteur fait le trajet à pied depuis son hôtel en 1969, la fille est sur un bateau et a été déportée vers les plantations en 1907, tandis que le lieutenant monte dans une barque en 1775 avec un autre lieutenant pour tenter de lui sauver la vie.
Le défaut de ces croisements réside parfois dans l’inégalité des récits, mais ici, cela fonctionne parfaitement.
Chaque récit a sa place et n’empiète pas sur les autres.

Évidement, on préfère un personnage ou un autre et il serait faux de dire que j’ai tout aimé.
Mais cela ne m’a pas semblé être un défaut du texte. 


La narration est douce, le récit coule même s’il est parfois violent.
Le rocher préside à ces vies qui passent sans se préoccuper des vivants.
On voudrait savoir ce qu’il se passe ensuite, ce que deviennent les personnages mais au fond, on le devine et le texte comporte des informations qui permettent de le deviner.

La lecture audio est chorale pour correspondre à chacun des récits. 
Pierre Lognay, Maxime Van Santfoort, Célia Torrens et Mélissa Windal alternent pour raconter les 4 histoires. 
Chaque voix correspond bien à ce qu'elle raconte et permet de mieux cerner le caractère des personnages.
Cela participe aussi à cette douceur, à ce calme dans la tempête.
Chaque personnage se débat avec sa vie, contre un ennemi extérieur et contre lui-même.
Les lecteurs et lectrices ont su rendre ces récits multiples avec leurs doutes et leurs failles.
C’est très agréable à écouter.


C’est donc une jolie découverte et je lirai sûrement le roman précédent d’Anna Hope.
En attendant, je vous conseille celui-ci sans hésiter. 
 
 
 






 
 
 
 

mercredi 8 février 2023

Merlin de Loïc Clément et Carole Maurel [BD]

En ce mercredi, je vous présente une BD douce comme un caramel, mais un caramel avec un peu d'acidité car il cache un cœur piquant qui donne les larmes aux yeux.

Merlin, c'est le petit voisin de Chaussette, celui qui habite juste à coté de chez elle. 
Chaussette le surveille avec attention car la maman de Merlin a un cancer, ce qui va bouleverser le jeune homme et la petite vie bien tranquille de chacun par ici...


 
 
Loïc Clément poursuit ici sa série "Les contes des coeurs perdus" en confiant le dessin, cette fois, à Carole Maurel. 
Cette série a en effet la particularité de conserver le même scénariste (c'est sa série à lui quand même), et de changer d'illustrateur-rice à chaque album ! 
Cela permet de voir ces histoires sous un œil neuf et de découvrir parfois des traits de crayon inconnus. 
Ici, c'est donc Carole Maurel qui reprend le flambeau et qui propose des décors colorés, dans des tons chauds, et des personnages encore ronds, pas tout à fait sortis de l'enfance. 
Cela correspond parfaitement à Merlin, jeune homme dont l'adolescence disparait doucement pour le laisser aller vers l'âge adulte. 
Les visages sont expressifs, et l'on suit les (nombreux) changements d'humeur de ce personnage autant attachant qu'agaçant, comme beaucoup de jeunes de son âge. 
Heureusement que Chaussette est là pour le soutenir !
 
Et ce qui est vraiment chouette dans cette série, c'est que chaque tome est consacré à un des personnages de ce petit quartier. 
Il y a eu Chaussette, Jeannot, et puis Merlin. 
Tout le monde a droit à son opus ! 
Il y a aussi trois autres titres avec des thèmes tout aussi touchants que je vais aller chercher à la bibliothèque très vite !

Une jolie BD, donc, qui parle de résilience, de consolation, de vivre sa vie aussi. 
Alors ? Tenté ?
 
 







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