© Romaric Cazaux |
Un bien joli petit coin pour prendre le soleil.
Elle a bien choisi, un peu en surplomb, avec une vue parfaite.
Le parasol garde mes pieds au frais, mon petit fauteuil ne s'enfonce pas trop, c'est "bat" comme on disait quand j'étais jeune.
Ah ! La jeunesse !
Ça fait 30 ans qu'on vient ici.
Elle d'abord, moi ensuite.
Toujours la même plage, mais moins de cheveux et plus de gras.
On en a vue défiler du monde ! Des enfants devenus grands, des parents devenus grand-parents, des nouvelles têtes, des gens qui ne viennent plus puis qui réapparaissent.
Moi j'aime bien la plage. Elle, je ne sais pas trop.
C'est un peu un rituel, deux semaines dans l'année que nous passons dans ce camping, au bord de cette plage.
On ne se pose plus la question.
Il n'y a pas grand monde aujourd'hui.
C'est calme, la sieste va être longue, j'en profite.
Heureusement qu'elle a pris une bouteille d'eau, j'avais soif.
Elle aurait pu prendre aussi des biscuits. Peut-être qu'il y en a dans le panier.
J'aurais pu prendre mon journal. Mais le bruit des pages risquerait de la réveiller.
Remarque, la mer me suffit. Il se passe toujours quelque chose.
Tiens, voilà la gars de la caravane qui est arrivé samedi.
Toujours à faire son malin celui-là. Il est venu sans sa femme, il a dû la laisser avec les enfants.
Une femme et des enfants. Ça doit remplir une vie quand même. Peut-être qu'on a besoin de ces petits moments de solitude quand on a une famille.
Moi c'est plutôt l'inverse. Je vis en négatif, j'ai une femme deux heures par jour, deux semaines par an. Pas question de la laisser dans sa caravane !
Bon, allez, il faut que j'y aille. Sa sieste est bientôt finie, je disparais.
Un jour, peut-être, je resterai, je me présenterai.
Ou je viendrai un peu avant qu'elle ne s'endorme et je lui demanderai son prénom.
Un jour mais pas demain, il me reste une semaine de vacances.
Je me décide enfin à participer à l'atelier d'écriture de Leiloona pour son 147e numéro.
Les autres textes sont en lien chez elle.
Je me décide enfin à participer à l'atelier d'écriture de Leiloona pour son 147e numéro.
Les autres textes sont en lien chez elle.