Ce billet sera peut-être un peu partial,
car je suis fan absolue de Guy Delisle !
J’aime tout !
Je suis fascinée par le minimalisme de son
trait, par ses narrations pince sans rire de situations ubuesques, par sa façon
de traiter de choses graves avec une pointe d’ironie.
Il faut dire qu’il a fréquenté des lieux
assez particuliers.
Sa compagne étant administratrice chez
MSF, toute la famille fait des séjours d’une année dans des pays parfois peu
fréquentable, comme la Birmanie ou la Corée du nord.
Lors de leur dernier séjour, c’est à
Jérusalem qu’ils ont posé leurs valises.
Sur son blog au début du séjour, Guy
Delisle publie quelques croquis sans aucune volonté de publier un nouveau
volume de Chroniques.
Ce pays lui paraît plus calme et moins
propice à produire 150 pages de dessins.
Mais finalement, les mois passant et les
croquis s’accumulant, la matière est là et les Chroniques de Jérusalem prennent forme.
Ils
sont désormais 4 à voyager et la destination pour cette année est Jérusalem.
L’arrivée
est toujours un peu chaotique.
Il
faut s’installer dans le logement fourni par MSF, trouvé les écoles, des parcs
pour les promenades, s’organiser.
Mais
MSF est installé dans un quartier musulman de Jérusalem Est !
Les
bus ne s’y arrêtent pas, les commerces sont minuscules, il n’y a pas de
trottoir et les ordures ne sont pas ramassées.
Il
va donc devoir acheter une voiture, trouver un supermarché, s’occuper de ses
enfants, tout en continuant à travailler.
Mais
ce qui le fascine, c’est le mur…
Dans ce volume, Guy Delisle est toujours
aussi incisif.
Sous le couvert de petites historiettes
amusantes, il trace en réalité un portrait doux amer de Jérusalem et de la
relation entre les Israéliens et les Palestiniens.
Il a l’œil et note de petites choses
tellement significatives sur l’ambiance du pays actuellement.
La situation est difficile pour certains,
moins pour d’autres, les autorités s’acharnent parfois, et finalement, tout
semble absurde quand on prend un peu de recul.
Mais ce qui paraît le plus absurde, c’est
la construction de ce mur qui sépare deux populations qui ont pourtant vécues
ensemble pendant très longtemps.
Le dessin simple mais travaillé pour les
décors sert à merveille le récit.
Les petites histoires se découpent en une
ou plusieurs pages, avec des personnages récurrents ou des histoires à
épisodes.
La structure des pages permet de bien voir
les détails et le soulignement au feutre gris est délicat (j’adore).
J’avais lu Chroniques Birmanes, où j’avais
pu mesurer la réalité de la description, étant moi même allée en Birmanie.
Le climat ici est moins lourd en apparence.
La circulation est plus facile en Israël,
les commerces sont approvisionnés, il n’y a pas un soldat pour vous espionner à
chaque coin de rue.
Mais paradoxalement, le traitement des
Palestiniens apparaît encore plus hallucinant.
La situation est absurde et on ne voit
malheureusement pas comment s’en sortir.
Malgré ce climat un peu lourd, ce livre
est ultra nécessaire pour parler de ce qui se passe là-bas, et on se prend à
espérer que la femme de Guy Delisle reparte en mission de longue durée, mais je
crois bien qu’ils se sont installés dans le sud de la France (peut-être plus
tranquille).
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