Si le roman dont j’ai parlé hier n’y
figurait pas, les suivants, par contre, ont été repêchés dans les profondeurs
de mes archives et je ne suis pas mécontente de les avoir lus.
Je savais que ma PAL recelait de bien bons
romans, mais voilà qui me le confirme.
J’ai néanmoins eu besoin de digérer ma
lecture avant de pouvoir vous en parler, et je ne suis pas sûre que cela soit
terminé.
Je publie donc mon billet en temps et en
heure pour la lecture commune, sans toutefois avoir fait le tour de cette
histoire si particulière.
Je dois aussi préciser que grâce à la SNCF
qui a mis tant de mauvaise volonté à me ramener chez moi mardi dernier, j’ai lu
ce livre d’une traite, en une seule journée et 5 heures de lecture, ce qui
explique peut-être ce besoin de laisser décanter ma lecture.
Sans
enfant, la vieille dame a souhaité que sa nièce s’occupe de régler sa
succession.
Lorsque
Gill vide la maison de Rosamond après son enterrement, elle découvre un lot de
cassettes qu’elle met de côté. Elles sont accompagnées d’un mot lui demandant
de les transmettre à Imogen.
Si
elle se souvient vaguement d’une petite fille portant ce prénom et aperçue il y
a plusieurs années chez sa tante, elle n’en sait pas plus et se demande comment
contacter cette jeune femme qui lui est inconnue.
Après
une recherche infructueuse, elle décide avec ses filles d’écouter les cassettes
pour tenter de découvrir qui est Imogen et pouvoir peut-être la retrouver…
Comme vous l’aurez compris, j’ai beaucoup
aimé lire ce roman.
Sa structure m’a paru très originale, en
multipliant les récits enchâssés d’une manière intéressante.
Il y a d’abord l’histoire de Gill qui
écoute celle de Rosamond qui raconte celle d’Imogen.
Mais il y a aussi Gill qui est le support
de cette histoire pour le lecteur, puis les cassettes qui contiennent
l’histoire de Rosamond et les photos sur lesquelles elles s’appuient.
Le lecteur se confond alors avec la
personne de Gill qui disparaît d’ailleurs pendant le récit de Rosamond.
On se retrouve plongé dans la lecture de
ce que dit Rosamond, on s’installe dans le salon où Gill et ses filles
écoutent, sans autres interruptions que celles qui s’imposent à Gill.
Pour nous qui dématérialisons de plus en
plus, que restera-t-il ensuite de ces instants que nous vivons ? De nos
photos qu’on ne peut pas feuilleter ?
Certes, la lecture de ces cassettes
presque antiques nécessite un outil, mais les photos semblent rester davantage
lorsqu’elles sont imprimées.
Ce sont elles qui paraissent être à la
source du récit de Rosamond.
Et d’un autre coté, sa vie semble se
résumer à 20 clichés. C’est tout !
Un sentiment de tristesse émane alors de
ce récit, de ses circonstances, de son contenu.
La vie de Rosamond a manqué de gaieté.
Seules deux années lui paraissent
merveilleuses, le reste ayant été gâché ou sacrifié.
Elle a observé le silence et les
incompréhensions chez les autres et chez elle, mais l’absence d’amour est ce
qui fait le plus mal.
Elle a elle-même aimé Beatrix sans
recevoir autre chose qu’un plaisir sadique à la torturer, plaisir qui s’est
apparemment prolongé pendant 40 ans.
Comme l’avait fait sa mère avant elle,
Beatrix a utilisé sa fille comme un souffre-douleur, un objet de rejet dont
elle se débarrassait facilement.
Il n’y a pas de rachat ou de pardon dans
ce livre.
Rosamond constate simplement le mal qui a
été fait, sans accuser ou blâmer, ce qui renforce encore le malaise ressenti à
la lecture.
Dans ce genre de roman, je me demande
toujours pourquoi l’auteur est si cruel avec ses personnages.
Jusqu’au bout il en rajoute, assenant des
coups plus ou moins durs, sans laisser le plus petit espace à l’espoir.
Les vies sont gâchées et le lecteur s’en
extrait avec difficulté, tout comme Gill.
Certes, cela ne nous touche pas
directement (elle non plus d’ailleurs), mais on n’en sort pas indemne et on ne
peut qu’y réfléchir de façon plus personnelle.
Et puis cela pouvait-il finir
autrement ?
J’attendais le dénouement comme une
délivrance, sachant bien ce que j’allais y trouver.
Traçant des boucles de destins croisés,
Jonathan Coe se doit de les clore les unes après les autres.
Il faut aussi ajouter un mot des paysages
décrits dans le roman.
Il n’y en a pas beaucoup, et les
descriptions ne sont pas longues, mais les images se constituent
progressivement et m’ont fait forte impression.
Rosamond est censée décrire les photos
pour Imogen, justifiant la présence de ces détails.
Et cela fonctionne parfaitement !
Je rêverais presque d’un séjour dans le
Shropshire. Ces images sont d’autant plus impressionnantes qu’il s’y passe des
scènes qui y sont étroitement liées.
Ce chien qui part en courant, par exemple,
me reste en mémoire comme si j’avais vu la photo moi-même.
Les chiens sont sans doute aussi
symbolique dans ce roman.
Pour finir, je garde le souvenir d’un
roman magnifique, très sensible, qui me questionne sur plein de sujets et
notamment sur la conservation de la mémoire.
Nous avons commencé à imprimer quelques
photos à la maison, mais je crois qu’il faut que je continue et que je fasse
des albums comme on n’en avait autrefois.
J’ai toujours des photos d’identité de ma sœurette
et de mon frérot (et de ses enfants) dans mon portefeuille et je crois que ces
images me sont nécessaires.
En bref, si vous souhaitez lire un bon
roman qui vous fera verser quelques larmes, avec des personnages forts, une
structure originale et de belles images, n’hésitez pas !!
British month
PAL