Il y a pas mal de
temps que je voulais relire un roman de Jane Austen.
Après la lecture
d’Orgueil
et préjugés, j’ai accumulé ses romans dans ma PAL (dont certains
achetés en double :S ) pour être certaine de pouvoir les lire quand j’en
aurai envie.
Pourtant, quand
j’ai ouvert Emma la première fois il
y a quelques mois, ça ne m’a pas emballé et j’ai préféré le reposer pour
attendre le bon moment.
Le british
month et un billet de George m’ont décidé
à retenter cette lecture, qui s’est déroulée sans accroc cette fois.
Miss Emma Woodhouse est une jeune femme très sûre
d’elle, qui règne sur Highbury depuis son domaine de Hartfield.
Entourée, choyée et gâtée, elle se plait à affirmer
qu’elle ne se mariera jamais pour rester à Hartfield où elle est si bien.
Mais sa vie vient de changer car miss Taylor, sa
gouvernante et son amie depuis plusieurs années, s’est mariée avec Mr Weston et
a quitté Hartfield.
Ce départ s’ajoute au mariage de la sœur d’Emma
(vieux toutefois de quelques années) et désespère Mr Woodhouse, toujours enclin
à déplorer l’absence de ses proches.
Heureusement, Mr Weston a un fils qui ne vient
jamais le voir et que personne ne connaît, qui doit venir rencontrer sa
nouvelle belle-mère.
Mr. Franck Churchill, le fils de Mr Weston, a été
élevé par son oncle et sa tante après la mort de sa mère. On le dit charmant,
et sa visite devrait animer un peu la vie quotidienne à Highbury.
Son arrivée se fait pourtant attendre, elle est
reportée plusieurs fois, et il faut bien trouver autre chose à faire.
Emma entreprend alors de marier une de ses
nouvelles amies, Harriet Smith…
Pour une fois,
j’ai beaucoup à dire sur un roman, et ce billet va être interminable ^-^.
Il faut dire que
Jane Austen a le talent de nous plonger au cœur d’intrigues simples mais
attachantes.
Je sais que je
vais m’attirer les foudres de certaines fans absolues, mais elle me donne
toujours le sentiment de lire un roman à l’eau de rose d’un niveau très élevé.
Attention !
Je précise que j’adore les romans à l’eau de rose et que je lis même des romans
Harlequin. Ce n’est donc pas une remarque dégradante pour moi, surtout que les
qualités qui font de ce roman un excellent moment de lecture ne se retrouve
franchement pas chez Harlequin.
Jane Austen a
effectivement le talent de nous présenter un parterre de personnages complexes
et attachants, qu’on a envie de mieux connaître et de suivre pendant des
années.
Elle se met aussi à distance de ce récit, pour déployer une ironie qui permet de ne pas tomber dans l'histoire niaise que ce roman aurait pu être.
Elle n'est pas tendre et si Emma est adorable et Harriet est toute mignonne, Austen ne se prive pas de les juger avec humour et de les montrer sous un jour qui n'est pas toujours favorable.
Mais c’est encore une fois le personnage masculin principal qui m’a marqué (Knightley, pas Frank Churchill, évidemment !).
Elle se met aussi à distance de ce récit, pour déployer une ironie qui permet de ne pas tomber dans l'histoire niaise que ce roman aurait pu être.
Elle n'est pas tendre et si Emma est adorable et Harriet est toute mignonne, Austen ne se prive pas de les juger avec humour et de les montrer sous un jour qui n'est pas toujours favorable.
Mais c’est encore une fois le personnage masculin principal qui m’a marqué (Knightley, pas Frank Churchill, évidemment !).
Knightley est à
la fois distant et prévenant, en retrait mais toujours là et passe pour un brutal
tout en laissant paraître dès le début un intérêt pour les autres qui se laisse
deviner.
Le célibat de
Jane Austen lui permettait-il d’imaginer des hommes aussi intéressants ?
S’agit-il à
chaque fois de l’homme qu’elle aurait souhaité rencontrer ?
On ne le saura
jamais, mais je ne peux pas m’empêcher de le penser.
Ces personnages
positifs sont aussi entourés d’une flopée de personnages en contraste, qui ne
semblent pas être des faire-valoir, mais plutôt une variation autour de la
femme bavarde et/ou désagréable.
Les personnages
de pies et de grues sont effectivement fréquents chez Jane Austen et ici elles
sont particulièrement présentes.
Il y a d’abord
miss Bates dont les bavardages incessants sont étourdissants, puis Mrs Elton,
désagréable et instante, qu’on ne peut que détester.
Ces bavardages me
semblent d’ailleurs être un morceau de bravoure incroyable, car à la lecture,
on peut attraper un mal de tête équivalent à celui que l’on aurait eu devant
une femme qui ferait de même.
J’ai eu l’impression
de me trouver au milieu de ce salon et de voir cette femme si volubile envahir
tout l’espace.
Évidemment, je ne
vous cacherais pas que l’histoire est cousue de fil blanc.
On se doute très
rapidement de ce qu’il va advenir, des couples qui vont se former et de
l’évolution de la pensée d’Emma.
Le respect de la
hiérarchie sociale est fort chez l’auteure qui insiste sur le maintien des
rangs par la parole d’Emma.
Maison de Jane Austen |
Les
circonvolutions que celle-ci suivra pour y parvenir sont néanmoins très
agréables à lire, et c’est aussi là que Jane Austen se différencie clairement
d’un auteur de romans sentimentaux du 20e siècle.
Les moments de
doute, les rencontres entre les personnages, les rebondissements font tout le
sel de ce roman où Emma devient petit à petit une personne un peu plus raisonnée.
C’est aussi un
roman dense, qui vous permettra de vous installer dans l’histoire car les pages
se tournent lentement.
Ne comptez pas le
lire en une après-midi, et ne le laissez pas en cours de route.
Vous risqueriez de
vous perdre tant il y a de personnages différents.
Les Cole, les
Perry, les Bates, les Weston, les Churchill (et j’en oublie) viennent et
reviennent et parfois on les confond un peu.
lui, c'est Darcy, hein, pas Knightley ;) |
Jane Austen s’y
perdait probablement aussi, vu que le bébé qui naît à la fin du roman change de
nom en quelques pages pour s’appeler d’abord Anna, puis Adélaïde !!
J’ajouterais pour
finir que le basculement d’Emma se fait là encore lors de la visite de la
maison de son amoureux, comme pour Elizabeth
Bennett !
Décidément, les
maisons sont symboliques pour Austen, et on ne semble pas devoir se décider sur
son conjoint avant d’avoir vu l’endroit où il habite.
Quant à moi, je
vais aller voir les adaptations ciné et télé pour me replonger dans cette
histoire et voir ce qu’ils en ont fait !
Pour lire d'autres avis : le billet de George, le billet de Noveleen.
British month, PAL, Lecture commune, J'aime les Classiques