Je poursuis mes
lectures de la rentrée littéraire avec ce livre singulier.
Encore, me
direz-vous !
Eh oui ! Après
Tous les diamants du ciel, celui-ci est également bien différent d’un roman
classique.
Cela change et
permet de ne pas enchainer les récits sans les distinguer.
C’est un roman
qui se lit aussi très vite, en quelques heures, car il est constitué de très
courts chapitres, d’une demi page parfois.
Ces pages
ressemblent davantage à un poème ou à une chanson à la manière des troubadours
dont les épisodes s’enchainent les uns après les autres.
Au lendemain du tremblement de terre qui a frappé
Haïti, une des prostitués de la Grand-Rue raconte à un écrivain l’histoire
d’une de ses protégées.
Elle lui demande de transmettre son récit pour que
l’on sache qui elle était.
Le Petite, comme elle l’appelle, a tenu douze
jours sous les gravats avant que sa voix ne s’éteigne.
Pour qu’elle ne disparaisse pas totalement, elle
raconte et la fait revivre par ses mots.
Elle espère aussi qu’elle poursuivra sa quête.
Il est encore une
fois difficile d’exprimer un avis catégorique sur ce livre.
Je ne suis pas
sure, d’ailleurs, que l’on puisse l’appeler « roman ».
C’est une œuvre
singulière par son format et son contenu.
Il n’y a pas à
proprement parler d’histoire ou de récit au sens traditionnel.
Ce sont plutôt
des instantanés, des épisodes de vie.
L’écriture est
soignée, on suit le fil de cette narration et l’on partage l’émotion de cette
femme qui tente de maintenir ses souvenirs du temps d’avant.
Le tremblement de
terre est un bouleversement, une rupture majeur dont il ne semble pas possible
de se remettre.
Le monde d’avant
a disparu et il faut en construire un nouveau, mais cette femme ne semble pas
en avoir la force.
Il faut dire
qu’elle a tout perdu.
Sa fille l’a
quitté longtemps auparavant, et cette jeune fille qui l’avait remplacé s’en est
allée aussi, mais d’une autre façon.
Cette vie
solitaire, offerte aux hommes de passage sans partage, sans amour ne semble
plus la satisfaire.
Pourtant, elle
raconte l’équilibre qui existait autrefois autour de cette rue où s’étaient installées
toutes celles qui exerçaient le même métier.
Elle semble
nostalgique de cette ère tranquille où rien n’arrivait.
Et je dois avouer
que c’est surtout cela qui m’a gêné, alors qu’il s’agit de l’argument principal
de ce récit.
La nostalgie de
la prostituée satisfaite de sa profession, je suis désolée, mais j’ai du mal.
Mon féminisme
latent qui s’exprime sans doute.
Le fait que ce soit écrit par un homme m'amène également à un peu de suspicion (mais je suis sans doute de mauvaise foi).
Pour autant, il
n’y a pas d’outrance dans l’écriture qui reste sobre et poétique.
Cela se lit sans
déplaisir et les textes composent un bel ouvrage, un morceau de vie et de
souffrance.
Si vous connaissez
Haïti, si vous aimez les récits de femme, les textes poétiques, les premiers
romans, les romans atypiques, celui-ci pourrait vous plaire.
Une cinquième lecture pour le challenge 1% Rentrée littéraire 2012 et un 22e pays pour le challenge tour du monde.