mercredi 9 avril 2025

SImone Veil et ses soeurs, les Inséparables [BD]

C’est le retour de la BD en ce mercredi, cela faisait longtemps.
Mais une BD dont il n’est pas si simple de parler !!  Je lai lu il y a quelques semaines et j’ai laissé reposer cette lecture pour voir ce qu’il en sortait. 
 

Les auteurs ont choisi de parler des sœurs Veil, Simone bien sûr, mais également Denise, sa sœur aînée, dont on ne sait plus vraiment aujourd’hui qu’elle a été une grande résistante.
L’histoire est adaptée des Inséparables de D. Missika.

Un dimanche après-midi sous la neige, comme à leur habitude, les deux sœurs passent l’après-midi ensemble et se souviennent de leurs jeunesses, de la guerre et de ce qui lui a fait suite.
On remonte ainsi le fil de leurs vies, de la famille Jacob, qui s’installe à Nice et voit monter la menace, au retour après guerre et à la différence de traitement entre les deux sœurs.
Et c’est ce qui m’a le plus marqué dans cette histoire.
Denise évoque les conférences et les soirées auxquelles elle était invitée en tant que résistante, quand Simone lui oppose sa honte face à l’attitude de la société qui reprochait aux déportés de ne pas s’être défendu.
Le retour ne pouvait qu’être brutal, mais on a peu conscience aujourd’hui de ce rejet dont ils ont été l’objet.

Pour s’accorder avec ce récit, le dessin est réaliste et s’inscrit dans un décor chaleureux.
La chaumière normande de Simone Veil accueille les deux sœurs au chaud, alors que la neige recouvre le jardin.
J’ai beaucoup apprécié les petits clins d’œil à des tableaux célèbres, et l’histoire du chat et des enfants qui viennent apporter un peu de légèreté à cette tragédie.

Si vous avez envie d’en savoir plus sur le destin des sœurs Veil, cette bande dessinée sera parfaite. 







mardi 1 avril 2025

Écoute la pluie tomber d'Olivia Ruiz

Il y a quelques temps déjà, j’ai pu écouter la suite du roman à succès d’Olivia Ruiz La commode aux tiroirs de couleur.
Écoute la pluie tomber raconte l’histoire d’une des personnages secondaires du premier tome, et débute quelques années plus tard. 
 



Carmen pleure sa nièce adorée.
Le destin n’a pas épargné sa famille et le café de Marseillette résonne autant de rires que de larmes.
Elle se rappelle alors ce qui a marqué sa vie, ses errements comme ses réussites…
 
Dans ce récit plus court que le précédent, Olivia Ruiz retrouve les histoires de sa famille pour nous raconter celle de Carmen, l’une des sœurs de Rita, héroïne du premier roman.
Et il faut bien dire que Carmen est une personnalité particulière.
Ballottée par les flots, du sud de la France à l’Espagne franquiste, sur un paquebot voguant vers le lointain, en prison ou dans un train, elle ne sait pas toujours choisir ses alliés et se fait facilement avoir.
Grande naïve, elle se laisse embarquer dans des histoires louches sans une once de soupçon, quittant tout pour vivre un grand frisson qui la dépasse souvent.
On peut dire que c’est une femme entière, qui ne s’embarrasse pas de scrupules, et si elle veut partir, elle part !
Ce n’est pas forcément ce qui la rend heureuse, et elle se retrouve souvent dans des situations douteuses.
Au fil de ses aventures, elle rencontre des personnages plus ou moins recommandables, de ceux qui l’entraînent vers le fond, à ceux qui lui permettent de remonter la pente.
Elle croise ainsi la Yaya qui lui fait découvrir la lecture et l’amour des livres, donnant des passages qui m’ont vraiment plu.

C’est donc un récit dans lequel on s’immerge sans problème, en suivant Carmen et en espérant qu’elle va finir par s’en sortir.
Le seul petit bémol que j’aurais envie d’ajouter, c’est que cela va un peu trop vite.
Les évènements s’enchaînent les uns après les autres, les personnages sont très nombreux, souvent esquissés et on aimerait avoir un peu plus de temps pour les découvrir.
Certes, le roman suit un tome précédent, et j’avais lu la BD pour me remémorer les personnages mais c’est tout de même un peu rapide.

La version audio est lue par Olivia Ruiz elle-même, ce qui amène forcément un petit truc en plus.
Sa voix éraillée colle parfaitement à cette histoire d’une vie pas comme les autres qui trace son chemin sans se soucier des imprévus.


Si vous avez lu la commode aux tiroirs de couleurs, ne manquez pas cette suite qui navigue entre tristesse et joie, comme la vie !! 

dimanche 30 mars 2025

Sunday mood de reprise 🫣

Il y a bien longtemps que je ne suis pas venue publier par ici ! 
Plus d'un mois sans venir papoter, c'est beaucoup trop long mais la vie, celle qui nous envoie parfois des gros truc à gérer, a décidé de m'en envoyer une série ces dernières semaines. 
 
 

 
Mes petits billets de blog passent à chaque fois en dernier, face à un accident de voiture (une 🤬 a déboité pile dans ma portière !), une hernie discale, un coup de poing reçu par mon petit à l'école, des copies à corriger, un texte à rédiger pour le travail, des compétitions de golf pour ma grande... 



Mais en revanche, cela ne m'a pas empêchée de lire et j'ai enchainé les belles découvertes. 
Depuis deux jours, j'écoute Good Bad Girl d'Alice Feeney en crochetant.
C'est un peu lent à commencer, mais cela promet un bon moment. 

 
 
 
J'ai quelques brouillons de billets en cours, je vais doucement m'y remettre. 
Les vacances des enfants approchent, le rythme va ralentir (mais pas forcément mon temps libre 🤣).
Et puis il faut que je finisse ce méga doudou que j'ai commencé il y a plus de deux mois !
 
Bonne semaine !!! 
 
 





vendredi 21 février 2025

Madelaine avant l'aube de Sandrine Collette

Il est rare que je lise un roman « Goncourable » et la rentrée littéraire ne m’attire plus depuis quelques années.
Cette année, cependant, j’ai eu très envie d’écouter le nouveau roman de Sandrine Collette dont j’avais adoré Notre part de loup.
C’est clairement une autrice qui fera désormais partie de mon panthéon personnel !





Rose vit à l’écart du village, en haut des montées.
Sur le chemin qui conduit chez elle, il n’y a que deux fermes et sa petite maison, personne d’autre n’y passe.
La vie est rude, mais il faut la vivre.
Ses fils sont partis, elle vit de peu, et observe le monde, sa violence et sa fatalité.
Elle n’est pas seule, Bran l’accompagne et ensemble, ils affrontent les hivers et profitent des étés, jusqu’à ce qu’un petit être venu de nul part apparaisse dans le garde manger…  

J’ai commencé ce roman, je l’avoue, en ayant peur d’être déçue.
Il arrive fréquemment qu’un auteur reprenne encore et encore les formules qui ont marché dans un précédent roman et nous les resserve dans le suivant.
Je craignais que ce soit le cas ici et que je ne sois pas assez surprise comme je l’ai été pour Notre part de loup.
Mais l’autrice est évidemment plus fine que cela et change ici de cadre et de modalités d’écriture, tout en menant le lecteur sur le chemin qui lui convient pour son récit.
Elle maitrise l’art de nous conduire où elle le souhaite, de nous cacher ce qui doit l’être et de révéler d’un coup ce qu’on aurait pu savoir depuis longtemps.
Il n’y a toutefois que deux twists dans ce roman car le récit n’est pas basé sur la surprise (même si le premier est énorme !).
Ici, les évènements s’enchaînent de manière inéluctable, comme s’il ne pouvait pas en être autrement.
Les hommes sont soumis à la nature, puissante, qui fait la loi, et à leur seigneur, implacable, qui les exploite.
Ils n’ont pas d’issue et que ce soit le froid imposé par la première ou la violence du second, il faut continuer à avancer sans se retourner pour simplement survivre.

C’est un monde implacable qui est décrit ici.


L’autrice nous plonge dans un village comme il devait y en avoir tant, fermé, isolé, soumis à la loi du seigneur.
Aucune date n’est nécessaire car cet asservissement est de tous les âges.
Les hommes et les femmes font ce qu’ils peuvent, il faut penser au nécessaire, aucun superflu n’est permis.
La famille n’est même pas une ressource, chacun peut disparaître, partir sans se retourner, ou mourir en quelques heures.
Elle est aussi une consolation et un pilier pour les jours plus durs.
Madelaine, qui donne son nom au roman, survient dans le paysage pour brouiller les lignes, petite présence qui rend l’air plus doux, mais présence sauvage, violente et volatile.
Ce n’est pas un roman facile, c’est un texte fort, qui retourne et bouscule.

Évidemment, il n’y a pas que Madelaine dans ce roman.
Beaucoup d’autres personnages évoluent autour d’elle mais le tour de force de l’autrice, c’est de leur donner à tous une épaisseur et une vraie existence.
Bran, qui raconte la première partie, est pour moi le plus attachant, mais c’est un tableau d’ensemble qui nous percute par sa violence et le joug de la fatalité.
On ressort de cette lecture avec un sentiment de tragique qui trouve difficilement un exutoire.
Il n’y a rien à faire, il faut subir.

La version audio lue par Clément Bresson est sensible et s’efface pour laisser le texte se déployer.
Il n’y a pas de sentiment ici, le temps est compté et on écoute en apnée avec l’envie d’arriver au bout, de savoir si quelqu’un s’en sort.
Si la lecture audio vous tente, je vous la conseille sans hésiter, surtout pour la première partie à la première personne.

Et puis finalement, Madelaine n’a pas eu le Goncourt des grands, mais a obtenu le Goncourt des lycéens que je trouve très souvent beaucoup plus pertinent ! 

Vous l’aurez donc compris, je suis conquise.
Ce n’est pas un roman dont on sort avec le sourire, c’est sûr, mais c’est un texte fort sur la nature, sur les relations sociales, sur l’amour aussi.
C’est violent, dur, comme peut l’être le monde.  
 
 
 
 
 

 
 

mardi 11 février 2025

Une écharpe dans la neige de Viveca Sten

Alors que je viens de terminer l'écoute du tome suivant, je me lance pour vous parler du premier. 
Je ne sais pas ce qui me retenait d'écrire ce billet, car j'ai beaucoup aimé le premier tome de cette nouvelle série !
Je n’avais jamais lu Viveca Sten, mais j’ai croisé plusieurs fois son nom sur les couvertures du rayon policier, car c’est une autrice très prisée.
Et je dois bien dire que c’est mérité. 
 
 

 
Hannah a quitté son travail.
Son supérieur l’a harcelé une fois de plus, et elle a démissionné de son poste d’enquêtrice à Stockholm.
Elle a aussi quitté son petit ami.
Désœuvrée, sans domicile, elle finit par accepter la proposition de sa sœur qui lui propose de séjourner dans son chalet de Are.
Les enquêtes semblent cependant poursuivre Hannah.
Une jeune femme a disparu et la neige impose de faire vite pour la retrouver…


Il faut bien avouer que Viveca Sten est efficace !
Elle ne laisse rien au hasard et maitrise l’art de diriger son lecteur sans problème.
Le récit se dévore à la vitesse de l’éclair, avec une tension savamment distillée qui tient le lecteur en haleine.
On suspecte tout le monde, on a peur pour la victime, on se demande ce qu’il va se passer.

C’est très bien fait, et les personnages ne sont pas oubliés.
L’autrice prend le temps de les construire, de leur donner une épaisseur qui donne envie de les suivre et de continuer à lire leurs aventures dans beaucoup d’autres tomes. 
 
La société suédoise est aussi décrite avec des informations qui permettent de mieux la connaître, de comprendre certaines particularités, et c'est un vrai tour de force de l'autrice de réussir à déceler ce qui peut paraitre étonnant pour un lecteur étranger, alors qu'elle est elle-même immergée dans cette culture. 
Evidemment, il ne s'agit pas de différences énormes, mais de petites habitudes qui ne sont pas les mêmes d'un pays ou d'une région à l'autre. 
Et si on revient au roman policier, les pulsions de mort sont finalement sans doute toujours un peu les mêmes.

La version audio, lue par Noémie Bianco est nuancée, calme dans la tourmente, ce qui permet au lecteur de suivre son rythme.
Elle adapte sa voix aux personnages, ce qui rend l’écoute très facile à suivre.
Le tome 2 est également lu par cette comédienne, ce qui permet de donner une unité à la série.

En conclusion, c’est un début de série très prometteur, qui donne envie de suivre très longtemps ces personnages.
SI vous cherchez une lecture prenante, un roman qui se dévore, ouvrez celui-ci sans hésiter. 
Et moi, j'attends désormais le 3 en audio avec impatience !! 





lundi 10 février 2025

Résister à la culpabilisation de Mona Chollet

Il y a longtemps que je souhaitais lire Mona Chollet.
Les thématiques qu’elle aborde sont toujours très pertinentes et cela fait du bien de temps en temps de se poser pour réfléchir à notre façon d’agir et de réagir. 

 

 
Dans ce nouvel opus, l’autrice s’attaque à la culpabilisation, mal du moment qui nous empêche d’être heureux et d’avancer.
C’est effectivement un sujet important, tant on a du mal à se sortir de schémas répétitifs où une simple phrase peut remettre en question notre confiance, nos projets ou notre comportement.
Pour aborder ce sujet, Mona Chollet commence par balayer de nombreux domaines où nous culpabilisons.
L’éducation des enfants et leur position dans la société, la pollution, notre vie en général sont décortiquées, analysées.
Elle explique également d’où vient ce sentiment, qui serait lié à notre héritage judéo-chrétien où la faute est un concept essentiel qui semble indépassable.
Les femmes et les enfants sont présentés comme les deux catégories de la société qui sont le plus culpabilisés, évidemment par la troisième catégorie : les hommes, mais aussi par le fonctionnement social en général.
Elle indique clairement que la société place les enfants et les femmes dans une position d’auto-culpabilisation dont il est difficile de sortir.  


J’ai apprécié de suivre la pensée de Mona Chollet et d’aller de thème en thème pour explorer ce sujet.
Je ne suis pas sûre d’y avoir trouver des arguments ou des solutions pour en sortir, mais à la fin de cette écoute, on dispose d’informations et de connaissances plus importantes qui permettent de visualiser ce qui nous culpabilise et ce qui nous enferme dans ces répétitions.
On pourrait alors se dire « pourquoi continuer à culpabiliser puisque je ne suis pas responsables » mais ce n’est pas aussi simple.

Mona Chollet décrit par exemple que nous ne sommes pas coupables de la pollution plastique car les lobbys des pétroliers sont trop puissants, et que nous sommes finalement très impuissants, et, surtout, manipulés par les campagnes de pub.
C’est évidemment vrai, et même en passant totalement au vrac, nous ne sommes pas grand chose et le recyclage n’est pas non plus une solution.
Alors, être coupable ou impuissante, qu’est-ce qui est le plus difficile à vivre ?
C’est sans doute une question à creuser car il n’est pas sûre que l’un soit plus simple que l’autre.

Je ferais néanmoins une petite critique sur l’équilibre entre les sources, le texte et les expériences personnelles que raconte l’autrice.
C’est sans doute une déformation professionnelle mais elle s’appuie beaucoup sur ce qu’elle a vécu, sur des événements passés, là où une source théorique aurait peut-être été plus percutante.
C’est toutefois lié au public supposé de cet essai, je pense.
Il s’adresse au grand public justement, et il y a tout de même des références nombreuses pour aller plus loin sur certains sujets si on le souhaite.

La version audio, lue par Cristelle Ledroit, donne une impression de récit, de conférence que l’on ne dit que pour vous, comme une conversation privée avec Mona Chollet.
C’est très agréable, tout en n’interdisant pas de revenir en arrière si nécessaire, ou de prendre des notes, en ralentissant la lecture par exemple.


C’est donc un essai que je vous conseille, mais ne culpabilisez pas si vous ne voulez pas le lire ;)

 
 

 

vendredi 7 février 2025

Célèbre de Maud Ventura

 Je ne savais pas trop à quoi m’attendre avec ce roman.
Je n’ai pas lu le précédent qui a eu beaucoup de succès et je ne connaissais pas du tout la plume de cette autrice.
C’était donc une découverte. 
 
 


Cléo est célèbre, très célèbre.
Dès son enfance, elle savait qu’elle le serait, comme un destin tout tracé et inévitable.
Elle le répétait d’ailleurs à son père et a tout fait pour le devenir.
Au sommet de sa gloire, elle fait le point pendant ses vacances sur une île déserte et raconte son inexorable ascension…

Maud Ventura se lance dans ce récit avec un plaisir manifeste.
Cléo est infecte, imbue d’elle-même, prétentieuse et égoïste.
Les pages défilent et elle l’est davantage à chaque chapitre.
L’héroïne revient sur son enfance, ses projets de vie et sur les moyens qu’elle a utilisé pour parvenir à sa position actuelle.
C’est une description froide, clinique, qui ne s’embarrasse pas de sentiment.
Cléo est célèbre et elle le fait savoir.
Elle a tout calculé et décrit son parcours avec une jouissance qui, à elle seule, est une prouesse d’écriture.


Maud Ventura nous donne accès à une dimension de ce personnage qu’on devine très proche de la réalité.
La célébrité est un monde à part qui isole, enferme, et qui déconnecte de la réalité, permettant les abus et supprimant les barrières.
Cléo a tout prévu, elle a su se montrer sous son meilleur jour avant d’identifier les personnes qu’elle pouvait écraser.
Mais ce qui parait au premier abord très froid et très excessif, laisse deviner quelques failles, l’absence de joie et de plaisir dans cette vie où tout semble trop facile.
Certaines phrases, quelques scènes font émerger la fragilité du personnage, sa peur de l’oubli, de l’échec, de la perte.
Cléo est dure, cruelle, cynique, calculatrice, mais elle perd pied aussi très souvent, distillant quelques mots sur ces moments où elle ne contrôle plus rien.
C’est extrêmement efficace, très agaçant mais addictif, et cela permet de ne pas totalement détester cette jeune femme tout de même très agaçante.
J’aurais aimé peut-être que les failles soient davantage exploitées, ce qui aurait pu donner plus de profondeur au texte mais ce n’était sans doute pas l’objectif de Maud Ventura.

La version audio est lue par Suzanne Jouannet.
Sa voix et son ton collent parfaitement à ce récit grinçant qui ne laisse pas de temps mort.
Elle exprime la détermination de Cloé avec un rythme et une vivacité qu’on imagine bien pour cette jeune femme dont la vie file droit vers le prochain album, le prochain concert, la prochaine étape.


Si vous cherchez un roman un peu décalé, très cynique, agréablement grinçant, avec un personnage central que vous aimerez détester, ce livre audio pourrait bien vous plaire ! 
 
 


mercredi 5 février 2025

Escobar : Une éducation criminelle, de A. Madrigal, J.S. Marroquin, P. M. Farina

Voilà une bande dessinée assez originale.
Le titre est un peu trompeur, car elle s’intitule Escobar : une éducation criminelle.
Je pensais donc que j’allais lire un texte sur le trafiquant de drogue, mais il n’en est rien puisqu’il est question de… son fils.
Évidemment, lui aussi se nomme « Escobar » et le récit s’appuie sur ses mémoires, et sur un épisode de son enfance. 
 
 

 
On en parle peu, en effet, mais Escobar avait des enfants, dont Juan Pablo, un fils qui a été élevé et surveillé par des « nounous » un peu particulière, puisqu’il s’agissait d’hommes de main et d’une femme assassin.
Le livre décrit donc chacune de ces nounous, l’une après l’autre, à la suite d’une scène tragique à laquelle a assisté Juan Pablo.
C’est une succession de portraits qui reviennent sur le caractère de chacun et sur ce qui les a amenés jusque là. 
On remonte à l'origine de leur vie criminelle, ou on découvre un épisode de leur vie de truands. 
L’histoire cadre permet de lier ces épisodes, et de garder un fil conducteur jusqu’à la dernière page, même si c'est assez ténu.

La lecture est agréable, c’est plutôt intéressant, mais il faut quand même être très intéressé par Escobar.
On en apprend un peu plus sur le personnage, et si vous avez aimé la série Narco, vous pourrez apprécier.
Le récit est malin et permet d’aborder plusieurs épisodes de la vie de Juan Pablo qui a échappé plusieurs fois à des attentats.
Le dessin d’Alberto Madrigal est vif, expressif et les couleurs permettent de lisser un peu le trash de certaines scènes. 
C'est un dessin qui tend vers le manga, ce qui change un peu. 

C’est donc une bande dessinée maligne, bien construite, qui se lit avec plaisir, même si vous n'apprendrez rien de plus sur Escobar.

 





 


lundi 27 janvier 2025

Le barman du Ritz de Philippe Collin

Le Ritz, emblème du luxe à la française, est resté ouvert pendant toute la seconde guerre mondiale. 
Cela méritait bien un roman sur ses coulisses pendant cette période troublée. 

 


Franck se prépare pour une nouvelle soirée dans son bar au cœur du Ritz. 
Après plusieurs années passées à New York, sa réputation lui a permis de devenir le barman en chef de l’un des bars les plus réputés de Paris. 
Mais les Allemands approchent et il va falloir faire des choix… 


Voilà un roman très original ! 
D’ailleurs, je ne suis pas sure qu’il s’agisse réellement d’un roman. 
Philippe Collin nous propose un texte évoquant le Barman du Ritz, Franck Meier, et sa vie pendant l’occupation allemande à Paris entre 1939 et 1945. 
Ce barman était assez connu dans la bonne société, qui fréquentait assidûment la bar du Ritz pendant la belle époque. 
La guerre rebat les cartes, et la clientèle du bar change partiellement au moment de l’arrivée des soldats allemands. 
Franck s’interroge alors sur la conduite à adopter, lorsqu’on a un travail, pas d’argent pour fuir et pas vraiment envie de quitter Paris. 
Il va falloir faire avec et composer avec l’ennemi, la survie, sa conscience, les connaissances diverses et leurs choix parfois opposés. 

Le style de l’auteur est descriptif, et presque froid.
Cela m’a surprise au début de l’écoute du texte mais cela permet sans doute de respecter le peu d’information disponible sur les pensées de ce barman. 
Franck Meier a laissé un manuel de cocktails, et les archives du Ritz permettent de disposer d’informations sur sa présence, ou les évènements qu’a subi l’hôtel pendant la guerre. 
Les archives donnent aussi des informations sur les personnes ayant séjourné dans l’hôtel ou y ayant travaillé et Philippe Collin est d’abord historien. 
Il a donc utilisé ce matériaux brut pour nous proposer un récit qui croise les sources, et s’appuie sur un personnage pour en évoquer des dizaines. 
On voit passer dans son bar des célébrités, ainsi que des collabos plus obscures, des profiteurs, et d’autres ayant davantage de scrupules. 
C’est la petite histoire qui se dévoile ici, avec ces petites lâchetés, son courage caché et ses doutes, celle des couloirs et du petit personnel. 
 
La version audio est lue par Florian Wormser. 
C’est un peu froid, mais je me suis vite habituée et cela correspond à la tonalité du texte. 
L’auteur met une distance qui est maintenue dans la lecture, ce qui permet de la percevoir et de rester spectateur de ce qui se déroule dans le récit. 

Finalement, une question demeure : servir des verres aux généraux allemands, est-ce collaborer ? 
Il n’y a pas de réponse dans ce livre, et peut-être n’est-il pas possible de répondre réellement.




lundi 20 janvier 2025

L'inconnue du portrait de Camille de Peretti

Je ne sais pas pourquoi, je pensais que ce roman était sorti il y a très longtemps, alors qu’il a fait partie des sorties de la rentrée littéraire de janvier 2024.
C’est donc assez récent, et Audiolib n’a pas attendu longtemps pour nous en proposer une version audio, et c’est tant mieux !




En Italie, une doctorante en histoire de l’art vient de jeter un pavé dans la mare en identifiant un tableau disparu de Klimt sous un tableau connu et accroché dans un musée.
L’artiste l’aurait repeint pour modifier le motif initial.
Aux Etats-Unis, la mère de Pearl attaque le géniteur de sa fille en justice pour obtenir le financement de ses frais de scolarité universitaire.
En 1929, Isidore, jeune cireur de chaussures immigré, tente de se faire une place à New York en plaçant un peu d’argent en bourse…


Je dois avouer qu’en ouvrant ce roman, je ne m’attendais pas à ce que j’ai lu !
C’est amusant comme les résumés ou les informations que l’on reçoit sur un roman peuvent susciter en nous des images et des attentes.
Comme il est question de tableau, de Klimt, de repeint, d’analyses en histoire de l’art, j’avais supposé qu’il y aurait davantage d’informations techniques, que ce serait un roman un peu didactique.
Et finalement pas du tout !

Une fois ce moment de surprise passé, je suis entrée dans le texte avec plaisir et j’ai profité de plusieurs heures en compagnie d’Isidore et de Pearl.
Le texte mêle le récit de la vie d’Isidore, assez mouvementée, de sa mère également, et celui de Pearl après qu’elle ait retrouvé son père.
Le tableau est en arrière-plan, il joue un rôle, mais il n’est finalement pas très présent.

Le style d’Isabelle de Peretti est fluctuant.
Elle parvient à adapter le texte qu’elle écrit à l’époque et au personnage choisi.
Cela donne un récit bien ancré dans l’époque décrite et cela facilite l’immersion du lecteur.
En revanche, j’avoue être restée en retrait par rapport à Isidore, que j’ai davantage observé comme un spécimen de self made man (est-ce qu’on dit encore cela 😅).
J’ai davantage préféré le personnage de Pearl.
Ce sont néanmoins des caractères bien trempés, qui savent ce qu’ils veulent et qui avancent quoi qu’il arrive.
Ils donnent une impression de force tranquille à qui tout arrive mais que rien ne peut détruire.
Et puis le portrait (et celle qui y figure) resurgit dans le récit de temps en temps, parfois par surprise, parfois parce que les personnages s’y intéressent, tel un troisième personnage principal.

La version audio est intéressante, car la lecture de Mathieu Buscatto est bien faite (je ne suis jamais déçue chez Audiolib), mais en plus, il y a un entretien avec l’autrice en fin de lecture.
Ce n’est pas toujours possible pour l’éditeur de faire ces entretiens, mais c’est un vrai plus qui permet de comprendre comment le roman a été écrit, ou d’en savoir un peu plus sur les objectifs de l’auteur.
C’est toujours très instructif.


Alors ? Tenté·e ?
Les avis sont plutôt unanimes sur ce roman, et j’en rajoute un ! 
 

 
 
 

lundi 13 janvier 2025

Bride d’Ali Hazelwood

Attention ! Romance ! 
Mais une belle romance !! 
 



Misery a quitté sa communauté depuis plusieurs années. 
Il faut dire qu’ils n’ont rien fait pour la convaincre de changer d’avis !! 
Envoyée chez les humains dès ses 8 ans pour servir d’otage, elle ne s’est jamais senti aimée ou remerciée par les autres vampires pour ce qu’elle avait fait. 
Lorsque son père la convoque brusquement, elle se demande quelle mouche le pique, mais quand il lui propose de se marier pendant un an avec le mâle alpha de la horde de loups-garous qui habite de l’autre coté de la frontière, elle se dit qu’elle est vraiment considérée comme une simple monnaie d’échange pour les siens… 

Vous le savez si vous fréquentez un peu ce blog, j’ai déjà lu plusieurs romans d’Ali Hazelwood, mais ils se passaient tous dans un monde bien réel, et à l’université (où, je peux vous l’assurer, je n’ai jamais vu de loup-garou ou de vampire). 
Lorsque j’ai vu le résumé de celui-ci, j’ai hésité !
J’aime bien ses romances, mais basculer dans la fantasy en convoquant des loups-garous et des vampires, cela me paraissait un peu particulier. 
Et puis un peu en panne de lecture après une déconvenue littéraire, je me suis dit que finir l’année avec cette autrice, c’était une bonne garantie de repartir sur de bonnes bases le 1er janvier. 
Et j’ai eu raison ! 

L’histoire de Misery est touchante, attachante, pleine de beaux sentiments, mais pas simpliste. 
En quelques mots, l’autrice parvient à donner toute une palette d’émotions à ses personnages. 
Elle est vraiment forte pour cela ! 
Elle n’oublie pas non plus les personnages secondaires et c’est vraiment sympa. 

La lecture de Zina Khakhoulia nous fait vivre les aventures de Misery sans temps mort et avec une expressivité qui colle parfaitement à l’histoire. 
J’ai eu plus de mal avec les interventions de Quentin Malek, inexpressives et froides. Il lit les incises de début de chapitre qui concernent un autre personnages mais puisque la voix change, un peu de vie dans ces phrases aurait aussi bien fonctionné. 

J’ai découvert depuis qu’il y a un vrai domaine réservé pour les fans de romances inter-espèces. 
Pas sûre d’en lire d’autres, mais si Ali Hazelwood en publiait d’autres, je me laisserais tenter sans problème. 
Je pensais d’ailleurs qu’il s’agissait d’une série et j’hésitais à m’y lancer, et finalement, après lecture, je regrette qu’il n’y ait qu’un épisode 😅.

 

 

vendredi 10 janvier 2025

Feux dans la plaine de Olivier Ciechelski

Êtes-vous prêt pour la forêt ? La solitude ? La nature qui reprend ses droits ? 
C’est ce que vous pourrez trouver dans ce roman vraiment très original. 
 
 
 

Ancien militaire, Stan a acheté un vieux chalet et 60 hectares de maquis dans la montagne avec ses économies. 
A son rythme, il répare, organise, cultive ses terres et cultive son misanthropisme. 
Mais un matin, il découvre que dans ses bois, un groupe de chasseurs a balisé un chemin en coupant un arbres, et en marquant d’autres troncs à la peinture bleue… 

Voilà un roman très étonnant !
Il vous semblera assez classique de prime abord, avec un personnage qui se terre en ermite, d’autres qui tentent de venir l’embêter, mais les dernières pages sont assez incroyables.
Evidemment, pas de spoiler ici, ce serait vraiment une erreur pour ce genre de roman qui joue avec le lecteur.
J’aime bien être surprise quand je lis, et ici, je n’ai pas été déçue.
Je ne vais donc pas vous en dire plus !!


A la manière de ces films américains qui se déroulent au fond de la forêt, ou des thrillers qui ont pour cadre le fin fond de l’Alaska, cette histoire évolue petit à petit et on sent la menace qui plane. 
Elle surgit très vite, mais on a le temps de découvrir l’histoire et les personnages au fil des pages et on s’aperçoit rapidement qu’on imagine souvent des choses en début de lecture qui ne sont pas forcément celles que l’auteur a choisi.
C’est ce qui fait la richesse d’un texte par rapport à un film. 
Vous visualiserez des images que le texte vous amènera à modifier au fil du roman, avec un vrai talent de la part de l’auteur. 

Mais dans ce texte, ce qui est également remarquable, c’est l’omniprésence de la nature, de la forêt, de la montagne.
Olivier Ciechelski  nous plonge dans un territoire occupé par les arbres et les animaux, où l’homme ne fait que passer.
Il laisse malheureusement une trace de ses passages, et c’est justement ce qui va provoquer un retournement de situation.
Le texte semble poser la question de l’intrusion de l’homme dans la nature. 
Si nous ne sommes pas capables de respecter, de ne pas abimer, avons-nous notre place dans ces grands espaces ? 

Mais je dois également avouer quelque chose. 
Il se trouve que je suis moi-même un peu jalouse de mon champ et de mes arbres. 
Je suis propriétaire d’un grand terrain depuis un an et demi, et lorsqu’on chasseur y pénètre, je vois rouge et je considère cela comme une intrusion absolument inadmissible 😅. 
Les réactions de Stan lors de l’intrusion dans son domaine, sa volonté farouche de garder son espace sauvage résonnent donc intimement en moi et tout ce qu’il fait me parait vraiment très logique 🫣. 
Mais cela suscite évidemment des questions. 
Sommes-nous propriétaires de la nature ? Comment vivre avec, la protéger sans la privatiser ? 
Et quel serait le meilleur moyen de la préserver justement ? 
Le roman n’est toutefois pas fait que de cela et beaucoup d’autres thématiques sont abordées. 
Si ces questions ne vous parlent pas, l’aspect thriller est déjà une bonne motivation pour le lire. 

La lecture de Taric Mehani suit les évolutions du texte et du personnage et propose une interprétation douce et forte. 
Cela colle parfaitement à l’histoire. 
Et cerise sur le gâteau, il y a un entretien avec l’auteur à la suite du roman ! 
J’adore ces entretiens qui sont toujours tellement remplis d’informations !

En conclusion, c’est un roman très beau à écouter, qui fait réfléchir, qui pose des questions aussi. 









jeudi 9 janvier 2025

En 2024, j'ai lu...

Voilà mon petit bilan traditionnel de début d’année ! 
J’aime bien cet exercice qui permet de visualiser tout ce que j’ai lu et de me dire que j’ai quand même réussi à découvrir pas mal de choses, même si je n’ai pas parlé de tout par ici, loin de là.  
Pour me faciliter la tâche, j’utilise Goodreads depuis pas mal d’années, et il me dit que j’ai lu 50 livres en 2024, soit 14 410 pages !!
L’an dernier, j’en avais lu 70, mais il y a eu davantage de romans en 2024, ce qui est un peu plus long à lire évidemment. 
Je m’étais fixé l’objectif de 50 lectures, objectif atteint, donc ! 


En regardant les couvertures de l’année, je m’aperçois qu’il y a des livres vraiment très différents. 
J’aime encore beaucoup les romans policiers, mais plutôt cosy Mystery. 
Les trucs trashs avec des morts par dizaines, du sang partout, du noir et de la menace, ça ne me dit plus grand chose. 
Je préfère les atmosphères de salon de thé où il se passe autant de meurtres, mais dans une atmosphère toute autre. 
J’ai aussi lu beaucoup de choses qui m’ont plus et ça, c’est quand même une bonne nouvelle ! 
Il y a d’ailleurs de nombreux romans que vous verrez passer par ici car je vais vous en parler plus longuement, comme Feux dans la plaine, Écoute la pluie tomber ou Le Barman du Ritz.

Et vous ? Cette année 2024 ? 
 

 


 

 

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