La rentrée littéraire crée parfois des
tentations qui ne répondent pas toutes aux attentes.
Voilà un exemple de roman qui annonce un
sujet intéressant, un auteur connu et réputé, mais qui se solde par une lecture
en demi-teinte.
Quand j’ai vu ce titre sur la liste de
livres disponibles pour les Dialogues croisés, je n’ai pas hésité à le
demander.
Je n’ai jamais lu Chantal Thomas, mais
j’en ai entendu parler et je l’ai vu sur plusieurs blogs, notamment par le
biais des Adieux à la reine.
Je partais donc plutôt avec un bon a priori, qui n’a malheureusement pas
été totalement confirmé.
Le
roi Louis 15 grandit, il approche de l’âge fixé pour sa prise de pouvoir et les
hommes qui l’entourent ne sont pas favorables à l’autorité du régent.
Il
lui faut donc envisager la suite et placer ses nombreux enfants de manière à
maintenir un petit pouvoir.
Il
organise donc un mariage croisé, celui du roi et de l’une de ses filles avec
l’infante et l’infant d’Espagne.
Marie
Anne Victoire, petite infante d’Espagne de 4 ans, sera ainsi échangée à la
frontière espagnole avec Louise Élisabeth d’Orléans, âgée de 11 ans.
Le
chemin est difficile jusqu’en Espagne, mais l’arrivée l’est tout autant et la
vie à la cour de Louise Élisabeth ne sera pas facile.
Celle
de Marie Anne Victoire sera plus douce en France.
La
politique intérieure aura tout de même raison de la vie de cette petite
princesse.
Chantal Thomas est un écrivain de belle
facture.
Avec une écriture soignée toute en
délicatesse, elle nous emporte dans l’intimité de la vie de deux princesses
européennes au XVIIIe siècle.
Cette plongée dans leur vie quotidienne
laisse entrevoir une vie faite de paraître où leur personne n’a que bien peu
d’importance.
Monnaie d’échange apparemment au service
de l’État, ces princesses sont bien souvent plutôt sacrifiées aux intérêts
personnels de quelques uns.
Être un gage de paix semble bien lourd à
assumer, tout comme le déracinement imposé et nullement atténué par la famille
dans laquelle elles se retrouvent plongées.
Chantal Thomas parvient à transcrire pour
son lecteur une atmosphère lourde et pesante où ces fillettes ne trouvent pas
leur place.
Elle instaure une distance qui les isole
encore davantage.
Alternant les chapitres en Espagne et en
France, elle montre ce qui ressemble fort à une dépression pour les deux
princesses.
L’usage des citations de lettres échangées
entre les gouvernantes et les parents renforce encore cet éloignement.
J’ai néanmoins été un peu gênée par cette
distance.
J’ai eu l’impression de rester spectatrice
de ce qui se déroule dans les chambres de ces princesses.
Les citations abondantes m’ont paru un peu
envahissante également.
Certes, il s’agit là de la parole réelle
des personnages évoqués, mais je n’ai pas pu entrer vraiment dans l’histoire
racontée.
Les quelques mentions sexuelles m’ont
aussi dérangées.
Cela m’a donné l’impression de lire un
récit qui oscille entre l’invention de l’auteur et à l’inverse, la mise à
distance pour respecter l’histoire.
L’auteure a apparemment consulté de
nombreuses archives. Les quelques recherches que j’ai faites moi-même ne m’ont
toutefois pas paru concorder avec les crises de Louise Élisabeth décrite dans
le roman.
Je n’aurais cependant pas de jugement
définitif, n’étant pas historienne, mais cela paraît tout de même un peu
excessif.
Je vous engage tout de même à vous faire
votre propre avis.
Le mien est mitigé, mais c’est sans doute
dû au fait que je m’attendais à autre chose, et c’est évidemment un avis très
personnel.
Quoi qu’il en soit, si vous aimez les
romans historiques, les histoires douces et sensibles, le style de Chantal
Thomas, vous devriez apprécier.
Courrez chez votre libraire, il sort demain !
Je remercie la librairie Dialogues pour cette lecture.
Une 1ere lecture pour le challenge 1% de la rentrée littéraire édition 2013