jeudi 2 mai 2019

L'enfant perdue (L'amie prodigieuse tome 4) d'Elena Ferrante [Livre audio 🎧 📘]

Et voilà ! 
J'ai terminé les quatre tomes de l'amie prodigieuse ! 
Il y a eu des hauts et des bas, mais c'est une lecture dont certains passages resteront dans ma mémoire, comme cet évènement qui marque le tome 4 d'une façon si absurde. 

Elena est installée à Milan et élève ses enfants comme elle peut. 
Elle a sut se créer un réseau de liens qui lui permettent de poursuivre ses déplacements sans s'encombrer de scrupules mais elle a du mal à produire de nouveaux textes. 
Lila gagne bien sa vie et semble un peu plus posée, bien qu'elle veuille toujours se venger des Solara. 
Les enfants grandissent ensemble et chacun essaie de supporter le mieux possible le poids du quartier et ce que cela implique de vivre là... 

Dans ce dernier tome, il y a clairement une volonté de dénonciation de la part de l'auteur, ou au moins d'éveil des consciences. 
Le quartier où ont grandit les filles revient au centre du décor comme un endroit dont on ne peut jamais s'éloigner bien longtemps. 
Il dévore ses habitants, il fait peur mais il accueille aussi celle qui était parti pour lui permettre de repartir du bon pied. 
La lutte des classes est sans cesse évoquée, comme un motif dont on ne pourrait pas sortir. 
Il y a Lila qui distribue de l'argent, ceux qui le reçoivent et qui lui en veulent d'en donner, ceux qui n'en reçoivent pas et lui en veulent aussi. 

Et puis Elena qui fait sa vie en parallèle et qui passe son temps à se justifier, ce qui, je l'avoue, ma quelque peu agacée. 
La traductrice de Ferrante en français
Elle fait le choix de privilégier sa vie personnelle, ce pour quoi elle s'était battue tout le tome 3 (et déjà là, c'était un peu long). 
Bon, ok, mais elle ne semble pas si à l'aise avec cette décision et ressasse sans cesse que ses filles allaient bien, qu'elle les aimait et qu'elle n'aurait pas pu faire autrement.
Comme le récit est rétrospectif, cela m'a semblé un peu trop insistant. 
Les années passant, elle a sûrement dû passer à autre chose. 
Mais peut-être l'auteur avait-elle peur qu'on trouve Elena trop insensible si elle cessait de se plaindre. 
Et pourtant, il y a plus grave dans ce dernier tome et j'ai continué à la trouver bien égoïste. 

Je ne vous raconterai pas quel est cet évènement qui survient ici, mais j'avais quand même envie d'en dire quelques mots. 
Comme cela arrive souvent quand un roman finit mal, je me suis demandée si la cruauté de l'auteur pour son personnage était nécessaire. 
Pour cette fois, je n'ai pas la réponse. 
Peut-être que cela exacerbe la folie de l'une et l'égoïsme de l'autre, mais c'est tellement cruel. 
Mais bon, dans un roman, il faut bien qu'il se passe quelque chose sinon on s'ennuie ! 

Pour finir, je dirais que cette "saga" me laissera un bon souvenir, malgré un troisième tome vraiment agaçant et un personnage principal parfois antipathique. 
(Mais j'ai quand même toujours du mal à comprendre l'engouement mondial 😆)

Allez, bye bye Elena et Lila !
Je vous aime bien quand même !


Les autres tomes : 

Et j'en profite pour participer au mois Italien qui a commencé hier 😊🇮🇹





mercredi 24 avril 2019

La vallée des immortels de Y. Sente, T. Berserik et P. Van Dongen

Quand j'étais ado, je lisais Blake et Mortimer avec mon papa.
Il avait toute la collection et on les lisait et les relisait encore et encore.
C'est un peu comme une madeleine de celui qui aimait Cabourg, comme un truc qui n'appartenait qu'à nous.
Du coup, quand Rakuten m'a proposé de participer à la BD fait son festival, j'ai tout de suite choisi Le dernier tome de leurs aventures.

Mais Edgar P. Jacobs est mort me direz-vous.
Et vous aurez raison.
Mais depuis son décès, il y a eu plusieurs "équipes" de repreneurs.
Voilà la dernière triade en date avec La vallée des immortels, un opus où Blake et Mortimer doivent affronter des Chinois voleurs d'antiquités qui tentent de légitimer un adversaire de Mao et Tchang Kai Chek, tout cela dans Londres bombardées et Hong-Kong pleine de colons britanniques.

Du point de vue graphique, rien à dire !
Le dessin est vraiment respectueux des origines et on a l'impression de lire du Edgar P. Jacobs.
Les codes couleurs, les points de vue choisis sont ceux auxquels on est habitué.
Les cases sont parfois un peu serrées, mais on arrive quand même à voir ce qui est important.

L'histoire est elle-aussi dans la veine des origines avec un mélange d'espionnage, de guerre secrète, de menace cachée.
Malheureusement, c'est là que j'ai eu du mal.
Les 25 premières pages (ce qui fait presque la moitié de l'album) sont très très denses et très très bavardes.
Les encadrés explicatifs, les explications des personnages, le contexte géo politique, les personnages à découvrir... Pfiou ! Que c'est long !
Une fois passés ces verbiages, on entre dans l'action, mais là, pas de chance, il faudra attendre le tome suivant !
Dommage.

Je lirai sans doute la suite, histoire de savoir, et si vous êtes fans de ces deux héros, ce 25e tome devrait vous plaire.
Mais il faut supporter les textes denses de la première moitié 😆













mardi 23 avril 2019

Frère d'âme de David Diop { Prix Audiolib 🎧 📘 }

Voilà un roman très singulier. 
Habituellement fan de littérature africaine, je me suis lancée avec un a priori plutôt positif et l'envie de passer 4 heures agréables. 
Mais je dois bien avouer que je ne sais pas trop quoi en penser après ces quelques heures. 

Alfa Ndiyae n'a pas achevé son ami d'enfance sur le champ de bataille quand celui-ci le lui a demandé. 
Mais depuis ce moment, Alfa Ndiyae pense par lui-même et se met à analyser la situation qui l'entoure. 
Les tranchées, les gens autour de lui qui s'éloignent, la guerre et sa barbarie, sa vie et son enfance meurtri, tout est singulier. 
Mais il n'y a pas de fumée sans feu et pensait-il déjà par lui-même avant ?

Le début du roman évoque la guerre de 14-18 et les tirailleurs sénégalais qui sont venus se faire tirer dessus pour une mère patrie qui ne leur parlait même pas dans une langue qu'ils comprenaient. 
Alfa et son ami Mademba sont partis ensemble, espérant y gagner une situation dans la société blanche de Saint-Louis et une vie meilleure avec leur pension. 
Hélas, Mademba a croisé de trop près un soldat allemand et laisse son copain seul pour appréhender une situation qui le dépasse. 
Progressivement, Alfa remonte le fil de ses souvenirs, son enfance au village, sa famille, comment les deux hommes sont devenus inséparables. 
On découvre la vie du village, les liens qui se sont tissés et les coutumes ancestrales. 
Le parallèle est d'autant plus violent quand il revient au récit de la guerre en décrivant la barbarie des soldats mais également la sienne.
Forcément, on pense aussi au syndrome post traumatique comme on dit de nos jours.

Le récit est un peu décousu, comme ces souvenirs qui remontent à la surface. 
J'ai eu parfois un peu d'empathie mais malheureusement, elle passait assez vite et j'avoue avoir eu souvent envie que cela s'arrête dans les premiers chapitres. 
Si j'avais eu le livre papier entre les mains, j'aurais passé des pages, surtout parce que je ne voyais pas où l'auteur voulait en venir et parce qu'il y a pas mal de répétitions. 
Et puis évidemment, comme dans un conte africain, c'est à la fin que tout s'éclaire et on aurait presque envie de tout relire pour observer comment l'auteur nous a amené là.

Le lecteur Babacar M'Baye Fall donne vie et corps au narrateur Alfa, il incarne cet homme et lui donne une vraie épaisseur. 
Je me suis demandée si ce n'était pas un peu clichée d'avoir choisi une voix avec un accent assez marqué, mais je crois que cela aurait été bizarre de faire autrement. 

Si vous cherchez un récit fort, qui suscite plein d'émotions positives et négatives, vous serez sans doute conquis par ce livre parfaitement construit qui promène son lecteur dans une direction inattendue et tellement logique en même temps.






https://ennalit.wordpress.com/2018/11/15/challenge-goncourt-des-lyceens/




https://www.audiolib.fr/prix-audiolib






vendredi 19 avril 2019

Celle qui fuit et celle qui reste (L'amie prodigieuse tome 3) d'Elena Ferrante [Livre audio 🎧 📘]

Enthousiasmée par le tome 2, j'ai enchaîné sans hésiter avec le tome 3. 
Hélas, je dois dire tout de suite que j'ai vite déchanté. 
Si vous n'avez pas lu les tomes précédents, je pense que je ne donne pas beaucoup d'infos importantes mais on n'est jamais à l'abri et il est bien difficile de ne rien dire ;) 
Lila a repris sa vie et poursuit sa route non loin du quartier. 
Elle se laisse entraîner par Enzo et Pasquale dans une réunion du parti communiste qui va l'entraîner plus loin que prévu. 
Elena, pendant ce temps, se débat dans la vie domestique avec son estime de soi chancelante et son impossibilité à trouver du temps et de la disponibilité pour travailler... 

Évidemment, en ayant un bébé de 10 mois à la maison au moment de la lecture et un travail proche de celui d'Elena (et identique à celui de son mari), je n'ai pu qu'être touchée par les difficultés de Lenù (qui est désormais nommée Elena, comme un signe de son passage à l'âge adulte). 
Ses enfants l'accaparent, son mari ne s'occupe que de lui, et elle se retrouve finalement enfermée dans une vie familiale qui l'éloigne de ce qu'elle avait espéré faire de sa vie. 
Elle a intégré un cercle social enviable, sans en avoir réellement les avantages et sans en maîtriser tous les codes. 
Lila, par contraste, est plus active et semble avoir réussi à sortir de ce qu'on attend d'une femme à cette époque, sans avoir néanmoins réussi à être tout à fait heureuse.
Mais le fait d'avoir pris sa vie en main semble préférable. 

Et le roman se transforme alors en manifeste féministe et politique. 
Cela aurait pu me plaire, ce sont des préoccupations qui me touchent mais j'ai eu l'impression de lire un texte un peu suranné des années 1970. 
Les explications très longues sur le climat politique sont indispensables, surtout quand on ne connaît pas bien l'histoire politique italienne mais elles sont à à fois trop longues pour un roman et trop courte pour permettre de comprendre vraiment les enjeux de cette époque. 
J'avoue m'être lassée de ces pages, et les considérations sur le féminisme m'ont paru trop anciennes et m'ont peu touché. 
Certes, l'auteure parle d'une époque passée mais elle le fait à partir de notre époque, ce qui aurait pu rendre le texte plus actuel. 

D'habitude, c'est le tome 2 qui me déçoit. 
Mais les habitudes doivent être contredites. 
Mon enthousiasme est donc retombé du deuxième au troisième tome et pourtant j'ai enchaîné avec le tome 4 parce que je savais que si je ne le lisais pas maintenant, je ne le lirai jamais. 

Ça vous arrive aussi de continuer une série en espérant que le prochain tome sera meilleur ? 


Les autres tomes : 
 



lundi 15 avril 2019

J'apprends le français de Marie-France Etchegoin

Les témoignages, en général, j'ai du mal mais parfois, le sujet me plait et je tente.
C'était le cas pour ce livre intitulé J'apprends le français de la journaliste Marie-France Etchegoin.
Elle y raconte ses heures de bénévolat dans un centre d'aide aux migrants où elle donnait des cours de français.

Autant le dire tout de suite, l'enseignement du français pour des étrangers, c'est mon boulot. 
Ce livre me faisait donc un peu peur tout en suscitant une grande curiosité. 
Je forme des enseignants qui ont parfois du mal à trouver du travail, notamment à cause du bénévolat. 
Certaines écoles de langue utilisent des bénévoles non formés pour remplacer de vrais profs. 
Tout le monde en pâtit mais je sais aussi que certaines associations n'ont vraiment pas les moyens de faire autrement. 
J'ai donc ouvert ce roman en me demandant ce que pouvait bien raconter une bénévole ayant les moyens de s'adresser à la société. 
Et comme prévu, le début du livre m'a semblé une justification de la narratrice qui explique qu'elle donne des cours de français à des migrants et des réfugiés à côté de chez elle un peu pour se donner bonne conscience. 
En tant que journaliste parisienne avec des enfants et un niveau de vie correct, elle se lance dans le bénévolat comme pour s'excuser d'avoir une vie meilleure que celle de ces gens qu'elle croise dans la rue. 
Mais évidemment, elle n'a pas du tout les compétences pour le faire (c'est pour ça qu'une formation existe avec de vrais profs non mais oh!). 

Et puis le livre évolue vers une description de ce qu'elle vit en classe, de sa relation avec ses élèves, de la vie de ceux-ci. 
De façon très honnête, Marie-France Etchegoin avoue ne pas se sentir légitime, elle se demande souvent ce qu'elle fait la, elle se sent démunie. 

Après la lecture de ce livre, je n'ai pas changé d'avis quant à l'effet pervers du nombre grandissant de bénévoles pour enseigner le français (ils peuvent faire tellement d'autres choses, mais ça c'est un vrai métier, vous ne laisseriez pas un bénévole vous soigner à l'hôpital). 
Mais j'ai l'impression d'avoir découvert les choses de l'intérieur et d'avoir partagé un peu le quotidien de ces personnes évoquées ici. 
J'ai mis le livre dans les bibliographies de mes étudiants et je l'ai conseillé et offert à quelques collègues. 
Je ne peux que vous inviter à le lire également, c'est très éclairant !




https://www.netgalley.fr/



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