lundi 24 septembre 2018

India train


Elle adorait les trains.
© Rishi Deep
Le balancement régulier, le mouvement immobile qui entraine loin, l’arrachement et l’éloignement…
Ce qu’elle préférait, c’était les trains couchettes.
S’endormir au son des roues qui claquent sur les rails, se laisser porter par le souffle de l’air qui entrait par les fenêtres entrouvertes, écouter les bruits des dormeurs qui partageaient sa nuit…
L’arrivée se faisait souvent au petit matin, quand tout dormait encore.
C’était un temps suspendu, un voyage qui ne coutait rien, un déplacement qui ne se payait pas en journée de vie.

Sauf ici.
Les trajets étaient longs et il fallait parfois enchainer les trains, changer à minuit, arriver à midi, attendre plusieurs heures et repartir.
Et puis elle s’était encore fait avoir !
Elle avait bien vu que ce n’était pas un billet de première qu’on lui vendait.
Elle avait eu beau insister, il n’y avait soi-disant plus de place.
Heureusement qu’elle n’avait pas payé trop cher.

Le temps filait mais la gare était encore loin.
Il fallait supporter la musique du voisin du dessous, les bruits de mastication de celui d’en face.
En Inde, le silence était rare.
Elle choisissait toujours la couchette du haut dans le couloir.
Cela lui donnait l’impression (illusoire) de dominer la situation.
Elle attachait ses chaussures fermement à son sac pour les retrouver à son réveil, enroulait ses jambes dans les lanières et ne dormait pas aussi bien que dans d’autres pays, il fallait bien l’avouer.
Et les cafards et les rats sous les couchettes, elle avait encore du mal malgré ses nombreux séjours.

Il lui restait 2 mois de contrat.
Elle pourrait ensuite choisir une autre destination.
Cela ne lui ferait pas de mal, elle avait besoin d’une pause.
Elle se demandait parfois ce qu’elle fuyait avec cette vie d’errance.
Mais en général, elle s’arrêtait bien vite.
Il valait mieux éviter ce genre de considération si elle ne voulait pas devenir folle.

Elle sentit que chacun s’agitait.
Elle regarda sa montre, il était bientôt 7h, Madurai se rapprochait.
Encore un trajet sans encombre, c’était déjà ça ! 




Je voulais mettre ma propre photo de ce train, avec moi dessus mais je ne la retrouve pas alors tant pis. 
Voilà mon texte et c'est déjà pas mal.



D'autres textes chez Leiloona... 





dimanche 23 septembre 2018

Sunday mood de trucs à finir 💻👩‍💻

Aucun billet cette semaine par ici !!
Rien, pas un, nada, nul, néant !
Ce n'est pas l'envie qui m'a manqué mais ce truc qui file à une vitesse folle et qui s'appelle le temps.




Pour la semaine prochaine, cela devrait être un peu moins désertique vu que j'ai réussi à écrire un billet et demi dans le train vendredi.
Et j'ai enfin fini un roman qui trainait depuis des mois !
Ma to do list pro diminue un peu trop doucement à mon goût mais elle promet un peu de tranquillité quand je serai au bout (oui, j'ai de belles illusions, je sais...).

En attendant, je télé travaille demain et je confirme qu'un dimanche soir sans cartable à préparer, c'est tellement plus cool et tranquille qu'il ne faudrait jamais travailler le lundi !

Je vous embrasse, oui, vous qui passez par là malgré mes absences, merci merci merci 😚😚😚

Bonne semaine !!!

(et notre semaine est par là, sur mon autre blog 😉)



La chanson du jour me donne l'impression d'être très bobo mais j'aime bien :)






dimanche 16 septembre 2018

Sunday mood laborieux 👩‍💻💼🌥

J'avais dit "plus de dimanche boulot".
Et paf !
C'est raté dès le deuxième dimanche !
Un nouveau cours pas fini de préparer, mon manuscrit à corriger, et me voilà déjà débordée.




Mais le manuscrit doit être envoyé mardi, le cours a lieu demain et vendredi...
Le weekend prochain sera TOTALEMENT off !!!
Et peut-être même aussi la semaine suivante...


Allez, je vous laisse, je vais faire mon cartable pour la "vraie" rentrée, celle du premier semestre avec le début des cours réguliers.

Bonne semaine !


Un titre de djeuns qui a la pêche pour finir le weekend







jeudi 13 septembre 2018

Les Diaboliques de Jules Barbey d'Aurevilly

Pas facile le thème de cette semaine mais j'aime bien me creuser les méninges alors pour le Throwback Thursday, je vous parle d'un recueil de nouvelles qui date un peu (mais si peu) mais qui n'a rien perdu de son audace et de sa qualité.



Je ne sais pas pourquoi, mais en lisant le thème "Instantanés de vie", j'ai tout de suite pensé aux nouvelles.
Du coup, celles qui me sont venues en premier, ce sont les nouvelles du recueil d'Anna Gavalda  Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part, et puis celles de Joyce Carol Oates qui se cachent sous le titre Les femelles.  
Mais en relisant le billet sur Oates, je me suis aperçu que cela ne m'avait pas plu !

Alors j'ai choisi un autre recueil, un livre dont je n'ai jamais parlé sur ce blog mais que j'adore !
Il s'agit des Diaboliques de Barbey d'Aurevilly.




Je dois d'abord vous dire que je suis une fan absolue de cet auteur.
Je n'ai pas beaucoup d'auteur fétiche, mais celui-ci me touche à chaque fois.
Il me reste d'ailleurs un ou deux livres à lire dans sa production, mais je les garde pour les savourer pleinement.

Celui-ci est donc un recueil qui présente 6 nouvelles.
Elles se présentent toutes de la même façon : un narrateur discute avec un autre personnage et lui raconte l'histoire d'une personne connue par eux, ou aperçue.
Les nouvelles sont toutes noires, pleines de sang, de meurtre, de mensonge, de cruauté, de vengeance, d'adultère et de rancune.
Elles parlent de femmes qui se vengent, qui tuent, qui vivent comme elles l'entendent.
Ce sont des instantanés de vies tragiques, qui fascinent et effraient.
On ne ressort pas indemne de cette lecture à la fois exigeante et impressionnante.
Le lecteur a peur, il tremble, il attend.
Barbey montre tout son talent dans ces textes qui sont de petits bijoux.



Alors ? Tenté ?





https://bettierosebooks.com





lundi 10 septembre 2018

Cette photo de plage


© Gabriel Augusto
En rangeant les photos, elle était tombée sur ce cliché pris en août 1932.
Elle se souvenait très bien de cette journée de fin d’été.
Ils avaient décidé sur un coup de tête d’aller à la plage.
C’était épique à l’époque, pas comme aujourd’hui où une heure suffit pour assouvir un besoin d’air iodé.
Il fallait prévoir au moins une journée pour en profiter.
Ils avaient demandé à Yvonne si elle pouvait leur préparer de quoi manger.
Evidemment, elle s’était exécutée et leur avait délivré un festin contenu dans trois paniers d’osier au moment du départ.
La voiture de Ghislain était rouge, elle brillait sous le soleil.
Tout le monde était monté à bord et le moteur avait fait un bruit assourdissant.
Plusieurs heures et quelques frayeurs plus tard, ils étaient arrivés.
Elle s’était précipitée sur la plage et avait enlevé ses souliers.
L’air chaud l’électrisait.
Ces rayons de soleil sur sa peau lui donnaient l’impression de renaitre.
C’était chaque fois pareil.
Elle plongeait ses doigts de pied dans le sable et sentait les petits grains chauds qui coulaient sur ses pieds.
C’était une sensation unique.
Elle se laissait alors prendre par le plaisir d’un moment volé à son éducation si stricte.
Si sa sœur lui servait de chaperon, elle n’allait pas pour autant la priver de cette liberté et elle l’en avait toujours remercié pour cette jeunesse si belle.
Ils avaient déjeuné dans le sable, et puis Paul avait raconté être allé à l’opéra la veille et avoir vu une danseuse qui lui semblait aussi légère qu’un papillon.
Evidemment, il fallait lui prouver qu’elles étaient capables elles aussi de l’impressionner et elles étaient parties dans une danse endiablée.
Les jupes volaient, les tissus dansaient autour d’elles.
La peau s’offrait au soleil et Ghislain avait sorti son appareil photo.
Elle avait vu le cliché longtemps après cette journée mémorable.
* Quand la voiture était sortie de la route, les bagages n’avaient pas bougé et la pellicule avait pu être développée.
Il ne restait plus qu’elle et ces quelques photos pour le raconter.


Bon, pour une rentrée, c’est une fin qui s’annonçait depuis le début du texte mais qui n’est pas bien gaie alors si vous voulez, en voici une autre.

* L’été s’en était allé, sa sœur s’était mariée avec Paul, Ghislain avait choisi une autre vie.
Elle l’avait revu quelques mois plus tard, alors qu’il passait à Paris.
C’est là qu’il lui avait confié cette photo avec ces quelques mots inscrits au dos « à toi, jamais et toujours ».


C’est mieux, non ?
En tout cas, c’est un peu moins triste
Et nous voilà repartis pour une année d’ateliers d’écriture que je suivrai au fil de mes inspirations, et du temps disponible. 

D'autres textes chez Leiloona... 



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