vendredi 17 novembre 2017

FIls du feu de Guy Boley

 Voici un premier roman très fort qui aborde des thèmes puissants qui ne vous laisseront pas indifférents. 


Le travail de la forge fascine les deux enfants. 
Fils du feu, ils se sentent invincibles lorsqu’ils le voient travailler le fer comme un morceau d’argile. 
Et puis l’un des frères disparaît et chacun tente de survivre à cet évènement comme il le peut.
La forge n’est plus, c’est le monde des femmes qui apparaît alors et retient le frère mort comme le frère survivant… 

Comment survivre à la perte d’un enfant ? 
Dans ce récit, l’auteur décrit deux extrêmes, le père qui s’abîme dans l’alcool, la mère qui vit dans le déni. 
Il n’est pas question de deuil, il est impossible. 
Après une évocation de la forge, de la puissance, du feu et de la maitrise de la matière, c’est la descente aux enfers. 
Le texte bascule dans un monde de souffrance dont il semble difficile de s’extraire. 

Mais Guy Boley nous propose aussi un récit cathartique, une remontée vers l’enfance et une plongée dans une autre époque. 
Le texte est très évocateur et la période historique choisie permet de placer l’histoire dans un temps où les évolutions étaient énormes, ce qui donne un cadre encore plus fort à ce qui se déroule sous nos yeux. 

Je dois néanmoins avouer qu’en tant que jeune maman, j’ai eu un peu de mal avec cette histoire de perte d’enfant.
Je crois bien que je pourrais réagir comme la mère du narrateur. 
Si ce genre d’événement ne vous traumatise pas cependant, ce roman pourrait bien vous plaire !  








Underground Railroad de Colson Whitehead

Chaque année, les matchs de la rentrée littéraire Price Minister nous proposent de lire un roman parmi une sélection pointue réalisée par des blogueuses.
Cette année, je l'avoue, j'ai eu du mal à choisir.
La plupart des romans ne me tentait pas, les thèmes abordés n'étaient pas de ceux que j'aime habituellement, mais bon, j'ai quand même demandé Underground Railroad après avoir lu un ou deux billets tentants.
Et puis le sujet du chemin de fer clandestin aux Etats-Unis pendant la traite des noirs, c'est quand même relativement rare dans les romans actuels.
Et finalement, cela aurait été dommage de ne pas le lire.

Dans la plantation des Randall, Cora se débrouille pour vivre sa vie comme elle peut. 
Depuis que sa mère a disparu, elle garde jalousement le petit bout de terre qu'elle cultivait pour faire pousser quelques légumes mais a dû s'installer parmi les rejetés, les parias de la plantation. 
A Hob, il n'y a pas de salut, mais seulement des estropiés ou des femmes rejetées. 
Et puis un jour, Caesar lui propose de partir. 
Il veut s'enfuir et le faire avec elle. 
Mais personne n'a jamais réussi à s'enfuir, à part Mabel... 

Le roman de Colson Whitehead est porté par un souffle épique indéniable.
Chaque rebondissement trouve son retournement positif, chaque mauvaise surprise se voit résolue parce que Cora se bat et ne laisse jamais tomber.
C'est un portrait de femme qui se construit au fil des pages et donne à voir en arrière-plan un portrait de l'Amérique qui n'est pas très reluisant.
On connait évidemment les plantations et ce que pouvaient subir les esclaves qui s'y trouvaient.
Mais sortir de la plantation ne garantissait pas la vie sauve et d'autres calamités pouvaient s'abattre sur les noirs sans que personne ne s'en offusque vraiment.
De ce point de vue, le roman joue parfaitement son rôle en permettant de découvrir davantage ce que pouvait représenter cette époque.

Le style de Whitehead, en revanche, peut paraitre un peu déroutant.
C'est froid, presque clinique, il décrit les évènements mais ne nous donne que très peu accès aux pensées et aux sentiments de ses personnages.
Moi qui aime les grandes fresques romanesques, j'ai été surprise de constater que cela ne m'a pas vraiment gêné parce qu'il se passe plein de choses et sans doute étais-je aussi intéressée par le cadre et l'arrière plan historique que par l'histoire de Cora.
Et puis Cora est une esclave qui a grandit seule, qui a dû se protéger et forger sa carapace.
Elle ne se livre donc pas facilement.
Les quelques billets lus signalant ce défaut m'avaient peut-être également préparé à lire un texte de ce genre.

En bref, c'est un roman que je vous conseille vraiment si la période vous plait, si vous avez envie de lire une fresque historique, un roman qui vous emporte et qui vous permettra d'apprendre plein de trucs sur cette période.
Et il a quand même eu le prix Pulitzer et le National Book Award !




Les billets de Moka, Saxaoul, Lecturissime, ...






4/6 romans lus



mercredi 15 novembre 2017

Les petites reines de Clémentine Beauvais

Depuis plusieurs semaines, il y a un petit roman audio pour ado dans ma tablette.
Ce n'est pas de la faute du roman si j'ai mis des semaines à le lire, je vous rassure.
C'est plutôt dû à mon manque de temps et comme j'avais commencé plein de romans en même temps, forcément, ça dure plus longtemps.
Mais quand c'est un bon petit roman, ce n'est pas si grave.

Mireille constate sur Facebook que pour la troisième fois, elle a été élu Boudin de son collège dans le classement annuel des Boudins d'or.
Mais pour une fois, elle n'est pas LE boudin d'or. 
Elle est à la troisième place, après Hakima et Astrid, deux élèves plus jeunes qu'elle ne connait pas encore. 
Qu'à cela ne tienne, elle décide d'aller les rencontrer pour leur remonter le moral et leur apprendre à accepter ce classement idiot. 
Au fil des discussions, un projet un peu fou emèrge doucement... 

Clairement, Clémentine Beauvais a su capter les préoccupations des ados !
Elle aborde dans ce roman une multitude de thèmes très actuels qui parleront forcément aux jeunes lecteurs et lectrices.
Le plus important au début du roman est évidemment celui de l'image de soi.
L'adolescence n'est pas un moment facile, mais quand on est en plus pointé du doigt par un classement sur Facebook, cela ne doit vraiment pas être de la tarte.
Au fil des pages, on évoque aussi la réputation sur Internet, et les messages que les jeunes filles suscitent sur certains sites.
Le harcèlement est traité rapidement, mais il est bien là tout de même, tout comme le mal-être propre à l'adolescence.
Il y a aussi des petits problèmes d'ado plus courants et plus légers, comme Mireille qui est amoureuse (et à mon âge, j'avoue, j'ai apprécié que cela passe après quelques pages, mais quand on est ado...), Hakima qui grandit, Astrid qui aime de la musique pas vraiment de son âge...

Le style de l'auteur est également impeccable.
Le récit est en adéquation parfaite avec l'âge de Mireille qui est la narratrice de cette histoire.
Le vocabulaire est parfois vulgaire, mais juste ce qu'il faut, et on a vraiment l'impression d'entendre une jeune fille.
Le périple de cette équipée très particulière parait forcément un peu excessif, on se demande si dans la "vraie vie" une équipée de jeunes filles pourrait vraiment faire la même chose, mais pourquoi pas après tout.
C'est assez bien ficelé pour être vraisemblable.

La version audio est particulièrement réussie. 
La lecture de Rachel Arditi est expressive, vive, elle change de ton pour chaque personnage et on suit parfaitement le récit. 
C'est vraiment très agréable à écouter et en 6h15, ce serait dommage de s'en priver. 

C'est donc un petit roman qui sera parfait sous le sapin pour les jeunes ados que vous connaissez peut-être (ou pour vous).
Et en version audio, pourquoi pas ?










dimanche 12 novembre 2017

Un joli livre de cuisine 🍲🍪🍵🍰

Il pleut, je ne vous apprends rien, je crois que c'est le cas dans toute la France !
Ce ciel gris est parfait pour passer l'après-midi sur le canapé sous un plaid avec un bon bouquin et une tasse de thé. 
C'est ce qu'on a fait, je l'avoue, et il n'y a pas eu de gateau du dimanche. 
A la place, on a dévoré des "Colombo", nouveau nom des "Congolais", sans doute plus politiquement correct ! 
Vous saviez que cela avait changé de nom vous ?




Et puis ce dimanche à la cool, on l'avait bien mérité. 
Ma minette a repris l'école lundi dernier avec une nouveauté : elle y va aussi l'après-midi. 
On avait commencé l'année scolaire tranquillement, que le matin et comme mademoiselle ne fait pas la sieste, elle aurait embêté ceux qui la font.
Après discussion avec la maîtresse, d'autres enfants ne font pas vraiment la sieste non plus, alors hop ! A l'école ! (Et j'avoue, hop 3h de plus de boulot tranquille pour moi)
Forcément, ça fatigue un peu plus, et en ajoutant une chute jeudi et un coude bleu, une chute ce matin et un menton bleu, une après-midi tranquille s'imposait !




Mais j'avais quand même envie de vous parler d'un joli livre de cuisine que j'ai reçu il y a quelques semaines. 
Vous avez peut-être commencé à réfléchir aux cadeaux de Noël et ce livre fera un cadeau parfait sous le sapin. 
Il faut dire que les livres de cuisine de Marie Chioca sont toujours des valeurs sûres. 
Elle propose des recettes légères mais réconfortantes, pleines de beaux et bons produits, avec des alternatives écoles aux ingrédients habituels (qui peuvent quand même être utilisés). 
Et les photos sont toujours tellement jolies !! 




Dans ce nouveau livre intitulé "la cuisine bio du quotidien", Marie Chioca propose des recettes classées par saison. 
Comme je fais un peu plus attention aux légumes et fruits de saison depuis quelques temps, j'ai trouvé l'idée parfaite ! 
En sélectionnant les recettes de l'automne, je suis pile dans la bonne période, et je trouve tout sur le marché. 




Bon, j'avoue, je ne suis pas à la lettre les choix de farine et de sucre, mais ça permet de tester autre chose quand on a envie de découvrir l'épeautre ou la farine complète. 
Il y a aussi pas mal de recettes salées. 
Pour cet automne, j'ai noté le cookie géant à partager, les châtaignes à cuire à l'eau (quand on n'a pas de poêle à bois), un riz au lait, un cassoulet au poulet...
Et il y a plein d'autres recettes qui me font envie pour l'hiver ! 






Vous l'aurez compris, je suis conquise et ce livre va devenir un indispensable de ma cuisine. 
Je vous en reparlerai sûrement quand j'aurais testé deux ou trois recettes.

Bon dimanche soir et bonne semaine... 








mercredi 8 novembre 2017

Le quatrième mur de Chalandon, Corbeyran et Horne

Je me rappelle de cet été où je découvrais les livres audios et où j'avais dévoré Le Quatrième mur dans mon jardin, sur une couverture, en crochetant un gilet (jamais fini) pour ma fille qui dormait juste à côté (et était si petite).
C'est un joli souvenir, tout comme celui de cette lecture qui m'a profondément marquée.
Retrouver cette histoire dans une BD d'une centaine de page était donc un pari risqué, mais j'avais envie de le tenter tout de même.

Samuel Akounis, militant grec, vient raconter son combat dans l'amphithéâtre de Jussieu où Georges a pris place. 
Après l'avoir écouté, Georges l'aborde pour en parler et ne le quittera plus. 
Jeune militant révolté, il combat le fascisme en manifestant et en jouant des poings. 
Il se reconnait donc dans cet homme sans âge mais pas sans passé qui tente de le guider vers un militantisme plus efficace... 

Bon, autant l'avouer tout de suite, ce ne fut pas une lecture enthousiasmante.
Raccourcir un roman pour en faire une BD, ce n'est pas simple, mais là, j'ai franchement eu l'impression que tout était trop rapide, trop raccourci, trop esquissé.
Je n'ai pas retrouvé les thèmes qui m'avaient tant plu dans le roman, la montée en puissance de l'action, le drame qui se joue, les jeux sur les regards, les références au théâtre.
Ici, les cases s'enchainent, les parties aussi, l'histoire est saccadée, tout va trop vite et on ne comprend plus rien.
Antigone est bien là, mais finalement trop là.
Il n'y a plus qu'elle.
On suit cette histoire sans ressentir grand chose là où j'avais été tellement révoltée par l'attitude de Georges et le gouffre dans lequel Samuel l'avait précipité.
Je viens de relire mon billet de l'époque et je dois bien avouer que ce qu'il manque à cette BD m'est apparu encore plus clairement.
Même la fin est trop explicite.

Le dessin vient un peu rattrapé la BD en proposant un album tout en gris avec des visages très expressifs.
Les personnages sont vifs, les décors sont travaillés.
Au moins un bon point.

Je suis un peu dure sans doute dans ce billet, mais c'est à la hauteur de ma déception je crois bien.
N'hésitez pas à juger par vous-même.





La BD de la semaine est chez Noukette aujourd'hui








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