jeudi 21 janvier 2016

La terre qui penche de Carole Martinez

Parfois, il est difficile de parler d'un roman.
Souvent, je laisse passer quelques jours pour voir comment cela va évoluer.
Je le laisse décanter et j'attends de voir ce qu'il en reste.
Mais de temps en temps, cela ne change rien et je ne sais pas trop quoi dire d'autre que "j'ai aimé".
Je reste devant mon petit carnet de notes en me disant qu'il faudrait que je note quelques idées pour pouvoir me lancer dans un billet, mais non, ça ne vient pas.
Certains de ces romans finissent dans les oubliettes, bien que j'ai souvent envie d'en parler quand même.
Je ne saurais pas dire à quoi cela est dû et cela m'arrive avec des livres très différents.

Pour La terre qui penche, je me suis demandé pendant ma lecture ce que j'allais en dire, et déjà je savais que le billet serait difficile à écrire.
Je crois que je ne suis moi-même pas très sûre de ce que j'en pense.

Blanche a grandi comme une mauvaise herbe, entre les coups de fouet de son père et le regard de ses bâtardes. 
Promise à la colère du diable au moindre faux pas, elle rêve de ce qu'elle ferait si elle ne le croyait pas caché derrière le moindre regard levé un peu trop hardiment. 
Et puis un jour, on lui coud une superbe robe, on la met sur un cheval, et on la conduit là-bas, dans la forêt. 
La livre-t-on au diable ? Qu'a-t-elle fait de mal ? 
Mais ce n'est pas au diable qu'on l'emmène. 
On la conduit aux murmures pour qu'elle y épouse Aymon, un simple d'esprit qui doit devenir le seigneur des murmures et de sa rivière, la Loue enchanteresse qui sait séduire les hommes et les emporter...

Raconté à deux voix, ce roman est aussi singulier que celui qui le précède (Du domaine des murmures) et que j'avais adoré.
Alors qu'Esclarmonde nous contait son enfermement, il est plutôt question ici d'une libération.
Deux voix se mêlent pour faire le récit d'une petite vie, celle de la petite fille et celle de la vieille âme qui l'a accompagnée toute sa vie et qui l'observe encore du fond de sa tombe.
Ce choix permet à Carole Martinez de nous plonger dans les pensées de cette toute jeune fille de 12-13 ans et de la regarder de plus loin, avec les yeux d'une adulte qu'est la vieille âme.

L'écriture est très belle, émaillée de chansons du moyen âge et de mots délaissés.
Le lecteur se trouve plongé dans ce moyen âge fait de violence et d'arrachements, avec la peste qui rôde et qui ne se fait jamais complètement oublier.
On regarde cette petite fille qui grandit et apprend la vie par une multitude de petits ou de grands évènements qui ne peuvent que toucher.
Le début du roman est d'ailleurs un peu trop violent et j'ai trouvé que le récit cédait peut-être un peu à la facilité en ajoutant du trash au trash, ce qui m'a empêchée de m'y plonger complètement.
Mais cela s'efface ensuite.

Comme toujours avec cette auteure, il y a aussi un peu de surnaturel avec une jolie réécriture d'Hansel et Gretel.
Et puis il y a la Loue, cette rivière qui prend corps, qui ne s'embarrasse pas de bons sentiments et peut parfois se transformer en monstre qui emporte tout sur son passage.

Mais ce qui m'a vraiment plu, ce sont les passages qui concernent l'apprentissage de la lecture et de l'écriture.
Pour Blanche, savoir lire et écrire, c'est risquer d'être emportée par le diable.
C'est en tout cas ce que son père lui a longtemps répété et c'est ancré en elle, tellement ancré qu'elle a bien du mal à apprendre à écrire.
Et pourtant, elle en a envie et a commencé à apprendre les lettres de son prénom en cachette.
Au fond d'elle, elle sait que cela lui permettra de trouver sa liberté.

"Le diable est filou et agile, et je n'aurai jamais de psautier. 
Père ne m'a rien appris et j'ai volé de droite et de gauche ce que je sais. Pas grand chose. J'en parle aussi la nuit, de ces quelques lettres que je connais et que je m'applique à dessiner avec un baton sur la terre, sur l'eau et dans l'air. Et dès que je maîtrise une nouvelle lettre, je m'en vante en dormant et je la présente à celles que j'ai déjà apprivoisées. J'anime gaiement mon minuscule alphabet en faisant de chacune de mes lettres un petit personnage, une marotte imaginaire, avec son caractère, ses humeurs, sa couleur. Alors la badine cingle de nouveau mes doigts qui ne doivent pas écrire, puisque écrire est aussi une porte pour le diable, agile et filou."

Et puis cette fin...
Juste sublime mais je ne vous en dis pas plus !

Bon et bien finalement, je l'ai écrit ce billet.
Alors ? Qu'est-ce que vous en pensez ?
La lecture vous tente ?

Il parait que c'est une trilogie... Vivement le tome 3 !




Bon, par contre, je crois que pour la créativité demandée par Price Minister pour les Matchs de la Rentrée Littéraire, c'est raté ! 
(enfin pour moi, c'est un billet originale : d'habitude, je ne cite pas ^-^)
Mais je les remercie vivement pour cette belle lecture ! 











lundi 18 janvier 2016

Soeurs de miséricorde de Colombe Schneck

 Lors de la rentrée littéraire, j'ai découvert ce roman qui m'a bien plu !
 
 

 
 Azul a grandi dans un tout petit village de Bolivie, élevée par sa mère illétrée mais très savante pour les recettes qui guérissent. 
Son enfance est emplie de couleurs, de fleurs, qui vont terriblement lui manquer lorsqu'elle doit partir pour travailler en Europe. 
Rome, Paris, elle doit trouver un travail, un logement sans connaitre personne, sans parler la langues. 
La vie est rude, mais Azul est obstinée et courageuse... 

Colombe Schneck nous raconte ici le destin terrible de ces femmes qui doivent partir, s'exiler en laissant leurs enfants, leur mari, pour affronter l'étranger et y gagner un peu d'argent. 
Face à l'adversité, le récit montre la solidarité, la détresse qui rencontre l'amitié, les valeurs que l'on garde malgré tout pour ne pas s'effondrer.
Azul reste droite, elle force le respect et éclaire d'un jour nouveau ce qu'on ne fait qu'entrevoir dans la vie quotidienne. 
Les migrants économiques sont rarement là de gaieté de cœur. 
Leur histoire parle toujours d'arrachement, d'un morceau de soi laissé en arrière. 
 
L'écriture emporte le lecteur et oppose un monde occidental froid, aseptisé qui laisse l'humain et la fraternité dans un coin et la luxuriance de la nature de la Bolivie, la vie qui se répand sans être contrainte. 
Les oppositions sont parfois un peu frontales, et la narration est plutôt factuelle. 
On ne peut cependant pas résister au récit de la solidarité féminine qui se déploie pour aider l'autre à ne pas sombrer. 

C'est donc une jolie lecture, sensible et éclairante.
 


 
 


Animarex de Jean-François Kervéan [et un aveu honteux ^-^]

Quand je choisis une nouvelle lecture, je m'aperçois que je fais toujours un peu pareil. 

Je regarde le titre, l'auteur si je le connais, et je lis le synopsis. 
Parfois, l'éditeur a choisi un résumé qui en dit trop, parfois, c'est flou, parfois on ne trouve pas encore de résumé parce que le roman vient de sortir. 

Quand j'hésite, je vais voir sur les blogs des copines si quelqu'un l'a lu. 
Mais d'autres fois, je ne trouve rien ou je n'ai pas envie de chercher. 
J'échafaude alors des hypothèses à partir d'autres romans de l'auteur ou du titre, je pense à des thèmes ou des directions que pourrait prendre le roman, je crée tout un monde dans ma tête qui me permettra de savoir si c'est le bon moment pour lire le livre ou pas. 
(oui, je sais, parfois je ne suis pas toute seule dans ma tête je crois)

Et quelques fois, je l'avoue, je ne suis pas fière de ce que j'ai imaginé sur un roman avant sa lecture à partir de sa couverture ou de son titre.
C'est clairement le cas pour ce roman, mais comme c'est rigolo, je vais quand même vous raconter.
Parce que là, à ma grande honte eu égard à mes études de lettres, j'étais complètement à côté !

En voyant le titre "animarex", aucun reste de latin n'est venu du fond de ma mémoire.
Il faut dire que j'étais partie bien motivée mais l'ennui mortel de ce cours avait eu raison de cette entrain. 
Dans ce titre, donc, la première partie du terme a suscitée en moi des images d'animaux sauvages et de forêt, d'homme transformé en animal, de roi des animaux... 
Bah oui, anima rex, le roi des animaux ! 
La honte, non ? 
Oserais-je vous dire que je suis même allée jusqu'à me remémorer cette série pourtant jamais regardée qui s'appelait Manimal je crois (bon bah voilà, j'ai osé). 
Et en lisant le billet de l'Irrégulière, la lumière s'est faite dans mon esprit ! 
Non mais sérieusement, comme n'y avais-je pas pensé ? 

Ce roman parle donc d'un roi et de son âme, comme le dit le titre !!!
Animarex, ça signifie l'âme du roi, comme vous l'avez deviné, vous dont le cerveau suit des chemins plus logiques que le mien. 


Petit louis découvre la perte de ceux qu'on aime à la mort de son père et la disparition de la vie dans les yeux d'un lapin. 
Son âme le guette, elle attend le bon moment pour s'installer en lui et l'accompagner, mais il n'est pas très réceptif et la fait patienter. 
Plus grand, Louis découvre le sexe et les femmes, et puis un jour, il rencontre Marie et son âme le suit et guette l'apparition d'un sentiment différent. 
Louis sent que Marie est différente, qu'elle ne se laissera pas apprivoiser facilement.
Elle le déroute et se dérobe... 

On connait plus ou moins la grande passion de jeunesse de Louis14 pour Marie Mancini. 
Ses amours font souvent l'objet de téléfilms ou de documentaires, et on présente généralement Marie comme son grand amour, la seule femme qu'il aima vraiment. 
Sur ce point, le roman ne tranche pas mais choisit de se concentrer sur ces quelques mois où Louis a aimé cette femme. 
On le découvre dans plusieurs scènes isolées à des âges différents, puis il la rencontre et va la retrouver régulièrement avant de ne plus penser qu'à elle. 

Le choix de l'auteur est original, il me semble, et je n'ai pas vu beaucoup de romans qui s'attachent à cette période finalement. 
Mais son originalité va plus loin. 
Le roman est raconté par l'âme de Louis 14, une âme intemporelle qui navigue du récit historique à la chambre de l'auteur qu'elle observe pendant son sommeil ou ses heures d'activités. 
Elle ne cache rien des errances de l'écriture, des périodes difficiles, de la peur de finir le roman. 
C'est original, mais cela permet surtout d'insister sans en avoir l'air sur le caractère fictionnel du récit. 
Il n'est pas question ici d'étude historique, mais d'une variation sur un motif bien connu pour l'explorer en profondeur. 
Ce dont on parle, c'est réellement de l'âme du roi, de ses détours et de ses errements. 

Et effectivement, c'est assez fascinant de découvrir les petites faiblesses des grands personnages historiques, et je me rappelle de l'intérêt toujours grand du public pour les petites histoires quand j'étais guide. 
L'auteur joue ici sur cette curiosité pour "le petit bout de la lorgnette" en resserrant l'histoire au fil des pages sur l'histoire de Louis et Marie, sur leur chambre et leurs nuits. 
Son écriture sert le propos à merveille, parfois très contemporaine pour rappeler encore une fois qu'il s'agit d'un récit, parfois très romanesque mais toujours tournée vers les pensées de Louis 14. 

Il est vraiment dommage que ce livre ne soit pas plus visible parce qu'il le mérite. 
J'ai passé un très bon moment dans ses pages, notamment lorsque je passais dans le Louvre le matin pour aller au bureau et que je venais de lire la course de Louis et Marie dans les escaliers de ce même Louvre. 
Si vous le croisez, n'hésitez pas, vous plongerez quelques heures dans de bien jolies pages, même si cette histoire est d'une infinie tristesse.






dimanche 17 janvier 2016

♨ Cake poire, chocolat, crème de marrons ♨

Cette semaine, Syl nous a donné un challenge : cuisiner une recette qui sent bon la montagne !!
ça tombe bien, cette semaine il a fait super froid et il a neigé !
Oh pas beaucoup hein.
Il est juste tombé quelques flocons mais c'était assez pour faire découvrir la neige à ma minette.
Depuis trois jours, elle montre la porte et dit "la neige", "elle est fondue la neige", "elle est partie la neige".
Il en restait un peu au fond du jardin, mais aujourd'hui plus rien du tout.




Du coup, pas de virée au supermarché pour aller chercher de la raclette, du reblochon, du Beaufort...
Je me suis plutôt tourné vers le sucré (et puis c'est davantage ma spécialité).

Et voilà une petite recette de cake au chocolat, à la crème de marrons et aux dés de poires !!




C'est une recette toute simple, comme d'habitude.
J'étais partie sur une recette compliquée où il faut battre les blancs en neige (ce qui évite la levure) mais j'ai préféré revenir à ma recette habituelle.
J'ai ajouté la crème de marrons qui adoucit le gâteau, mais qu'on ne sent pas trop je trouve.
Par contre, les poires sont bien là et c'est un mélange parfait !


Pour 8 petits cakes (pour un grand, doubler les quantités) : 

  • 2 oeufs
  • 100 g de beurre
  • 80 g de sucre
  • 100 g de farine
  • 1/2 sachet de levure chimique
  • 100 g de chocolat
  • 2 cuillères à soupe de crème de marrons
  • 1 poire mûre

Préchauffer le four à 180°.
Dans un saladier, fouetter les oeufs et le sucre.
Ajouter la farine mélangée à la levure tamisée.
Faire fondre le beurre et le chocolat, puis l'ajouter à la préparation.
Ajouter la crème de marrons.
Eplucher la poire et la couper en morceaux.
Dans un moule à muffins ou à brioches, mettre deux cuillères de pâtes et recouvrir de dés de poires*.
Enfourner 30 minutes.
Sortir du four, laisser refroidir un quart d'heure.

Avec une bonne tasse de thé de Noël s'il vous en reste, c'est parfait !




Ma minette valide les gâteaux, elle en a englouti 3 !!

Bon appétit !




* on peut mettre les poires dans les moules puis la pâte, mais je vous le déconseille, les morceaux de poires restent au fond et les gâteaux sont difficiles à démouler.










samedi 16 janvier 2016

Un jeu pour les petits : la chenille à enficher Haba

Avant Noël, je vous ai parlé d'un petit jeu parfait pour les petits.
La période des fêtes est terminée, les décorations sont rangées, mais cela n'empêche pas de faire des cadeaux, non ?
Et puis il y a les anniversaires et ce jeu sera un très joli cadeau si vous avez un petit de 2 ou 3 ans à gâter !



Voilà donc une jolie chenille qui permet de développer chez l'enfant la motricité fine avec un système simple mais très bien pensé.
On trouve dans la boite une série de pièces en bois plates avec des fentes.
Il faut ensuite enficher ou encastrer les pièces les unes dans les autres.




Evidemment, ce n'est pas si simple et il faut respecter un certain ordre.
Pour pouvoir reconstituer toute la chenille, il faut mettre les pièces dans le bon sens et en suivant les couleurs de l'arc en ciel, ce qui permet d'apprendre les couleurs.
On peut mélanger les couleurs au milieu de la chenille, mais si on choisit les mêmes couleurs pour l'assemblage, cela fonctionne mieux.
C'est le principe des dominos, et cela donne l'occasion de chercher ce qui est identique sur les morceaux de la chenille.




L'enfichement des pièces est précis et demande de la concentration.
Pour le moment, ma minette met quelques pièces puis elle me tend les autres dans l'ordre.
Cela lui plait beaucoup, et elle adore nommer les couleurs et regarder la chenille terminée.
Il faut dire que l'objet est superbe, tout en bois, avec de belles couleurs lumineuses !




On est fan ici des jeux Haba et celui-ci ne déroge pas à la règle !
Il est souvent installé sur les étagères des jeux et permet des jeux inattendus comme de faire avancer la chenille sans la démonter, ou la transporter sans la casser (ce qui, pour le moment, n'arrive jamais >-<).
Je vous le conseille plutôt à partir de 2 ans et pour des enfants plutôt manuels.





16 euros. 





Merci Haba pour ce jeu. 


LinkWithin

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...