Après une grosse période de creux, je crois que je suis à nouveau dans une période faste.
Je dois mieux choisir mes livres, ou je parviens davantage à me concentrer (je fais des nuits complètes, ça aide).
Ce roman m'a moins émue que le précédent (le 4ème mur dont je vous parle bientôt), je n'ai pas pleuré, mais j'ai passé un très bon moment et c'est déjà pas mal.
Pourtant, le résumé de l'éditeur ne présageait pas d'un roman palpitant ou original.
Il s'agissait tout au plus d'un récit à deux voix portant sur les histoires d'amour de deux hommes de la même lignée à plusieurs siècles d'intervalle.
Déjà vu.
Mais ce n'était pas tout à fait cela.
Chef de service dans un grand hôpital public parisien, il est divorcé mais a retrouvé son amour de jeunesse avec qui il vit une relation complexe mais qui lui convient.
Au 17e siècle, Etienne Delatour est un apprenti chirurgien qui préfèrerait se faire apothicaire.
Mais en ce 17e siècle, on est chirurgien de père en fils chez les Delatour et si le père enseigne à son fils tout ce qu'il sait sur les plantes, il entend bien lui enseigner également les saignées, les tumeurs et les fistules.
Alors que le Delatour moderne s'installe dans une routine quotidienne qui l'empêche de voir la chute arriver, le jeune chirurgien apprenti voit très bien ce que son père risque en se prenant pour le seigneur de la paroisse...
Il est bien difficile de faire un résumé de ce roman qui vous donne envie de le lire sans trop vous en dire pour maintenir le bonheur d'avoir été berné.
Car Vallejo s'amuse à guider son lecteur sur des chemins de traverse et moi qui suis d'ordinaire difficile à berner (je lis trop de roman policier), je me suis laissée cueillir sans problème par ce récit et son retournement final.
Les deux Etienne sont pris dans des histoires qui les dépassent, ils deviennent des pions que d'autres manipulent et doivent faire des choix qui ne sont pas réellement de leur initiative.
Tantôt observateurs et tantôt acteurs, leurs histoires se croisent sans être tout à fait similaire.
D'ailleurs, il en est de même pour la narration.
Les deux récits s'entremêlent en alternant les chapitres et les points de vue.
L'histoire d'Etienne le chirurgien cardiaque est narrée du point de vue d'un narrateur qui observe les faits et gestes du personnage.
On ne saura donc rien des pensées de sa compagne par exemple.
A l'inverse, l'histoire d'Etienne l'apprenti chirurgien est racontée à la première personne, par Etienne lui-même qui observe les différents évènements.
L'alternance n'est pas nouvelle et elle est même plutôt à la mode cette année mais quand c'est bien fait, je trouve toujours cela intéressant, ce qui est le cas ici.
Il y a des moments où le récit de l'un se fait plus intéressant que celui de l'autre, et puis l'intensité change et retourne le lecteur.
On passe ainsi un très bon moment, on suit les déboires d'un Etienne et les interrogations de l'autre, on se demande à quel moment la chute va arriver, quel évènement va tout bouleverser et comment tout cela va-t-il finir.
La montée en puissance se fait progressivement et parallèlement, on suit l'ascension conjointe de ces hommes tout en sachant qu'il faudra bien redescendre.
Je dois tout de même avouer avoir buté sur quelques phrases aux tournures ampoulées, notamment parce que l'auteur a cherché à changer de style entre les chapitres.
Il est vrai qu'un homme du passé ne peut pas s'exprimer comme un de nos contemporains, mais c'est parfois un peu alambiqué pour moi.
Mis à part cela, on se laisse porter par la narration et on sort de ce roman finalement pas si cruel avec un petit sourire.
Si vous avez envie d'un roman reposant en cette rentrée littéraire, un roman dont l'auteur a soigné l'écriture et la structure, un roman qui a sa petite dose de suspense bien amenée, un roman qui mériterait d'être plus présent sur les blogs, celui-ci pourrait vous plaire.