samedi 26 octobre 2024

Katie de Michael Mc Dowell

Qui n’a pas vu cette couverture aguicheuse dans les vitrines des librairies ?
Avec ses dorures, ses promesses et ce personnage si droit sur l’illustration, on est forcément intrigué par cette histoire qui annonce du gothique, du sombre, des meurtres, du sang…
Et je me suis laissée tenter ! 
 
 
 

 
 
Alors qu’elle se demande comment payer le loyer du logement qu’elle occupe avec sa mère à New Egypt, Philo Drake reçoit un courrier de son grand-père qui lui demande son aide.
Il a renié sa mère lors de son mariage, mais il est désormais seul et à la merci d’une famille de truands qu’il soupçonne de vouloir le tuer.
Philo voit là un bon moyen de sortir de la misère où elle se trouve, tout en faisant une bonne action pour un homme qu’elle ne connaît pas encore, mais qu’elle veut bien découvrir.
Hélas, rien ne se passe comme prévu…


Après la folie Blackwater, voilà la dernière sortie des traductions de Mc Dowell en audio ! (Mais on espère que ce ne sera pas la dernière).
Si vous aimez la plume de cet auteur si singulier, vous serez ravi·e de le retrouver en embarquant dans cette histoire qui va à 100 à l’heure.
Les aventures de Philo Drake ne connaissent pas de pause, il se passe toujours quelque chose !

On la suit en frissonnant, en ayant peur pour elle, en étant déçu, enthousiaste, ou écœuré.
Rien n’est tiède dans ce récit où les coups de marteau pleuvent et les morts se succèdent à un rythme effréné.
Philo doit sans cesse faire face à Katie, l’une aussi maléfique que l’autre est douce et candide.

L’auteur s’est inspiré des romans à un penny du 19e siècle, les Penny dreadfulls mais on y retrouve aussi nos romans feuilletons à quelques sous, avec une jeune fille qui sait rester pure malgré les difficultés, qui subit le sort tout en ayant parfois un peu de chance, et qui doit faire face à une situation de misère qu’elle affronte avec courage et dignité.
Ce qui m’a semblé intéressant néanmoins, c’est que les personnages masculins sont tous absents ou défaillants.
Ils sont simples d’esprit, limités dans leurs réflexion, ou carrément absent ou inconscient.
Philo se retrouve au centre du récit, bien que ce soit Katie qui ait le privilège du titre du roman.

La lecture d’Ariane… est très claire, avec une variation des voix pour marquer les personnages.
On retrouve ainsi le côté très visuel du style de cet auteur, et on suit parfaitement le récit.
On peut aussi varier la vitesse pour aller plus ou moins vite, et cela reste clair.


C’est donc un roman que je vous conseille sans hésiter si vous aimez les histoires bien remplies, qui vont à 100 à l’heure, où on a (vraiment) peur pour l’héroïne tout en sachant qu’il y a de grandes chances que cela finisse bien (c’est quand même un roman feuilleton, il faut que le bien triomphe à la fin). 
 

 






mardi 15 octobre 2024

Le choix de Viola Ardone 💕

La littérature italienne regorge de pépites et d’autrices incroyables.
Viola Ardone en fait partie et je l’ai découverte avec un immense plaisir avec ce roman vraiment très beau ! 
 
 
Le choix viola ardone

 
Dans la campagne sicilienne, Oliva grandit comme elle peut, entre les courses pieds nus dans la campagne, la chasse avec son père et l’école.
Mais quand on est une fille, cette vie ne peut pas durer longtemps et sa mère s’inquiète de la voir si libre.
Et puis Viola est belle, elle est sauvage et les années ne font que confirmer ce qui ne peut que lui porter préjudice…

Quel éblouissement !
Ce roman est absolument incroyable !
Je l’ai commencé tranquillement, sans vraiment savoir à quoi m’attendre et en craignant un nouveau roman sur un thème assez courant ces temps-ci, celui d’une jeune fille italienne prise dans le carcan des traditions.
C’est évidemment un thème intéressant, qui peut donner de beaux romans, mais c’est un peu répétitif.
Oui, mais voilà !
Viola Ardone ne se laisse pas aller à suivre le chemin tout tracé et va plutôt dans des sentiers caillouteux, rugueux, qui font mal mais qui promettent la lumière.
Elle aborde sans faillir le thème si difficile de l’éducation des filles et de ce qu’il leur reste une fois leurs études terminées dans ce moment si complexe où les temps changent.
Oliva a croisé le chemin d’une institutrice qui lui a donné envie d’aller plus loin que les petites classes auxquelles sont habitués les enfants de son village.
Que faire alors face à son enfant qui pourrait s’élever au dessus de la condition de ses parents mais qui se trouvera dans une situation de danger permanent et d’instabilité ?
Car les hommes rodent !
Le village est un microcosme où tout le monde a quelque chose à dire, où les ragots fleurissent vite et où le malheur peut s’abattre tellement vite.
Le personnage de la mère, dans ce genre d’histoire, a souvent le mauvais rôle mais c’est elle qui sait, qui devine ce qu’il peut se passer.
Toute l’ambivalence de ce personnage apparaît dans ce roman où l’amour de cette mère bourrue transparaît dans chacune de ses décisions.
Les personnages secondaires sont d’ailleurs très soignés et donnent une épaisseur à cette narration si riche.
Le père d’Oliva est lui aussi un homme bon, taciturne, effacé parfois, mais présent pour sa fille.

C’est donc un roman superbe sur la société patriarcale, l’enfermement des femmes dans les traditions et surtout, sur l’émancipation. 

La version audio est lue par Marie du Bled et Jean-Marc Delhausse. 
Marie du Bled donne une profondeur et une tension à ce texte, sans en faire trop.
On la suit sans difficulté et on se plonge dans l’histoire en oubliant la voix pour ne plus entendre que les mots qui s’enchaînent. 
Jean-Marc Delhausse lit la partie qui change de narrateur et où la tonalité est différente, plus distanciée. 
Cette alternance permet une respiration au lecteur.

Vous l’aurez compris, c’est un gros coup de cœur pour moi et j’écouterai d’autres romans de Viola Ardone sans hésitation !






mercredi 9 octobre 2024

En septembre, j'ai lu...

Octobre est déjà là et je n'ai pas vu passer septembre !! 
C'était un mois de reprise, un tourbillon pas toujours très agréable, avec son énorme lot de travail, d'enfants malades, de contrariétés, de gens qui ne font pas bien leur travail, de petites joies face à des choses qui tournent finalement mieux que prévu et de petites déceptions face à d'autres qui ne s'améliorent pas.  
Octobre promet autant de densité, mais dans trois semaines, je serai en vacances avec les enfants et j'ai prévu de pouvoir souffler un peu (= faire le ménage notamment car je sais que d'ici là, ce sera du vite fait mal fait 😆).
Cela permet de tenir le rythme avec cette petite lumière au bout du tunnel qui grandit progressivement.  
Et puis on est entré doucement dans l'automne, avec le froid qui est arrivé doucement mais sûrement. 
 


 
Comme on peut s'y attendre en pareil cas, je n'ai pas beaucoup lu ce mois-ci. 
J'ai travaillé dans le train, je n'ai souvent pas eu le courage de lire, et je me suis couché beaucoup plus tôt que d'ordinaire ! 
Mais j'ai quand même trouvé le temps d'écouter 3 livres audios ! 





J'ai commencé par Katie de Michael Mc Dowell. 
Et c'était une vraie belle surprise. 
Katie est un roman feuilleton comme ceux du 19e siècle, un récit où les personnages courent, sont le jeu du destin. 
Philo est une jeune femme pauvre qui vit avec sa mère lorsqu'elle reçoit une lettre de son grand-père qui craint pour sa vie. 
Elle se précipite à son chevet bien qu'elle ne l'ait jamais vu, mais tout ne va pas se passer comme prévu. 
Je ne vous en dis pas plus pour vous laisser découvrir la suite. 
Certains développements sont très prévisibles, mais on tremble tout de même pour Philo et chaque nouvel évènement nous tombe dessus autant que sur elle ! 
C'est aussi assez violent, un peu gothique, on passe un très bon moment ! 
 
 
 
 
 Le 2e est la suite du premier roman d'Olivia Ruiz que j'avais beaucoup aimé. 
Elle consacre son histoire au personnage de Carmen, l'une des sœurs que l'on voyait peu dans le premier. 
C'est un peu moins flamboyant, sans doute plus rapide et le fait qu'il n'y ait qu'un personnage à suivre rend ce roman un peu moins fort mais je m'y suis plu. 
Ces femmes sont flamboyantes et l'histoire de Carmen est incroyable ! 
 
 
 
 
Et j'ai fini le mois avec Sandrine Collette et sa Madelaine, petite demoiselle rude et forte dans un monde qui ne lui fait pas de cadeau non plus. 
L'autrice est toujours aussi forte pour construire des décors, un cadre magnifique mais enfermant, un personnage solide avec de nombreuses failles. 
J'ai aimé Madelaine, Eugène, Bran et les autres et je ne voulais plus les quitter ! 
 

Je m'aperçois que ce sont trois histoires de femmes qui m'ont accompagné pendant ce mois, de femmes fortes, qui prennent leur vie en main.
Mais ce sont surtout trois belles histoires. 
Alors ? Tentée ?
 
 
 
 

jeudi 3 octobre 2024

Love on the brain de Ali Hazelwood

 Ah là là !
Comment résister à une romance d’Ali Hazelwood ?  
J’avais un peu peur de retrouver The love hypothesis en moins bien en me lançant dans ce nouvel opus, mais finalement non !
Et c’est une bonne nouvelle !! 

 


Bee a enfin été sélectionnée pour avoir son propre projet de recherche !
Ses compétences en neurosciences sont particulièrement pointues mais malgré son doctorat, les places sont chères.
Et ça y est, enfin, elle a un poste (temporaire mais c’est déjà ça).
Sauf que… son binôme pour ce contrat la déteste !
Tous les deux doctorants dans le même laboratoire, leur animosité était légendaire et faisait l’objet de plaisanteries dans toute la faculté !
Pourquoi a-t-il fallut qu’elle se retrouve justement avec lui sur ce projet ?

 
Quelle joie de retrouver la plume d’Ali Hazelwood !
Ses récits sont frais, amusants, un peu originaux aussi.
Certes, il s’agit de romances et leur schéma est assez classique mais le milieu dans lequel évolue les personnages est très rarement évoqué dans ce genre de roman.
Nous sommes ici dans un laboratoire de la Nasa remplit de scientifiques et d’ingénieurs, une communauté dont il n’est pas simple de connaître les codes.
Comme à chaque fois, l’autrice fait mouche et décrit avec finesse les relations qui peuvent se développer entre les membres d’une équipe de recherche, surtout lorsqu’il y a un gros projet à la clé.
Et d’ailleurs, l’une des choses que j’ai préféré dans ce roman, c’est la position de Bee qui n’est pas simple, mais cela ne l’empêche pas de prendre sa place, de taper du poing sur la table.
C’est une femme forte, qui sait obtenir ce dont elle a besoin d’un point de vue professionnel et qui n’a pas peur de s’affirmer.
 
Les personnages secondaires sont présents aussi, avec des personnalités originales qui permettent d’aborder des sujets de société comme les frais d’inscription pour certains domaines à l’université qui sont trop élevés ou simplement inutiles.
On ne s’attend pas à trouver ce genre de problématique dans une romance, mais c’est très bien amené et cela se fond dans le récit sans problème.
 
J’aurais juste un bémol pour la fin du roman qui m’a laissé un peu sur ma faim.
Il y avait moyen de faire quelque chose de plus flamboyant sans doute, plutôt que ces petites résolutions qui se succèdent en cascade.
Elles dévoilent néanmoins toute la mesquinerie qui peut apparaître chez certains scientifiques et c’est aussi la réalité du terrain 🫣.
 
La version audio est lue par Marie Bouvet qui n’oublie pas de souligner toutes les pointes d’humour de Bee, qui module très légèrement sa voix en fonction des personnages et qui charme nos oreilles avec un ton doux mais ferme.
 
En bref, c’est donc encore un coup de cœur pour cette romance chez les scientifiques, peut-être un peu plus spécialisée mais pas moins amusante. 
 
 
 

 


vendredi 27 septembre 2024

La carte postale de Anne Berest

La seconde guerre mondiale est une période très présente ces dernières années dans la littérature.
Est-ce parce qu’elle s’éloigne progressivement ?
Cela permet en tout cas de garder la mémoire d’évènements qui ne devrait jamais être oubliés pour se garder de la tentation de la répétition. 
 




Alors qu’elle est à un moment fort de sa vie, la narratrice se rapproche de sa mère et s’intéresse à une carte postale reçue quelques années auparavant.
En noir et blanc, vieillie par les ans, elle représente l’opéra de Paris sur une face et mentionne les prénoms des membres de sa famille déportés pendant la guerre.
Que signifie cette carte postale et qui l’a envoyé ?
C’est un mystère qu’elle va s’attacher à élucider au fil d’une enquête de quatre années…

Il est des romans qui vous marquent à vie.
Ceux qui parlent de la seconde guerre mondiale sont très souvent de ceux-la et particulièrement ceux qui abordent la déportation.

Ils participent aussi au devoir de mémoire d’autant plus indispensable que les derniers survivants ne sont plus très nombreux.
Dans La carte postale, Anne Berest retrace une quête qu’elle a mené avec constance et acharnement.
A sa manière bien à elle, elle nous raconte ses réflexions, son cheminement dans un texte assez factuel mais néanmoins légèrement romancé.
Les évènements ont été retravaillés pour que cela fasse un roman mais il y a là une grande part de vérité et l’on découvre à ses côtés les petites lâchetés ordinaires, les voisins qui fermaient les yeux, les objets qui sont toujours là mais juste à côté et puis, bien sûr, l’horreur de la déportation, la disparition, les difficultés à remonter dans les archives aussi.

Comme dans une enquête policière, l’autrice n’a que quelques indices assez minces mais en remontant le fil, elle dénoue aussi des non-dits familiaux, elle se libère de ces secrets et de ce qu’on a tue au sortir de la guerre.
Ce passé était si lourd qu’il a parfois été occulté, et puis un jour il émerge, sans qu’on l’ait vraiment vu venir.
C’est aussi cela que raconte l’autrice dans ces pages. 
 



La version audio est lue par Ariane Brousse qui a su donner un peu de chaleur au texte tout en restant assez neutre.
On la suit avec plaisir et on reste attentif à cette voix qui nous raconte cette histoire à la fois singulière et universelle,  ce récit d’une enquête où tout fait mal et heurte ce qui existait auparavant.
L’écoute renforce aussi le sentiment d’une histoire qui est racontée par l’autrice, comme un compte-rendu qu’elle nous offre parce qu’il ne faut pas oublier, bien que beaucoup avant nous s’y soient employés.  


Il faut aimer le style d'Anne Berest, parfois un peu sec et brut mais qui s’accorde bien avec ce roman.
Si vous avez envie de découvrir cette quête des origines si émouvante, je vous conseille donc la version audio qui me parait moins sèche que le texte.






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