Cette lecture est la première que je fais grâce à un partenariat du blog de blog-o-book, le marque-page des blogueurs.
Comme ce sont les vacances, je me suis dit qu’il serait plus facile d’être sélectionné, et j’ai postulé pour lire L’autre moitié du soleil de Chimamanda Ngozi Adichie.
Je ne connaissais pas du tout cet auteur, et je suis plutôt tournée vers l’Asie en général. Je dois lire la Ferme Africaine depuis des mois, sans m’être encore décidé. Cette lecture était donc une découverte totale, d’autant plus que le résumé de quatrième de couverture est assez évasif.
J’ai donc guetté ma boite à lettre, et quand le roman est arrivé, ma première impression a été « Oh ! Quel pavé ! » . J’avais un mois pour le lire, et il fallait quand même s’y mettre.
Finalement, j’ai mis une semaine et demi pour lire les 660 pages, et j’ai adoré.
La structure du roman évolue au fil des pages et permet de croiser les fils tissés dans les premiers chapitres.
L’auteur réserve des surprises au lecteur, des retournements de situations et des croisements que je n’avais jamais lu jusqu’à maintenant. Certains évènements sont prévisibles, d’autres le sont moins.
Les quatre parties du roman, par exemple, sont d’abord organisés de façon chronologique, puis reviennent en arrière. C’est très bien trouvé, le lecteur croit qu’il a manqué quelque chose, qu’il n’a pas été attentif, mais il a en fait été « victime » d’une ellipse invisible.
Le sujet était aussi une surprise. Je n’avais sans doute pas été très attentive au résumé présent sur blog-o-book quand j’ai postulé, et j’ai découvert tout un pan de l’histoire du Nigéria et du Biafra. Je n’étais pas né à la fin des années 1960, mais les plus de trente ans ont tous entendus parler des petits biafrais qui mouraient de faim sans réellement identifier ce pays et sa population.
Les indépendances rapides et non réfléchies n’ont que rarement aboutit à des gouvernements viables et durables en Afrique, et la Nigéria a, si l’on peut dire, fait les frais des luttes de pouvoir entre les ex colonisateurs. Sans être trop didactique, l’auteur explique les origines de cette guerre, place en arrière plan les manœuvres des anglais qui ne souhaitaient pas lâcher trop vite le territoire riche du Nigéria, les armes offertes aux Nigérians, le blocus imposé au Biafra et la famine qui décime la population, les journalistes condescendants et l’opinion publique étrangère qui préfère penser que le Biafra est entièrement responsable.
On ne peut éviter de penser aux massacres récents au Rwanda, ou de s’interroger quant au découpage arbitraire effectué par les colons et aux conséquences que cela a depuis cinquante ans sur une population qui n’avait rien demandé.
Bien sûr, le roman ne parle pas que de cela !
Les trois premiers chapitres alternent les points de vue et s’enchainent pour présenter les personnages principaux.
Ce choix est plutôt intéressant, car il permet de découvrir des aspects très différents de la société nigériane du début des années 1960.
Le premier personnage, Ugwu, est un boy qui arrive de la campagne. Il joue le rôle de la figure classique de l’ingénu et permet à l’auteur de nous dévoiler la vie quotidienne d’un professeur d’université, son patron, l’organisation de son quotidien, de sa maison et de présenter les personnages secondaires qui fréquentent son salon. Ce professeur sera lui-même la figure du savant dans le roman et permettra à l’auteur de développer un discours politique clair et éclairant pour les évènements à venir.
Ce même patron, Odenigbo, fréquente une jeune femme qui est au centre du deuxième chapitre. Olanna est issue de la haute société de Lagos mais fréquente différents milieux et les décrits par opposition, pour montrer son rejet des conventions.
Richard, le personnage du troisième chapitre, est un anglais blanc qui a fait le choix de s’installer au Nigéria pour fuir les conventions de la bonne société britannique. Il rencontre la sœur jumelle d’Olanna et part rejoindre l’université de Nsukka, où enseignent également Odenigbo et Olanna.
Ces cinq personnages vont sans cesse croiser leurs vies puis traverser la guerre chacun à leur façon.
Chimamanda Ngozi Adichie campe des personnages qui ont une épaisseur, une vie intérieure et offre une description de la guerre sans complaisance.
Le récit va au-delà du devoir de mémoire car il pourrait être emblématique de toutes les guerres, mais le choix de cette guerre, pourtant largement oubliée, apporte la force supplémentaire du témoignage de l’auteur.
La multiplication des récits, exigée par le pluralité des vies décrites dans le roman, impose une vision plurielle de cette guerre où le lecteur devient lui aussi un témoin chargé de relayer la parole des victimes.
Seul petit bémol, certains personnages secondaires restent opaques ou sont simplement effleurés et j’aurais apprécié qu’ils aient plus de consistance. C’est sans doute un effet voulu par l’auteur, puisque ces personnages sont présents pendant un temps limité, mais leur multiplication fait que je me suis parfois perdue parmi les visiteurs, les cousins et les amis. Bon, le roman fait déjà plus de 600 pages, et une saga de ce genre impose une série de personnages de ce type.
Pour conclure, vous l’aurez sans doute deviné, je vous conseille cette lecture si :
- - Vous aimez apprendre quelque chose quand vous lisez un roman
- - Vous aimez les sagas familiales
- - Vous aimez vous identifier au personnage principal (ici, il y a du choix)
- - Vous aimez l’Afrique
- - Vous avez envie de lire un bon bouquin !
Ce livre a fait l’objet d’un partenariat. Je remercie les éditions Gallimard pour l’envoi de ce livre et Blog-O-Book pour le partenariat.