vendredi 19 mai 2023

Le cerf-volant de Laetitia Colombani

Je crois avoir lu tous les romans de Lætitia Colombani !
C’est plutôt rare mais à chaque fois, j’ai eu l’occasion d’écouter ou de lire ses publications en audio ou en numérique.
Le cerf-volant n’a pas fait exception et j’ai pu plonger dans ses pages avec enthousiasme. 


 

 
 
Après avoir vu sa vie basculer, Lena tente de se reconstruire en séjournant à Mahabalipuram en Inde.
Elle espère que ce voyage lui permettra de se reposer, de voir autre chose et de revenir en ayant enfin fait son deuil.
Mais les choses ne vont pas se dérouler comme elle l’imaginait…

Si vous connaissez les écrits de L. Colombani, vous êtes habitué au croisement des récits, à l’alternance des histoires selon les chapitres.
Ici, elle fait un choix différent et raconte uniquement l’histoire de Léna.
Au fil du récit, elle va croiser plusieurs personnages féminins qui auront également beaucoup d’importance mais c’est sur elle que le roman se concentre.
En revanche, l’autrice poursuit son plaidoyer pour l’éducation des filles, pour que les femmes sortent de la pauvreté et ne soient plus des laissées pour compte.
Léna est enseignante et se retrouve confrontée à la fois au système des castes et aux difficultés, pour les filles, d’aller à l’école ou de recevoir une quelconque éducation.
Elle va utiliser les moyens à sa disposition pour tenter d’agir à sa petite échelle.
C’est un peu manichéen, sans doute un peu trop joli aussi, mais on la suit avec curiosité et on espère qu’elle réussisse à mener ses projets à terme. 

Les personnages sont également très attachantes. 
Elle parvient à créer une galerie de portrait qui se dépose en nous même lorsque le livre est fermé.
On est aussi tenu par les révélations au sujet du mari de Léna.
On se demande forcément comment elle l’a perdu, ce qu’il s’est passé pour qu’elle soit seule et quelle tragédie s’est déroulée dans sa vie.

C’est donc un roman de femmes, de résilience, de (re)construction au sens propre et figuré.
J’ai aimé suivre l’histoire de Léna, mais je crois que la pluralité des récits m’a manqué.
La narration verse parfois dans les poncifs sur l’Inde, dans la dénonciation occidentale d’un système qui nous est très lointain et qui n’est pas vraiment étudié ici.
Certes, les castes, c’est pas bien, mais nous avons nous aussi de nombreuses choses à faire évoluer dans notre société.
Il m’a aussi manqué un peu plus de décor.
Ce n’est jamais très détaillé dans les romans de L. Colombani mais il aurait pu y avoir davantage d'odeurs, des couleurs, une atmosphère qui m’aurait vraiment indiqué qu’on est en Inde.
Elle mentionne quelques noms de plats, le tchaï bu à certains moments du récit, mais de Mahabalipuram, je n’ai rien retrouvé si ce n’est une vague image de plage.

Si vous avez aimé la Tresse ou les Victorieuses, il y a de grandes chances que vous aimiez ce roman.
Si vous avez envie de lire un texte un peu critique, féministe avec une belle histoire qui tient le lecteur, n’hésitez pas !
Quant à moi, je lirai le suivant malgré mes petits bémols. 
 
 

 
 
 
 Les étapes indiennes avec Hilde et Blandine



 

mercredi 17 mai 2023

Furieuse de Geoffroy Monde et Mathieu Burniat [BD]

Voilà une petite BD très originale que l'on n'a pas vu beaucoup sur les blogs j'ai l'impression. 
Il s'agit de Furieuse, de Geoffroy Monde et de Mathieu Burniat. 
 
 

 

Au royaume de Pendragon, rien ne va plus. 
Après avoir combattu les démons qui menaçaient le royaume, le roi Arthur a sombré et est désormais saoul du matin au soir.
Il a décidé de marier sa fille Ysabelle au marquis de Cumbre mais celle-ci n'est pas franchement prête à lui obéir... 

Je dois dire que le dessin et le scénario m'ont vraiment surprise ! 
Ce n'est pas une BD à laquelle on s'attend, loin de là. 
Le scénariste comme le dessinateur sont sortis de tous les codes pour proposer un récit vraiment original qui ne pourra pas vous laisser indifférent·e. 

Le dessin d'abord surprend par le choix des couleurs, mais surtout du trait. 
J'ai eu une hésitation avant de le commencer (d'ailleurs, je l'avais reposé avant de le reprendre et de le lire d'une traite) car cela me semblait très grossier, avec des visages étranges sans nez ou, au contraire, très outranciers. 
Certains personnages ressemblent à des humains quand d'autres sont beaucoup plus proches des démons qu'ils sont censés combattre. 
Cela signifierait-il que les démons ne sont pas là où on le pense ? 
Une fois cette appréhension dépassée, on plonge dans cet univers parallèle où les épées parlent et où Merlin n'est pas forcément là où on l'attend.

Le récit est tout aussi fantaisiste. 
Ysabelle fuit pour retrouver sa sœur qui lui a vendu du rêve en lui écrivant régulièrement. 
Comme on peut s'en douter, le rêve n'est pas aussi beau que prévu. 
Il est alors question du droit des femmes, de leur place dans la société, de l'autorité des hommes, du contrôle de soi, de l'autorité tout court et de comment l'exercer, du libre arbitre aussi. 

Si Furieuse peut dérouter son lecteur, c'est pour la bonne cause et je ne peux que vous encourager à vous plonger dans ces pages si vives et si vivantes !!
 

 




jeudi 11 mai 2023

Sa Préférée de Sarah Jollien-Fardel 🎧 📘 [Prix audiolib 2023]

Parfois, la lecture, c'est comme une mauvaise pioche ! 

On ouvre un livre, mais c'est bof, on ne sait pas trop ce qu'on va en faire. 

Mais lorsque j’écoute la sélection du Prix Audiolib, j’aime bien qu’il y ait des romans que j’apprécie moins, cela me permet de faire plus facilement mon classement 😆.




L’enfance de Jeanne la suit comme une ombre malsaine.
Petite, elle a connu la pauvreté dans son petit village des montagnes suisses.
Elle a aussi connu la violence quand son père s’en prenait à sa mère, à elle ou à sa soeur.
Dès qu’elle le peut, Jeanne fuit, trouvant son salut dans l’internat de l’école normale de Lausanne où elle étudie pour devenir enseignante.
Mais le passé est tenace et la rattrape bien vite… 
 
Ce roman de Sarah Jollien-Fardel explore la reconstruction et ses difficultés, le deuil qu’il faut faire d’une enfance « normale » parfois parce que cela n’existera jamais.
Elle évoque la souffrance de Jeanne, ses difficultés à vivre, ses relations avec les autres toujours difficiles malgré le passage des années.
Jeanne avance dans la vie sans pouvoir se détacher de ce qu’elle a vécu, sans pardonner.
Si elle trouve parfois des dérivatifs à sa douleur, elle y revient toujours et gâche ce qu’elle pourrait vivre en le regardant par le biais de ce qu’il y a eu avant.
La spirale dans laquelle elle se trouve semble sans fin et donne l’impression qu’elle ne pourra pas jamais être heureuse.

Ce récit traumatique est bien écrit, le texte est soigné mais je suis malheureusement restée trop loin de ces personnages.
On suit l’histoire de Jeanne comme une spectatrice ou un spectateur des évènements sans vraiment s’impliquer.
C’est une sorte de psychothérapie publique et je dois dire que je n'apprécie pas spécialement ce genre de texte.
J’ai toujours un sentiment de voyeurisme, et je ne vois pas la finalité du processus.
J’avoue néanmoins ne pas avoir cherché à savoir si c’est l’histoire de l’autrice qui est raconté ou s’il s’agit d’une fiction mais il m’a manqué quelque chose. 
 
J’ai également trouvé que plusieurs fils n’étaient pas assez tissés.
La narratrice, par exemple, évoque l’eau comme un lieu de repos mental, de renaissance aussi.
C’est un peu un motif récurrent de la littérature mais pourquoi pas.
Puis elle annonce soudain qu’elle ne se baignait plus et voilà, on n’en parle plus. 
 
Heureusement, le texte est bien lu paLola Naymark qui prête sa voix pour nous conduire dans cette histoire.
Le ton est juste, sans emphase excessive.
Cela permet de suivre le récit et de l’interpréter comme on le souhaite. 
 
Ce n’est donc pas, pour moi, un roman qui restera dans ma mémoire mais n’hésitez pas à aller voir sur les blogs de mes copines du jury Audiolib, il y en a plusieurs qui ont beaucoup aimé.




 
 
 
 
 





 

lundi 8 mai 2023

Sunday mood d'un lundi férié... 🌥️☕️🫖✂️🧶

Après une petite pause par ici, je reviens doucement, et une petite série de billets devrait être publié par ici dans les prochains jours.  
J'ai beaucoup lu ces derniers temps et j'ai de jolis livres à partager mais je vais le faire à mon rythme. 
Je suis fatiguée par ces dernières semaines, alors que mai avance et que juin s'annonce, deux mois particulièrement chargés.
Il y a deux semaines, j'ai perdu ma grand-mère et si je vais plutôt bien, je n'arrive pas à récupérer après les jours d'attente, les papiers à faire, l'enterrement. 
J'aimerais penser que cela va passer dans les prochains jours, mais je n'en suis vraiment pas sûre. 



 
J'ai donc profité de ce weekend à rallonge pour me reposer.
J'écoute Notre part de nuit de Mariana Enriquez et j'essaie de finir des petites choses au crochet. 
Comme c'est rapide, c'est plus facile car je vois que j'avance. 
 
 
 
 
Mes petites boites Haribo attendaient depuis longtemps que je me décide à les remplir. 
Je me suis enfin lancée avec des bananes, des fraises, des crocodiles. 
Il y aura aussi des bouteilles de coca, des oursons, des soucoupes, des œufs au plat...  

Il y a aussi des petites figurines qui attendent, un chat, deux dragons. 
Le dragon vert n'a plus qu'une aile manquante !! 
La couture, c'est toujours le plus long. 
J'adore les créatrices qui pensent à limiter les coutures au maximum !
 
 
 
 
Mais il y a aussi ce loup que j'adore mais qui attend toujours sa seconde jambe 🫣. 
Il va falloir que je me décide cas en une soirée, cela peut être terminé.




 
Bientôt, il faudra penser également aux cadeaux de fin d'année pour les enseignants des enfants, pour la prof de musique. 
En attendant, je réfléchis à ce que nous allons faire. 
J'aime bien que les enfants participent. 
L'an dernier, on avait fait des personnages en fil de kraft
Parfois, je fais vite et je m'en tiens au chocolat, et puis parfois j'ai envie de faire plus. 
On verra... 
 
Je vous souhaite une bonne semaine raccourcie !!! 
 
 
 

 
 
 

lundi 17 avril 2023

Witch club de Cardona et Mayen

Une petite histoire de diable et de sorcière, ça vous dit ? 
 
 

 
Norah n’a aucun pourvoir magique.
Au sein de son école de sorciers, elle est souvent moquée par ses camarades de classe.
Pourtant, quand sa tante la Bruja, puissante sorcière doyenne du Conseil, disparaît, elle décide de la retrouver.
Alors qu’elle entre dans le manoir de la Bruja, elle se retrouve face au diable invoqué par un petit esprit domestique de sa tante…

La quête de Norah ne va pas être sans danger, vous vous en doutez.
Elle se retrouve accompagnée par le diable qui est venu sans ses jambes et qu’il faut porter !!
Deux quêtes se mêlent alors.
Tandis que Norah cherche sa tante, le diable qui n’est plus sur son trône pour diriger ses troupes doit faire face à une machination destinée à lui voler sa place !
Le récit est trépidant, les péripéties s’enchaînent et l’histoire nous entraine de l’Enfer à la ville des sorciers sans interruption.
Il faut néanmoins rester attentif car les personnages sont très nombreux (peut-être un peu trop), les changements de lieu parfois un peu rapides et il faut suivre le rythme.

Le dessin de Sandra Cardona est original.
Les visages sont pointus, les décors foisonnants.
La ville des sorciers et l’Enfer sont faits d’enchevêtrements ou l’œil se perd en tentant de suivre les chemins qui n’existent pas.
Les créatures familières des sorciers ont des dizaines de formes et on sent que le dessinateur s’est fait plaisir en les inventant.
Le choix des couleurs mise sur le lilas, les verts éteints alors qu’en enfer, les couleurs sont plus vives. 
C'est original et ça colle bien avec l'histoire. 
 
En bref, c'est donc une jolie découverte que je vous conseille pour passer un petit moment sympathique. 









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