vendredi 15 mai 2015

Deux petits livres d'art : Niki de Saint-Phalle et Marcel Duchamp pour les enfants

Voilà deux petits livres atypiques qui plairont aux petits visiteurs de musée ou aux petits amateurs d'art (et aux plus grands également).
Jolis, bien conçus, aux format original, ils seront parfaits pour compléter une visite ou une découverte menée en classe.




Ces deux livres publiés aux éditions Eliart prennent le parti de nous faire découvrir une oeuvre en passant par une histoire.
Dans le premier, c'est la fontaine de Marcel Duchamp qui est présentée, alors que dans le second, il s'agit de la statut représentant Joséphine Baker de Niki de Saint-Phalle.




Marie-Ange la mésange a très chaud dans la forêt ce jour là et Jean-Paul le rossignol lui propose d'aller à la fontaine.
Mais Marie-Ange ne connait pas de fontaine dans la forêt.
En chemin, ils entrainent tous les animaux qu'ils croisent, l'écureuil, le hérisson, et même le lézard...




Les illustrations sont très jolies, aquarellées et douces.
Elles nous transportent dans la forêt avec les animaux et permettent aux enfants d'avoir plein de choses à observer.

Et vous l'aurez compris, tout cela nous mène aux toilettes et à l'urinoir transformé en ready-made de Marcel Duchamp !
Deux pages sont consacrées à la présentation de l'oeuvre avec des explications claires qui permettent de la comprendre.




Dans le second livre, le gardien du musée s'aperçoit qu'une statue s'est enfuie.
Il la cherche dans le musée, dans la rue, et en profite pour la décrire à tous les passants qu'il croise.

L'histoire est un peu loufoque, mais on découvre les particularités de cette statue au fur et à mesure, avant de la voir apparaitre.
C'est très amusant, et comme pour le premier, il y a ensuite deux pages d'explications





Le premier sur la fontaine conviendra tout à fait à des enfants de 4 ou 5 ans, tandis que celui sur Niki de Saint Phalle pourra être lu par des enfants un peu plus grands de 6 ou 7 ans.
Mais dans les deux cas, ce sont des livres qui sont très bien faits pour lire à deux avec un parent.
Ils méritent d'être plus connus et de figurer dans votre bibliothèque ^-^

C'est donc une très belle idée pour un petit livre qui donnera lieu à un beau moment de partage entre enfant et parent.



Un autre titre est disponible qui présente Icare d'Henri Matisse.
La page de la collection sur le site de l'éditeur 


Merci aux éditions Eliart pour cet envoi. 






lundi 11 mai 2015

Constellation d'Adrien Bosc { Prix Audiolib }

Ce livre était très présent sur les blogs au moment de la rentrée littéraire. 
J'ai lu des billets enthousiastes et d'autres très négatifs, et si l'idée de le lire me plaisait, j'étais un peu refroidie par les billets négatifs. 
Je n'aime pas trop les textes qui ne prennent pas le temps de construire des personnages et j'avais peur d'être frustrée par de petits portraits trop rapides.
Mais j'aurais eu tort de ne pas lire ce livre ! 

Le 27 octobre 1949, le Constellation F BAZN d'Air France à destination de New York décolle de Paris pour faire une première escale dans les Açores. 
 A son bord, des célébrités comme Marcel Cerdan et Ginette Neveu, des gens riches comme Mme Hennessy, d'autres qui partent faire fortune comme ces cinq bergers basques et une petite bobineuse d'Alsace qui va bénéficier de l'immense fortune de sa marraine. 
Ce sont 37 passagers qui s'installent pour cette première étape et vont profiter du vol, accompagnés d'onze membres d'équipage. 
Cerdan a pris son billet au dernier moment pour répondre à la demande de Piaf qui l'attend aux Etats-Unis avec impatience. 
Un jeune couple en a fait les frais et est resté à Paris. 
D'autres ont changé leur billet au dernier moment comme le luthier de Ginette Neveu, échappant ainsi à la mort, car le vol n'est jamais arrivé... 

Le hasard, cet insaisissable fil de nos vies, est au coeur de ce livre. 
Il se joue de nous, il nous épargne ou au contraire nous précipite dans une catastrophe. 
Qui ne s'est jamais demandé ce qu'il ce serait passé s'il avait tourné à droite plutôt qu'à gauche ?  
Cela semble être la question centrale qui a animé Adrien Bosc au fil de l'écriture. 
Listant les faits, il tisse un réseau de dates concomitantes qui l'amènent du vol du Constellation au mariage de Cendrars ayant eu lieu au moment du départ de l'avion. 
Le fil est ténu à la fin du roman et les deux derniers chapitres sont de plus en plus éloignés de la chute de l'avion, mettant en valeur cet aspect de nos vies. 
Roman de la destinée, du hasard signifiant, il éveille forcément en chacun une interrogation sur ces fils qui se croisent au moment d'une catastrophe, sur ces gens qui ne sont pas montés dans l'avion juste avant son départ, sur ceux qui allaient changer de vie, ceux qui étaient heureux, ceux qui ne l'étaient pas. 

Pour exprimer l'aléatoire de nos vies tout en mettant en valeur un réseau de similitudes, des moments qui ont eu un sens pour plusieurs personnes à la fois, l'auteur utilise une structure classique d'alternance. 
Cerdan devant un autre avion
A un chapitre "technique" sur l'avion succède un chapitre décrivant la vie d'un des passagers. 
Le trajet de l'avion, celui de son double utilisé pour tenter de découvrir ce qu'il s'est passé, la description de l'enquête et l'identification des corps, ces faits sont décrits simplement, sans s'y attarder, tout en paraissant indispensables à la compréhension de l'histoire. 
Et les personnes décrites sont elles-aussi représentées simplement, sans pathos et sans s'attarder, mais en parvenant à dresser une image nette de chacune d'entre elle. 
Les 37 passagers ne sont pas décrits, le choix se portant sur ceux qui semblent les plus symboliques de ce passage d'un continent à l'autre, d'un changement de vie ou au contraire d'une continuité soudain brisée. 
L'auteur a sûrement aussi fait son choix en fonction des informations qu'il parvenait à glaner. 

L'écriture de Bosc convient parfaitement à ce thème. 
Cerdan et Neveu avant le décollage
Visuelle, factuelle, elle ne provoque pas de larme mais invite à la réflexion. 
L'auteur se laisse souvent aller à une succession de variations sur un mot comme, évidemment, le nom du modèle de l'avion : constellation. 
C'est surprenant dans le premier chapitre, et c'est aussi une façon de renforcer dès le départ cette idée de corrélation. 
Il en abuse un peu à la fin du roman, mais comme je l'ai évoqué plus haut, j'ai eu un peu de mal avec les 3 derniers chapitres un peu trop éloignés pour moi du coeur du roman. 
Je comprends néanmoins l'idée d'aller jusqu'au bout de l'évocation de ces hasards signifiants. 


Quant à la lecture audio, c'est encore une fois un très bel exemple de lecture réussie ! 
Le lecteur a une belle voix chaude, il lit simplement ce roman qui s'y prête bien.
Il n'y a pas d'action ou de discours et le ton est un peu monocorde, mais le roman est ainsi fait. 
L'alternance des chapitres est indiquée par un changement de musique qui permet de ne pas se perdre (mais bon, on entend bien qu'on change de chapitre, hein). 

A éviter si vous prenez l'avion, ce roman sera parfait au coin du feu en hiver, ou avec un bon thé sur votre canapé un dimanche de printemps. 
















samedi 9 mai 2015

Deux jolis imagiers !

Je ne sais pas chez vous, mais en Normandie, la météo est toute grise.
C'est le temps parfait pour écrire un petit billet, non ?
Et comme on est samedi, ce billet sera consacré à la bibliothèque de ma crêpe Suzette.




Il y a quelques semaines, nous avons reçu ces petits imagiers très bien fichus.

J'ai déjà parlé ici de livres avec des volets, et de leur vie pleine de risque avec un petit d'un an.
Les volets en carton sont difficiles à manipuler quand on ne sait pas trop doser sa poigne et ils finissent quelque fois par être déchirés.

Mais voilà la solution.
Dans ces petits imagiers, il n'y a pas de volet mais des petits languettes qui font bouger les images !




Le premier nous emmène à la montagne.
La marmotte sort de son trou, les pommes de pin apparaissent, le petit skieur dévale la pente...
C'est très ludique et on ne se lasse pas (quand on a un an).




Les dessins sont aussi très jolis, avec des couleurs vives et des images qui donneront des envies de vacances à ceux qui n'habitent pas la montagne.
Tout y est pour préparer les vacances au ski !





Le second va être davantage de saison dans quelques semaines.




Comme dans le premier, sur la page de gauche, des images permettent de nommer les fruits.
En face, les fraises murissent, les cerises se balancent et les pommes se croquent.
les tirettes permettent de recommencer à l'infini pour la plus grande joie de ma fille.




Comme je le disais plus haut, le système de coulisse avec le point de couleur est très bien pensé.
Ma fille maitrise les pastilles noirs des livres musicaux alors elle a tout de suite compris comment ça marchait.





Il y a aussi une double page qui reprend la plupart des images à la fin de chacun de ces imagiers.
Et comme c'est le cas de la plupart des imagiers, ma fille montre les dessins de la fin et ceux du livre pour montrer qu'ils sont identiques et pour que je les nomme (j'adore évidemment !).





On a envie d'aller faire le marché quand on lit ce livre ! 


Merci aux éditions Nathan













lundi 4 mai 2015

Elle !

Le travail du bois m’a toujours fasciné.
Julien Ribot

Petit je regardais les ciseaux de mon grand-père avec fascination.
Leur tranchant, le fil du bois qui cédait sous la lame, les petits copeaux qui parsemaient le plancher de l’atelier, l’odeur du bois qui se dévoilait…
J’aimais passer du temps dans cet antre chaud et sombre où le bois se transformait.

Quand le moment de choisir un métier est arrivé, je suis resté dans cet atelier et j’ai poursuivi la lignée.
J’ai eu mes propres ciseaux, puis mon propre tabouret, et enfin mon propre atelier.
Là où mon grand-père transformait le bois en coffres et en chaises, je l’ai façonné pour en faire autre chose.
De mes mains sont sorties des formes arrondies, des courbes et des volutes.
Le bois a révélé des formes féminines de plus en plus épurées, de plus en plus travaillées.
Mon travail a fait grand bruit.
On me trouvait dans les plus grandes galeries mais je savais me faire désirer.
Mon atelier était parfois visité par des amateurs d’art à l’affut de la perle rare, de l’artiste qui leur permettrait de placer leur argent dans une valeur sure.
Je produisais pour eux des corps souples et déliés, des sculptures alimentaires qui leur donnait l’impression de posséder une parcelle de mon art.

Mais au fond de mon atelier, je gardais pour moi celle qui condensait tout mon art, celle qui m’attendait comme une promise, celle que je poursuivais sans jamais l’atteindre, celle qui m’intimait l’ordre de revenir sans cesse la toucher, la caresser, la remodeler, celle enfin qui se dérobait sous mes doigts.
J’avais choisi ce bois en la devinant sous l’écorce.
Son odeur, sa couleur, tout me paraissait si présent que je la voyais déjà.
Et pourtant, malgré les mois passés à la chercher, elle n’était pas encore tout à fait là.
Elle m’obsédait et me tourmentait, elle était un refuge et un supplice, elle s’agrippait et me repoussait.
J’étais à bout.
Je n’en pouvais plus de cette course sans fin.
Dans un accès de fureur, craignant de m’en prendre à elle, je l’avais cédé à cet homme qui me harcelait depuis des semaines pour que je lui livre une de mes œuvres.

Et me voilà là, le ciseau à la main.
Je n’ai pas pu.
Je n’ai pas su vivre sans elle.
Son absence m’a rongée bien plus que sa présence.
Errant dans mon atelier, je n’ai senti que le vide et le désespoir de celui qu’on a abandonné.
Ma demande était simple pourtant.
S’il avait accepté de me la rendre, nous serions reparti elle et moi simplement.
Mais il a refusé.
Et me voilà là, le ciseau à la main dont le sang goutte sur le plancher et trace une ligne de mort d’elle à moi, une ligne qui nous lie.
A jamais. 



Ma plume m’a surprise pour ce texte et s’est laissé emporter par mon amour pour ce roman de Zola que vous aurez sans doute reconnu. 


Déjà un 4e texte pour l'atelier d'écriture de Leiloona 
Les autres textes sont en lien chez elle









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