|
@Julien Ribot |
La maison lui avait plu d’emblée.
Pourtant, le lieu n’était pas particulièrement
accueillant.
Inhabitée depuis longtemps, il allait falloir un sacré
courage pour remettre sur pied cette bâtisse imposante.
Le jardin était en friche et il avait fallu se
frayer un chemin parmi les ronces et les hautes herbes.
La porte d’entrée était récalcitrante et ils avaient dû
contourner la maison pour entrer par le jardin.
L’intérieur ne valait pas mieux et il était bien difficile
de s’y
projeter.
L’agent immobilier était gêné à chaque nouvelle difficulté
et leur avait même proposé d’abandonner ce qui devenait une expédition
périlleuse.
Mais il y avait peu de maisons qui répondent à
leurs critères et ils avaient insisté.
Heureusement.
Après avoir vu le rez-de-chaussée, aperçu les deux étages, ils savaient
qu’ils
pourraient loger ici leur activité professionnelle et vivre dans une
partie de la maison.
Cela demanderait quelques efforts, mais la taille de la maison
convenait.
Ils envisageaient tout de même de revenir avec un architecte pour
tenter de chiffrer le supplément que les travaux allaient
provoquer.
L’affaire n’était pas faite !
Et puis elle avait eu envie de voir le jardin.
S’armant d’un bâton, elle avait bravé
le danger en frappant les herbes, en repoussant les branches, en se protégeant
des épines.
Elle avait aperçu un petit bâtiment annexe qui
pourrait accueillir son atelier.
En débouchant sur un petit espace dégagé, elle avait aperçu
un fil à
linge prêt
à
accueillir une lessive.
Là, face à cet objet du quotidien si banal, elle
avait su que cette maison était faite pour elle.
C’était bête sans doute et elle n’oserait
pas le dire à son mari mais à cet endroit, elle avait vu une
promesse de lessives nombreuses, de t-shirts tachés de chocolat, de pantalons aux genoux
plein d’herbe
et de terre, de chaussettes dépareillées et même de doudous qui sèchent
sous les yeux impatients de leurs petits propriétaires.
Cet après-midi, il avait plu, et sous le soleil en ce début
de soirée,
elle repensait à ce premier regard.
Depuis, elle avait tenu à conserver ce fil rouge qu’elle
voyait comme un symbole.
Les épingles étaient neuves, il fallait souvent les
changer, mais le fil était le même.
Et comme elle l’avait espéré,
les lessives s’y succédaient, comme celle qu’elle
s’apprêtait
à
étendre
avec l’aide
de sa fille ainée avec un bonheur profond.
On sent que le soleil est
revenu et que les vacances approchent.
N’hésitez pas à
aller voir les textes de mes camarades d’écriture…