Voilà une quatrième
lecture pour cette rentrée littéraire.
Ce qui est bien, c’est
que la sélection qui m’a été envoyé est assez variée.
Ce qui est moins bien,
c’est qu’au bout de 4 romans, je n’ai toujours pas d'énorme coup de cœur à déclarer.
Ne partez pas en courant
pour autant, car j’ai trouvé ce roman-ci bien meilleur que ceux présentés précédemment et beaucoup plus à mon goût (mis à part le
Claro quand même très particulier).
Le bar d'un petit village de Corse a été déserté
par sa serveuse, sans raison, du jour au lendemain.
La propriétaire ne souhaite pas reprendre le
service et décide de le mettre en gérance.
Mais trouver un bon gérant n’est pas chose facile.
Après plusieurs expériences mémorables, elle songe
à fermer. Deux jeunes du village se proposent alors de reprendre le flambeau, mais Libero et Matthieu n’ont aucune expérience en la
matière.
Tandis que le premier est du village, le second y passait ses vacances
chez ses grands-parents.
Tous deux ont ensuite fait leurs études ensemble à
Paris et leur formation de philosophe ne les a pas préparé à tenir un bar.
Pourtant, et contre toute attente, les débuts s'annoncent prometteurs, et ils ne vont pas
trop mal se débrouiller…
Quand j’ai commencé ce
roman, j’étais contente de lire un livre où il y avait une histoire (et même
deux), où il se passait quelque chose.
Deux histoires sont
effectivement mêlées et remontent ensemble pour se rejoindre.
Il y a d’abord Marcel, le
grand-père de Matthieu, dont on suit le cheminement de vie.
Il y a ensuite Matthieu
qui n’est pas très a l’aise dans sa vie et se cherche.
Ces deux récits ne sont
pas tout à fait écrits de la même façon et celui de Marcel est plus poétique,
plus onirique aussi.
Il remonte à une époque
où la Corse était plus sauvage, moins envahie par les touristes.
Le jeune Marcel aspirait
alors à découvrir le monde, à devenir quelqu’un.
Ce retour dans le passé
se fait au fil des souvenirs, des chagrins de Marcel.
Face à cette histoire, on
découvre celle d’un enfant gâté, Matthieu, qui ne se sent pas à l’aise à Paris
où ses parents habitent et préfèrerait vivre en Corse où sont ses racines.
Mais cet enfant n’est pas
corse et n’est pas tout à fait chez lui où qu’il soit.
L’un comme l’autre sont
des individus malheureux, qui se cherchent sans se trouver, mais qui
choisissent des chemins où ils ne peuvent que s’égarer.
Le recours à Saint Augustin et au motif de la chute annonce cet égarement dès le début du roman.
Les mentions sont de plus en plus importantes au fil des pages, et si le lien est ténu pendant les premières pages, il se matérialise dans les dernières et s'éclaircit finalement pour le lecteur qui ne connaitrait pas ces sermons.
Il faut aussi compter avec d'autres écrits de philosophes, habilement amenés par les études que font Matthieu et Libero, puisqu'ils préparent un master de philosophie.
Tout ceci fonctionne très bien, et on attend la chute avec un sentiment de fatalité.
Mais comme je l'ai dit plus haut, ce n'est pas un coup de coeur.
J'ai effectivement trouvé cette histoire intéressante. Elle promettait de belles heures de lecture.
Malheureusement, ce roman
m'a semblé un peu déséquilibré.
Le choix de raconter deux
histoires n’impose pas de leur consacrer le même espace, mais tandis que celle
de Marcel est profonde et dramatique, celle de Matthieu présente un petit
garçon mal dans sa peau qui ne veut pas grandir.
Les phrases emphatiques de l'auteur lui donne une profondeur et une emphase certaine, mais cela semble bien dérisoire.
J’attendais beaucoup de
ces deux histoires, et celle du bar tombe un peu à l’eau.
Finalement, les personnages
secondaires m'ont sans doute intéressés davantage, ce qui m'amène à penser qu'ils ne sont pas assez
développés.
Le meilleur ami de
Matthieu, par exemple, est son double, son idéal mais il évolue de son côté
sans que le lecteur sache réellement ce qui le pousse à changer.
Libero mène mieux sa vie, il est plus fort et prend de bonnes décisions.
Cette opposition aurait peut-être mérité d'être mieux exploitée.
C’est dommage, de même
que la fin qui est un peu rapide.
Malgré cela, c'est un beau roman, bien écrit, au style travaillé et poétique.
C’est très agréable à
lire, et le rapport au titre et à St Augustin est très travaillé.
Comme je suis allée à
Alger, j’ai beaucoup apprécié de retrouver son vieil aéroport et son ambiance
si particulière et l’histoire d’Aurélie m’a semblé très bien trouvé pour créer
un équilibre entre tous ces récits.
En bref, si vous aimez la
Corse et ses petits villages, les histoires de jeunes gens un peu paumés, les
récits de vie mêlés, les romans bien écrits et les allusions à St Augustin,
vous devriez aimer ce roman.
(je vous fais une
recommandation un peu fourre tout aujourd’hui, j’en ai bien conscience ^-^, mais c'est un peu comme ce roman qui suit beaucoup de fils différents)