Voilà un auteur que je voulais lire
depuis très longtemps.
J'ai un autre de ses romans, Elle
s'appelait Sarah, dans ma PAL, le roman qui l'a fait connaître
et que ma mère m'a laissé en dépôt prolongé. Mais je tourne
autour et je ne me décide jamais à le lire.
Trop de bonnes critiques m'effraient
apparemment, mais le sujet demande aussi d'être dans un état
d'esprit adéquat, ce qui n'est pas encore arrivé.
En attendant, j'avais envie de lire
Rose, le dernier roman de l'auteur.
Je suis passée à côté de quelques
partenariats, mais le généreux principe du livre voyageur m'a
permis de me rattraper.
Rose habite une charmante maison du
quartier de Saint Germain des Près.
Veuve, elle a ses habitudes, des
voisins agréables, et loue son rez-de-chaussé à une marchande de
fleurs, Alexandrine, chez qui elle aime passer quelques heures dans
la journée.
Tout va bien, si ce n'est sa fille
avec qui elle ne s'est jamais vraiment entendu et qui ne lui envoie
qu'une lettre sèche de temps à autres.
Puis voilà qu'un jour, le préfet
Haussmann décide de percer un boulevard à l'emplacement de la
maison de Rose !
Elle commence alors à rédiger son
journal, qu'elle adresse à son mari décédé. Elle lui raconte ce
qu'elle ne lui a jamais dit, son bonheur quand il l'a demandé en
mariage, sa difficulté à aimer sa fille et au contraire, sa joie
d'avoir eu un fils. Elle lui raconte aussi qu'elle ne quittera pas la
maison qui contient tous ses souvenirs.
Puis les ouvriers se rapprochent et
les maisons tombent les unes après les autres...
Il y a plusieurs semaines que j'ai lu
ce livre et je ne sais toujours pas expliquer avec précision
pourquoi je n'ai pas accroché.
Il y a des passages qui m'ont plu, mais
je crois que le personnage de Rose m'est complètement étranger.
J'aurais pu adhérer davantage au personnage d'Alexandrine, la
fleuriste, mais il n'est pas assez développé pour cela (ce n'est pas l’héroïne du roman).
Le désamour de Rose pour sa fille,
notamment, m'a semblé exagéré. Dès la naissance, elle a rejeté
cette enfant sans jamais lui donner aucune chance. Le baby blues
n'était pas traité à l'époque, je le conçois, mais c'est tout de
même un peu violent, et on comprend qu'une petite fille soit si
désagréable quand elle n'est pas aimée.
Il y a aussi trop de passé simple à
mon goût. Rose est une femme simple, il est déjà beau qu'elle
sache écrire aussi bien (oui, c'est très très bien écrit), alors pour en utiliser autant, elle a dû
prendre des cours du soir.
J'ai également relevé quelques
anachronismes dans les préoccupations de cette femme, et surtout
dans les descriptions du nouveau Paris et des travaux.
C'est un
roman et je chipote, mais mon ancien métier (j'étais guide conférencière dans
une autre vie) me fait dire qu'il y a une ou deux petites choses qui n'auraient pas dû se trouver là. Mais vous voyez que c'est vraiment mineur.
L'auteur a apparemment fait des
recherches, ce qui est tout à son honneur et cela se voit, et les détails (car ce
sont vraiment des détails) qui m'ont interpellés sont vraiment des points
spécialisés, d'autant que c'est tout de même très agréable de lire un livre bien documenté !
Par contre, le hasard de la lecture
(mais existe-t-il vraiment?) fait que j'ai lu ce livre au moment où
je découvrais moi même le quartier de St Germain des Près.
J'y travaille depuis trois mois et pour
de nombreuses années (j'espère). Je le regarde donc d'un autre œil,
pas en simple touriste.
Il y a une vraie vie de quartier, comme
le décrit Tatiana de Rosnay à une autre époque. Les maisons
anciennes côtoient celles qui ont été construites à la suite des
travaux d'Haussmann, ainsi que quelques immeubles des années 1930 ou
plus contemporains.
Du coup, j'ai particulièrement
apprécié les descriptions de Paris, l'inauguration du quartier de
l'Opéra, les scènes un peu originales comme le dimanche de patinage
sur la Seine.
Ce sont tous les lieux que j'apprécie
de traverser chaque matin et chaque soir.
Le problème, c'est que l'argumentaire
du roman développe l'idée que le progrès détruit tout, les
racines, comme l'histoire, et qu'il n'est pas possible de vivre dans
une ville comme ce Paris « éventré ». Ce qui me paraît
bien exagéré.
Et j'ajoute qu'autour de l'église St
Germain, il reste beaucoup de maisons qui ressemblent fort à celle
que devait habiter Rose (rue Jacob, par exemple).
N'hésitez donc pas à vous faire votre
propre idée si vous aimez Paris, si vous connaissez le quartier St
Germain, si vous trouvez qu'avant c'était mieux, ou que les grands
boulevards sont des saignées dans la vieille ville. Le roman se lit
très bien, et c'est très joliment écrit.
Je remercie
Sandrine pour le voyage de
ce livre jusqu'à mon panier à livre. Cela m'a permis de lire enfin
Tatiana de Rosnay.