Cette rentrée littéraire est décidément pleine de surprises.
C’est la première fois que je lis autant d’ouvrages sortis pendant cette grand messe de l’édition, mais je ne le regrette vraiment pas.
Le roman dont je vais vous parler aujourd’hui est d’un genre assez particulier, puisqu’il fait appel à la science fiction ou à l’anticipation pour évoquer ce qui pourrait bien être notre futur, ou ce à quoi pourraient aboutir certaines de nos peurs contemporaines.
Ce n’est là qu’un cadre pour développer l’histoire de Lila K mais il occupe une vraie place.
Arrachée à sa mère alors qu’elle n’a que 4 ans, elle va devoir apprendre à vivre au Centre, seule au milieu d’autres enfants parfois très hostiles. Elle refuse de s’alimenter, ne supporte pas qu’on la touche et la lumière lui blesse les yeux.
Pour retrouver un peu de calme, elle parvient jour après jour à se constituer un petit cocon sous son lit, elle réapprend à marcher et grâce à une paire de lunettes de soleil qu’elle ne quittera plus, elle arrive à se déplacer dans le centre. Le groupe reste tout de même un milieu hostile, comme la foule ou l’inconnu.
Il lui faut pourtant progresser si elle veut sortir un jour et retrouver sa mère, ce qu’elle va faire grâce à quelques belles rencontres.
Cette histoire m’a tellement plu que je vous en raconterai bien plus, mais il faut garder quelques surprises.
Parlons alors de mon avis.
Ce livre mêle différents fils que j’ai trouvés bien équilibrés.
La narration a pour décor un futur potentiel qui n’est pas un simple cadre. Il interroge nos usages, la multiplication de la vidéosurveillance, l’obsession des quartiers sécurisés, les clivages qui s’accentuent entre certaines zones urbaines.
Le futur nous interpelle directement car une partie de ses habitants choisit de quitter ces lieux sécurisés et contrôlés malgré la protection qu’ils apportent.
Le personnage de Lila passe elle aussi d’un sentiment à l’autre. Les caméras la sécurisent d’abord. S’il lui arrive quelque chose, quelqu’un pourra alerter les secours et le centre ville sécurisé s’oppose à la zone où tous les dangers semblent réunis. Mais cette surveillance contrôle aussi sa vie et ne lui laisse finalement plus aucune liberté. Faut-il alors choisir entre liberté et sécurité ?
Par le biais de ces questionnements qui surviennent petit à petit, la quête de Lila s’intègre parfaitement à cette ville fantasmée, tout en renvoyant le lecteur à son propre cadre de vie. La zone dangereuse et le centre propre et calme n’existent-ils pas déjà ?
Le fil principal reste toutefois l’histoire de Lila. Cette toute petite fille va croiser plusieurs personnages qui vont l’aider à avancer.
Les différents chapitres portent d’ailleurs le nom de ces personnages. D’abord petite chose muette et fragile, Lila évolue, grandit et apprend à faire ce que l’on attend d’elle car elle a un objectif qui la guide et la soutient : retrouver sa mère. Mais il lui faut sortir du centre pour cela…
Vous l’aurez compris, j’ai beaucoup aimé l’apprentissage et l’évolution de cette jeune femme, sa façon d’apprivoiser le monde et son rapport aux autres. On pourrait la qualifier d’autiste, je pense, mais grâce à l’acharnement de quelques uns, elle parvient à sortir de son cocon et à trouver sa place dans la société.
Cette ville sécurisée, ce monde fantasmé où les livres sont physiquement dangereux (ils contiennent des microbes) m’ont aussi fait penser au film Bienvenue à Gattaca qui a aussi pour cadre un futur où les naissances sont contrôlées, où chacun est soumis à des vérifications génétiques qui lui prédise son avenir.
A méditer…