lundi 5 juin 2023

Les rois maudits de Maurice Druon - Tome 1, Le roi de fer 🎧 📘 [Prix audiolib 2023]

Quand j’étais petite, le mardi soir, je dormais chez ma mamie. 
C’est d’ailleurs très drôle de repenser à cela puisque je l’ai fait une dernière fois il y a quelques semaines, juste avant de lui dire au revoir… 
Mais revenons à nos rois. 
Il me semble qu’un vieux téléfilm était passé à la télé et que ma grand-mère qui a toujours beaucoup lu m’avait vanté les livres et le talent de Maurice Druon ! 
La série de romans était ensuite restée dans ma mémoire comme un Graal, le top des romans historiques qu’il fallait lire au moins une fois dans sa vie. 
J’ai ensuite fait des études de lettres et j’ai retrouvé Maurice Druon cité aux côtés de Walter Scott, star absolu du genre. 
La présence du tome 1 dans la sélection du Prix Audiolib était donc une très belle surprise !! 

 


 

 En visite auprès de la reine d’Angleterre, fille du roi de France Philippe le Bel, Robert d’Artois lui rapporte les agissements de ses belles-sœurs qu’elle apprécie fort peu. 
A Paris, les jeunes femmes se conduisent librement et ne semblent pas se soucier de l’honneur lié à leur rang. 
Il n’en faut pas plus pour qu’Isabelle de France voit là un moyen d’obtenir ce qu’elle veut…


Avez-vous vu le Trône de fer ?
L’auteur indique volontiers qu’il est fan des Rois Maudits et qu’il s’en est inspiré pour son propre récit. 
Je n’ai pas encore cédé à l’engouement pour cette série, mais si vous l’avez vu, ce serait dommage de ne pas aller lire directement ce récrit très connu des aficionados des romans historiques de la grande époque ! 
Et si vous ne l’avez pas lu, il y a de fortes chances pour que la tour de Nesle, ou la malédiction des Templiers vous disent quelque chose, ou que vous ayez croisé une des multiples adaptations télévisées. 

Le récit de ce tome 1 s’articule autour de deux évènements majeurs, le procès des Templiers et les accusations d’adultères de trois belles-filles du roi Philippe le Bel. 
Ce sont deux épisodes importants, notamment le procès puisque le chef des Templiers a maudit le roi, malédiction qui est restée dans les mémoires. 
Evidemment, si vous êtes un(e) adepte pur et dur de la vérité historique, ce récit pourrait vous paraître bien loin des sources historiques mais les années ayant passé depuis ces évènements, autant se faire plaisir avec un bon roman ! (Et puis c’est toujours un peu le défaut des romans historiques, il faut l’accepter). 
Une fois passées ces précautions, le texte est agréable, fluide. 
Maurice Druon a une plume agile, qui nous plonge directement au cœur de l’action.
Le texte est moins suranné que je ne le pensais et ce fut une belle surprise. 
C’est un roman qui se lit d’une traite, sans temps mort bien que l’action suive des rythmes différents. 
Il y a des complots, des alliances, des trahisons, des rivalités, des perfidies. 
J’ai parfois regretté que les personnages ne soient pas plus travaillés mais les tomes suivants permettent sans doute de développer leur personnalité. 
L’auteur répond parfaitement aux codes du genre en suivant plusieurs fils narratifs, avec de nombreux personnages aux noms connus. 
La trame s’appuie sur les sources historiques et brode autour, avec une volonté évidente de créer des scènes visuelles, de planter un décor et créer une atmosphère. 
C’est finalement un roman assez visuel, où il y a beaucoup d’actions en peu de mots, ce qui est sans doute la force de Maurice Druon. 
Le livre audio sert bien le roman avec une version qui m’a paru correspondre à l’atmosphère du roman et à un style tout de même un peu ancré dans une époque, même si cela reste très léger. 
La lecture de Jérémie Covillault est calme, mais grave, il n’y a pas d’emphase inutile, c’est parfait. 

Si vous aimez les romans historiques, je vous conseille donc ce premier tome d’une série que je poursuivrai très probablement pour savoir ce qui est arrivé ensuite à tous ces personnages ! 





 

 

 
 





 

vendredi 2 juin 2023

Blizzard de Marie Vingtras 🎧 📘 [Prix audiolib 2023]

Il y a parfois des romans dont le résumé de présentation fait fuir le lecteur.
Et quel dommage !
Si celui-ci n’avait pas fait partie du Prix Audiolib, j’aurais manqué un très bon récit ! 
 
 

 
Alors que le blizzard se déchaine à l’extérieur, Benedict s’aperçoit que Bess est sorti avec le petit Thomas.
Aidé par Cole, ils se lancent à leur recherche dans un paysage où tout repère a disparu, avec un espoir qui diminue de minute en minute.
Le blizzard avale tout et on ne peut savoir ce qui parviendra à en sortir… 
 
J’ai abordé ce récit avec une peur profonde liée à cette disparition d’enfant annoncée dès le début.
Difficile de rester indifférent face à ces personnages qui se lancent dans une situation si dangereuse à cause d’une jeune femme écervelée qui est sortie en plein blizzard !
Mais le récit bifurque et nous emporte dans les vies des quatre personnages dont chaque chapitre retrace les pensées et la vie passée.
Il y a Benedict qui a grandit là et ne pourrait pas vivre ailleurs, Cole qui est venu chercher la tranquilité, Freeman qui semble incongru dans ces grands espaces, et Bess qui a suivi Benedict mais n’est pas vraiment à sa place non plus.
Chacun se cherche, semble en suspens, et leur quête dans la neige, dans cet univers où tout est blanc et rien ne se distingue, va leur permettre de dévoiler ce qu’il y a au fond d’eux.
Chaque histoire est vraiment singulière.
Il y a un ancien soldat noir qui a fait la guerre du Vietnam, un vieux trappeur bourru, un jeune trappeur qui tente de reconstruire sa vie, une femme pas vraiment adapté à la situation dans laquelle elle se trouve et au passé lourd à porter.
On a très envie que le récit avance pour savoir où est le jeune garçon, s’ils vont le retrouver, mais on se retrouve pris aussi par les histoires singulières et les tensions multiples finissent par se conjuguer !
Et je pense que c’est là la grande qualité de Marie Vingtras.
Elle parvient à nous donner envie de poursuivre pour plusieurs raisons en mêlant les fils de l’histoire.
C’est très cohérent, bien ficelé, et on termine le roman en reprenant notre souffle ! 
 
Chaque chapitre est classiquement titré du nom du personnage qui va parler, et la version audio est lu par plusieurs comédiens, ce qui facilite le repérage. 
Stéphane Boucher, Alice de Lencquesaing, Patrick Mille et Sébastien Pouderoux s’associent pour proposer une version audio bien équilibrée, où les quatre lecteurs adoptent un rythme et un ton qui se marient bien entre eux.
On distingue qui parle tout en n’étant pas gêné par le changement de lecteur.
Je vous conseille la version audio, notamment si vous voulez tester ce format ! 
 
En bref, c’est donc un roman très étonnant mais vraiment pas mal !
Je me suis demandé au début de mon écoute si j’allais aimé, mais une fois terminé, la réponse était clairement oui.
Ne soyez pas arrêté par le résumé, ce serait dommage !! 
 
 
 
 

 
 
 







lundi 29 mai 2023

Notre part de nuit de Mariana Enriquez 🎧 📘 [Prix audiolib 2023]

Cette année, dans la sélection du Prix audiolib, il y avait un pavé ! 
Mais c'est bien aussi les pavés. 
Cela permet de s'immerger dans une histoire, de bien connaitre les personnages. 
Et quelle histoire ici !!  
 
 

 
Juan et Gaspard traversent l’Argentine en voiture pour se rendre à une réunion familiale. Gaspard a perdu sa mère récemment et avec son père, Juan, ils doivent trouver un nouvel équilibre.
La route défile mais Juan est malade et c’est parfois difficile.
D’étapes en étapes, leur vie se dévoile, révélant d’étranges pouvoirs qui leur permettraient de manipuler une force étrange et maléfique…
 
27 h d’écoute !
Pour le prix Audiolib, je classe généralement les livres par temps d’écoute quand je les reçois.
J’essaie d’écouter les plus longs en dernier pour pouvoir rester dans les temps.
J’avais donc placé Notre part de nuit en dernier parce que… quand même… 27 heures quoi !
Et même 27h43 !
Et vous savez quoi ?
Il aurait duré plus longtemps, j’aurais tout écouté !
J’avais tellement envie de rester encore avec Gaspard, de savoir ce qu’il se passe ensuite, comment tout cela évolue.
Mais bon, le roman est terminé, il faut passer à d’autres pages (tâche ô combien difficile après ce pavé !).
 
Et pourtant, il y avait une autre raison pour que je sois frileuse au début de mon écoute.
L’aspect fantastique est très très marqué dans ce récit.
Il est question de démons, de magie, de tarot, il y a des passages vraiment durs où l’autrice évoque des tortures et des mutilations (heureusement pas si souvent).
On suit les personnages à différentes époques de leur vie, et cela pourrait paraitre suffisant mais cet aspect fantastique s’y mêle et prend une vraie place.
Et puis finalement, on accepte ce que Mariana Enriquez nous raconte comme une possibilité.
On y croit et on cherche les petites manifestations obscures qui sont dispatchées dans le roman. 
 
Vous l’aurez compris, Notre part de nuit est un roman assez inclassable, très étonnant et vraiment original par son sujet. 
C’est un roman indéfinissable, fantastique mais crédible, très sombre et rempli de rebondissements tragiques. 

C’est aussi un roman polyphonique, qui prend son temps et ses aises et on aime se plonger dans cet histoire, attiré par le récit comme les personnages sont attirés par l’obscurité.
Mariana Enriquez n’oublie pas pour autant de donner un cadre à son histoire et on y croise Bowie, dans l’Angleterre des années 70, la dictature argentine des années 80, le sida dans les années 90. 
 
La version audio est lue par Féodor Atkine, Clara Brajtman et Françoise Cadol.
Ces trois voix correspondent à trois temps du récit où la narration est prise en charge par des personnages différents.
Elles s’accordent bien, donnent un rythme au roman et permettent d’éviter la lassitude au bout de plusieurs heures d’écoute.
Ce sont aussi des voix qui s’écoutent avec plaisir, sans emphase mais avec un ton bien adapté au récit. 
Et comme toujours Feodor Atkine restera pour moi la voix de ce roman que j'entends encore quand je me remémore certains passages ! 
 
Je vous conseille donc sans réserve ce roman pavé mais néanmoins très digeste.
Pour l’été sur la plage, l’hiver au coin du feu, l’automne à la fenêtre ou le printemps au jardin, il vous ravira en toutes saisons !
Quant à moi, je m’en vais réécouter la dernière heure du roman pour retrouver Gaspard et mettre tous les morceaux du puzzle à leur place !
 
 
 
 

 
 
 





  
 
 
 
Et ce sera ma 4e participation au challenge Petit Bac d'Enna avec un moment de la journée :)


 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 


mercredi 24 mai 2023

Sherlock Holmes et les mystères de Londres, tome 1

C'est l'heure de la petite BD du mercredi !! 
Et ce sera avec une BD un poil classique avec un héros déjà très très connu cette semaine. 
J'ai nommé... Sherlock Holmes !
 
 
 
 
 Le corps d’une fillette a été retrouvé dans la Tamise. 

La police suspecte une communauté Jamaïcaine d’avoir utilisé cette enfant pour des cérémonies vaudous mais L’inspecteur Lestrade n’est pas d’accord et fait appel à son vieil ami Sherlock Holmes. 

Celui-ci accepte d’aider la police… 


Il existe tellement d’adaptation des histoires de Sherlock Holmes, qu’il est toujours périlleux de se lancer dans une nouvelle version. 

Michel Suro a choisi un style assez classique pour le dessin et dessine Sherlock sans référence aux acteurs les plus célèbres qui l’ont incarné. 

Cela lui permet de proposer un personnage avec un peu d’originalité et bien identifiable. 

Le choix des couleurs forme un ensemble de marrons, verts et jaunes dans les rues de Londres, ce qui lui permet de mettre en place une atmosphère urbaine tout en soulignant l’insalubrité de certains quartiers. 

Les tâches de couleur vive donnent du rythme et du mouvement lorsqu’il y en a. 


L’histoire nous fait voyager de Londres à Paris, où Sherlock va chercher un informateur. 

Il en profite pour croiser Oscar Wilde avant son départ, et Toulouse-Lautrec une fois arrivé, avant de partir avec Félix Féneon qu’il ramène chez lui ! 

Cette incursion de personnages célèbres est amusante et sort de l’ordinaire mais il m’a manqué un peu de vraisemblance tout de même. 

C’est aussi Fénéon qui apporte la plupart des informations qui font avancer l’enquête. 

Le légendaire sens de l’observation et de la déduction de Sherlock passe un peu à la trappe, donc, au profit de l’action et des avancées de l’enquête. 

Et de l’action, il y en a ! 

Le rythme est endiablé, les personnages sautent d’un train dans un fiacre, s’introduisent dans une maison sans sourciller. 

On ne s’ennuie pas ! 


Comme il s’agit d’un tome 1, vous n’aurez pas le fin mot de l’histoire et il vous faudra attendre que le tome suivant paraisse. 

Sherlock redeviendra alors sans doute Sherlock quand il lui faudra remettre toutes les pièces du puzzle ensemble. 

Si vous aimez les BD où il y a de l’action et que vous trouver Holmes souvent trop cérébral, vous ne serez toutefois pas déçu ici ! 

 
 
 
 




 
 
 
 
 
 


lundi 22 mai 2023

Le carré des indigents d'Hugues Pagan 🎧 📘 [Prix audiolib 2023]

Un petit polar, ça vous dit ?
Attention, celui-ci nous emporte directement dans les années 1970, sous Pompidou, quand on fumait encore n’importe où et qu’il était de bon ton de cantonner les femmes au secrétariat !!
 
 



Une petite ville de province, 1973, Schneider revient pour prendre la tête du groupe de la crim.
Alors qu’il prend ses marques, une jeune fille est signalée disparue.
On la retrouve quelques heures plus tard, à une vingtaine de kilomètres de son scooter, assassinée.
L’enquête démarre sans indice flagrant, mais il en est sûre, il ne s’agit pas d’un rôdeur…


Schneider est un type grand, habillé avec soin, sec et détaché comme on en voyait dans ces films de flic qui repassaient encore et encore à la télé dans les années 80 et 90.
Ces yeux gris fascinent et semblent être la seule partie de son corps qui varie selon l’humeur et le temps.
Mais Schneider est un bon flic, un de ceux qui ne lâchent pas leur gibier et qui l’attrapent à tous les coups.
Et le lecteur se laisse aller à se fondre dans ces pages si visuelles, si imagées.
La version audio renforce peut-être cet effet car je n’ai pas eu l’impression de lire un texte.
J’ai visualisé chaque scène, et le souvenir qu’il me reste est composé d’images, de scènes, comme si je l’avais découvert en version filmée.
Hugues Pagan parvient ici à nous conduire dans son univers sans fioriture, mais avec un soin donné à l’atmosphère, à une ambiance qui m’a rappelé bien des souvenirs de soirée devant la télé.

L’histoire en elle-même est néanmoins assez classique.
Un meurtre, un enquêteur hors-pair, la ville et ses habitants qui semblent se liguer contre lui (mais pas trop quand même).
L’auteur s’amuse avec les codes du polar urbain, comme pour l’arrive à la gare, où Schneider a la sensation que la vile ne le laissera jamais partir vivant.
C’est aussi un retour aux sources, puisqu’il revient dans la ville de sa jeunesse, ce qui lui permet de connaître déjà les notables de la ville, ce qui est quand même bien pratique et également intrigant pour le lecteur qui se demande quels secrets il a à cacher.
Rien de novateur, donc, mais un hommage très bien fait, un style bien maitrisé et une histoire qui laisse beaucoup d’images et d’impressions.

La lecture de Cyril Romoli est juste, avec une voix parfaitement adaptée pour ce style de roman.
Il n’en fait pas trop, on le suit avec plaisir et il sait maintenir l’attention du lecteur.
J’ai aimé qu’il me laisse le champ libre pour décider moi-même de l’intensité des différentes scènes crées par l’auteur.

En bref, si vous aimez les polars, celui-ci pourrait bien vous plaire !
Par contre, vous pourrez vous dispenser de l’introduction sans problème.
L’auteur a demandé à Michel Embareck de préfacer son roman, ce qui donne un petit chapitre bizarre, voire même un peu effrayant notamment parce qu’il utilise des mots rares pour décrire certains éléments.
Je suis d’ordinaire plutôt favorable à l’utilisation de ces mots qui risquent de finir dans l’oubli, mais là, dans une préface, on a peur que tout le roman soit incompréhensible et cela donne envie d’aller lire autre chose.
Mais passé ces premières pages, rassurez-vous, tout ira bien ! 





 
 
 





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