mercredi 20 mai 2015

Yeruldelgger de Ian Manook { Prix Audiolib }

J'ai vu ce livre très souvent sur les tables des libraires depuis sa sortie.
Sa couverture est un peu moche, je trouve, et après avoir lu le roman, je ne suis pas sure de la comprendre.
Il me semble qu'il y aurait eu de quoi faire quelque chose de plus attirant ou de plus parlant.
Malgré ce défaut qui n'en est pas vraiment un (le texte de l'auteur n'y est pour rien), ce serait dommage de s'y arrêter car elle recouvre un polar plutôt bien troussé.

Ce matin là, Yeruldelgger aurait préféré rester couché mais il se retrouve au milieu de la steppe pour exhumer le corps d'une petite fille que des nomades viennent de trouver.
Les enfants ce n'est jamais facile, et cela réveille en lui de très mauvais souvenirs, de ceux qui vous empêchent de vivre votre vie.
Mais sa mauvaise journée ne s'arrête pas là !
Deux pontes chinois viennent d'être découverts dans leur usine, mutilés et nus.
L'affaire ne va pas être simple, Yeruldelgger le sait.
Les Chinois ont tendance à se croire tout permis et vont sûrement lui mettre des bâtons dans les roues...

L'intrigue est assez simple.
Deux enquêtes vont se croiser tout le long du roman, alternant les points de vue et les personnages pour nous dévoiler différentes facettes de la Mongolie et d'Oulan-Bator.
Car l'intérêt de ce livre, c'est de découvrir un pays peu présent dans ce genre de littérature.
Et sans doute peu présent dans la littérature en général d'ailleurs.
Au fil de l'histoire, on découvre des pratiques culturelles, des coutumes qui sont bien intégrées dans le récit et qui le servent en apportant des explications sur certains faits.
Cette "utilité" de l'information culturelle permet de maintenir une belle fluidité et une cohérence au récit.

Evidemment, le pseudo de l'auteur m'a amené à m'interroger sur sa nationalité.
Il semblait bien connaitre le pays, Manook aurait peut-être pu être un nom mongol, mais Ian peut-être pas.
Et puis je me suis demandé tout de même si la Mongolie avait une tradition dans le domaine du roman policier.
Celui-ci est de facture assez classique (je rappelle que j'ai rédigé une thèse qui porte en partie sur le roman policier, d'où ce chemin de traverse qu'a pris ma pensée), il s'inscrit dans la tradition européenne du polar et cela me semblait quand même un peu surprenant qu'un auteur mongol ait cette culture qui imprègne son écriture.
Mais l'auteur n'est pas mongol !
J'avoue avoir eu alors un peu l'impression qu'on se moquait de moi.

C'est néanmoins le seul point négatif que je relèverai ici.
Le roman est un peu violent, mais cela s'arrête souvent juste à temps.
Les personnages sont attachants, bien construits et ont de l'épaisseur.
La Mongolie est superbe et donne envie d'aller se perdre dans ses steppes à la voyageuse que je suis.
L'intrigue n'est pas hyper originale (si on ne tient pas compte de sa localisation), et j'avais deviné une bonne partie de la solution, mais cela se tient et la qualité de la construction des personnages fait oublier le reste.
Et puis comme je l'ai dit plus haut, on découvre ce pays en douceur grâce à l'explication de ses symboles, du mode de vie de ses habitants, de ses coutumes.
Ce n'est pas pour autant surchargé et les explications de l'auteur sont bien dosées.

Comme je l'ai écouté, il me faut aussi dire quelques mots du livre audio.
Le lecteur, Martin Spinhayer est parfait !
Il dose le suspense, il change de voix pour chaque personnage sans que cela soit caricatural, il adapte le rythme à l'histoire.
Il y a également un entretien avec l'auteur à la fin du livre audio.
J'aime bien ces entretiens qui donnent des informations sur la façon d'écrire de l'auteur, sur son ressenti, sur ce qu'il a voulu faire, mais parfois cet exercice, un peu nombriliste sans doute, ne tourne pas à l'avantage de l'auteur.
C'est le cas ici où Ian Manook semble un peu suffisant et pédant.


Mais oublions bien vite l'auteur pour retenir que ce roman est une pépite qui vous emportera en Mongolie par un vol direct de quelques minutes, juste le temps d'ouvrir le roman !







lundi 18 mai 2015

La terre mère

@Sabine
La vision de cet enfant sautant sur les pierres fit remonter tous ses souvenirs.
Il y avait quelques années qu’elle souhaitait faire ce voyage.
Repoussant sans cesse la décision, elle s’était cachée derrière les excuses les plus variées pour l’éviter.
Pas les moyens, pas le temps, personne pour l’accompagner…
Pourtant, elle en avait besoin.
Elle sentait au fond d’elle qu’il fallait qu’elle le fasse pour chasser les fantômes, pour reprendre possession de sa vie. 

L’arrivée à Phnom Penh ne lui avait rien fait.
Un aéroport de plus dans sa collection.
Elle enchainait les déplacements depuis plusieurs années et ne comptait plus vraiment les arrivées dans des halls grisâtres, poussiéreux, où elle cherchait surtout le panneau « exit » ou « baggage claim » quand elle sortait de l’avion pour quitter bien vite cette zone de transit inconfortable.
Dans le taxi, elle avait collé son front à la vitre et s’était laissé aller à observer la vie qui défilait devant ses yeux.
Elle attendait que quelque chose se passe, elle espérait que quelque chose se passe.
Mais non. Rien.
Elle était restée deux jours dans la capitale cambodgienne.
Jouant les touristes, elle avait évité certains lieux, leur préférant les temples et le palais royal.
Il est des cicatrices qu’il ne faut pas rouvrir.

Et puis elle s’était décidée à se rapprocher encore.
La gare routière était bruyante et agitée.
Son ticket en main, elle était descendu du tuk-tuk, avait réglé la course et son sac à dos arrimé sur ses épaules, elle s’était dirigée vers les bus à touriste colorés.
Touriste encore…

A Siem Reap, elle avait senti une nouvelle fois l’avantage d’avoir son visage dans ce pays tout en étant une touriste.
Les tuk-tuks étaient moins chers pour elle et sa chambre d’hôtel était l’une des plus grandes de l’établissement, tout en profitant du confort à l’occidental auquel elle était habituée à présent.
Mais ce n’était pas important.
Il lui fallait à maintenant trouver une voiture, ou un chauffeur peut-être.
Elle sentait qu’elle était prête.

Elle avait encore attendu deux jours, flânant dans la ville, visitant les temples d’Angkor plein de touristes… Angkor Vat, le Ta Promh, le Barein…
Elle s’imprégnait de cette atmosphère si particulière.
Elle attendait.
Encore.

Et puis elle était montée dans cette voiture pour aller visiter ce temple à l’écart.
La route était mauvaise, comme autrefois.
Elle était descendue de voiture, avait senti comme un malaise en respirant l’air chaud, saturé de poussière rouge de latérite.
Au détour d’un éboulement, elle avait vu ce jeune garçon sauter de pierre en pierre, un éclair orange dans son champ de vision.
Et là, tout était revenu !

Tel une bouffée de chagrin, des images l’avaient assaillie.
Les pierres qui l’avaient accueilli depuis qu’elle était née, sa mère à la peau cuivrée qui la berçait entre deux colonnes sculptées, son père archéologue qui dessinait ces sculptures et qui disait souvent qu’il avait épousé une des apsaras qu’il dessinait.
Et puis les Khmers rouges qui étaient arrivés, qui avaient tout abimé.

Tout avait disparu, englouti dans le cataclysme qui les avait submergé.
Son enfance broyée, sa vie dévastée.
Ses premiers souvenirs avaient toujours été ceux du bateau qui les emportait loin, ballotés par les vagues, secoués, perdus, déracinés.
Et son père qui les regardait au loin, qui s’éloignait jusqu’à ne plus être qu’un petit point.

Elle avait oublié ces jours meilleurs.
Elle les avait enfoui pour moins souffrir.
On lui avait volé sa vie.


Mais désormais, elle savait d’où elle venait.




On ne m'arrête plus, il faut croire que je prend goût à ce petit exercice. Mais bon, quand on me met une photo du Cambodge sous le nez, je ne peux pas résister. 



Les autres textes sont en lien chez elle









dimanche 17 mai 2015

☕ Petite semoule à l'abricot ☕

Le soleil est intermittent dans ma campagne normande.
Les nuages vont et viennent, le gris succède au bleu du ciel et l'on ne sait pas trop comment s'habiller mais la semaine dernière, il a fait tellement beau que j'ai des envies estivales.
Quoi de plus facile alors de cuisiner une recette aux fruits d'été ?






Hélas*, mon univers tourne un peu autour de ma fille, il n'est pas difficile de s'en apercevoir sur ce blog.
Ces semoules sont donc prévues pour les bébés qui commencent à manger, à partir de 10 mois (pour les abricots secs).
Comme je n'en fais qu'à ma tête, je l'ai un peu modifiée.
Et comme ma fille mange comme nous de plus en plus, je vous propose deux versions, une pour les petits et une pour les grands.






Pour les petits, la recette d'origine est issue du livre Premiers repas de bébé dont je vous parlerai la semaine prochaine avec une autre recette.
Dans la recette du livre, il y a deux fois moins de lait, ce qui donne un résultat très compact.
Comme on préfère la texture crémeuse des semoules Nestlé du supermarché, plus faciles à avaler pour un petit, j'ai mis beaucoup plus de lait.
J'ai aussi utilisé des abricots secs, les frais ne sont pas encore arrivés.

Pour 4 pots de 100g environ : 

  • 50g de semoule fine
  • 500 ml de lait pour bébé
  • 5 abricots secs

Dans une casserole, faire bouillir le lait. 
Verser en pluie la semoule et laisser gonfler en remuant. 
Couper les abricots en petits dés, et les mélanger à la semoule. 

Voilà, c'est prêt, il n'y a plus qu'à laisser refroidir.

Si vous voulez vous aussi manger comme votre bébé**, il suffit d'ajouter 80g de sucre au lait chaud (ou plus selon votre goût) et un peu plus d'abricot.

Chez nous, cette recette va devenir un classique, je le sens.
C'est très rapide, et en été, on pourra ajouter tout un tas de fruits frais (mais pas des fraises, ma crêpe Suzette n'aime pas ça !).






* c'est du second degré bien sûr. 
** comme ma fille pique dans les assiettes, on finit par s'adapter à elle plutôt que l'inverse ^-^


qui a préparé des tapas aujourd'hui. 





vendredi 15 mai 2015

La photo du mois #8 : le flou et la vie

Le thème de ce mois de mai était à la fois facile et difficile (c'est le propre des thèmes féconds sans doute).
Lyonelk nous a en effet proposé de réfléchir sur Le flou et la vie.

Des photos floues, on en a forcément plein, surtout quand on fait de la photo numérique où le déclenchement est tellement plus facile.
Mais je voulais une photo où le flou soit volontaire, ce qui complique un peu les choses.

Depuis quelques années, je perfectionne la maitrise du fond flou.
Pour mon blog de cuisine, déserté depuis pas mal de temps, j'ai appris à régler mon reflex pour que le fond soit plus ou moins flou, plus ou moins foncé.
J'ai aussi appris ce qu'était un Bokeh mais dans le thème proposé, il y a la vie, et la cuisine, ce n'est pas très vivant.

Je suis donc plutôt partie dans mes photos de voyage.
Evidemment, j'ai tout de suite pensé au Népal, ce si beau pays si violemment touché par deux fois ces dernières semaines.
Je crois que c'est là où j'ai commencé à faire vraiment de belles photos (et puis on est parti avec 3 reflex, 5 objectifs et un pied, ce qui facilite les choses !).
Des photos avec des flous, il y en a plein, dans les temples où les moulins de prière donnent de si jolies photos, dans les jardins sacrés où les drapeaux de prière flottent au vent.
Regarder ces photos évoque forcément les images arrivées jusqu'à nous de Katmandou effondrée et surtout de ses habitants si seuls face à la catastrophe.

Et puis finalement, il y avait plusieurs photos déjà publiés sur ce blog alors j'ai cherché quelque chose de nouveau et je vous emmène en Birmanie.
Ce n'est pas beaucoup plus gai puisque depuis cette photo, beaucoup de moines ont été emprisonnés (ou pire) mais ce flou me semble représenter l'intemporalité des choses si propre au bouddhisme.
 








N'hésitez pas à aller voir d'autres photos floues : 

A'icha, Agathe, Akaieric, Alban, Alexinparis, Amy, Arwen, Aude, Autour de Cia, Ava, BiGBuGS, Blogoth67, Blue Edel, Brindille, Calamonique, Canaghanette, Cara, Champagne, Chat bleu, Christophe, Claire's Blog, CécileP, Céline in Paris, Dame Skarlette, DelphineF, Dom-Aufildesvues, Dr. CaSo, El Padawan, Estelle, Eva INside-EXpat, Fanfan Raccoon, François le Niçois, Frédéric, Galéa, Gilsoub, Giselle 43, Guillaume, Homeos-tasie, Iris, Isaquarel, J'habite à Waterford, Josette, Josiane, Journal d'une Niçoise, Julia, KK-huète En Bretannie, Koalisa, Krn, La Fille de l'Air, Lau* des montagnes, Laulinea, Laurent Nicolas, Lavandine, Lavandine83, Lecturissime, Les bonheurs d'Anne & Alex, Les Filles du Web, Loulou, Luckasetmoi, Lyonelk, magda627, Mamysoren, Milla la galerie, Mimireliton, MissCarole, Morgane Byloos Photography, My Little Reflex, MyLittleRoad, Nanouk, Nicky, Noz & 'Lo, Philisine Cave, Pilisi, Pixeline, princesse Emalia, Renepaulhenry, Rosa, Rythme Indigo, Salon de Thé, Sandrine, Sinuaisons, Tambour Major, Testinaute, Thalie, Tuxana, Utopique-Lily, Voyager en photo, Xoliv', Yvette la Chouette.





Deux petits livres d'art : Niki de Saint-Phalle et Marcel Duchamp pour les enfants

Voilà deux petits livres atypiques qui plairont aux petits visiteurs de musée ou aux petits amateurs d'art (et aux plus grands également).
Jolis, bien conçus, aux format original, ils seront parfaits pour compléter une visite ou une découverte menée en classe.




Ces deux livres publiés aux éditions Eliart prennent le parti de nous faire découvrir une oeuvre en passant par une histoire.
Dans le premier, c'est la fontaine de Marcel Duchamp qui est présentée, alors que dans le second, il s'agit de la statut représentant Joséphine Baker de Niki de Saint-Phalle.




Marie-Ange la mésange a très chaud dans la forêt ce jour là et Jean-Paul le rossignol lui propose d'aller à la fontaine.
Mais Marie-Ange ne connait pas de fontaine dans la forêt.
En chemin, ils entrainent tous les animaux qu'ils croisent, l'écureuil, le hérisson, et même le lézard...




Les illustrations sont très jolies, aquarellées et douces.
Elles nous transportent dans la forêt avec les animaux et permettent aux enfants d'avoir plein de choses à observer.

Et vous l'aurez compris, tout cela nous mène aux toilettes et à l'urinoir transformé en ready-made de Marcel Duchamp !
Deux pages sont consacrées à la présentation de l'oeuvre avec des explications claires qui permettent de la comprendre.




Dans le second livre, le gardien du musée s'aperçoit qu'une statue s'est enfuie.
Il la cherche dans le musée, dans la rue, et en profite pour la décrire à tous les passants qu'il croise.

L'histoire est un peu loufoque, mais on découvre les particularités de cette statue au fur et à mesure, avant de la voir apparaitre.
C'est très amusant, et comme pour le premier, il y a ensuite deux pages d'explications





Le premier sur la fontaine conviendra tout à fait à des enfants de 4 ou 5 ans, tandis que celui sur Niki de Saint Phalle pourra être lu par des enfants un peu plus grands de 6 ou 7 ans.
Mais dans les deux cas, ce sont des livres qui sont très bien faits pour lire à deux avec un parent.
Ils méritent d'être plus connus et de figurer dans votre bibliothèque ^-^

C'est donc une très belle idée pour un petit livre qui donnera lieu à un beau moment de partage entre enfant et parent.



Un autre titre est disponible qui présente Icare d'Henri Matisse.
La page de la collection sur le site de l'éditeur 


Merci aux éditions Eliart pour cet envoi. 






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