Après l’ennui du roman
d’hier, voilà l’indécision pour celui-ci.
Je m’interroge
effectivement pour savoir quel est mon sentiment depuis la fin de ma lecture.
Ce n’est pas un coup de
cœur, mais il a un certain charme et son originalité est tout de même
remarquable.
Il vaut vraiment le coup
d’œil, mais c’est assez déstabilisant.
Orphelin élevé dans une famille d’accueil peu
avenante, il vient d’être embauché par le boulanger du village.
Un peu instable, fasciné par l’image de la Vierge,
il emporte comme chaque jour une miche de pain dans sa besace en rentrant chez
lui.
Mais ce jour là, ce n’est pas un pain comme les
autres. Il le propulse dans un état hypnotique qui le fascine et l’emporte dans
les champs, dans la campagne, dans un délire continu et confortable.
Antoine fait trainer le pain aussi longtemps qu’il
le peut, jusqu’à ce que les autorités mettent « à l’abri » les
victimes de ces hallucinations collectives qui ont emportées tout le village.
A New York, Lucy s’est elle aussi perdue dans les
vapeurs du LSD diffusé par la CIA. Mais elle sert également d’agent à Wen Kroy
qui l’a prise sous son aile…
Ces deux récits vont
évidemment se croiser.
Antoine rencontrera Lucy
et ils feront un petit bout de route ensemble, ce qui permet de tenir un fil
conducteur au milieu des descriptions hallucinées de délires multipliés.
Leurs histoires sont bien
construites et j’ai navigué à vue entre les moments plutôt classiques d’un
récit traditionnel et les descriptions des délires drogués.
C’est cette alternance
qui rend d’ailleurs ce roman si inclassable.
Il ne s’agit pas d’un
récit linéaire, mais on peut se laisser emporter par ces passages fantasmés.
Un détail suffit à
l’auteur pour faire dériver la narration, la déformation se propageant à
l'appréhension du décor, des évènements, de la vie même de Lucy.
Des États-Unis à Paris en
passant par les Pays-Bas et l'Allemagne, Lucy a une vie fascinante, alors
qu'Antoine s'est laissé enfermé par la drogue dès son adolescence à
Pont-Saint-Esprit.
Bien malgré lui, il est
devenu accroc et a vécu dans une espèce de nuage, par épisode.
Cette vie ouatée est bien
rendue par ces pages qui s'enchainent sans véritable sens tout en permettant au
lecteur de partager un délire qu'il n'est pas censé connaître.
Cette alternance entre
des passages plus conformes à ce qu'on attend d'un roman et des divagations
oniriques permet de suivre le fil et de refermer le roman en ayant réellement
partagé une tranche de vie tout en ayant découvert une vraie plume originale
qui remet en question les certitudes du lecteur.
Parce qu’il y a toujours
un bémol, j’ai trouvé que la quatrième de couverture promettait des
informations sur l’action de la CIA dans l’affaire de Pont-Saint-Esprit qui ne
sont pas vraiment présentes dans le roman.
Mais cela n’a rien à voir
avec l’auteur et son récit.
En bref, je ne saurais
vous dire si je recommande ce roman tant il est particulier.
Il est effectivement
difficilement classable, il ne rentre dans aucune catégorie et est assez complexe
à décrire tant il est surprenant et original.
Je me demande d'ailleurs
toujours (après plusieurs jours) ce que je pense réellement de cette lecture.
Je ne dirais qu’une
chose : je vous encourage à vous faire un avis personnel et à revenir m’en
parler dans les commentaires J