mercredi 20 juin 2012

Artemisia au musée Maillol


Pour une fois, je vais vous parler d’une exposition qui n’est pas encore terminée.
C’est un petit exploit personnel pour quelqu’un qui est toujours en retard J mais cela m’a tellement plu que j’ai envie de partager avec vous.




Je suis donc allée voir l’exposition du Musée Maillol intitulée Artemisia, Pouvoir, gloire et passions d’une femme peintre.

J’ai découvert Artemisia Gentileschi grâce au film d’Agnès Merlet, comme beaucoup de spectateurs qui n’en avaient jamais entendu parler.
Le film est toutefois partiel, et si j’avais perçu l’intérêt que cette femme peintre pouvait représenter justement en tant que femme peintre, je n’avais pas retenu qu’elle avait autant peint.

Artemisia est effectivement une femme exceptionnelle.
Fille d’un grand peintre du 16e siècle, elle apprend d’abord son métier avec son père puis est confiée à Agostino Tassi pour qu’il lui enseigne ce qu’elle doit savoir.
Ce début de carrière est déjà exceptionnel car à l’époque, quelques femmes peignent, mais dans l’atelier de leur père ou de leur mari et sont cantonnées aux fleurs et autres natures mortes. Elles n’ont en tout cas pas l’autorisation d’avoir leur propre atelier et ne peuvent pas non plus utiliser des modèles vivants.
Artemisia doit donc se peindre elle-même si elle veut sortir de ces motifs imposés, y compris pour peindre des nus, et ses acheteurs le savent !

Mais tout change lorsqu’elle accuse son maitre de l’avoir violé.
Pour des raisons qui sont encore obscures (dédommagement financier ? rivalités d’atelier ? réelle volonté de justice ?), le père d’Artemisia fait un procès à Tassi qui le perd.
Artemisia doit cependant fuir Rome pour pouvoir travailler, et va s’installer à Florence où elle entame une carrière exceptionnelle.
Première femme reconnue par l’Académie, elle obtient le droit de signer des contrats elle-même, de gérer son atelier, et bien qu’elle soit mariée, elle reste autonome professionnellement.
Cet atelier va se développer, se déplacer parfois, mais les œuvres signées d’Artemisia rejoignent de grandes maisons et les collections les plus prestigieuses.
Elle réalise notamment de nombreux portraits de notables et des commandes pour les cours d’Europe de moyens et de grands formats.

Si vous vous rendez au musée Maillol, vous verrez quelques unes de ces toiles de commande, mais ce n’est pas le cœur de l’exposition.
Le choix a été fait de réunir les toiles plus intimement liées aux différents sujets qui ont préoccupé l’artiste.
Le sujet phare est donc celui de la femme forte, très à la mode au moment où Artemisia Gentileschi produit des tableaux en grand nombre. Elle répondait ainsi à ses propres intérêts tout autant qu’à la demande du public.
Cette femme forte prend ensuite plusieurs visages, ceux de Cléopâtre, de Suzanne face aux vieilards ou Bethsabée, mais aussi et surtout celui de Judith accompagnée de sa servante.  
Comme une vengeance virtuelle, Artemisia décapite Holopherne encore et encore, déclinant le motif pendant plusieurs années.
Les toiles évoluent, le tracé change, mais reste toujours délicat et fort à la fois.

Pour pouvoir replacer la peintre dans son siècle, d’autres peintres sont également présents, comme son père évidemment, mais également quelques peintres de son temps qui l’ont croisé ou ont travaillé avec elle.
Vous pourrez aussi lire cinq lettres envoyées par Artemisia à son amant, en Italien mais traduite. C’est extrêmement émouvant de pouvoir les lire aussi longtemps après leur écriture, et le papier est très bien conservé.

N’hésitez pas à monter à l’étage de Maillol, vous pourrez y voir plein de cuisses, c’est très amusant.
Je vous conseille aussi l’audioguide, mais c’est tout de même un coût supplémentaire qui s’ajoute à une entrée déjà onéreuse.

Pour les aspects pratiques, le musée Maillol se trouve rue de Grenelle, dans le 7e arrondissement de Paris.
L’exposition se termine le 15 juillet 2012 et en semaine. Le matin c’est mieux, il n’y a pas grand monde. Les salles sont moyennement grandes et il y a beaucoup de tableau. J’y ai passé une heure et quart avec audioguide. Il y a aussi une application pour votre smartphone ou votre tablette. 


Prochaines expos :
La sainte Anne de De Vinci au Louvre et
Berthe Morisot à Marmottan.
Quelqu’un y est déjà allé ?




mardi 19 juin 2012

Petit bilan de vidage de PAL...

En ce mois de juin, mon objectif est de lire un maximum de livres issus de ma PAL.
Vaste programme, qui répond au challenge PAL express lancé par Miss Bouquin.

Pour ne pas me retrouver devant une tâche insurmontable, et si vous vous souvenez des billets précédents, j'avais sélectionné 15 livres, mais je me doutais que je n'atteindrai pas ce score en un mois.
Je pensais tout de même pouvoir lire la moitié.
Comme vous allez le voir, ce n'est pas gagné...

Voici donc le bilan après 19 jours de challenge  : 


-> 2 livres lus (seulement)



Je pensais pouvoir lire davantage, mais finalement, comme d'habitude, le travail a pris le dessus.
Ce qui me désole le plus, c'est que je pensais avoir choisi des romans qui se lisent vite pour commencer et me mettre dans le rythme.
Malheureusement, ils se sont révélés moins enthousiasmant que prévu, et je les ai un peu délaissés.
Le Ken Follett aurait gagné à rester dans le tiroir de l'auteur, et le Saskia Noort ne me semble pas mériter les éloges qui sont imprimées sur sa quatrième de couverture (billets à venir, bien sûr).

J'ai heureusement enchainé avec deux romans nettement plus intéressants qui devraient me permettre de remonter mon total rapidement : Souper mortel aux étuves et Casino Royal.
J'ai aussi de petites critiques à faire à ces deux romans, mais beaucoup moins que sur les précédents livres.

Et vous ? déçus par vos dernières lectures ou enthousiasmés ? 



dimanche 17 juin 2012

Un souffle de Sicile...

Je ne sais pas ce qu'il en est chez vous, mais le soleil fait de timides apparitions ce weekend dans ma Normandie.
Cela annonce peut-être l'été qui sera là dans quelques jours, et un temps enfin de saison, bien qu'il ne faille sans doute pas se réjouir trop vite.

En attendant, je vous emmène en Sicile, où le soleil brille avec beaucoup plus de constance.
En ce moment, il fait une trentaine de degrés l'après-midi, et même si la différence est un peu brusque pour nous, c'est agréable de musarder au chaud.

Pour aller en Sicile, vous pourrez arriver dans plusieurs aéroports.
J'y allais pour le travail, je n'avais donc pas le choix, et j'ai atterri à Catane.
C'est un petit aéroport où vous pourrez prendre un bus pour de nombreuses destinations, ou louer une voiture. Ce mode de transport à l'air d'être le plus simple, d'ailleurs, car les paysages sont vallonnés et vous irez plus vite.
Si vous restez à Catane, vous pourrez voir l'Etna et aller à la plage.

Je suis descendue plus bas, à Ragusa Ibla, une petite ville baroque adorable, nichée au milieu des collines. La mer est à une trentaine de kilomètres.
Vous y trouverez de nombreuses chambres d'hôtes installées dans des maisons anciennes, et quelques hôtels peu chers (pour l'Italie) comme le Barocco.
C'est un petit endroit qui vaut bien d'y passer deux jours.

Pour voir d'autres photos, j'ai aussi fait un billet sur la Sicile par ici sur mon autre blog.

(pour voir les photos en grand, cliquer sur l'une d'entre elles)


Un prêtre en soutane à l'aéroport, on ne voit ça qu'ici ! 



De jolies façades...



... parfois un peu décrépies. 



Vespas modernes



^-^



Je vous laisse, James Bond m'attend...



Magda est encore en vacances...

... mais chez Lyiah, on passe aussi le dimanche en photo,  comme chez 




samedi 16 juin 2012

Comment résister ?

Ma PAL a de l'ancienneté, et je sais pourquoi !

Chaque été, trois éditeurs de livres de poche nous tentent avec des offres alléchantes depuis des années.
Il y a eu le savon qui efface les traces chez 10/18, les chocolats, les petits carnets, le bob chez Folio, les sacs à livre du livre de poche...

J'ai une préférence pour les cadeaux, je l'avoue, et quand il y en avait, j'attendais toujours avec impatience de savoir de quoi il s'agissait.
Il n'y a plus que le livre de poche qui nous propose des sacs à livre bien pratiques pour aller à la plage, à la bibliothèque, ou pour mettre dans son sac et aller faire des courses.
Les deux autres éditeurs nous permettent toutefois d'ajouter des livres à notre PAL si les sélections nous plaisent.
Evidemment, je ne peux pas refuser un livre gratuit quand j'en vois un, et chez certains libraires, vous aurez le choix parmi tous les livres offerts par les éditeurs.
N'hésitez pas à demander :)

Pour ma part, je vais partir en quête du sac à livre de l'année.
Je crois bien que je suis incorrigible et que ma PAL sera toujours libre et sauvage...













jeudi 14 juin 2012

L'amie de madame Maigret de Simenon



Dans les séries de romans à personnage récurrent, les personnages secondaires sont parfois très intéressants, et souvent intrigants car on ne les voit pas beaucoup.  
Quand les écrivains décident de les développer, j'ai toujours plaisir à lire ces séries dérivées, comme on le fait pour les feuilletons aujourd'hui.
Si vous connaissez le poulpe de Jean-Bernard Pouy, vous connaissez sans doute Cheryl, coiffeuse peroxydée qui fait office de petite amie et est l’héroïne de quelques romans de cette série.

Madame Maigret n'est évidemment pas le même genre de personnage, mais c'est tout aussi intéressant de la découvrir et de mieux la connaître.
Elle est toujours présente pour Maigret, lui prépare sa valise, son repas, le soutient au téléphone quand il doute, et si on ne la voit pas souvent, elle est néanmoins là comme une part inaliénable de son mari.
Généralement au téléphone ou dans la cuisine en train d’attendre Maigret, cette femme effacée n'est la plupart du temps qu'un accessoire pour Simenon.
Or, dans ce roman, et comme l’indique le titre, elle a un rôle véritable et va bien aider Maigret.

Une fois par semaine, madame Maigret va chez le dentiste.
Comme elle n’aime pas être en retard, elle part toujours en avance et attend dans le square devant le cabinet du dentiste.
Pendant ces minutes d’attente, elle fait la connaissance d’une femme avec un joli chapeau blanc qui vient chaque jour avec un petit garçon pour lui faire prendre l’air. L’enfant joue, les deux femmes discutent, puis madame Maigret va à son rendez-vous.
Or, ce jour là, cette dame lui demande de garder le petit garçon quelques minutes car elle a une petite course à faire. Madame Maigret accepte, mais les minutes passent et la dame au chapeau ne revient pas.
Maigret, quant à lui, est confronté à une affaire étrange dans laquelle un relieur est accusé d’avoir brulé un corps dans son poêle à charbon. L’homme nie, évidemment, et Maigret sent qu’il y a quelque chose qui ne fonctionne pas dans cette histoire…

Conforme à lui-même, Simenon parvient à créer une véritable ambiance dans ce roman, où se mêlent les bureaux sombres du quai des Orfèvres et les parcs ensoleillés de Paris.
On suit madame Maigret à travers les rues, on apprend à la connaître en découvrant son environnement.
C’est aussi le cas pour monsieur dont les bureaux sont décrits en quelques mots suffisants pour former une image et comprendre le ressenti des accusés quand ils passent dans ces lieux, et celui des policiers qui travaillent là.
Ce sont deux mondes opposés, mais complémentaires et perméables. Les uns passent chez les autres et l’enquête s’invite dans le salon de Maigret. Madame Maigret oublie même de faire le déjeuner !


D’ailleurs, on s’aperçoit que Maigret et sa femme n’ont clairement pas les mêmes vies, mais lorsqu’elle prend l’initiative d’aider son mari, il la félicite et s’amuse de ses ruses de détective amateur.
On voit alors que Maigret a beaucoup d’humour, ce que je n’avais pas vraiment perçu en regardant les versions filmées.
Il semble bourru mais Simenon précise qu’il adopte volontairement l’attitude que ses inspecteurs attendent de lui, tout en s’amusant beaucoup intérieurement. Il rabroue gentiment sa femme pour mieux la féliciter pour ce qu’elle découvre, ou fait des plaisanteries au détriment de ceux qui l’empêche d’avancer dans son enquête. C’est assez fin et cela apporte un peu de légèreté.
  
Ce qui apporte aussi de la légèreté, c’est la pipe et surtout la quantité d’alcool ingérée par Maigret !
La petite phrase « pas pendant le service » est inconnue du commissaire.
Il consomme bière sur bière, parfois remplacée par un verre de vin. Il réfléchit avec ses hommes, il commande des bières et des sandwichs. Il demande un travail de recoupement à ses inspecteurs, il commande encore des verres. Il va rencontrer un informateur potentiel, il commande une bière…
C’est assez fascinant, quand on voit ce qu’il en est aujourd’hui, car clairement, Maigret est alcoolique et je me demande comment il pouvait rentrer chez lui avec autant d’alcool dans le sang J.

Malgré ces excès, si vous voulez découvrir Maigret (comme ce fut mon cas), je pense que c’est un bon roman pour commencer. Si vous voulez lire un petit roman policier bien construit, sans suspense haletant, mais attachant, où l’on s’intéresse vraiment aux personnages et où l’on a envie de prendre parti, n’hésitez pas !

Une participation enthousiaste au challenge Paris je t’aime, un livre de moins dans ma PAL, et un classique dans mon escarcelle.




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