Il faut dire que j’en ai lu deux l’un après l’autre juste après
Noël, ayant pris un peu de retard dans les livres envoyés par l’éditeur.
Le prochain, ce sera d’ailleurs pour bientôt également, en
espérant avoir moins de retard pour le suivant.
Je viens de commencer sa lecture, mais je vous en parlerai quand
il sortira.
Pour aujourd’hui, je vous invite à vous plonger dans l’Histoire du
peuple arménien et de ses relations avec l’Empire Ottoman.
Les publications sur ce sujet sont plutôt rares, surtout quand il
s’agit de roman.
C’était donc une bonne surprise de découvrir ce titre, bien que
cela ne soit pas un thème facile à traiter.
Malgré les
réticences de son mari, Laura Petrosian, auteure de romances à succès, décide
de s’intéresser à l’histoire de ses grands-parents et d’en faire un roman.
S’agit-il de la
quarantaine ? D’une photo croisée dans un journal ? D’un besoin d’en savoir
plus ? Ou tout ceci en même temps ?
Laura n’en sait
rien mais elle va découvrir tout un pan de l’histoire du peuple arménien qui
lui était inconnu, malgré ses origines.
Elisabeth
Endicott, sa grand-mère, a effectivement passé plusieurs mois à Alep où elle a
secouru les réfugiés arméniens qui y était conduit par les gendarmes turcs.
Lors de son
séjour, elle a croisé la route d’Armen, un jeune ingénieur arménien qui cherche
à savoir ce que sont devenues sa femme et sa fille…
Sa structure est plutôt classique.
Une jeune femme étrangère à une situation s’y trouve plongé et
doit s’y adapter.
Elle rencontre un jeune homme qui va lui permettre de comprendre
cette situation.
Mais ce qui fait l’originalité du roman, je l’ai dit plus haut,
c’est le choix du cadre historique.
Le génocide arménien est un sujet délicat, peu connu, qui peut
effrayer le lecteur.
Il faut donc une bonne dose d’audace ou une belle histoire pour
l’attirer.
Chris A. Bohjalian a eu cette audace, ainsi que l’envie d’écrire
sur ses aïeux.
Ce choix nous offre la lecture d’une petite histoire dans la
grande, et nous permet de découvrir le génocide sous le regard d’une jeune
femme sensible, un peu naïve parfois, éprise de liberté et d’émancipation tout
en ne souhaitant pas choquer son entourage.
C’est un équilibre difficile à trouver, surtout juste avant la
première guerre mondiale.
Cela offre également au lecteur un roman très intéressant d’un
point de vue historique, dans la tradition de ces romans où les informations
données au lecteur sont primordiales pour qu’il comprenne et apprenne.
Le personnage de Laura Petrosian permet aussi d’aborder la période
actuelle et d’envisager les suites qui ont été données à cet évènement.
De nombreux Arméniens se sont réfugiés aux États-Unis et les
communautés se sont reconstituées, laissant les Turcs face aux Arméniens.
On voit aussi que l’auteur a dû faire de nombreuses recherches sur
sa famille, leur histoire et l’Histoire.
Il n’est pas possible de faire un tel récit sans se plonger
intégralement dans ces recherches.
Néanmoins, ces informations sont parfaitement intégrées et tout
coule et se lit sans déplaisir.
La lecture n’est toutefois pas "plaisante".
Elle ne peut pas l'être avec un pareil sujet mais on se prend à
suivre ces personnages ballotés au gré du vent un peu malgré soi, et on finit
par ne plus lâcher le livre.
Il y a tout de même un point qui m’a dérangé.
Les mises en parallèle sont parfois difficiles à suivre tant on
est pris dans l’histoire d’Elizabeth et pas dans celle de sa descendante.
J'ai compris où l'auteur voulait en venir, retraçant ainsi son
parcours psychologique, mais cet aspect morcelé m'a dérangé.
Cela m'a fait l'effet d'une coupure indésirable dans la plongée
dans le passé qu'elle nous propose, bien que son propos soit intéressant.
J’ai d’ailleurs été très surprise de constater que l’auteur était
un homme tant je pensais que l’histoire de Laura était la sienne !
Si vous aimez les fresques historiques, les beaux personnages, les
plongées dans l’Histoire, les histoires d’amour contrarié, ce roman pourrait
bien vous plaire.
Merci aux éditions Charleston pour cette lecture édifiante.