Michael Connelly est un
auteur réputé et déjà bien installé parmi les « piliers » du genre
thriller-policier.
Surtout connu pour son
détective Harry Bosch, il a publié de nombreux romans policiers dont une
vingtaine sont traduits en Français.
Mais Harry Bosch n’est
pas toujours présent dans ses romans, comme ici, où le personnage principal
n’est ni détective ni policier, mais biologiste.
Henry Pierce, jeune biologiste prometteur, est en
train de finaliser un projet qui pourrait révolutionner la science
pharmaceutique moderne.
Obnubilé par ce projet, il ne s’est pas aperçu
qu’il perdait sa compagne et se retrouve seul dans un appartement vide où il
vient juste d’emménager avec pour seul meuble un grand canapé.
C’est alors que le téléphone sonne.
L’appel n’est pas pour lui, mais pour une certaine
Lilly. L’homme au bout du fil attend Lilly dans sa chambre d’hôtel.
Henry raccroche, mais le téléphone sonne à
nouveau, puis plusieurs fois dans la soirée.
Lilly semble être une call girl et Henry a
récupéré son numéro de téléphone !
Le lendemain, il se renseigne sur Internet, il
essaie de téléphoner et se persuade que cette Lilly a disparu.
Il va alors se lancer dans une invraisemblable
enquête pour retrouver et peut-être sauvé cette Lilly dont il reçoit les
appels…
Il y a longtemps que je
louchais* sur Michael Connelly.
Vu le nombre de roman
qu’il a écrit, il n’est pas rare d’en croiser un et j’avais assisté à une
conférence très alléchante sur ses romans il y a quelques années à un colloque
sur le roman policier**.
J’ai donc sauté sur l’occasion.
Globalement, ce roman m’a
bien plu.
L’histoire est bien
construite, les personnages sont attachants et j’ai été inquiète, effrayée, amusée,
intriguée…
Henry Pierce s’inquiète
de façon irrationnelle pour cette Lilly, mais c’est pour lui qu’on s’inquiète
et c’est cette tension diffuse entre Henry et tous ceux qui l’entoure qui
paraît plus dangereuse.
Ses collègues, son
assistante, son ancienne petite amie, tous le trouvent bizarre et réagissent
parfois de façon brutale.
Mais le danger vient aussi
de l’inconnu et de l’extérieur.
C’est là que la structure
du roman se révèle et montre l’art de l’écrivain. Il n’y a pas de réel mélange
entre le petit cercle des employés et des amis d’Henry Pierce et les criminels
supposés. Pourtant, les liens se tissent sans que l’on s’en aperçoive, jusqu’au
dénouement final (je m’arrête là, rassurez-vous, je ne dévoilerai pas la fin).
Les personnages sont
aussi très bien campés.
Certains ne font que
passer, mais on dispose de suffisamment d’information pour s’en faire une idée.
Les personnalités sont
bien tranchées et j’ai eu l’impression de les connaître une fois le roman
terminé.
D’ailleurs, si une suite
est publiée un jour je la lirais sûrement. Connelly a pour habitude de
réutiliser ses personnages et de croiser ses romans, disposant des personnages
déjà connus à l’orée de l’intrigue. J’ai donc bon espoir.
J’ajoute aussi que les
noms de personnages sont souvent ceux de personnages réels.
Je l’ai remarqué avec
Philip Glass, qui est un détective dans le roman et un
magnifique
musicien dans la vie et en faisant une petite recherche, j’ai vu
qu’Henry Pierce était un député américain, alors que
Cody Zeller est un joueur de baseball américain.
C’est apparemment un
procédé très fréquent chez cet écrivain qui manie les noms connus pour leur
symbolique.
J’en viens maintenant à
ce qui m’a moins plu dans le roman.
Henry Pierce est un
biologiste, et l’auteur nous le fait bien savoir.
Les descriptions dans le
labo de Pierce sont interminables, très techniques, alors qu’en néophyte je ne
comprends rien aux molécules et à leur utilisation dans un ordinateur.
Une mention générale des
procédés utilisés aurait largement suffit, mais Connelly s’adresse au lecteur
comme à un spécialiste plusieurs fois, bien qu’il soit évident que les
descriptions en question ne sont pas si précises que cela.
C’est dommage, car cela
s’accentue justement quand l’histoire devient haletante. Ces mentions
ralentissent inutilement l’action, qui aurait fait une pause de toute façon.
Je me suis donc
profondément ennuyé pendant ces descriptions qui sont loin d’avoir les qualités
esthétiques des auteurs classiques.
Mis à part ça, ce roman
vous plaira si vous aimez les romans de détective dur à cuire, les Chandler
remis au goût du jour dans de beaux paysages californiens, les thrillers bien
troussés ou les écrivains qui vous cachent l’assassin jusqu’au bout.
* Dans mon cas, ce n’est
pas seulement une façon de parler d’ailleurs
** Oui, oui, il y a des
chercheurs qui passent leurs journées à lire des romans policiers