mardi 28 décembre 2010

La Ballade de Lila K de Blandine le Callet



Cette rentrée littéraire est décidément pleine de surprises.
C’est la première fois que je lis autant d’ouvrages sortis pendant cette grand messe de l’édition, mais je ne le regrette vraiment pas.
Le roman dont je vais vous parler aujourd’hui est d’un genre assez particulier, puisqu’il fait appel à la science fiction ou à l’anticipation pour évoquer ce qui pourrait bien être notre futur, ou ce à quoi pourraient aboutir certaines de nos peurs contemporaines.
Ce n’est là qu’un cadre pour développer l’histoire de Lila K mais il occupe une vraie place.

Quand ces hommes armés sont entrés dans l’appartement, la vie de Lila s’est effondrée.
Arrachée à sa mère alors qu’elle n’a que 4 ans, elle va devoir apprendre à vivre au Centre, seule au milieu d’autres enfants parfois très hostiles. Elle refuse de s’alimenter, ne supporte pas qu’on la touche et la lumière lui blesse les yeux.
Pour retrouver un peu de calme, elle parvient jour après jour à se constituer un petit cocon sous son lit, elle réapprend à marcher et grâce à une paire de lunettes de soleil qu’elle ne quittera plus, elle arrive à se déplacer dans le centre. Le groupe reste tout de même un milieu hostile, comme la foule ou l’inconnu.
Il lui faut pourtant progresser si elle veut sortir un jour et retrouver sa mère, ce qu’elle va faire grâce à quelques belles rencontres.

Cette histoire m’a tellement plu que je vous en raconterai bien plus, mais il faut garder quelques surprises.
Parlons alors de mon avis.

Ce livre mêle différents fils que j’ai trouvés bien équilibrés.
La narration a pour décor un futur potentiel qui n’est pas un simple cadre. Il interroge nos usages, la multiplication de la vidéosurveillance, l’obsession des quartiers sécurisés, les clivages qui s’accentuent entre certaines zones urbaines.
Le futur nous interpelle directement car une partie de ses habitants choisit de quitter ces lieux sécurisés et contrôlés malgré la protection qu’ils apportent.
Le personnage de Lila passe elle aussi d’un sentiment à l’autre. Les caméras la sécurisent d’abord. S’il lui arrive quelque chose, quelqu’un pourra alerter les secours et le centre ville sécurisé s’oppose à la zone où tous les dangers semblent réunis. Mais cette surveillance contrôle aussi sa vie et ne lui laisse finalement plus aucune liberté. Faut-il alors choisir entre liberté et sécurité ?
Par le biais de ces questionnements qui surviennent petit à petit, la quête de Lila s’intègre parfaitement à cette ville fantasmée, tout en renvoyant le lecteur à son propre cadre de vie. La zone dangereuse et le centre propre et calme n’existent-ils pas déjà ?

Le fil principal reste toutefois l’histoire de Lila. Cette toute petite fille va croiser plusieurs personnages qui vont l’aider à avancer.
Les différents chapitres portent d’ailleurs le nom de ces personnages. D’abord petite chose muette et fragile, Lila évolue, grandit et apprend à faire ce que l’on attend d’elle car elle a un objectif qui la guide et la soutient : retrouver sa mère. Mais il lui faut sortir du centre pour cela…

Vous l’aurez compris, j’ai beaucoup aimé l’apprentissage et l’évolution de cette jeune femme, sa façon d’apprivoiser le monde et son rapport aux autres. On pourrait la qualifier d’autiste, je pense, mais grâce à l’acharnement de quelques uns, elle parvient à sortir de son cocon et à trouver sa place dans la société.
Cette ville sécurisée, ce monde fantasmé où les livres sont physiquement dangereux (ils contiennent des microbes) m’ont aussi fait penser au film Bienvenue à Gattaca qui a aussi pour cadre un futur où les naissances sont contrôlées, où chacun est soumis à des vérifications génétiques qui lui prédise son avenir.
A méditer…




Je remercie Clara à qui j’envoie plein de bises de remerciement pour ce livre voyageur qui m’a vraiment ravi J

Et un nouveau livre pour le challenge 1%



lundi 27 décembre 2010

La Colère des aubergines de Bulbul Sharma

Après le concours de George et Noël, ce blog reprend une vie normal (jusqu’à vendredi et les fêtes du Nouvel an).
Il me reste plusieurs livres lus dont je souhaite vous parler ici avant le 31, quelques challenges à terminer ou à compléter, comme je vais le faire avec ce billet.

Pour le challenge Bienvenue en Inde, j’avais prévu de lire La Colère des aubergines.
C’est chose faite, et j’ai même testé quelques recettes, car ce livre est plein de bonnes idées de plats indiens. D’ailleurs, il est sous-titré « récits gastronomiques », et chaque nouvelle est suivie d’une ou deux recettes de plats ou de desserts indiens.
Un vrai régal !

Buaji, maitresse de maison qui régit sa famille d’une main de fer, veille jalousement sur la réserve de nourriture où dorment les pickles de mangue.
Bala, cousine pauvre, va chez l’un ou l’autre de ses cousins pour soigner, prendre soin des malades, ou simplement là où l’on veut bien l’accueillir. Mais Bala a une qualité, elle prépare de délicieux  pakora. Quand un cousin d’Amérique s’entiche d’elle et désire l’épouser, c’est le drame. Va-t-elle le suivre ?
Vinod est tiraillé entre sa femme, très mauvaise cuisinière, et sa mère, mauvaise cuisinière. Chaque soir, elles se battent pour le nourrir.
Priti a trente ans, et a enfin trouvé un mari. Mais un mariage à l’indienne ne s’improvise pas. Chaque famille va rivaliser d’audace et d’ardeur pour nourrir les invités à force de banquets et de gâteaux.


Voici quelques unes des nouvelles qui composent ce recueil savoureux et inattendu.
Je savais qu’il était question de nourriture, dans ce livre, le titre le dit assez. Pourtant, je n’avais pas pensé qu’elle put être aussi centrale.
Les rites culinaires et les plats traditionnels sont réellement au cœur de ces petites histoires parfois très courtes.
Qu’il s’agisse de repas de mariage, de repas quotidiens ou de commémoration funéraire, chaque nouvelle raconte le rapport à la nourriture des personnages qui s’y agitent. L’une veut maigrir, quand l’autre veut nourrir sa famille à outrance, une autre est chargée d’organiser un banquet funéraire, quand un autre encore, à l’article de la mort, refuse de nourrir ses fils envahissants.
Les recettes de cuisine viennent ponctuer les textes, faisant songer à des épices inconnus comme le fenugrec ou des mets introuvables comme les graines de lotus.
Il n’est donc pas question de connaître ces personnages qui ne font que passer. Le lecteur s’imprègne, au contraire, de l’Inde et de ses coutumes culinaires et découvre au fil des nouvelles la cuisine comme on la conçoit dans ce grand pays.

Ce format m’a d’ailleurs un peu gêné au début de ma lecture. Comme les nouvelles sont très courtes, je cherchais un lien entre chaque texte, un personnage récurrent ou des personnages issus de la même famille. Il m’a fallu quelques pages pour voir que chaque texte est indépendant.
Une fois cet obstacle passé, ma lecture a été plus facile et j’ai vraiment apprécié ce petit moment passé en Inde.
D’ailleurs, j’ai même testé deux recettes, celle du biryani que j’ai modifié à ma sauce, et celle du carrot cake.
Si vous voulez cette recette simplissime et vraiment excellente, le détail est sur mon blog de bentos, en cliquant ici
Mais voici deux photos qui  vous ferons peut-être envie et vont me permettre de participer un peu en retard au challenge à lire et à manger de Chiffonnette.






Cette lecture me permet aussi de valider une lecture de ma PAL pour décembre, ma première participation au challenge Bienvenue en Inde et un nouveau pays pour le tour du monde

vendredi 24 décembre 2010

Joyeux Noël et bonne lecture !







Zigzags en France de Théophile Gautier

Théophile Gautier est un des auteurs classiques les plus méconnus, il me semble.
J’ai cherché pendant des années une édition complète du Capitaine Fracasse, par exemple, et il n’y a pas si longtemps qu’on peut enfin se la procurer.
J’ai l’impression que l’image qui lui est associée est plutôt celle d’un auteur de nouvelles, facile à lire pour le jeune public. Il est aussi parfois confondu avec Mérimée.

Quand j’ai vu ce livre en partenariat chez BOB, je me suis dit que ce serait un bon moyen de découvrir une nouvelle facette de cet auteur.
La collection dans laquelle ce texte est publié se nomme « Le voyage littéraire », présageant déjà des découvertes, et l’on y trouve également les voyages de Stendhal, Pierre Loti ou encore Victor Hugo.
De nombreux écrivains du 19e siècle ont raconté leurs voyages en France et ailleurs, certains sur le mode anecdotique, d’autres en tant que professionnels (comme Mérimée) et d’autres encore en tant qu’écrivain, comme c’est le cas ici.

Les textes qui sont proposés sont en effet marqués par les qualités littéraires de leur auteur.
Il ne s’agit pas de raconter simplement un voyage, mais de partager une émotion avec le lecteur, émotion provoquée par un lieu, par un paysage ou un évènement particulier.
Les descriptions sont organisées de telle façon que le lecteur puisse recomposer l’image, le tableau et revivre l’événement ou l’émotion ressentie.
Le premier texte, par exemple, raconte une visite au Mont Saint Michel. Il y a, bien sûr, une description du mont, mais le texte commence en décrivant les grandes marées qui viennent envahir la baie et noyer le mont pour le libérer au matin. La mer devient un être doué de volonté qui encercle et emprisonne.
« Quand le flot fut plus près de nous, il prit l’apparence d’un front de cavalerie composé de chevaux blancs et chargeant au galop. Les lanières d’écume imitaient le fourmillement confus des jambes, et le clapotis des vagues le piétinement des sabots ».
C’est quand même plus joli que « la mer avance à la vitesse d’un cheval au galop » !
La description du mont suit, complétée par plusieurs métaphores et comparaisons particulièrement visuelles.
Ce texte est sans doute celui qui m’a permis de me rendre compte pleinement du talent de l’auteur car le Mont Saint Michel est le seul lieu encore intact depuis l’écriture du texte.




D’autres lieux sont évoqués, mais ils ont bien changés.
Après le Mont, le lecteur suit l’écrivain de Paris à Marseille sur les routes de France mais à bord d’un bateau à vapeur. La « maladie du bleu », que nous connaissons bien aujourd’hui, pousse Gautier à descendre au soleil et à voir la mer pour devancer l’été.
Une promenade à Paris, au hasard des rues et des places, puis un texte sur un Paris futur fantasmé, rasé et reconstruit font un tableau de la capitale assez original, tout comme le voyage sur la Meuse qui les suit.
Changement de décor pour les textes suivants qui présentent une superbe excursion au Mont Blanc, et un voyage dans les Vosges.
Le dernier texte évoque les voyages littéraires, ce qui est fort savoureux après la lecture des textes de l’auteur.

 En conclusion, je dirais qu’il s’agit d’une belle découverte. Cette édition présente des textes bien assemblés, qui dialoguent entre eux et donnent à la fois une image de l’écrivain et du paysage décrit.
Une belle lecture ! 

Merci à Blog-O-Book et aux éditions François Bourin qui m’ont envoyé ce livre. 


jeudi 23 décembre 2010

Noël avant noël

Ma petite session Agatha Christie est terminée.
Je n'oublie pas cet écrivain et j'ai des réserves dans ma bibliothèque, rassurez-vous, mais je ne vais plus enchaîner ses romans policiers avant quelques temps.

En fait, j'avais une bonne raison de vous inonder de billets de lectures policières : je visais le livre de cuisine offert par George pour son concours.

Verdict : 6 billets et un livre qui rejoindra bientôt ma cuisine et ma bibliothèque !
Rassurez-vous, je vous en reparlerai quand il arrivera et que je l'aurai essayé.

Et j'envoie par avance de grosses bises à George :)

Je me suis aussi amusée récemment sur le site Wordle.net
J'aime beaucoup ce site qui permet de créer un nuage de mots à partir de l'intégralité du blog.
Il suffit de cliquer sur "create" puis de remplir le champ url.
C'est en anglais, mais ce n'est vraiment pas compliqué.
J'ai placé un premier nuage de mots fait il y a deux jours dans ma colonne de droite et je le changerai de temps en temps.
Il est tout petit, mais on ne peut pas copier les images. Il faut importer le code html que le site fournit sous l'image quand vous cliquez sur "save to public gallery".
Si je suis allée trop vite, n'hésitez pas à poser des questions.

Et voilà deux exemples de nuages réalisés aujourd'hui :

Wordle: christie2Wordle: Untitled

(clic pour voir en plus grand)

Cela m'a beaucoup amusé de voir les mots roman, Poirot, Christie, Marple écrits en gros, mais les petits mots sont aussi intéressants car ils révèlent mes tics d'écriture et ceux que j'utilise tout le temps.

Et vous ? Quels sont les mots qui apparaissent en gros ?

J'ai aussi eu une bonne surprise dans ma boite à lettre hier midi.
Ma factrice a apporté plein de paquets, dont le nouveau coffret Oulipo.
Je vous en ai parlé la semaine dernière, Arte et Gallimard organisaient un jeu avec 50 coffrets à gagner.
Le voici :


Si vous aimez l'Oulipo, c'est un très bel ouvrage, complet et le documentaire est vraiment intéressant.
Un joli cadeau à se faire :)

Et pour finir, ce blog a maintenant une page de fan sur Facebook, qui vient s'ajouter au compte twitter et au compte Hellocoton.
Comme ça, vous faites comme vous le sentez pour suivre les nouvelles publications.


D'ailleurs voilà le programme pour demain et la semaine prochaine : 

Zigzags en France de Théophile Gautier
La colère des aubergines de Bulbul Sharma
La Ballade de Lila K de Blandine Le Callet
90 livres cultes à l'usage des personnes pressées d'H. Lange
La princesse de Montpensier de Madame de la Fayette
Le bilan de décembre puis le bilan de ce premier semestre d'existence...



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