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samedi 10 mars 2012

Rosa Candida d'Audur Ava Olafsdottir


Les relations que l'on entretient avec un livre sont souvent complexes.
Pour celui-ci, par exemple, j'ai beaucoup hésité. Je les vu sur des blogs à sa sortie, et en bonne position dans les librairies.
J'ai lu les résumés qui me sont passés sous les yeux, j'ai regardé un peu de quoi il parlait, mais j'avoue l'avoir un peu mélangé avec Ce que je sais de Véra Candida. Du coup, ma perception du roman était un peu biaisée et je ne me décidais pas à le mettre dans mon panier.
Finalement, pendant la dernière opération masse critique de Babelio, je l'ai trouvé dans la liste des livres audio, et je me suis dit que ce serait un bon moyen de le découvrir sans m'astreindre à le lire (mais c'est quand même un peu pareil évidemment).

Arnljotur quitte son père et son frère jumeau pour aller remettre en état le jardin de rose d'une abbaye. Ce jardin est très réputé, et Arnljotur compte bien apprendre beaucoup pour son futur métier d'horticulteur.
Il fuit aussi un peu.
Il a perdu sa mère peu de temps auparavant, et toute la famille a bien du mal à s'en remettre. C'est elle qui lui a fait découvrir les joies du jardin, et son décès a été très brutal.
Il a également eu une fille il y a quelques mois, après avoir passé seulement quelques instants avec la mère de l'enfant.
Arnljotur doit donc remettre un peu d'ordre dans sa vie, ce que va lui permettre la longue route qui l'attend pour atteindre l'abbaye et son travail dans le jardin.
Mais évidemment, tout ne se passe pas tout à fait comme prévu.

Si je devais choisir un mot pour décrire ce livre, ce serait « douceur ».
Les évènements s'enchainent dans le fil de la vie d'Arnljotur, il fait des rencontres, prévoit des choses puis doit changer ses plans, est sans cesse empêché d'agir comme il l'entend, mais tout cela arrive sans heurts, sans brutalité.
Cela ne signifie pas qu'il prend les choses à la légère. Il s'interroge même beaucoup et envisage à la fois le moment présent et l'avenir pour essayer de comprendre ce qui lui arrive, tout en réfléchissant aussi sur lui, son rapport aux autres, à sa fille, à la mère de sa fille.
Le voyage qu'il entreprend est donc autant géographique que symbolique et son arrivée à destination ne signifie pas qu'il est arrivé au bout de son chemin.
Il lui reste encore à devenir père et adulte, ce qui va se faire imperceptiblement.

Le choix de la narration à la première personne permet de suivre cette évolution qui s'opère en lui.
Les pensées intimes d'Arnljotur sont livrées au lecteur telles qu'elles apparaissent dans l'esprit du personnage, sans recul.
Au début de l'écoute du roman, j'ai été un peu désarçonnée par ce procédé. J'ai toujours du mal avec ces romans où l'auteur se complait dans les états d'âme d'un personnage uniquement préoccupé de lui-même.
C'est le cas dans les premières pages de celui-ci, mais dès qu'Arnljotur rencontre d'autres personnes, ses pensées évoluent et se tournent davantage vers l'extérieur.

La narration à la première personne correspond aussi parfaitement à l'écoute d'un livre audio. J'ai vraiment eu l'impression que le personnage me racontait son histoire, qu'il me parlait d'un moment de sa vie.
Il est même possible que cette forme de lecture ait été un point très positif pour ce livre, car en ce moment, je n'ai pas trop le temps de faire autrement.

Autre point intéressant dans ce livre : les réflexions sur la langue du personnage.
Là, ce doit être mon métier de linguiste qui déteint, mais les pages qui parlent du choix, de l'apprentissage, de la disparition d'une langue m'ont vraiment touchées.
Enfin, je terminerai en précisant que si vous le commencez, il faut absolument terminer ce livre, car la dernière scène est sans doute la plus belle.

Une belle découverte, donc, que je vous conseille si vous voulez lire une belle histoire, si vous aimez les beaux jardins, si comme moi et Arnljotur vous pensez que faire son jardin est une nécessité pour la paix de l'esprit.


Je remercie Babelio et son opération masse critique pour m'avoir permis d'écouter ce livre, et je remercie les éditions Thélème d'avoir participé à cette opération et de m'avoir envoyé ce livre.



Un autre avis chez Choco avec plein de liens vers d'autres billets.


mercredi 28 décembre 2011

Le mandala Sherlock Holmes de Jamyang Norbu



En cette fin d'année, j'ai pris une bonne résolution. Elles se prennent généralement plutôt en début d'année, mais on ne les tient jamais, alors qu'une résolution prise en fin d'année n'a pas le temps d'être oubliée (j'espère).
J'ai donc décidé d'écrire les billets de lecture qui trainent depuis plusieurs semaines, ceux qui parlent des livres que j'ai aimé, mais dont je ne me décide pas à écrire mon avis.
Ce livre en faisait partie, ce qui est un comble, vu qu'il a trôné sur la bannière de mon blog pendant plusieurs mois.

A Bombay, Hurree Chunder Mokerjee doit aller accueillir un visiteur suédois à l'arrivé du paquebot en provenance d'Europe.
L'homme est grand, a très peu de bagages (un sac et un étui de violon) et est peu bavard.
Après les formalités d'usage, pendant lesquelles Hurree a remarqué qu'ils étaient suivis, il conduit ce visiteur à l'hôtel une chambre lui a été réservée.
C'est alors qu'un homme surgit dans le hall, perdant tout son sang par les pores de sa peau. Hurree et son compagnon s'élance à la poursuite d'un suspect éventuel dans le couloir, mais sans résultat.
Or l'homme venait de la chambre du Suédois, qui n'a de Suédois que le passeport...

Qu'est-il arrivé à Sherlock Holmes pendant sa disparition de deux ans ?

C'est la question à laquelle Jamyang Norbu se propose de répondre en partie, s'appuyant pour cela sur deux lignes d'un roman de Conan Doyle, où il est mentionné une visite au Tibet.
L'histoire tient la route, et ce n'est pas le premier auteur, je crois, à avoir voulu exploiter cette période de flou dans la vie de Sherlock Holmes.
La connaissance des cultures indiennes et tibétaines de l'auteur permet aussi de déployer une intrigue bien ancrée dans un paysage et de donner des informations pertinentes au lecteur occidental.
Je n'ai jamais été perdu dans ce roman (malgré de fréquentes pauses dans ma lecture), tout est justifié et on découvre ces pays en même temps que Sherlock Holmes, sans que cela soit pesant.
Il y a aussi de nombreuses références aux romans de Conan Doyle et à Rudyard Kipling.

La bonne idée de Norbu est d'avoir attribué à Sherlock Holmes un nouvel ennemi pas si nouveau.
Moriarty est mort dans les chutes de Reischenbach, mais son organisation ne s'est pas éteinte.
L'un de ses lieutenants, déjà connu des lecteurs assidus, l'a reprise et a appris que Holmes n'était pas mort mais qu'il était caché par son frère.
Or Holmes l'ayant appris, il a choisi une destination où il savait pouvoir dénicher son ennemi.
A partir de cette trame, les tentatives d'assassinat se multiplient et le détective les déjoue les unes après les autres.
Hurree fait office de Watson, à la fois guide, compagnon, professeur de tibétain, sa carrière d'agent secret lui permet de suivre Holmes et de le mener jusqu'à Lhassa.

Alors bien sûr, ce roman n'est pas à proprement parler un roman « policier » car l'assassin est démasqué dès le départ. Les héros essaient d'échapper plusieurs fois à sa menace, de le déloger, ou de s'en débarrasser sans succès.
Ce serait donc plutôt un thriller, mais le suspense est surtout présent à la fin, et si vous êtes fan de roman bien effrayant, vous serez déçu.

Par contre, c'est une histoire mouvementée, rythmée par les lieux de séjours de Holmes.
L'esprit originel m'a semblé bien respecté, les déductions de Holmes sont là, elles stupéfient Hurree comme elles stupéfiaient Watson, et viennent à bout de tous les mystères.

J'ai donc passé un très bon moment avec ce roman, ce qui explique peut-être que je l'ai fait trainer aussi longtemps (2 mois de lecture).
J'ai un peu moins apprécié la touche de fantastique de la dernière partie, mais elle se justifie quand on tient compte de la culture de l'auteur. Et pour une fois, Holmes est destabilisé (ce qui ne dure pas longtemps), avant de se découvrir des affinités particulières pour le Tibet et le Dalai-Lama.
Mais je n'en dis pas plus, il vous faudra le lire...

Si vous aimez le Tibet, si vous êtes fans de Sherlock Holmes, si vous aimez lire un bon roman policier, si vous avez envie d'exotisme tout en connaissant le héros, si vous voulez passer un bon moment, ce roman pourrait vous plaire.  






mardi 9 août 2011

Le dernier templier de Raymond Khoury


Je poursuis la publication de mes lectures des deux ou trois derniers mois avec ce livre très grand public.
Il traînait dans ma PAL depuis de longues années, sans que je me sois jamais décidée à le lire. Une soudaine envie d’ésotérisme, de templiers et de lecture facile m’a conduite jusqu’à lui.

Au 13e siècle, les templiers survivants doivent fuir St Jean d’Acre et emportent avec eux leur plus grand trésor jusqu’à ce qu’une tempête fracasse leur navire.
De nos jours, au Metropolitan de New York, on inaugure une grande exposition présentant les trésors du Vatican, quand soudain, quatre cavaliers templiers surgissent, saccagent l’exposition et volent de nombreux objets.
Parmi ces objets figure un encodeur templier qui semble être le seul objet qui intéresse l’un des cavaliers, ce que Tess, une jeune archéologue présente à l’inauguration observe attentivement. Questionnée par l’agent du FBI Sean Reilly, elle s’interroge sur ce cavalier et sur cet encodeur et va être entraînée dans l’enquête et les meurtres qui vont la jalonner.

Ce roman est dans la droite lignée du Da Vinci code, mais j’ai trouvé cela un peu mieux car je m’y suis moins ennuyée.
Le rythme est haletant, il se passe toujours quelque chose et les personnages sont pris dans un tourbillon qui les emporte de meurtre en meurtre.
J’ai quand même eu un peu de mal à rentrer dedans, et il m’a fallut 100 pages pour y arriver. Cela ne veut pas dire que le livre est mauvais, mais passé la scène de pillage de l’exposition, il y a une petite série d’évènements qui m’ont semblé superflus.
Ceci mis à part, les personnages sont bien campés, Tess et Sean apparaissent progressivement au lecteur et sont assez complexes pour que l’on y croie. Ils évoluent, ils ne sont plus les mêmes à la fin du roman, et leur comportement est parfois imprévu.
Bon, le méchant est un peu trop monolithique à mon goût, comme le religieux vicieux, mais ces personnages font partie de ce genre de roman.

Ce n’est donc pas un très grand roman, mais j’ai passé un bon moment.
J’aime bien les explications alambiquées portant sur les mystères historico-religieux, Marie-Madeleine et le Saint Graal et une nouvelle version du secret des templiers est toujours amusante. D’ailleurs, le dernier chapitre laisse un léger doute bien trouvé.  
Comme vous vous en doutez, en matière de secrets templiers, j’ai été servie.

Si vous êtes passionné par les templiers et si vous lisez tout ce qui en parle, si vous avez aimé le Da Vinci code (c’est mieux que le Da Vinci Code), si vous cherchez un livre léger avec un soupçon de mythe, de l’action, une histoire d’amour gentillette, ce livre est fait pour vous.
Un livre parfait aussi pour la plage !



L’adaptation télé est disponible actuellement sur le site m6 replay jusqu’à lundi prochain.
Je vais un peu spoiler dans les lignes qui suivent, mais j’ai regardé cette adaptation, et j’ai vraiment été déçu.
Je me suis posé plusieurs questions, et ce film a finalement rendu le livre beaucoup plus intéressant.
Certains personnages ont disparus, d’autres sont apparus. Le prélat est secondé par un homme de main et ne tue plus personne, la mère de Tess a disparu pour laisser la place à un ami rencontré lors de l’exposition, les morts ne meurent plus, ou de façon moins violente (le livre est assez violent). Le village disparu est retrouvé sous la cendre d’un volcan et plus sous un lac. L’histoire entre Tess et Sean est réduite au minimum syndical, ce qui pose quand même un problème de cohérence.
Mais ce qui m’a le plus manqué, c’est le questionnement religieux. Dans le roman, Sean est un catholique pratiquant qui s’interroge sur le bien fondé de la découverte qu’ils font. Ce questionnement rejaillit forcément sur le lecteur et va plus loin que la simple évocation de la religion romaine.
Je vous avoue que j’avais envie de regarder ce film pour deux raisons. Je voulais voir à quoi ressemblait l’encodeur et je voulais aussi comparer. Mais les modifications sont vraiment trop dommageables pour l’histoire originelle.
En bref, si vous regarder ce film, vous aurez passé un moment devant la télé, mais prenez plutôt le bouquin.


Revenons au livre.
Un livre de moins dans ma PAL (et il était là depuis longtemps), un livre de plus pour l’ABC challenge 2011, un métier validé pour le challenge Petit bac (bah quoi, templier c’est un métier !) et une étape pour le Tour du monde car l’auteur est libanais. 





jeudi 4 août 2011

Compartiment pour dames d'Anita Nair


Une très belle découverte et un gros coup de cœur pour ce livre !
Je suis rarement super enthousiaste pour un livre et j’utilise avec parcimonie le coup de cœur sur ce blog. Je crois bien que je ne l’ai jamais fait encore.
Mais pour ce livre, je dois l’avouer, je me suis souvent couchée fort tard et j’ai profité du groupe électrogène des hôtels népalais.
Pour la petite histoire, j’ai commencé ce livre dans l’avion pour le Népal, ou plus précisément dans le premier avion, celui qui m’emmenait à Mumbai. J’ai donc eu un contact direct avec les hôtesses en saris, le curry dans le plateau repas et les consignes de sécurité en hindi. Une plongée immédiate dans la culture indienne !
C’est aussi un livre qui m’a permis de ne pas m’endormir pendant les quatre heures d’escale à Chennai où il était 2h du matin pour mon horloge interne.
Je l’ai poursuivi de Katmandou à Bodnath, en passant par toute la vallée et j’ai en tête des séances de lecture à la fenêtre en regardant l’orage qui se répercutait dans la montagne ou sur la terrasse à l’ombre du balcon à l’heure de la sieste, après la visite de nombreux temples tibétains.
La situation était donc favorable, mais en plus, le livre était très très bon !

Akhila est vieille fille. Elle vit avec sa sœur et les enfants de celle-ci dans un petit appartement de fonction, dans la baie du Bengale. Chaque jour, elle va travailler, et chaque jour, elle supporte sa vie. Jusqu’au jour où elle décide de partir.
Elle prend alors un billet de train et prépare sa valise, puis elle se rend à la gare où elle s’apprête à passer la nuit avec 5 autres femmes dans le compartiment pour dames du train pour Kanyakumari.
En montant dans le train, elle fait d’abord la connaissance de Janaki, une femme âgée qui voyage avec son mari, mais qui n’a pu avoir de billet ailleurs.
Elle rencontre ensuite Prabha Devi, une élégante indienne entre deux ages de la bonne société, puis la jolie Margaret qui est professeur.
La 5e occupante du compartiment s’efface pour monter sur sa couchette et ne repartira qu’à la fin du trajet, tandis que la 6e, une toute jeune fille, montera en cours de route.
Lorsque le train part, ces femmes si différentes essaient de s’installer tant bien que mal, et la conversation s’engage à la suite d’une question exprimée par Akhila.
Cette ambiance est propice aux confidences et elle se demande si la vie en couple est indispensable, et si une femme peut vivre seule.

Au fil des chapitres, chacune de ces femmes raconte tour à tour son histoire. Durant une nuit, elles vont se croiser, se livrer, dire les choses qu’elles n’ont jamais dites à personne.

Chaque chapitre porte le nom de celle qui raconte sa vie. L’une ne supporte plus son mari mais a trouvé un moyen de lui faire payer les souffrances endurées. L’autre a choisi de prendre sa vie en main après 20 ans de soumission à son mari et ses enfants. Une troisième explique comment elle s’est accommodée de sa vie d’épouse soumise.
Ces vies sont toutes singulières tout en parlant de toutes les femmes. Elles ne sont pas représentatives, ce ne sont pas des modèles, mais elles portent une part d’universalité qui fait réfléchir, qui interpelle le lecteur et surtout la lectrice.

Je me suis interrogée, j’ai été interpellée par ces histoires. Certes, la société indienne n’est pas la notre, et il est plus facile de vivre seule ici que là bas et pourtant, certaines choses ne changent pas.
Quand on a une trentaine d’année et qu’on vit avec un homme sans enfant, le mariage et la maternité reviennent souvent dans les conversations, notamment dans la famille. Et les femmes seules sont vues avec une certaine pitié, parfois, tout comme les hommes seuls d’ailleurs.
Il me semble que ce sont là des sujets bien présents dans les sociétés occidentales comme dans la société indienne traditionnelle.

Anita Nair détourne aussi avec ingéniosité un procédé assez classique de la littérature, pour parler d’un sujet universel.
La vie des femmes en Inde n’est pas toujours simple, mais où l’est-elle, finalement ?
L’idée d’utiliser le compartiment pour dames comme huis clos est à la fois originale et déjà problématique. À priori, l’idée de réserver un wagon pour les femmes est tentante. Pas de messieurs désagréables, pas de gestes ou de regards déplacés, un environnement sécurisant. Pourtant, cette idée me semble stigmatisante. Elle peut donner lieu à beaucoup d’autres compartiments, pour les intouchables, les blonds, les bruns, les petits, les grands…
Ces compartiments ont heureusement été supprimés aujourd’hui.

Comme j’ai aimé, j’ai tendance à penser que c’est un livre qui plaira à tout le monde.
Donc, si vous cherchez un bon livre, dépaysant et plaisant sans négliger la réflexion, n’hésitez pas.


Ce billet devait prendre place dans le défi L’Inde en fêtes au moment du Mewar Festival d’Udaipur et il a été lu dans  les temps. Le billet s’est cependant fait attendre… 




vendredi 22 avril 2011

En attendant Robert Capa de Susana Fortes


J’ai repéré ce livre dès sa sortie parmi les publications de la rentrée littéraire de janvier 2011.
La couverture, avec cette superbe photo, m’avait attirée, tout comme le titre, assez énigmatique. Je savais que Robert Capa avait été un des grands reporters photographes du 20e siècle, qu’il avait produit un certain nombre de photos restées dans les annales du genre, et qu’il était réputé pour être un coureur de jupon.
Or, grâce aux Chroniques de la rentrée littéraire, j’ai pu choisir un livre parmi ceux de la rentrée de janvier. J’ai hésité, puis je me suis décidée pour celui-ci.
Et j’ai bien fait.

Gerta, juive polonaise, fuit son pays et le fascisme naissant pour s’installer à Paris avec sa meilleure amie Ruth. Elles vivent de petits boulots, plus ou moins clandestinement, et fréquentent des cercles un peu artistes, un peu bohèmes, composés de réfugiés et politiquement à gauche. 
Au cours d’un de ces petits boulots, Ruth emmène Gerta pour une séance photo. Elles rencontrent alors André Friedmann et David Seymour, tous deux photographes.
La relation qui va se nouer entre Gerta et André est d’abord timide, puis professionnelle avant de devenir exclusive.
André initie Gerta à la photographie, il lui apprend à développer, à cadrer, à régler l’appareil. Elle lui déniche des contrats et des reportages, elle vend ses photos et lui assure du travail en continu.
Puis vient le moment où cela ne suffit plus financièrement et professionnellement. Ils ont alors l’idée de créer Robert Capa, grand journaliste américain peu disponible dont les photos sont vendues plus chers. Le subterfuge ne durera pas longtemps, mais André deviendra Robert jusqu’à la fin de sa vie.
Quand survient la guerre d’Espagne, André et Gerta (devenue Gerda Taro) vont exercer leur métier, quoi qu’il en coûte…

J’ai un faible pour la photographie, vous vous en doutez sans doute si vous fréquentez ce blog le weekend, et les romans qui en parlent me plaisent toujours. Pourtant, je ne suis pas fan des longues descriptions techniques. Il me faut donc un équilibre, et c’est ce que j’ai trouvé ici.

Ce roman est parfaitement équilibré. La guerre d’Espagne est décrite de façon à ce que le lecteur ait les informations nécessaires, sans que cela soit omniprésent. L’histoire d’André et de Gerta est belle, mais ne verse pas dans le sentimentalisme. La photographie est évoquée, sans être omniprésente.
L’auteur procède par épisodes pour nous offrir des instantanés de vie, des prises de vue sur quelques événements marquants de la vie de ces deux êtres et sur l’histoire du photojournalisme, puisque Gerda était la première femme reporter photographe.
De Paris à Madrid ou Valence, la vie de cette femme est remarquable. Elle allait chaque jour faire des photos comme on va au combat, elle prenait tous les risques et accompagnait les soldats au front. Il s’agissait tout autant de témoigner que de faire une belle photo.

L’écriture de Susana Fortes lui rend hommage et invite le lecteur à aller chercher les photos de Gerda Taro. Éclipsée par Robert Capa qui ne l’oubliera jamais, elle se révèle être une grande photographe, peut-être plus sensible aux gens, ce que le roman décrit très bien.
Le cheminement de Gerda, son apprentissage est décrit avec une sensibilité bienvenue dans un cadre historique si difficile.
J’ai également été très touchée de lire que des milliers de négatifs ont été retrouvés il y a quelques années au Mexique, dévoilant des images qui s’étaient perdues, que Robert Capa avait peut-être gardé pour lui, ou confié à quelqu'un, comme celle-ci, une photo de Gerda à Madrid. 
Si vous voulez les voir, ce site est très bien fait (clic).

En bref, si vous êtes amoureux de la photographie, sensible à la vie des photos reportes, si vous souhaitez lire une belle histoire, jetez-vous sur ce livre. 



Je remercie vivement Les Chroniques de la rentrée littéraire et les éditions Héloise d’Ormesson pour m’avoir permis de lire ce livre magnifique. 



Ce billet est programmé rien que pour vous. Je suis en vacances. N’hésitez pas à me laisser des commentaires, ils me feront très plaisir en rentrant.


vendredi 15 avril 2011

Sept contes gothiques de Karen Blixen


J’ai découvert Karen Blixen avec la Ferme Africaine, ou plutôt avec Out of Africa, le film de sydney Pollack. C’est l’un des films préférés de ma maman et je l’ai vu un certain nombre de fois.
Sachant que les livres sont souvent plus riches que leurs adaptations, j’ai acheté cette année une édition de poche de ce livre, avec un coffret en fausse peau de zèbre. Mais je ne l’ai pas encore lu.
Pour commencer avec cet auteur, je me suis dit qu’un recueil de textes courts serait une bonne introduction.
Appréciant particulièrement les livres de Walter Scott, il m’a semblé que le gothique était encore plus approprié.

Difficile de résumer ces sept contes.
Ils mêlent des chevaliers, des jeunes filles sacrifiées et des fantômes en tous genres dans un 19e siècle romantique et gothique à la fois, étrange et dépaysant.
Il est question de catastrophes, de ville inondée, de voyages, d’amour, d’enlèvement, de sacrifice…
Les éléments du gothique habituel sont souvent là, mis à part le Moyen Age, bien sûr.
Les décors alternent, les personnages aussi, ce qui donne un rythme endiablé à ces contes gothiques.

J’ai aimé être dépaysée à ce point.
Le fantastique est bien présent dans ce livre qui m’a paru trop court (avec pourtant près de 500 pages). On en redemande et j’ai regretté qu’il n’y ait que sept contes.
Les personnages sont souvent attachants ou, au contraire, antipathiques. Les choses sont tranchées et il n’est pas question de brosser des psychologies complexes. Il s’agit davantage de situations originales, rocambolesques parfois mais captivantes souvent.

L’écriture de Karen Blixen est très agréable, et le texte est bien traduit.
C’est un recueil relativement homogène, où l’on passe d’une histoire à l’autre avec facilité.
Le texte est souvent poétique, enlevé, la plume de Karen Blixen fait mouche sans affectation.
La France, le Danemark ou l’Italie sont évoqués sous la neige, avec parfois un peu de soleil, déplaçant le lecteur avec les personnages. C’est un beau voyage qui est proposé ici, d’une façon originale où l’on sent l’attachement de l’auteur pour ces paysages.
Le gothique n’est pas celui du Moine de Lewis, mais c’est aussi bien de lire des textes moins violents.
J’ai en tout cas beaucoup apprécié cette lecture.

Si vous avez envie de lire des textes assez courts et dépaysants, ou de découvrir Karen Blixen, n’hésitez pas, c’est un petit bijou.


Je remercie Blog-O-book pour ce partenariat et le Livre de poche pour cet envoi qui a fait mouche. 


Je valide aussi un nouveau pays pour le challenge tour du monde en partant au Danemark et un classique pour le mois d'avril. 



Ce billet est programmé rien que pour vous. Je suis en vacances. N’hésitez pas à me laisser des commentaires, ils me feront très plaisir en rentrant.

samedi 12 mars 2011

En cas de malheur de Simenon


Encore un gros coup de cœur pour ce petit roman de Simenon !
Depuis deux mois, je choisis les partenariats auxquels je participe avec un peu plus de recul et de réflexion. J’ai eu quelques belles découvertes depuis que je postule, mais aussi des déceptions et vu les trésors de ma PAL, je ne veux plus perdre mon temps. Et je fais bien car les livres lus en partenariat le mois dernier étaient de bien belles pépites.

Quand j’ai postulé pour ce Simenon, j’ai cru que c’était un Maigret. J’avais oublié que Simenon avait écrit plusieurs « romans-romans » (l’appellation, reprise par F. Vargas, est de lui).
Il s’inquiétait en effet de l’attachement du public pour Maigret et comme Leblanc avant lui, il n’était pas satisfait de cette production qui lui semblait d’une qualité inférieure. Au début de sa carrière d’écrivain, il avait aussi écrit sous le nom de George Sim (et sous bien d’autres noms) des romans plus classiques où aucun assassinat n’était commis.
Ce roman a été écrit en 1956, alors que la série des Maigret étaient déjà bien avancée.
Le titre « en cas de malheur » ne me disait rien, mais dès les premières pages, ça m’a rappelé quelque chose.

Maitre Gobillot est un brillant avocat, influent dans le milieu parisien. Marié à Viviane, comédienne célèbre d’une cinquantaine d’années, il mène une vie mondaine et bien rangée, même s’il ne dédaigne pas les maisons de plaisir de temps en temps.
Réputé pour faire acquitter les causes désespérées, il découvre un jour dans sa salle d’attente une jeune femme qui l’attend avec impatience. Elle le suit dans son cabinet et lui explique qu’elle a attaqué un horloger avec l’aide d’une amie pour lui voler sa caisse. Elles ont assommé son épouse qui est à l’hôpital et se sont enfui.
Comme elle n’a pas d’argent pour payer sa défense, elle propose de régler les frais en nature, ce que l’avocat refuse.
Au cours du procès, le public attend de voir Maitre Gobillot à l’œuvre et d’entendre sa plaidoirie.
Mais ce qui va se passer après le procès entre l’avocat et cette jeune femme est nettement plus intéressant…

Si cela vous dit quelque chose, c’est normal. Si vous remplacez l’avocat par Jean Gabin, la belle Vivianne par le visage de Michèle Morgan et Yvette par Brigitte Bardot, vous devriez avoir une image plus nette de ce film que j’ai maintenant grande envie de revoir.
Car ce roman est un vrai régal. Bien construit, très bien écrit, il se présente sous la forme d’un journal intime. Se sentant emporté malgré lui dans une affaire qui risque de le conduire trop loin, il décide de tout écrire pour laisser une trace de l’enchainement réel des évènements. Il ne tente pas de se justifier mais explique ce qui lui est arrivé.
Le lecteur suit l’évolution de ses sentiments, observe la fascination qu’exerce Yvette sur lui. Pendant le procés d’abord, puis chez elle ensuite, il ne peut se soustraire à cette femme que son épouse semble avoir acceptée. Il l’entretient, accepte ses incartades et ses quelques amants passages, mais ne supporte pas qu’elle s’éloigne. Il s’isole et s’enferme entre sa relation et son travail, s’épuise dans cette double vie qui ne le satisfait pas, tout en lui étant indispensable.
Pendant les 200 pages de ce livre, on sent la tension palpable, on attend l’évènement inéluctable qui ne va pas manquer d’arriver.
Je me sius demandée qui allait craquer, puis qui allait mourir. Tout est calme mais on sent la menace sourde qui guette. Les pages se tournent sans même y penser tant on attend quelque chose.
Alors bien sûr, la moralité de Maitre Gobillot peut être discutée, de même que l’attitude de sa femme, mais finalement, ce n’est pas le plus important.

Si vous aimez les romans psychologiques, les thrilles, les romans bien construits et bien écrits, si vous avez aimé le film ou si vous voulez lire un bon roman, jetez-vous sur ce livre.


Merci à Blog-O-Book  et  au livre de poche pour ce partenariat si plaisant.



J'ajoute la Belgique à mon Tour du monde littéraire et une première lecture pour le challenge Littérature Belge.

 


jeudi 3 février 2011

Le Temps de la sorcière d’Arni Thorarinsson (2e billet)

On pourra dire que ce livre m’a donné du fil à retordre !
Commencé début décembre pour une lecture thématique sur l’Islande, il est resté un peu en rade quand j’ai enchainé les Agatha Christie pour le concours de George et en début d’année, il ne me tentait pas trop. Comme je prenais le train il y a deux semaines, je m’étais dit que c’était une occasion pour lire une centaine de page d’un coup et passer ainsi le milieu du roman, seuil fatidique au-delà duquel je ne peux plus lâcher un livre.
Mission accomplie !

Le résumé n’a pas changé depuis le premier billet consacré à ce livre en décembre, mais je vous le remets pour vous éviter de chercher ;)
Einar, journaliste qui travaille pour le plus grand quotidien d’Islande, vient d’être envoyé au nord de l’île pour développer une petite rédaction locale du journal. C’est évidemment une punition, puisque Einar est accompagné par Asbjörn, ancien rédacteur en chef et responsable de cette rédaction, avec lequel il n’a jamais pu s’entendre.
Il leur faut donc travailler ensemble, alors qu’Einar tente d’arrêter l’alcool et vit plutôt mal le fait d’être relégué dans ce coin paumé.
La femme d’Asbjörn et Joa, la photographe du journal, complètent ce tableau de naufragés qui tentent de retrouver des repères.
Évidemment, comme dans toute petite bourgade qui se respecte, il ne se passe pas grand-chose, mais ce n’est qu’apparence. Lors d’une sortie rafting, la femme du pdg d’une grande entreprise locale est tombée dans la rivière et a succombé à ses blessures. Un peu plus au nord, dans un village où la spéculation industrielle menace la campagne alentour, des rixes de jeunes racistes ont dégénéré. On retrouve également le corps d’un jeune homme, membre du club théâtre et décédé dans des circonstances obscures.

Finalement, je ne peux pas vraiment dire pourquoi j’ai mis ce roman de côté.
Il permet de s’immerger dans la campagne islandaise, de rencontrer ces gens et voir leurs habitudes, de connaitre leurs problèmes quotidiens.

Les personnages principaux sont bien présents, ils ont une épaisseur, surtout Einar, le journaliste narrateur du roman. Il tisse un réseau d’amitié qui dévoile sa personnalité, il évolue pendant les 350 pages et le lecteur assiste à cette évolution.
Il y a aussi des touches d’humour, des jeux de mots que le traducteur est obligé d’expliquer, et d’autres qu’il a traduit sans problèmes, et des évènements loufoques, comme l’histoire qui se crée entre Einar et sa colocataire Snelda. Celle-ci se prend d’affection pour Einar qui la traite comme sa femme. Le seul problème, c’est que Snelda est une perruche !

Au niveau de l’écriture, le style de l’auteur est fluide, et l’intrigue bien construite. J’ai toutefois regretté le manque d’informations divulguées dans le roman. Je conçois bien que le lecteur ne connaisse pas tout, mais je préfère quand les indices sont présents mais minimisés. Cela me donne une chance de trouver l’assassin.
Ici, même si on peut se douter de l’identité de l’assassin, la cause du meurtre apparait à la toute fin et il est bien difficile de la deviner avant.

Ce roman est donc parfait pour découvrir l’Islande de façon atypique, pour en apprendre un peu sur ses habitants, mais vous ne vous passionnerez sans doute pas pour l’intrigue policière.
C’est finalement assez cohérent quand on considère la profession d’Einar. Il est journaliste, et un journaliste ne doit-il pas enquêter sur la société et ses travers ?  Si la réponse est oui, mission entièrement accomplie !

Un nouveau pays vient s’ajouter à mon défi Tour du monde : l'Islande.


lundi 27 décembre 2010

La Colère des aubergines de Bulbul Sharma

Après le concours de George et Noël, ce blog reprend une vie normal (jusqu’à vendredi et les fêtes du Nouvel an).
Il me reste plusieurs livres lus dont je souhaite vous parler ici avant le 31, quelques challenges à terminer ou à compléter, comme je vais le faire avec ce billet.

Pour le challenge Bienvenue en Inde, j’avais prévu de lire La Colère des aubergines.
C’est chose faite, et j’ai même testé quelques recettes, car ce livre est plein de bonnes idées de plats indiens. D’ailleurs, il est sous-titré « récits gastronomiques », et chaque nouvelle est suivie d’une ou deux recettes de plats ou de desserts indiens.
Un vrai régal !

Buaji, maitresse de maison qui régit sa famille d’une main de fer, veille jalousement sur la réserve de nourriture où dorment les pickles de mangue.
Bala, cousine pauvre, va chez l’un ou l’autre de ses cousins pour soigner, prendre soin des malades, ou simplement là où l’on veut bien l’accueillir. Mais Bala a une qualité, elle prépare de délicieux  pakora. Quand un cousin d’Amérique s’entiche d’elle et désire l’épouser, c’est le drame. Va-t-elle le suivre ?
Vinod est tiraillé entre sa femme, très mauvaise cuisinière, et sa mère, mauvaise cuisinière. Chaque soir, elles se battent pour le nourrir.
Priti a trente ans, et a enfin trouvé un mari. Mais un mariage à l’indienne ne s’improvise pas. Chaque famille va rivaliser d’audace et d’ardeur pour nourrir les invités à force de banquets et de gâteaux.


Voici quelques unes des nouvelles qui composent ce recueil savoureux et inattendu.
Je savais qu’il était question de nourriture, dans ce livre, le titre le dit assez. Pourtant, je n’avais pas pensé qu’elle put être aussi centrale.
Les rites culinaires et les plats traditionnels sont réellement au cœur de ces petites histoires parfois très courtes.
Qu’il s’agisse de repas de mariage, de repas quotidiens ou de commémoration funéraire, chaque nouvelle raconte le rapport à la nourriture des personnages qui s’y agitent. L’une veut maigrir, quand l’autre veut nourrir sa famille à outrance, une autre est chargée d’organiser un banquet funéraire, quand un autre encore, à l’article de la mort, refuse de nourrir ses fils envahissants.
Les recettes de cuisine viennent ponctuer les textes, faisant songer à des épices inconnus comme le fenugrec ou des mets introuvables comme les graines de lotus.
Il n’est donc pas question de connaître ces personnages qui ne font que passer. Le lecteur s’imprègne, au contraire, de l’Inde et de ses coutumes culinaires et découvre au fil des nouvelles la cuisine comme on la conçoit dans ce grand pays.

Ce format m’a d’ailleurs un peu gêné au début de ma lecture. Comme les nouvelles sont très courtes, je cherchais un lien entre chaque texte, un personnage récurrent ou des personnages issus de la même famille. Il m’a fallu quelques pages pour voir que chaque texte est indépendant.
Une fois cet obstacle passé, ma lecture a été plus facile et j’ai vraiment apprécié ce petit moment passé en Inde.
D’ailleurs, j’ai même testé deux recettes, celle du biryani que j’ai modifié à ma sauce, et celle du carrot cake.
Si vous voulez cette recette simplissime et vraiment excellente, le détail est sur mon blog de bentos, en cliquant ici
Mais voici deux photos qui  vous ferons peut-être envie et vont me permettre de participer un peu en retard au challenge à lire et à manger de Chiffonnette.






Cette lecture me permet aussi de valider une lecture de ma PAL pour décembre, ma première participation au challenge Bienvenue en Inde et un nouveau pays pour le tour du monde

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