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lundi 5 juin 2023

Les rois maudits de Maurice Druon - Tome 1, Le roi de fer 🎧 📘 [Prix audiolib 2023]

Quand j’étais petite, le mardi soir, je dormais chez ma mamie. 
C’est d’ailleurs très drôle de repenser à cela puisque je l’ai fait une dernière fois il y a quelques semaines, juste avant de lui dire au revoir… 
Mais revenons à nos rois. 
Il me semble qu’un vieux téléfilm était passé à la télé et que ma grand-mère qui a toujours beaucoup lu m’avait vanté les livres et le talent de Maurice Druon ! 
La série de romans était ensuite restée dans ma mémoire comme un Graal, le top des romans historiques qu’il fallait lire au moins une fois dans sa vie. 
J’ai ensuite fait des études de lettres et j’ai retrouvé Maurice Druon cité aux côtés de Walter Scott, star absolu du genre. 
La présence du tome 1 dans la sélection du Prix Audiolib était donc une très belle surprise !! 

 


 

 En visite auprès de la reine d’Angleterre, fille du roi de France Philippe le Bel, Robert d’Artois lui rapporte les agissements de ses belles-sœurs qu’elle apprécie fort peu. 
A Paris, les jeunes femmes se conduisent librement et ne semblent pas se soucier de l’honneur lié à leur rang. 
Il n’en faut pas plus pour qu’Isabelle de France voit là un moyen d’obtenir ce qu’elle veut…


Avez-vous vu le Trône de fer ?
L’auteur indique volontiers qu’il est fan des Rois Maudits et qu’il s’en est inspiré pour son propre récit. 
Je n’ai pas encore cédé à l’engouement pour cette série, mais si vous l’avez vu, ce serait dommage de ne pas aller lire directement ce récrit très connu des aficionados des romans historiques de la grande époque ! 
Et si vous ne l’avez pas lu, il y a de fortes chances pour que la tour de Nesle, ou la malédiction des Templiers vous disent quelque chose, ou que vous ayez croisé une des multiples adaptations télévisées. 

Le récit de ce tome 1 s’articule autour de deux évènements majeurs, le procès des Templiers et les accusations d’adultères de trois belles-filles du roi Philippe le Bel. 
Ce sont deux épisodes importants, notamment le procès puisque le chef des Templiers a maudit le roi, malédiction qui est restée dans les mémoires. 
Evidemment, si vous êtes un(e) adepte pur et dur de la vérité historique, ce récit pourrait vous paraître bien loin des sources historiques mais les années ayant passé depuis ces évènements, autant se faire plaisir avec un bon roman ! (Et puis c’est toujours un peu le défaut des romans historiques, il faut l’accepter). 
Une fois passées ces précautions, le texte est agréable, fluide. 
Maurice Druon a une plume agile, qui nous plonge directement au cœur de l’action.
Le texte est moins suranné que je ne le pensais et ce fut une belle surprise. 
C’est un roman qui se lit d’une traite, sans temps mort bien que l’action suive des rythmes différents. 
Il y a des complots, des alliances, des trahisons, des rivalités, des perfidies. 
J’ai parfois regretté que les personnages ne soient pas plus travaillés mais les tomes suivants permettent sans doute de développer leur personnalité. 
L’auteur répond parfaitement aux codes du genre en suivant plusieurs fils narratifs, avec de nombreux personnages aux noms connus. 
La trame s’appuie sur les sources historiques et brode autour, avec une volonté évidente de créer des scènes visuelles, de planter un décor et créer une atmosphère. 
C’est finalement un roman assez visuel, où il y a beaucoup d’actions en peu de mots, ce qui est sans doute la force de Maurice Druon. 
Le livre audio sert bien le roman avec une version qui m’a paru correspondre à l’atmosphère du roman et à un style tout de même un peu ancré dans une époque, même si cela reste très léger. 
La lecture de Jérémie Covillault est calme, mais grave, il n’y a pas d’emphase inutile, c’est parfait. 

Si vous aimez les romans historiques, je vous conseille donc ce premier tome d’une série que je poursuivrai très probablement pour savoir ce qui est arrivé ensuite à tous ces personnages ! 





 

 

 
 





 

vendredi 2 juin 2023

Blizzard de Marie Vingtras 🎧 📘 [Prix audiolib 2023]

Il y a parfois des romans dont le résumé de présentation fait fuir le lecteur.
Et quel dommage !
Si celui-ci n’avait pas fait partie du Prix Audiolib, j’aurais manqué un très bon récit ! 
 
 

 
Alors que le blizzard se déchaine à l’extérieur, Benedict s’aperçoit que Bess est sorti avec le petit Thomas.
Aidé par Cole, ils se lancent à leur recherche dans un paysage où tout repère a disparu, avec un espoir qui diminue de minute en minute.
Le blizzard avale tout et on ne peut savoir ce qui parviendra à en sortir… 
 
J’ai abordé ce récit avec une peur profonde liée à cette disparition d’enfant annoncée dès le début.
Difficile de rester indifférent face à ces personnages qui se lancent dans une situation si dangereuse à cause d’une jeune femme écervelée qui est sortie en plein blizzard !
Mais le récit bifurque et nous emporte dans les vies des quatre personnages dont chaque chapitre retrace les pensées et la vie passée.
Il y a Benedict qui a grandit là et ne pourrait pas vivre ailleurs, Cole qui est venu chercher la tranquilité, Freeman qui semble incongru dans ces grands espaces, et Bess qui a suivi Benedict mais n’est pas vraiment à sa place non plus.
Chacun se cherche, semble en suspens, et leur quête dans la neige, dans cet univers où tout est blanc et rien ne se distingue, va leur permettre de dévoiler ce qu’il y a au fond d’eux.
Chaque histoire est vraiment singulière.
Il y a un ancien soldat noir qui a fait la guerre du Vietnam, un vieux trappeur bourru, un jeune trappeur qui tente de reconstruire sa vie, une femme pas vraiment adapté à la situation dans laquelle elle se trouve et au passé lourd à porter.
On a très envie que le récit avance pour savoir où est le jeune garçon, s’ils vont le retrouver, mais on se retrouve pris aussi par les histoires singulières et les tensions multiples finissent par se conjuguer !
Et je pense que c’est là la grande qualité de Marie Vingtras.
Elle parvient à nous donner envie de poursuivre pour plusieurs raisons en mêlant les fils de l’histoire.
C’est très cohérent, bien ficelé, et on termine le roman en reprenant notre souffle ! 
 
Chaque chapitre est classiquement titré du nom du personnage qui va parler, et la version audio est lu par plusieurs comédiens, ce qui facilite le repérage. 
Stéphane Boucher, Alice de Lencquesaing, Patrick Mille et Sébastien Pouderoux s’associent pour proposer une version audio bien équilibrée, où les quatre lecteurs adoptent un rythme et un ton qui se marient bien entre eux.
On distingue qui parle tout en n’étant pas gêné par le changement de lecteur.
Je vous conseille la version audio, notamment si vous voulez tester ce format ! 
 
En bref, c’est donc un roman très étonnant mais vraiment pas mal !
Je me suis demandé au début de mon écoute si j’allais aimé, mais une fois terminé, la réponse était clairement oui.
Ne soyez pas arrêté par le résumé, ce serait dommage !! 
 
 
 
 

 
 
 







lundi 29 mai 2023

Notre part de nuit de Mariana Enriquez 🎧 📘 [Prix audiolib 2023]

Cette année, dans la sélection du Prix audiolib, il y avait un pavé ! 
Mais c'est bien aussi les pavés. 
Cela permet de s'immerger dans une histoire, de bien connaitre les personnages. 
Et quelle histoire ici !!  
 
 

 
Juan et Gaspard traversent l’Argentine en voiture pour se rendre à une réunion familiale. Gaspard a perdu sa mère récemment et avec son père, Juan, ils doivent trouver un nouvel équilibre.
La route défile mais Juan est malade et c’est parfois difficile.
D’étapes en étapes, leur vie se dévoile, révélant d’étranges pouvoirs qui leur permettraient de manipuler une force étrange et maléfique…
 
27 h d’écoute !
Pour le prix Audiolib, je classe généralement les livres par temps d’écoute quand je les reçois.
J’essaie d’écouter les plus longs en dernier pour pouvoir rester dans les temps.
J’avais donc placé Notre part de nuit en dernier parce que… quand même… 27 heures quoi !
Et même 27h43 !
Et vous savez quoi ?
Il aurait duré plus longtemps, j’aurais tout écouté !
J’avais tellement envie de rester encore avec Gaspard, de savoir ce qu’il se passe ensuite, comment tout cela évolue.
Mais bon, le roman est terminé, il faut passer à d’autres pages (tâche ô combien difficile après ce pavé !).
 
Et pourtant, il y avait une autre raison pour que je sois frileuse au début de mon écoute.
L’aspect fantastique est très très marqué dans ce récit.
Il est question de démons, de magie, de tarot, il y a des passages vraiment durs où l’autrice évoque des tortures et des mutilations (heureusement pas si souvent).
On suit les personnages à différentes époques de leur vie, et cela pourrait paraitre suffisant mais cet aspect fantastique s’y mêle et prend une vraie place.
Et puis finalement, on accepte ce que Mariana Enriquez nous raconte comme une possibilité.
On y croit et on cherche les petites manifestations obscures qui sont dispatchées dans le roman. 
 
Vous l’aurez compris, Notre part de nuit est un roman assez inclassable, très étonnant et vraiment original par son sujet. 
C’est un roman indéfinissable, fantastique mais crédible, très sombre et rempli de rebondissements tragiques. 

C’est aussi un roman polyphonique, qui prend son temps et ses aises et on aime se plonger dans cet histoire, attiré par le récit comme les personnages sont attirés par l’obscurité.
Mariana Enriquez n’oublie pas pour autant de donner un cadre à son histoire et on y croise Bowie, dans l’Angleterre des années 70, la dictature argentine des années 80, le sida dans les années 90. 
 
La version audio est lue par Féodor Atkine, Clara Brajtman et Françoise Cadol.
Ces trois voix correspondent à trois temps du récit où la narration est prise en charge par des personnages différents.
Elles s’accordent bien, donnent un rythme au roman et permettent d’éviter la lassitude au bout de plusieurs heures d’écoute.
Ce sont aussi des voix qui s’écoutent avec plaisir, sans emphase mais avec un ton bien adapté au récit. 
Et comme toujours Feodor Atkine restera pour moi la voix de ce roman que j'entends encore quand je me remémore certains passages ! 
 
Je vous conseille donc sans réserve ce roman pavé mais néanmoins très digeste.
Pour l’été sur la plage, l’hiver au coin du feu, l’automne à la fenêtre ou le printemps au jardin, il vous ravira en toutes saisons !
Quant à moi, je m’en vais réécouter la dernière heure du roman pour retrouver Gaspard et mettre tous les morceaux du puzzle à leur place !
 
 
 
 

 
 
 





  
 
 
 
Et ce sera ma 4e participation au challenge Petit Bac d'Enna avec un moment de la journée :)


 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 


lundi 22 mai 2023

Le carré des indigents d'Hugues Pagan 🎧 📘 [Prix audiolib 2023]

Un petit polar, ça vous dit ?
Attention, celui-ci nous emporte directement dans les années 1970, sous Pompidou, quand on fumait encore n’importe où et qu’il était de bon ton de cantonner les femmes au secrétariat !!
 
 



Une petite ville de province, 1973, Schneider revient pour prendre la tête du groupe de la crim.
Alors qu’il prend ses marques, une jeune fille est signalée disparue.
On la retrouve quelques heures plus tard, à une vingtaine de kilomètres de son scooter, assassinée.
L’enquête démarre sans indice flagrant, mais il en est sûre, il ne s’agit pas d’un rôdeur…


Schneider est un type grand, habillé avec soin, sec et détaché comme on en voyait dans ces films de flic qui repassaient encore et encore à la télé dans les années 80 et 90.
Ces yeux gris fascinent et semblent être la seule partie de son corps qui varie selon l’humeur et le temps.
Mais Schneider est un bon flic, un de ceux qui ne lâchent pas leur gibier et qui l’attrapent à tous les coups.
Et le lecteur se laisse aller à se fondre dans ces pages si visuelles, si imagées.
La version audio renforce peut-être cet effet car je n’ai pas eu l’impression de lire un texte.
J’ai visualisé chaque scène, et le souvenir qu’il me reste est composé d’images, de scènes, comme si je l’avais découvert en version filmée.
Hugues Pagan parvient ici à nous conduire dans son univers sans fioriture, mais avec un soin donné à l’atmosphère, à une ambiance qui m’a rappelé bien des souvenirs de soirée devant la télé.

L’histoire en elle-même est néanmoins assez classique.
Un meurtre, un enquêteur hors-pair, la ville et ses habitants qui semblent se liguer contre lui (mais pas trop quand même).
L’auteur s’amuse avec les codes du polar urbain, comme pour l’arrive à la gare, où Schneider a la sensation que la vile ne le laissera jamais partir vivant.
C’est aussi un retour aux sources, puisqu’il revient dans la ville de sa jeunesse, ce qui lui permet de connaître déjà les notables de la ville, ce qui est quand même bien pratique et également intrigant pour le lecteur qui se demande quels secrets il a à cacher.
Rien de novateur, donc, mais un hommage très bien fait, un style bien maitrisé et une histoire qui laisse beaucoup d’images et d’impressions.

La lecture de Cyril Romoli est juste, avec une voix parfaitement adaptée pour ce style de roman.
Il n’en fait pas trop, on le suit avec plaisir et il sait maintenir l’attention du lecteur.
J’ai aimé qu’il me laisse le champ libre pour décider moi-même de l’intensité des différentes scènes crées par l’auteur.

En bref, si vous aimez les polars, celui-ci pourrait bien vous plaire !
Par contre, vous pourrez vous dispenser de l’introduction sans problème.
L’auteur a demandé à Michel Embareck de préfacer son roman, ce qui donne un petit chapitre bizarre, voire même un peu effrayant notamment parce qu’il utilise des mots rares pour décrire certains éléments.
Je suis d’ordinaire plutôt favorable à l’utilisation de ces mots qui risquent de finir dans l’oubli, mais là, dans une préface, on a peur que tout le roman soit incompréhensible et cela donne envie d’aller lire autre chose.
Mais passé ces premières pages, rassurez-vous, tout ira bien ! 





 
 
 





jeudi 11 mai 2023

Sa Préférée de Sarah Jollien-Fardel 🎧 📘 [Prix audiolib 2023]

Parfois, la lecture, c'est comme une mauvaise pioche ! 

On ouvre un livre, mais c'est bof, on ne sait pas trop ce qu'on va en faire. 

Mais lorsque j’écoute la sélection du Prix Audiolib, j’aime bien qu’il y ait des romans que j’apprécie moins, cela me permet de faire plus facilement mon classement 😆.




L’enfance de Jeanne la suit comme une ombre malsaine.
Petite, elle a connu la pauvreté dans son petit village des montagnes suisses.
Elle a aussi connu la violence quand son père s’en prenait à sa mère, à elle ou à sa soeur.
Dès qu’elle le peut, Jeanne fuit, trouvant son salut dans l’internat de l’école normale de Lausanne où elle étudie pour devenir enseignante.
Mais le passé est tenace et la rattrape bien vite… 
 
Ce roman de Sarah Jollien-Fardel explore la reconstruction et ses difficultés, le deuil qu’il faut faire d’une enfance « normale » parfois parce que cela n’existera jamais.
Elle évoque la souffrance de Jeanne, ses difficultés à vivre, ses relations avec les autres toujours difficiles malgré le passage des années.
Jeanne avance dans la vie sans pouvoir se détacher de ce qu’elle a vécu, sans pardonner.
Si elle trouve parfois des dérivatifs à sa douleur, elle y revient toujours et gâche ce qu’elle pourrait vivre en le regardant par le biais de ce qu’il y a eu avant.
La spirale dans laquelle elle se trouve semble sans fin et donne l’impression qu’elle ne pourra pas jamais être heureuse.

Ce récit traumatique est bien écrit, le texte est soigné mais je suis malheureusement restée trop loin de ces personnages.
On suit l’histoire de Jeanne comme une spectatrice ou un spectateur des évènements sans vraiment s’impliquer.
C’est une sorte de psychothérapie publique et je dois dire que je n'apprécie pas spécialement ce genre de texte.
J’ai toujours un sentiment de voyeurisme, et je ne vois pas la finalité du processus.
J’avoue néanmoins ne pas avoir cherché à savoir si c’est l’histoire de l’autrice qui est raconté ou s’il s’agit d’une fiction mais il m’a manqué quelque chose. 
 
J’ai également trouvé que plusieurs fils n’étaient pas assez tissés.
La narratrice, par exemple, évoque l’eau comme un lieu de repos mental, de renaissance aussi.
C’est un peu un motif récurrent de la littérature mais pourquoi pas.
Puis elle annonce soudain qu’elle ne se baignait plus et voilà, on n’en parle plus. 
 
Heureusement, le texte est bien lu paLola Naymark qui prête sa voix pour nous conduire dans cette histoire.
Le ton est juste, sans emphase excessive.
Cela permet de suivre le récit et de l’interpréter comme on le souhaite. 
 
Ce n’est donc pas, pour moi, un roman qui restera dans ma mémoire mais n’hésitez pas à aller voir sur les blogs de mes copines du jury Audiolib, il y en a plusieurs qui ont beaucoup aimé.




 
 
 
 
 





 

vendredi 7 avril 2023

On était des loups de Sandrine Collette 🎧 📘 [Prix audiolib 2023]

Comme cela m’arrive parfois, me voilà devant un billet bien difficile à écrire !
Il se trouve que j’ai ADORÉ ce roman !
Et dans ce cas là survient toujours une question essentielle : comment en parler pour vous donner envie de le lire ?
Difficulté complémentaire, si je vous en dis trop, il n’y aura plus de surprise !
Je vais donc tenter de jongler entre tout cela mais si vous voulez déjà un résumé : LISEZ-LE !! 
 
 


Alors qu’il rentre de plusieurs jours de chasse, Liam découvre sa femme étendue sur le sol dans la cour.
Un ours l’a attaqué, et malgré le fusil qu’il retrouve à son côté, elle n’a pas réussi à se défendre.
Il part alors à la recherche de son fils Aru qu’il retrouve sous le corps de sa mère…
 
Dès les premières minutes, nous voilà plongé dans un pays dur, qui ne pardonne rien et qui tue les hommes et les bêtes sans distinction.
Comment alors élever un enfant de 5 ans sans sa mère, sans celle qui le protégeait et lui apprenait la vie ?
La seule solution qu’entrevoit Liam est de confier son fils à d’autres.
Au rythme des pas de ses chevaux, une longue descente vers la ville commence mais c’est surtout sur le long chemin du deuil qu’il s’engage et vers la connaissance de lui-même.
Liam est un homme bourru qui préfère ne pas penser à certaines choses.
Le passé le hante sans qu’il se l’avoue, sa douleur est immense sans qu’il accepte de la voir.
Le chemin va être long et semé d’embuches et l’autrice nous plonge dans ses pensées pas toujours jolies jolies !
Le lecteur s’immerge dans ce flot ininterrompu et on le suit sans pouvoir reprendre son souffle.
J’y ai retrouvé tant de choses que l’on pense quand on a un enfant, des regrets qui s’appuient sur des incertitudes, sur une méconnaissance de soi et sur l’assurance que l’on ne sera pas capable.
L’amour se cache derrière tout cela mais il est parfois très loin tout au fond et pas toujours accessible. 
 
Heureusement, l’évocation de la forêt, du chemin parcouru, des grands espaces vient tempérer l’orage qui gronde dans la tête de Liam.
Le décor joue un vrai rôle et on visualise sans peine les chevaux qui marchent, qui balancent leurs cavaliers à leur rythme. 
 
Soyons clair, l’intrigue est cousue de fil blanc mais elle prend des détours et c'est là que j'ai aimé me faire peur.
Quant aux sentiments de Liam, il a tellement raison.
Un enfant, même si on l’aime infiniment, c'est un poids, c'est une charge si lourde qui vient en plus s'ajouter à sa peine et son deuil.
Je trouve que certains passages tombent tellement juste !
Le style choisi, sec, rugueux, rend parfaitement le ton de cet homme sauvage. 
Mais il y a des scènes si belles, des attendrissements touchés du doigt où l’on sent qu’il se retient, qu’il résiste.
Liam oscille entre la volonté de rester une bête sauvage et un sentiment diffus et qu’il n’identifie pas pour cet enfant qu’il connait si peu. 
 
C’est un texte très fort, qui rend parfaitement ces égarements et qui touche ce qu’il y a de plus profond en nous, une animalité qui peut être violente ou, au contraire, aimante.
Et puis il y a ces pics de tension, ces moments où on a envie de refermer le livre et de ne plus l’ouvrir pour ne pas savoir (mais il ne faut surtout pas faire ça hein 😱).
L’autrice est vraiment très forte parce qu’elle le fait plusieurs fois et j’ai marché à chaque fois !! 
 
La version audio est juste parfaite !
Thierry Hancisse, avec sa voix grave, diffuse cette impression de force tranquille et de souffrance dans un même souffle.
Le texte ne laisse aucune respiration, il nous emporte et ne nous laisse pas souffler.
C’est une merveille.
 
Je ne connaissais pas Sandrine Collette mais elle fait désormais partie de mes autrices préférées !!
Je ne sais pas encore quel sera le prochain titre que j’écouterai mais il est certain qu’il y en aura d’autres.
 
Si vous n’avez pas encore lu On était des loups, mettez le immédiatement sur votre table de nuit ou, encore mieux, dans vos oreilles !! 
 
 
 
 
 






 
Mais cela ferait bien une participation supplémentaire au challenge Petit Bac d'Enna avec un animal dis donc !! 


 
 
 
 
 
 
 
 
 

mercredi 29 mars 2023

À qui la faute de Ragnar Jónasson 🎧 📘 [Prix audiolib 2023]

Aaaaahhhhh ! La littérature nord européenne !
Je ne sais pas si cela tient au climat, à leur mode de vie, aux coutumes et rituels sociaux mais on y trouve tout de même beaucoup de thriller, romans psychologiques et autres meurtres sanglants.
Et en voilà encore un qui vous plongera dans la neige et la tempête, au milieu d’un huis clos dont tous ne s’en sortiront pas ! 
 




Comme chaque année, Daniel a accepté de participer à un weekend où il retrouve traditionnellement ses quelques amis d’enfance.
Le début du séjour est tendu.
Armann a organisé une session de chasse dans la montagne qui ne le réjouit pas vraiment.
Il ne tire pas au fusil, il n’aime pas la randonnée, tout cela s’annonce compliqué mais Daniel est prêt à faire des concessions maintenant qu’il est là…

 
Évidemment, comme il faut s’y attendre, tout ne va pas se passer comme prévu.
Une tempête imprévue surprend le groupe en pleine montagne et les oblige a s’abriter dans un refuge spartiate.
Je ne vous en dis pas plus, ce serait dommage que vous perdiez le plaisir de la découverte mais l’auteur va ensuite s’amuser à surprendre son lecteur en introduisant des éléments imprévus.
Parallèlement, il retrace la vie de chaque personnage et permet au lecteur de les connaître un peu mieux.
On découvre ce que chacun a vécu auparavant, leurs relations avec les autres, ce qu’ils ressentent.
Chaque chapitre est vu sous l’angle d’un des personnages pour renforcer cette focalisation, à la fois en direct pendant les évènements et dans le passé.

Cela aurait pu fonctionner mais malheureusement, j’ai trouvé le récit un peu laborieux.
L’idée de départ est chouette, j’aime bien découvrir les personnages petit à petit, mais ici, cela manque de rythme et certains évènements étaient un peu trop prévisibles.
Il y a peu de surprise, on tombe dans des effets classiques du genre avec trop de facilité.
Il y a également des répétitions dans le texte, une insistance sur les émotions de certains personnages qui sont agaçantes.
Une histoire un peu resserrée, plus efficace aurait été une bonne chose. 
Les droits du roman sont d'ailleurs déjà vendus pour une adaptation ciné, ce qui pourrait donner un film sympa. 

Heureusement, la version audio permet d'écouter en vitesse légèrement accélérée, ce qui donne un peu plus de tension.
Slimane Yefsah lit les 4 voix mais on se repère assez bien, même si on n'a maqué d'attention au début du chapitre pour écouter qui parle. 
La traduction est claire, le style est efficace, ce que renforce l'écoute du roman. 

C’est donc un roman qui promettait beaucoup mais qui ne tient malheureusement pas ses promesses, surtout quand on sait que l'auteur est un "maitre du polar".
Si toutefois vous aimez les thrillers pas trop effrayants, cela pourrait vous plaire et la version audio est vraiment pas mal.








 

vendredi 24 mars 2023

Entre fauves de Colin Niel 🎧 📘 [Prix audiolib 2023]

Voila ma deuxième lecture audio pour le prix Audiolib avec un livre très particulier. 

Il y a parfois des romans dont le sujet n’est pas celui qu’on croyait en lisant le résumé de l’éditeur, et n’est pas non plus vraiment celui qui semblait se dessiner lors de la lecture.
C’est le cas pour ce roman qui semble parler de la chasse, mais qui, à mon avis, parle finalement de la nature animale de l’homme.



 
Martin, garde-forestier un peu bourru, a des idées bien arrêtées sur la gestion de la nature et de la nature dans le parc national où il travaille.
Dès qu’il peut embêter les chasseurs, il répond présent.
Il a d’ailleurs repéré sur les réseaux sociaux la photo d’une jeune femme posant fièrement avec son arc devant le cadavre d’un lion.
Avec les membres de son groupe d’anti-chasses, il la piste sur Internet pour lui faire passer l’envie de recommencer, mais la traque est plus difficile que prévu…


J’avais lu des avis de lectrices outrées par ce livre qui prônerait la chasse, ce qui les aurait empêcher de dépasser les premières pages.
Grossière erreur !
Dans ce roman, l’extrémiste n’est pas où on le pense, le chasseur non plus et c’est tant mieux.
Il y a l’histoire racontée, pleine de suspense, terriblement efficace, où les évènements arrivent au moment où on ne les attend plus, et puis il y a le propos qui se dévoile lorsque tout est fini.

C’est également un roman très étrange, parce qu’il traite de sujets d’actualité avec une apparente neutralité.
Martin est garde-forestier et s’inquiète du réchauffement climatique, de la mort de l’ours Cannelle, de l’impunité de tous ceux qui fréquentent son parc et peuvent transgresser la loi sans en subir les conséquences.
Celle qui se présente sous le nom de Legolas est étudiante mais chasse depuis son enfance, y compris du gibier sauvage lors de chasses en Afrique.
Kondjima est un Himba qui vit dans son village, fidèle aux traditions, contrairement à son ami qui travaille dans un camp de chasse.

Chacun explique son point de vue, ses choix, avec des faits, des chiffres, des informations et des arguments qu’on ne peut pas contester.
On apprend combien coûte un lion, une antilope, combien cela rapporte pour les réserves, et on prend conscience de l’utilité occasionnelle des « prélèvements ».
Bon, ok, c’est ce point, j’imagine qui fait réagir et hurler contre cette histoire mais elle est racontée du point de vue de plusieurs personnages : Legolas, Martin, Kondjima, et le lion.
Cet intrusion du lion dans la narration est d’abord très surprenante.
Et puis il devient un personnage comme les autres, ce qui, justement, peut amener le lecteur à se poser des questions.
Le lion est-il considéré comme un humain, et faut-il le traiter aussi dignement que nos semblables ?
Ou est-ce une façon de nous montrer la sauvagerie des hommes et de les placer au niveau de cet animal ?
Cela peut finalement fonctionner dans les deux sens et il m’a semblé que le propos du livre était plutôt là et sur la question des extrêmes.
La fin du roman est ainsi particulièrement bien trouvée, elle amène le lecteur à réfléchir et ce n’est pas si fréquent.

La version audio est lue par 4 comédiens pour rendre la pluralité des chapitres : Thierry Blanc, Charlotte Campana, Alexandre Nguyen, Cyril Romoli.
l’alternance des voix permet de bien suivre les passages entre les différents personnages.
Le livre dure plusieurs heures mais le récit est condensé, ce qui permet de bien suivre, même si vous faites une pause (mais comment faire une pause ??).


C’est donc un roman très particulier par son sujet, mais vraiment réussi.
Que vous soyez anti ou pro chasse, ou sans avis sur la question, cela pourrait bien vous plaire.

C'est aussi ma deuxième lecture pour le prix Audiolib avec un livre audio qui se place d'emblée très haut dans mon classement personnel !!

(Et j’ai tenté plusieurs choses pour les photos sans parvenir à me décider, alors je mets les 2  😂)

 












 
Et hop ! une participation supplémentaire pour le  challenge Petit Bac d'Enna avec un gros mot si elle l'accepte 😅


 
 
 
 
 
 
 
 
 

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